Séjour 24. Du 13 au 15 octobre 2023.Le chemin des Grands Crus en automne

Animateur : Thierry
Temps de préparation : Itinéraires et CR = 5h – Préparation des repas et courses = 6h
Transport : en co-voiturage, 3 voitures A/R de Montferrand à Meursault et A/R de Meursault à Chambolle-Musigny et A/R de Meursault à Pernand-Vergelesses
Kilométrage autos : 2124 km pour 3 voitures
Météo : Beau temps – grand soleil le vendredi – soleil couvert avec 5 mn de pluie le samedi – assez ensoleillé mais plus frais le dimanche
Carte : 2739 OT
Classement Atlas : Facile
Nombre de participants : 12 animateur compris (7 F, 4 H)

Jour 1 :

Boucle autour de Chambolle-Musigny, Morey-Saint-Denis et Gevrey-Chambertin : 14 km – 380m D+ – 5h45 déplacement
Petite boucle autour de Vosne-Romanée : 2 km – 1 heure de déplacement

Après un départ très matinal, une belle chevauchée autoroutière et une installation dans notre grand gîte à Meursault nous arrivons à l’horaire prévu, à Chambolle-Musigny au nord de la Côte de Nuits. L’objectif des trois jours est la découverte des 32 Grands Crus de cette partie de la Bourgogne viticole et de leur terroir respectif. Sans anticiper la narration de notre dernier jour, on peut dire que l’objectif a été atteint.

Initialement prévu en linéaire tout au long du GRP des Grands Crus, de Gevrey à Santenay, la complexité dans l’organisation des transports m’a conduit à dessiner 3 boucles qui nous ont permis d’atteindre l’objectif.

Au programme de cette première journée, la découverte des vignobles des 4 grandes AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) de la Côte de Nuits : Gevrey-Chambertin, Morey-Saint- Denis, Chambolle-Musigny et Vosne-Romanée soient 6% de la surface de la Bourgogne Viticole. Cette grande région commence plus au nord et se termine plus au sud de nos lieux de découverte du week-end. En effet, elle commence à Chablis dans l’Auxerrois, couvre le Chatillonais, puis les Côtes de Nuits et de Beaune au sud de Dijon puis, plus au sud la Côte Chalonnaise et le Maconnais pour se terminer aux portes de Lyon dans le Beaujolais. La totalité de ces vignobles occupe près de 31000 hectares soient près de 4% du vignoble français. La première heure de rando va nous faire toucher du doigt les caractéristiques géologiques et physiques de la Côte de Nuits. En effet nous quittons le village par une petite route qui s’enfonce dans la Combe. Cette sorte de vallée sèche est caractéristique des paysages des Côtes. Il faut remonter 170 millions d’années en arrière, au Jurassique, pour en retrouver l’origine. A cette époque une mer tropicale, chaude et peu profonde recouvrait la Bourgogne actuelle. Pendant des millions d’années, la décomposition des coquillages et autres plantes marines a donné naissance à des sédiments qui se sont accumulés pour former de vastes plateaux une fois les terres émergées. Le plissement alpin qui se produit il y a 30 millions d’années provoque un effondrement de la vaste vallée qui allait de l’Alsace au Beaujolais et fait apparaitre un mince talus et ses pentes, reposant sur le socle calcaire et recouvert d’une fine couverture d’argile. En même temps, ces grands mouvements géologiques ont fissuré le socle pour créer ces échancrures qu’on appelle aujourd’hui des combes. Les glaciations du quaternaire ont fini de modeler le paysage en recouvrant les coteaux de sédiments et cailloutis, surtout le haut et le milieu des pentes, pour créer des terrains argilo-calcaires propices à la vigne. En Côte de Nuits comme en Côte de Beaune, l’orientation principale des coteaux est à l’est ; ils bénéficient du soleil dès son lever et jusqu’au milieu de l’après-midi. Autre facteur important, ces coteaux sont protégés des vents et autres intempéries par le massif du Morvan plus à l’ouest.

Il nous faut donc remonter sur le plateau, près de 80 m au-dessus à travers une faille. Il faut y mettre les mains avec quelques pas d’escalade plus ou moins simples suivant les personnes.

Finalement après un peu d’effort, tout le groupe prend pied sur le plateau en direction de Gevrey au NW. Le cheminement rappelle à certains les paysages du Causse Méjean : pas étonnant puisque les origines géologiques sont proches. Après avoir traversé une nouvelle combe, nous trouvons un petit chemin qui doit nous amener au vignoble et à nos premiers « climats » de grand cru, le Clos de Bèze et Chambertin. On appelle « climat » en Bourgogne une parcelle clairement identifiée par son terroir. S’y jouent des interactions physiques et humaines : physiques avec le cépage (Pinot noir pour les vins rouges et Chardonnay pour les vingt blancs), l’exposition, la hauteur sur le coteau, la composition du sol ; humaines avec la façon de le cultiver, de le protéger avec les murs, les Clos et de faire le vin. Ce lien si fort entre un terroir et un vin se retrouve dans les 84 AOC recensées en Bourgogne, près de 25 % de tous les vins AOC de l’hexagone. La superficie moyenne des parcelles des grands crus de Gevrey est ainsi de près de 9 ha. Un domaine moyen en Bourgogne est de 8 ha. Ces parcelles ne sont pas nouvelles : le type de culture de la vigne en Bourgogne a été façonné par les moines des abbayes de Cluny et de Cîteaux à partir du 12ème siècle. Cîteaux n’est située qu’à 15 km de Vosne-Romanée seulement. Ce sont eux qui les premiers ont construit ces parcelles et développé cet art de cultiver la vigne et le vin. La Révolution changera le mode de propriété mais pas le découpage en « climats » ni  l’héritage des traditions et du savoir-faire lentement élaborés. Les vins de Bourgogne étaient déjà réputés dans l’Europe occidentale dès le Moyen-Age ; renommée portée par l’influence des Ducs de Bourgogne sur tout le nord du continent puis poursuivie par les rois de France. Napoléon ne jurait que par le Chambertin… Pour rendre particulier chaque morceau, chaque parcelle de ce terroir rien ne vaut le nommage. C’est ainsi que chaque parcelle de vigne de ces Côtes, surtout parmi les Grands et Premiers Crus, porte un nom qui peut venir de :

  • la composition du sol : les Pierrières, les Cras (terrain pierreux) …
  • la configuration du terrain : les Combettes, la Pièce sous le Bois, les Bonnes Mares …
  • la végétation : les Charmes, les Genévrières …
  • du nom d’un ancien propriétaire : Chambertin, le champ de monsieur Bertin …

Avant de pénétrer presque religieusement sur ces « terres sacrées », nous profitons des derniers arbres du bois en surplomb pour prendre notre pause méridienne : le soleil est encore chaud. A l’issue, nous partons à la rencontre de nos premiers ceps. Ces parcelles produisent des rouges de grande puissance aux textures et arômes complexes. Tous les Grands crus de Gevrey sont au sud du village et sur le haut du coteau. Rien ne ressemble plus à une vigne qu’une autre vigne. Il nous faut un peu d’imagination pour faire la relation entre ces vignes et le prestige des vins auxquels elles donnent naissance. Le vignoble semble comme au repos dans une campagne endormie. On est loin en cette mi-octobre de l’agitation de septembre et de la période des vendanges quand des centaines de personnes arpentent les rangées et quand des dizaines de fourgons de transport blancs sillonnent les petites routes ou stationnent au carrefour des domaines et des parcelles. Car il ne se passe pas grand-chose en octobre du point de vue de la viticulture. On se livre principalement à l’arrachage et au défonçage. Arrachage des vieux ceps ou des ceps morts. Le défonçage est le nettoyage du terrain, racines et cailloux (épierrage) sont extraits par une charrue spéciale appelée défonceuse. L’arrachage est de rigueur en cet automne à la vue des pieds identifiés par de la rubalise : autant de rubans autant de ceps à arracher .

L’impact du changement climatique se fait déjà sentir… A Meursault, nous verrons même une parcelle entière ceinte de rubalise comme sur une scène de crime. Octobre, c’est aussi le moment de préparer les trous pour les nouveaux plants plantés en novembre ou avril à l’aide d’une pioche ou d’une tarière.  

Nous quittons Gevrey-Chambertin pour nous diriger vers Morey-Saint-Denis plus au sud en suivant toujours le même chemin d’exploitation. Nous trouvons deux ouvriers d’un domaine. Ils nous confirment la nature du travail effectué pendant ce premier mois d’automne. Il est également question d’amendement des sols par apport de fumier épandu comme dans n’importe quel potager… Nous avons remarqué sur certaines parcelles un palissage qui ne ressemble pas au palissage typique des Côtes, à savoir un palissage à trois niveaux de fil, fil inférieur, double fil intermédiaire pour le remontage (voir plus bas) et fil supérieur.  Sur ces parcelles les fils sont doublés sur chaque niveau et la disposition des sarments sur le palissage est différent de la disposition classique liée au type de taille appliqué le plus souvent, la taille dite « Guyot », du nom du médecin viticulteur qui l’inventa au milieu du 19ème siècle. Après cette taille, deux baguettes (longues branches) subsistent et partent vers le haut de la vigne.

Les sarments qui pousseront à partir des yeux conservés sur chaque baguette seront les branches fructifères… Cette façon de faire aérerait plus le pied au printemps et en été et limiterait l’apparition de maladies cryptogamiques. Selon nos ouvriers, ce sont des expériences qui rapporteraient gros car les vins de cette parcelle se vendraient très chers ! Petit village moins connu que ses voisins, Morey abrite pourtant 4 Grands Crus comme le Clos de la Roche et le Clos Saint-Denis.

Les appellations de Morey illustrent bien l’influence de la géologie sur la « grandeur » des vins :

  • en bas de coteau, les Villages dans la partie plate très argileuse.
  • au milieu : les 1ers crus un peu plus pentus sur une fine couche d’argile et une roche calcaire pas trop loin : les Ruchots.
  • au-dessus-vers le bord du plateau : les Grands crus sont dans la pente et sur la roche. Le Clos de la Roche s’étale sur un sol fortement calcaire : à peine 30 centimètres de terre, un peu de cailloutis et des gros blocs de pierre qui lui ont donné ce nom. Le Clos Saint-Denis : en bas du coteau repose sur des sols bruns calcaires dépourvus de cailloutis, avec une forte présence d’argile.

Je reviendrai sur le pourquoi et le comment des appellations de Bourgogne au jour 2…

Avant Chambolle-Musigny que nous contournons à l’ouest, nous longeons la belle parcelle en Grand Cru des Bonnes Mares un peu plus basse dans la pente… A proximité de l’ouverture de la Combe d’Orveaux, nous découvrons le château de Vougeot au milieu de ses vignes :

le fameux domaine du Clos de Vougeot.  Grande parcelle de près de 51 ha créée par les moines de Cîteaux au 13ème siècle et leur propriété jusqu’à la Révolution. Aujourd’hui ce climat est partagé par 85 propriétaires différents qui se partagent les 1740 hl en moyenne chaque année…. Le Clos est entouré d’un mur de 3,5 km.

Nous retournons à Chambolle pour reprendre nos voitures et rouler quelques kilomètres plus au sud vers Vosne-Romanée où nous attendent nos derniers Grands crus de la journée.

Ce sont les vins rouges les plus célèbres au monde avec quelques vins de Bordeaux : ils ont pour nom Romanée-Conti Romanée, Richebourg et plus au nord, les Grands Echézaux. Ce sont de petites parcelles : 1,81 ha pour la Romanée-Conti et 8,3 ha pour les Richebourg.

La faible production de Romanée-Conti, 49 hl, en font un des vins les plus chers au monde : on n’en produit que 4000 à 6000 bouteilles par millésime. C’est le Prince de Conti qui acheta en 1760 la parcelle dont le vin était déjà fameux et reconnu. A sa mort, on donna son nom à la vigne. Une bouteille de Richebourg millésime 1985 fut adjugée à une enchère à Hong-Kong à 65 000 euros 😊 !!!

Les propriétaires de ces Grand Crus sont de fortes personnalités à l’instar de Henri Jyer un des propriétaires des Grands Echézaux et d’une minuscule parcelle juste au-dessus, le Cros Parentoux, 1er Cru d’1 ha à peine mais un des meilleurs vins du monde. Dans certains classements internationaux ces Grand Crus de Vosne-Romanée trustent les premières places et relèguent loin derrière les Grands Bordeaux. Henri Jyer décédé en 2006 était un visionnaire. Opposé de longue date au recours aux substances chimiques, à la filtration, partisan du faible rendement (seulement environ 3 500 bouteilles par an), il est l’inventeur de la macération pré fermentaire à froid (voir jour 2). Il existe un beau portrait de ce vigneron sur Youtube : https://www.youtube.com/watch?v=GEHBTAJrKSc&ab_channel=lotelduvin que je vous encourage à voir 😊. Son ami-concurrent, propriétaire de la Romanée Conti, Aubert de Villaine est aussi une personnalité plus discrète mais reconnu mondialement.

Après cette riche journée, il est temps de rentrer au bercail pour un apéritif et un repas partagé en toute convivialité. Les Atlassiens font un sort au bœuf bourguignon (of course) et aux crumbles du dessert.

Jour 2 :

  • Boucle autour de Pernand-Vergelesses : 12 km – 250m D+ – 4h08 déplacement
  • Parcours dans Beaune : 2 km –  1h30 déplacement
  • Boucle autour de Pommard et Volnay : 5 km – 144m D+ – 1h15 déplacement

Je propose aujourd’hui au groupe plusieurs séquences qui nous permettent de suivre notre objectif de découverte des Côtes et de leurs Grands crus. Une visite de la cuverie du vigneron propriétaire du gîte est prévue à 17 heures. Il faut donc que le planning de la journée soit bien calé😊. Direction de bon matin Pernand-Vergelesses avec l’objectif de faire le tour de la montagne de Corton sur les pentes desquelles poussent nos Grands Crus.

Mais avant, un petit tour au cœur du vignoble de Pernand s’impose. Nous remontons au nord la grande combe qui mène à Echevronne. A la sortie du village devant une cuverie nous tombons sur un pressoir qui vient d’être utilisé il y a peu… Pas de grands vins sur ce versant orienté à l’ouest. Par contre nous découvrons des parcelles atypiques avec des espacements inter rangées de près de 2 m et des ceps aux palissages tout en hauteur.

Notre hôte nous expliquera le soir que c’est pour limiter l’emploi de main d’œuvre (il y a moins de ceps à travailler à l’hectare – pour mémoire 1 ha = 10000 ceps) et pour éventuellement favoriser l’utilisation d’engin mécanique voire de machines à vendanger. La moitié du vignoble bourguignon étendu met en œuvre des vendanges mécanisées. Notre hôte nous confirme que, malgré le nombre de pieds inférieur à une plantation classique, la production de raisin n’est pas diminuée. Je ne sais pas si ces vignes bénéficient d’une appellation régionale ? Deux trois mots sur les appellations en Bourgogne. Les classements datent pour la plupart des années 1936-1937. A la suite de la grave crise de phylloxéra du dernier tiers du 19ème siècle, il faudra attendre presque 50 ans pour que le vignoble retrouve de sa superbe. Des textes plus normatifs encadreront la culture de la vigne et la vinification suite à énormément de tromperies et d’abus à la fin de la Grande Guerre, au moment où la demande augmente. Basés sur l’identification des terroirs et des vins qui en découlent, l’INAO (Institut National des Appellations d’Origine) juste crée en 1935 définit des critères géographiques, géologiques et botaniques permettant un classement des vins de Bourgogne. L’élaboration de ces cahiers des charges des appellations a continué d’évoluer tout au long du 20ème siècle et continue encore aujourd’hui de s’enrichir (de se compliquer pensent certains vignerons ou experts). Ces appellations ne sont pas si arbitraires que cela et valident la qualité des vins telle qu’elle a pu être reconnue au cours des siècles passés. Cette classification fait donc apparaitre 4 catégories d’AOC. :

  • Les appellations « Grands Crus » (34 dans toute la Bourgogne viticole dont 33 sur les Côtes de Nuits et de Beaune). Ce sont des vignobles aux caractéristiques remarquables… Ils représentent 1% du volume produit. Sur les étiquettes, seul le nom du climat apparait sans mention d’une quelconque commune ni de lieu.
  • Les appellations « communales » ou « villages » en 1er Cru (44 en tout) qui correspondent à des parcelles (642) produisant des vins de grande qualité. Ils représentent 10% du volume produit. Sur les étiquettes, le nom de la commune de la parcelle apparait complété par le nom du climat et la mention 1er cru. Pas de différence de qualité par exemple entre le Cros Parentoux 1er cru et le Richebourg Grand cru à Vosne-Romanée quelques mètres plus bas sur la pente mais terroir différent et donc classement différent…
  • Les appellations « communales » ou « villages » tout court qui est la qualité inférieure et qu’on retrouve souvent sur le bas des pentes des Côtes… Ils représentent 37% du volume produit. Sur les étiquettes figure le nom de la commune et, éventuellement, le nom du « climat » apparait.

Pour les deux premières catégories il va de soi que la vinification se fait avec les raisins et jus d’une parcelle : il n’y a pas de mélange. On est au cœur du système du terroir où le vin est le résultat du travail du vigneron sur une parcelle à partir duquel il produit des vins ayant les caractéristiques liées à cette localisation précise, à ce climat.

  • Les appellations régionales : il s’agit de tout le reste du vignoble bourguignon. Il existe 7 appellations régionales qui représentent 52% du volume produit. Parmi ces appellations les Hautes Côtes de Beaune ou les Hautes Cotes de Nuits….

Les cahiers des charges de chaque catégorie sont très contraignants en termes de culture de la vigne et de méthode de vinification. Les rendements à l’hectare sont très cadrés comme les teneurs en alcool mini et maxi. Des vins d’une catégorie supérieure peuvent être sur la volonté du vigneron déclassés en une appellation inférieure à cause d’une qualité requise non atteinte. A ce moment-là on parle en Bourgogne de « repli » : un Clos de Vougeot passe Vougeot 1er cru ou Vougeot ou Bourgogne. Si on arrive à ce niveau de repli sur un Grand Cru alors c’est qu’il y a eu un gros problème 😊

Nous finissons la matinée en tournant autour de la montagne de Corton. Sur ses pentes est et sud-est nous découvrons les parcelles assez vastes des Grands Crus rouge en appellation Corton, ou blancs en appellation Corton-Charlemagne ou Charlemagne.

Les experts louent ces blancs pour leur profondeur, leur minéralité et leur persistance en bouche…. On veut bien les croire. Ces parcelles montent assez haut dans la pente mais descendent aussi assez bas. Les nuances tant en rouge qu’en blanc sont évidentes puisque les contextes géologiques sont différents.

Après la pause déjeuner nous reprenons les voitures pour une petite flânerie dans Beaune toute proche. Nous entrons par le nord-ouest de la vieille ville, en suivant l’empreinte des remparts qui subsistent ici ou là. Nous gagnons successivement la Collégiale romane Notre Dame, l’Hôtel de Ville installé dans l’ancien couvent des Ursulines bâti à la fin du 17ème siècle. Puis par un enchevêtrement de rues et ruelles surplombées de maisons d’époques différentes, de la Renaissance au XIXème, nous parvenons aux portes de l’Hôtel du Duc de Bourgogne, beau bâtiment à colombages du XIVème siècle qui est le siège du Musée des Vins de Bourgogne de Beaune.

Enfin à quelques pas de là, nous parvenons à proximité des Hospices dont nous ne voyons que la grande façade qui fait face aux grandes Halles. Ce tout petit tour nous a convaincu de la richesse du patrimoine bâti de cette belle cité.

Vite, nous reprenons les voitures pour regagner la tranquillité des vignes. Nous nous arrêtons à Pommard pour la dernière séquence de la journée. Nous entrons dans les Côtes de Beaune. Cette Côte occupe 13% du vignoble bourguignon et produit 11% du vin de Bourgogne. Nous prenons la direction de Volnay à travers les vignes au sud-est du village. Aucun Grand cru ici mais 28 « climats » classés en 1er cru. Pommard ne produit que des vins rouges qui comptent parmi les plus réputés de la Côte. Nous gagnons vite les hauteurs de Volnay par une longue montée à travers les vignes désertes là encore. Ici aussi, à Volnay, que 29 « climats » en 1er cru. Les rouges y sont plus fins et élégants qu’à Pommard. Je montre au groupe la maison de vendangeurs où j’ai logé en 2021 alors que je faisais les vendanges pour un propriétaire de Volnay, Henri Boillot. Nous revenons rapidement à Pommard par un petit PR qui serpente dans le bas des coteaux.

Nous sommes de retour au gîte à l’heure convenue pour participer à la découverte de la cuverie de notre hôte à Meursault, Jean-Philippe Fichet. Il cultive un peu plus de 8 ha de vignes dont il n’est pas propriétaire. Il les loue donc à plusieurs propriétaires. Il produit en majorité des vins blancs et récolte un peu de Pinot noir sur 21 ares (1 are=100 m2) à Monthelie, petit village au-dessus de Meursault. De ces quelques ceps il tire un Monthelie 1er cru « Les Clous ». Tout le reste de sa production est classée en appellation Village Meursault et en appellation régionale Bourgogne. Il produit des vins en son nom propre depuis 2006 mais travaille la vigne depuis les années 1975. Il a installé sa cuverie dans les anciennes écuries du relais de Poste devenu le gîte où nous logeons. Il a consenti de gros investissements pour construire ses 4 grandes salles qui communiquent par d’imposantes portes coulissantes. Il nous explique schématiquement les étapes de la vinification en blanc :

  • Tri des raisins à l’entrée de la cuverie sur une table de tri
  • Pressage des raisins (Chardonnay)
  • Mise en cuve du moût (jus) de raisin au froid pour séparation du jus de ses bourbes (résidus de pellicules de pulpe…)
  • Extraction du jus clair pour mise en cuve ou fûts de chêne pour fermentation (transformation du sucre en alcool). Notre hôte utilise les deux récipients. Les fûts plutôt pour ses Villages…. A cette étape du processus, le risque le plus grand pour sa production est l’arrêt inopiné de la fermentation….
  • Elevage en cuve ou fût pendant 10 mois environ (plus pour les rouges et beaucoup plus pour les Grands Crus)
  • Nombreux contrôles pendant cette période d’élevage : degré alcoolique, acidité- il est assisté de son œnologue  
    • Le vigneron peut procéder à des ouillages (le récipient cuve ou fût doit toujours être rempli à ras bord pour éviter la constitution de poches d’air)
    • Il peut également procéder à des soutirages pour séparer le vin des lies au fond du contenant
  • Mise en bouteille après filtration
  • La grande différence entre vinification de blancs et de rouges est la macération pré-fermentaire introduite par Henri Jyer (voir jour 1). Il s’agit de laisser macérer les grains avec ou sans leur rafle (le support des grains de raisin) dans une cuve afin que les tanins présents sur les peaux des raisins puissent être extraits. A froid parce que la cuve est refroidie pour empêcher le début de fermentation qui se lancerait naturellement sinon. C’est cette macération qui va colorer le moût et donner son rouge au vin. A l’issue de cette macération, la fermentation peut se lancer à partir des levures naturellement présentes dans les peaux qui vont transformer les sucres en alcool… Pendant toute la durée de la cuvaison, le vigneron procède au remontage (arrosage du chapeau de raisin formé en haut de cuve avec le jus remonté) et au pigeage qui vise à enfoncer le marc dans la cuve pour que les mélanges jus-matières solides continuent. A l’issue de la fermentation, on extrait le jus de la cuve (jus de goutte) et on presse le marc pour obtenir le jus de presse (plus riche en tannins). Les deux jus sont généralement assemblés dans des fûts de chêne et l’élevage commence. Il n’y a alors plus de différence dans le processus de vinification entre rouge et blanc. On voit donc bien que la vinification des blancs est plus « simple » que celle des rouges 😊

Il nous fait ensuite déguster trois ou quatre vins de millésimes différents : des vins jeunes (2022) et une bouteille du millésime Meursault 2017.

Les différences au goût sont grandes même pour un non connaisseur comme moi. On a en bouche des arômes plus complexes que sur les vins jeunes. Et l’acidité en moins ! J’ai identifié des arômes de fruits secs…  Puisqu’il produit peu et qu’il exporte près de 60% de ses vins, les Atlassiens qui auraient aimé ramener du vin en sont pour leurs frais : il n’y a pas de vin à vendre. Tant pis, on se rabattra sur le vin du cubi 😊 Si on se livre à un petit calcul pour calculer le nombre de bouteilles qu’il peut produire par millésime, on arrive au chiffre (très approximatif) de 48000 bouteilles : (8 ha * 45 hl en moyenne par ha * 100 l)/ 0,75 l. C’est peu !

La leçon a duré plus de deux heures et il est temps d’aller préparer le dîner. Après un bon repas et une belle fin de match Irlande-All blacks, il est temps de plier les gaules pour être en forme pour notre troisième journée.

Jour 3 :

  • Boucle autour de Meursault : 22 km – 480m D+ – 6h48 déplacement

L’objectif du jour est la découverte de nos derniers Grands Crus, en blanc cette fois-ci. Nous commençons par une déambulation dans Meursault avec la découverte de sa belle église romane du 14ème à la flèche élancée que l’on voit de loin.

Nous progressons sur le flanc des coteaux qui surplombent le village en direction d’Auxey-Duresses installé à la sortie de la combe de Saint Aubin.

A partir de Meursault, nous sommes au pays du Chardonnay et des vins blancs. On dit que les Blancs de Meursault sont les plus grands Blancs de Bourgogne mais que les Blancs de Puligny sont les plus grands vins Blancs du monde…. Ils représentent près de 60% du volume produit en Bourgogne contre 29% pour les vins rouges et rosés. Le Blanc se vend mieux désormais que le Rouge, en France et surtout à l’International. A Auxey, nous admirons trois grandes cuveries identiques typiques des années 30. Nous abandonnons pour 2 heures environ les vignes pour parcourir du nord au sud le plateau de Montmeillan qui domine toute l’appellation de Meursault à près de 430 m. Le petit coup de cul du départ réveille un peu nos instincts de randonneurs un peu endormis depuis deux jours 😊 En fin de plateau, nous débouchons à l’est de Gamay au niveau d’un amas rocheux visible de loin : Roche Dumay.

Une petite désescalade et une traversée des vignes nous amène sur un chemin d’exploitation qui va nous conduire à Chassagne-Montrachet. Nous déjeunons en bord de vignes au sud du village. Nous sommes passés sous une grande carrière toujours en exploitation. Elles ne manquent pas tout au long de ces Côtes. La plus grande et célèbre est celle de Comblanchien en Côtes de Nuits, au sud de Nuits Saint Georges. Les grands blocs de calcaire dur qu’on y a extrait ont permis la construction des immeubles Haussmanniens et l’Opéra Garnier à Paris. Au début du 20ème, les carrières occupaient plus de main d’œuvre que la vigne à Meursault…. Peu de monde à Chassagne que nous traversons après le repas. Le vin de l’année est en cours de gestation bien à l’abri de l’air dans des fûts ou des cuves. Les grands travaux de la vigne sont en suspend et ne reprendront qu’en novembre-décembre avec la pré-taille, le brulage ou broyage des sarments et le buttage qui vise à protéger le pied des ceps de terre. Le gros du labeur, la taille, commencera après la St Vincent en janvier. La vigne est une liane qui n’en finirait pas de s’étaler si l’homme n’intervenait pas. Il faut maitriser la végétation pour assurer une bonne fructification. A l’issue de la taille (Guyot principalement en Bourgogne) il ne reste plus sur le cep qu’une branche-baguette avec de 6 à 8 yeux et un courson (courte branche) avec 2 yeux. En avril, il faudra courber cette baguette sur le fil inférieur et l’attacher avec de petites agrafes spéciales. Elle portera les branches fructifères. Chaque cep est un cas particulier et il faut une sacrée expérience pour décider de ce qu’il faut couper ou pas : rappelez-vous, il y a 10000 ceps par ha ! La taille ne prendra fin qu’en mars.  Les labours et l’amendement des sols se fera en mars. En mai-juin, il faudra procéder au relevage des tiges et à l’accolage (fixation des sarments sur le palissage) pour faciliter les travaux sur les rangs et donner de l’air aux jeunes grappes. En juin, on procède à l’effeuillage pour favoriser l’ensoleillement des jeunes grains qui apparaissent et pour faciliter la vendange deux ou trois mois plus tard. Je n’évoque pas tous les traitements qui vont se succéder à partir de l’apparition des feuilles jusqu’au mois de juillet et août pour lutter contre tous les risques de maladies de la vigne comme l’oïdium ou le mildiou…. De plus en plus de domaines sont maintenant conduits suivant les méthodes de l’agriculture biologique voire en biodynamie mais pas que….

A la sortie de Chassagne, nous entrons sur le vignoble de Puligny-Montrachet et de nos derniers Grands Crus : Montrachet, Chevalier-Montrachet, Bâtard-Montrachet, Bienvenues-Bâtard-Montrachet et Criots-Bâtard-Montrachet.

Les trois premiers occupent des parcelles de 8 à 11 ha environ. La Route des Grands Crus les traverse et nous devons faire attention aux voitures des touristes (comme nous). Peu après, nous parvenons sur la grande parcelle du Clos La Mouchère, 1er Cru à Puligny que j’avais vendangée en 2021. Elle n’est pas divisée entre plusieurs propriétaires comme d’autres 1ers ou Grands Crus. On parle alors de Monopole et cette mention apparait sur les étiquettes. C’est le vin que j’avais offert au cours d’une réunion d’animateurs… Nous reprenons un peu de hauteur pour repartir vers Meursault. Nous croisons encore une carrière… Nous parvenons assez rapidement aux voitures à Meursault.

J’avais prévu de quitter le gîte à 16 heures. C’est exactement l’heure à laquelle nous quittons à regret ce bel endroit. Nous serons dans 3 heures à Clermont, à l’heure donc pour assister à la défaite de l’équipe de France de rugby 😊

Merci à Marie-Thé et Sandrine pour leurs photos.
Groupe très sympathique dont l’esprit d’entraide m’a facilité le déroulement du séjour. Très attentifs à toutes mes explications, ils ont appris pas mal de choses sur cette région, la vigne et le vin. La préparation du séjour m’a également beaucoup appris sur le sujet : c’est ce que j‘ai essayé de restituer dans ce compte-rendu.

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Séjour 21 – du 12 au 17 août 2023 – Du Puy de Dôme au Puy-en-Velay


Animateur : Sébastien
Nombre de participants : 4 animateur compris (1F, 3H)
Distance totale 113 km
Dénivelée totale : 3450 m +, 3450 m –
Classement Atlas : Moyen
Préparation et rédaction : 12 heures

Jour 1 : Orcines – Moulebas (Aydat) 23 km, 950 m +, 850 m -, 8h30 pauses comprises.
Météo : Nuageux et venteux le matin, ensoleillé l’après-midi, températures douces à chaudes
Notre séjour commence par l’ascension du Puy de Dôme par le chemin des chèvres, moins raide que son cousin des muletiers mais dont l’ascension peut être rendue difficile par endroits du fait de la pouzzolane qui s’y est accumulée. Par chance, le ciel est couvert, la chaleur estivale ne nous assomme pas encore et nous pouvons profiter des charmes de la face nord du Géant des Dômes.


Après cette belle mise en bouche, nous entamons notre marche vers le sud à travers les sous-bois en direction de Laschamps, avant de traverser les hameaux de Beaune-le-Chaud et Fontfreyde. Cette fois, le soleil cesse de faire son timide et contribue à endormir la nature et à embellir les pierres blanches des zones habitées que nous parcourons. Il contribuera également à nous offrir un magnifique point de vue en surplomb du Lac de la Cassière, avec la chaîne des Dômes en toile de fond. Voilà un paysage que nous ne nous lassons pas d’admirer… Et nous aurons tout le loisir de le faire jusqu’au lendemain matin puisque c’est ici que nous établissons notre premier bivouac.


Jour 2 : Moulebas – Sauciat (Champeix) 23 km, 350 m +, -800 m -, 7h30 pauses comprises.
Météo : Ensoleillé, températures chaudes
Notre petite troupe repart sous le signe de la bonne humeur en cette splendide matinée. Nous quittons le lac de la Cassière pour arriver aux berges du lac d’Aydat qui sera notre dernier contact avec le secteur de la chaîne des Puys. Le chemin oblique alors brutalement vers l’est pour tourner le dos à cette dernière et partir en direction de la vallée de la Monne. Sur notre chemin se trouve l’Allée couverte de la Grotte, en réalité un dolmen dont la partie supérieure a disparu, situé au milieu d’un chaos rocheux assez spectaculaire.


La descente jusqu’à la Monne est très caillouteuse mais nous nous retrouvons dans un magnifique site pour servir de cadre à notre pique-nique. L’eau est rafraîchissante et grandement appréciée de tous. Et requinqués par cette pause, nous remontons d’un bon pas sur la rive droite de la rivière, jusqu’à Olloix. Le reste du parcours se déroule doucement et tranquillement et nous établissons notre bivouac le long d’un filet d’eau qui, bien que d’évidence impropre à la consommation, nous permettra tout de même de nous délasser de cette journée.


Jour 3 : Sauciat – Puy Rousset (Yronde-et-Buron) 17 km, 450 m +, 350 m -, 7h00 pauses comprises.
Météo : Averse orageuse le matin, suivi d’un temps ensoleillé, températures chaudes
Les premières gouttes de pluie du séjour retardent légèrement notre départ, mais c’est pour mieux nous retrouver sous un très beau ciel bleu. Le menhir de Sauciat se dresse majestueusement devant nous dès la sortie du sous-bois et nous amorçons immédiatement une descente vers Champeix… avant de remonter vers un très beau point de vue panoramique sur le Sancy, le Cézallier et le Val d’Allier. Tout au long de la matinée nous jouerons ainsi avec la Couze Chambon, montant et descendant le long de ses berges. C’est finalement au lavoir de Chadeleuf, magnifiquement restauré, que nous mangerons un morceau.


Nous continuons à progresser en surplombant la Couze Chambon. Nous marchons ici à découvert et pouvons pleinement profiter des paysages qui s’offrent à nous dans toutes les directions. La traversée de l’Allier à Parent nous permet de confirmer ce que nous avions déjà constaté : l’Auvergne manque d’eau cet été… La rivière est particulièrement basse. Nous prenons quand même le temps d’admirer son lit encore important à cet endroit, avant d’entamer la montée vers Buron et sa célèbre Motte dont nous n’irons pas toutefois jusqu’au sommet. La dénivelée de la journée est déjà importante, pas la peine d’en rajouter… C’est finalement sur les contreforts du Puy Rousset que nous passerons la nuit.


Jour 4 : Puy Rousset, Bois de la Valette (Saint-Etienne-sur-Usson) 21 km, 550 m +, 700 m -, 8h00 pauses comprises.
Météo : Pluie le matin, ensoleillé l’après-midi, températures se réchauffant tout au long de la journée
Départ sous la pluie pour descendre jusqu’au ruisseau de la Laye. Mais heureusement pour nous, la mauvaise volonté de la météo ne sera que de courte durée et les collines de Teillit et Montroy offrent un visage radieux sous le soleil matinal. Nous continuons notre route sur des chemins très roulants et parvenons jusqu’au vallon de l’Ailloux. Celui-ci est également presque à sec mais nous profitons tout de même de la fraîcheur offerte par les arbres pour manger notre déjeuner.
Le moment est en effet bien choisi car si le Puy d’Usson, principale difficulté de l’après-midi, n’est pas très haut, ses pentes sont écrasées par la chaleur d’un soleil puissant en ce jour. Mais comme pour les précédentes hauteurs, la récompense est à la hauteur des efforts fournis. La vue étendue nous permet de mesurer toute l’amplitude du chemin parcouru depuis notre départ.
Et c’est déjà le moment de redescendre vers un nouveau vallon. Nous passons en bordure de la propriété du Bois Rigaud, un très beau château qui semble accueillir régulièrement des séminaires ou des mariages. L’endroit nous laisse tous les quatre très rêveurs. Après quelques kilomètres d’une descente le long d’un joli sentier aménagé à travers la forêt, un héron se dresse fièrement à quelques dizaines de mètres de nous à l’approche des rives de l’Eau Mère. Ce sera notre seul contact de la journée avec de la faune sauvage. La fin de journée approchant, nous nous préparons au bivouac sur le ruisseau de Pouchon, lui aussi à sec en dépit de sa largeur apparente sur la carte…


Jour 5 : Bois de la Valette – Bois des Chassagnes (Chassignolles) 23 km, 1100 m +, 500 m -, 8h00 pauses comprises
Météo : Ensoleillé, températures chaudes
La matinée débute par une belle montée en sous-bois. Le chemin est étroit mais bien tracé et c’est une très agréable ambiance pour démarrer la journée. Afin de gagner le Vernet-Chaméane nous empruntons d’anciennes voies de circulation automobile aujourd’hui à l’abandon. Malgré leur aspect encore goudronné, la progression s’y fait très naturellement au son des chants d’oiseaux et l’on pourrait presque s’y croire en pleine nature. Qui l’eût cru ? Le goudron n’est pas toujours l’ennemi du randonneur. Le site du Vernet et sa base de loisirs nous accueillent. Nous sommes arrivés à mi-chemin de notre parcours et nous profitons de l’épicerie du village pour nous ravitailler avant de reprendre notre route, revigorés et ragaillardis.


Passé le Vernet, l’environnement devient plus rural ; la progression se poursuit à un bon rythme à travers collines et forêts, en suivant les pentes douces, en montée comme en descente. Un petit passage hors piste plus tard, au niveau de la Combe Neyre, et nous voici sur une belle ligne de crête dans le Bois d’Echandelon. Seule la vue nous manque mais la forêt qui nous entoure est magnifique, et c’est ainsi que nous allons installer notre nouveau bivouac en hauteur, dans le Bois des Chassagnes.


Jour 6 : Bois des Chassagnes – Champagnac-le-Vieux, 6 km, 50 m +, 250m – 2h00 pauses comprises
Météo : Ensoleillé, températures chaudes
Ce 6e jour débute avec une très mauvaise nouvelle. J’ai été très malade cette nuit, avec plusieurs crises de vomissements et je n’arrive plus à avaler quoi que ce soit au petit déjeuner. Le diagnostic tombera le lendemain : gastro-entérite. En attendant, il nous faut prendre une décision la mort dans l’âme : après une petite discussion avec le groupe, il devient évident que le séjour va se terminer aujourd’hui, encore malheureusement assez loin de notre objectif final. Nous décidons donc de redescendre vers le village le plus proche, à savoir Champagnac-le-Vieux. Les six kilomètres nous en séparant, seront, une fois n’est pas coutume, parcourus tout doucement, avant que nous ne soyions rapatriés en voiture vers Clermont-Ferrand. L’objectif n’aura pas été atteint cette année, mais qui sait ? Nous retenterons peut-être ce défi lors d’un prochain été.

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Séjour 20. Du 22 au 25 juillet 2023. Découverte de la Margeride en VTT

Secteur géographique : Région Haute Loire et Lozère
Animateur : Michel D.
Nombre de participants : 7 animateur compris (2F, 5 H)
Classement Atlas : Difficile
Kilométrage autos : 2 voitures A/R 340 x 2 = 680 km
Hébergement : 3 nuits en gîte.


Météo : Bonne température les deux premiers jours, vent d’Ouest, orageux le troisième jour, dernier jour très frais 9/10° le matin soleil puis fort vent d’ Ouest, ciel couvert au col du Goulet à1500m d’altitude, grosse averse orageuse et brouillard, puis redescente sur Larzalier fin de pluie mais toujours et jusqu’à l’arrivée aux voitures un fort vent froid d’Ouest.

Terrains : très sec sur pistes, GR et petites routes, conditions de roulage parfaites sur de bons revêtements mis à part sur le GR. L’averse du col du Goulet a mouillé le GR sur 3 km offrant un sol glissant sur la descente. Passage très technique avec portage des vélos sur une portion du GR du tour du lac de Naussac.

Les données kilométriques et altimétriques des journées sont le résultat de montres et GPS Garmin.

JOUR 1 samedi 22 Juillet : Etape Rieutort / Les Faux. Départ 10h /Arrivée 16h30

Roulage : 3h45, distance : 47 km, D + 990 m, D – 980 m
Classement de l’étape : Difficile
Départ place de l’église de Rieutort 1100 m- GRP tour de la Margeride le Savignies- lac du Ganivet 1000 m- Javol 950 m (ancienne ville romaine, vestiges)- le Cheylaret 1000 m- Aumont Aubrac1050 m- Gr 65 de Compostelle- les Esterts 930 m – Chabannes planes 1025 m – St Alban sur Limagnole 1000 m- le Rouget 1050 m – Gîte l’Oustal des Parents au Faux 1100 m.

JOUR 2 dimanche 23 Juillet : Etape Les Faux / Brugeyrolles. Départ 8h / Arrivée 17h45

Roulage : 5h, distance : 57 km, D + 1100 m D – 1100 m
Classement de l’étape : Difficile
Départ du Gîte- GR 65 jusqu’au gîte du Sauvage 1289 m – puis GR 4 – Brenac 1200 m – St Paul le froid 1280 m- Grandieu 1150 m- Bellelande 1191m – Auroux 990 m – Bessettes 1030 m – bord du lac de Naussac 940 m – Langogne 900 m – puis GR 70 (Stevenson)- Brugeyrolles 980 m gîte des Crémades.

JOUR 3 lundi 24 Juillet : Etape Brugeyrolles / Chasserades. Départ 8h /Arrivée 15h
Roulage : 5h, distance : 40 km, D + 1000 m D – 950 m
Classement de l’étape : Difficile
Départ de gîte Esfagoux1070 m – forêt de la Gardille 1220 m- château du Luc 1000 m – Luc 950 m – Laveyrune 980 m – combe Grenier 1050 m – sommet d’Espervelouze 1225 m- descente sur la Bastide Puylaurent 1000 m – GR70 – Chante Perdrix 1300 m – la Mourade 1300 m- bois de Chambounet 1300 m- parc éoliens 1300 m – Chabalier 1122m- Chasseradés 1159 m – gîte les Sources.

JOUR 4 mardi 25 juillet : Etape Chasserades / Rieutort. Départ 8 h/ Arrivée 15h

Roulage : 5h15, distance : 46 km, D + 1100 m D – 1000 m
Classement de l’étape : Difficile
Départ du gîte – GR 70- Mirandol 1100 m- L’Estampe 1154 m- carrefour Guy Cubizolle 1412 m- col du Goulet 1459 m- carrefour de la Pierre Plantée 1263 m- Larzalier 1200 m- croix de la Prade 1231 m- Laubert1200 m- GR 43 – cabane des bergers 1385 m- bord du lac Charpal- PC 1338 m- puis tour du lac plein Est – cobe des noyés de Moumentou- PC 1340 m- forêt domaniale de Charpal- passerelle barrage 1312 m- GR 43- maison forestière de Charpal- chapelle St Ferréol 1392 m- Vitrollettes 1289 m- le Monteil 1170 m- puis Rieutort de Randan parking voitures..
Retour sur Clermont Ferrand

TOTAL du VOYAGE VELO : 148 km, 19h de roulage, D + 4190 m et D – 4030 m


Très bonne ambiance et entente, bonne condition physique du groupe, un groupe parfait pour d’autres raids vélo à allures soutenues, avec un engagement plus importants.
C’était bien un séjour classé difficile avec certaines parties techniques (GR avec des parties de cailloux, des marches à descendre, des montées avec des racines, des passages de ruisseaux) et physiques (quelques belles montées très soutenues, quelques poussages et portages aussi.)

Le but recherché de ce voyage était de circuler sur une grande partie du GRP Tour de la Margeride.
Tous les participants ont savouré sans difficultés ce parcours exigeant.

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Séjour 19 du samedi 08 au samedi 15/07/2023 à Vélorando entre les rivières Creuse et Vienne

Animateur : Michel J.

Nombre de participants : 5 dont 1 femme et 4 hommes.
Météo : correcte dans l’ensemble pour rouler, chaud les deux premiers jours avec averses orageuses le dimanche 09, le jeudi 13 au lac de Chambon et samedi 15 à Toulx-Sainte-Croix.
Classement du séjour : difficile
Temps de préparation et de rédaction  : 20 heures

Le mot de l’animateur.
Un groupe soudé, une bonne ambiance, un partage enrichissant et une entraide permanente, voilà quelques ingrédients de la réussite d’un voyage à vélo. La recette pour l’élaboration du parcours affinée année après année dans des zones méconnues de notre hexagone est somme toute assez simple. Une ou plusieurs bonnes cartes, une zone géographique définie, de nombreux points d’intérêts, des endroits pour ravitailler, des endroits pour poser la tente et l’on essaie en évitant les grands axes d’établir le meilleur circuit.
L’itinéraire construit à partir de petites « blanches » et quelques portions de « jaune » (carte Michelin départementale n°325), s’est révélé plus difficile que prévu non pas que les dénivelés aient été très importants mais les pourcentages de certaines portions notamment dans les descentes et les remontées pour passer les nombreuses rivières ainsi que pour atteindre certains points hauts ont rendu ce parcours exigeant physiquement. La densité de petites routes dans les départements visités (Creuse, Haute-Vienne, Charente, Vienne, Indre) a permis de rouler sans aucune pression au niveau de la circulation.
Les rivières, les plus importantes ayant servi de fil conducteur à notre déplacement ont été la Gartempe, l’Ardour, la Glayeule, la Vienne, la Creuse et la Petite Creuse. Longées voire traversées à plusieurs reprises, elles nous ont accompagnés durant cette semaine. Pour celles et ceux que cela intéressent, vous trouvez ci-dessous, quelques éléments géographiques de ces cours d’eau.
Notre voyage a été ponctué comme d’habitude de nombreuses haltes pour admirer des éléments naturels, de beaux monuments, le passage au village martyr d’Oradour-sur-Glane et sur la fin du parcours, les Pierres Jaumâtres et la tour de Toulx-Sainte-Croix.

Un peu seul au monde sur les petites routes !


Quelques informations sur les rivières.
La Gartempe coule dans les départements de la Creuse, de la Haute-Vienne, de la Vienne, de l’Indre, d’Indre-et-Loire, et de la Vienne. C’est un affluent de la Creuse, donc un sous-affluent de la Loire par la Vienne. Sa longueur est de 205 km et elle prend sa source sur les communes de Lépinas et de Peyrabout en Creuse à 600 m d’altitude environ.
L’Ardour coule dans les départements de la Creuse et de la Haute-Vienne. C’est un affluent de la Gartempe. Elle est longue de 34 km et prend sa source au lieu-dit La Garenne sur la commune d’Augères à une altitude proche des 500 m.
La Glayeule coule dans le département de la Haute-Vienne et a une longueur de 21 km. Elle prend sa source sur le commune de Nantiat.
La Vienne prend sa source sur le plateau de Millevaches au pied du Mont d’Audouze à 859 m d’altitude en Corrèze. Elle se jette dans la Loire à Candes-St-Martin à 30 m d’altitude. Mesurant 372 km, elle est un affluent majeur du fleuve.
La Creuse longue de 264 km prend sa source également sur le plateau de Millevaches à 811 m d’altitude au lieu-dit Chirat sur la commune du Mas-d’Artige. Elle se jette dans la Vienne.
La Petite Creuse prend sa source au lieu-dit Les Trois Taillants sur la commune de Treignat. Elle est longue de 95 km et se jette dans la Creuse à Fresselines en amont du lac de Chambon.

Patrimoine culturel : Bénévent-l’Abbaye, viaduc de Rocherolles, village martyr d’Oradour-sur-Glane, cité médiévale de Montmorillon, château fort de Chazelet, les ruines du château de Crozant, le château de Boussac, l’abbaye de Moutier-d’Ahun.

Faune : oiseaux vus au cours des huit jours suivant les milieux rencontrés, héron cendré, buse variable, milan noir, pinson des arbres, canard colvert, huppe fascié, une cigogne blanche, grand cormoran, hirondelle de fenêtre et rustique, grosse concentration sur un troupeau d’ovins de hérons garde-boeuf. Autres observations : écrevisse américaine sur la retenue du Chambon, lièvre variable, chevreuil et à plusieurs reprises un coléoptère devenu rare le lucane cerf-volant, gros insecte pouvant pour le mâle mesurer jusqu’à 7,5 cm.

Ecrevisse du lac Chambon
femelle du Lucane cerf Volant

Données techniques de l’itinéraire fournies par une montre Garmin (merci Pascal), la distance parcourue ramenée à l’unité (D). Les dénivelés positifs (DP) et négatifs (DN), altitude la plus basse (AB), altitude la plus haute (AH) de la journée.

Les grandes lignes de l’itinéraire : Il s’est effectué sur petites routes à faible circulation, voies cyclables, chemins goudronnés et quelques centaines de mètres sur des chemins.

J1. D 62 km DP 975 m DN 1020 m AB 377 m AH 658 m
Ahun, Peyrabout, St-Sylvain-Montaigut, Bénevent-L’Abbaye, Marsac.
Points forts de la journée : recherche de la source de la Gartempe, visite du site de l’Abbaye à Bénévent et de son jardin.

Jardin à Bénevent-L’Abbaye

J2. D 61km DP 1035 m DN 1150 m AB 269 m AH 658 m
Marsac, Folles, Bessines-sur-Gartempe, St-Pardoux, Nantiat.
Points forts de la journée : le long de l’Ardour, le détour pour admirer le viaduc de Rocherolles qui enjambe la rivière Gartempe (commune de Folles), les lacs de Sagnat et Saint-Pardoux.

A la découverte du viaduc de Rocherolles
Lac de Saint-Pardoux

J3. D 53 km DP 750 m DN 830 m AB 189 m AH 357 m
Nantiat, Peyrilhac, Oradour-sur-Glane, Cieux, Blond, Bellac.
Points forts de la journée : Visite guidée du village martyr et du tombeau des martyrs, étang de Cieux, traversée des Monts de Blond.
Pour en savoir plus sur le récit du massacre d’Oradour, cliquez sur le lien https://www.oradour.org/recit-du-massacre
Les Monts de Blond sont un petit massif  appartenant au  Massif Central, situé à l’ouest du département de la  Haute-Vienne, en bordure du département de la  Charente. Parmi les contreforts occidentaux du  Massif Central, ils sont les premiers à dépasser les 400 mètres d’altitude en venant de la façade atlantique. Ils forment la partie occidentale des  Monts de la Marche.

Village martyr

J4. D 59 km DP 680 m DN 830 m AB 88 m AH 270 m
Bellac, Mézières-sur-Issoire, Oradour-Fanais, Availles-Limouzine, L’Isle-Jourdain, Moussac.
Point forts de la journée : les nombreux points de vue le long de la rivière Vienne suivie sur plusieurs kilomètres en remontant vers le Nord.

Pont de Pierre de Bellac

J5.D 66 km DP 730 m DN 750 m AB 89 m AH 191 m
Moussac, Nérignac, Sillars, Montmorillon, Journet, La Trimouille, La vallée de Lignac.
Point forts de la journée : visite de la cité de l’écrit et des métiers du livre de Montmorillon, ses octogones, son pont médiéval, son quartier historique.
L‘octogone est un des édifices le plus remarquable du site de la Maison Dieu, vaste ensemble de bâtiments qui formèrent l’hospice de la ville au Moyen Âge. Cette chapelle tire son nom de sa forme insolite à huit faces. Bâtie vers le 12e siècle, elle était dédiée au culte des morts, le chiffre huit renvoyant à la symbolique de la Résurrection. Les bâtisseurs de l’époque s’étaient probablement inspirés de la Chapelle du Rocher de Jérusalem, datée de 681 ; ou de la chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle, de 792, qui possédaient un plan octogonal.

l’octogone de Montmorillon. Chapelle cimetériale.
une partie du quartier médiéval de Montmorillon

J6. D 55 km DP 850 m DN 990 m AB 121 m AH 300 m
Lignac, Dunet, Sacierges-Saint-Martin, Chazelet, Vigoux, Bazaiges, Eguzon-Chantôme, Chambon, Meissant, Crozant.
Point forts de la journée : traversée du Sud de la Brenne avec ses nombreux petits cours d’eau, le château fort de Chazelet, la retenue du lac Chambon sur la Creuse, le site du château de Crozant.

Château fort de Chazelet

J7. D 70 km DP 1170 m DN 950 m AB 220 m AH 446 m
Crozant, Fresselines, Chambon-Ste-Croix, Chéniers, Mortroux, La Cellette, Nouzerines, Domaine de Poinsouze.
Points forts de la journée : A la rencontre à pied de la confluence entre les rivières Petite Creuse et Creuse.

Rencontre de deux rivières, Petite Creuse et Creuse

J8. D 57 km DP 970 m DN 950 m AB 347 m AH 650 m
Boussac, St-Sylvain-Bas-le-Roc, Toulx-Ste-Croix, St-Sylvain-Sous-Toulx, Domeyrot, Jarnages, Moutier-d’Ahun, Ahun.
Points forts de la journée : Le château de Boussac, les Pierres Jaumâtres, l‘église et la tour de Toulx-Ste-Croix avec sa vue panoramique sur 7 départements.
Le château de Boussac est situé sur un éperon rocheux au dessus de la vallée de la Creuse Construit au XIIème siècle, ruiné lors de la Guerre de Cent Ans, rebâti, fortifié puis embelli avant d’être mis à mal lors de la Révolution. George Sand y a séjourné à plusieurs reprises, y a situé une partie de son roman champêtre Jeanne, et y a découvert les célèbres tapisseries de la Dame à la Licorne qui sont exposées aujourd’hui au musée de Cluny à Paris..
Les pierres Jaumâtres. Au sommet du Mont Barlot, une quarantaine d’énormes blocs de granit, des cailloux de géants émergent et se dressent dans un étonnant  équilibre.
L’église de Toulx-ste-Croix de type roman-poitevin a la particularité d’être en deux parties, le clocher étant séparé de la nef.
La tour de Toulx-sainte-Croix a été construite à l’initiative de l’abbé Aguillaume, et se situe au point culminant de la montagne (655 m), au lieu dit « Brûdalis » à l’emplacement même de la tour à signaux gauloise. Elle fût terminée de construire en 1957. Du haut de cet édifice où sont disposés des repères d’orientation, on jouit d’une vue panoramique exceptionnelle de 100 km alentours s’étendant sur sept départements, et qui en fait une des plus belles vues de France. 

Eglise de Toulx-Ste-Croix


La tour de Toulx-Ste-Croix

Hébergement : sous des tentes dans des campings sympathiques et accueillants

Accident :néant
Problème mécanique : aucun
Matériel mis à disposition par l’association : 1 tente de marque Hard Wear Montain modèle Laser, 2 tentes de marque Décathlon, modèle 900MT, 1 remorque « Bob ».
Photos : Pascal et Michel J.

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Séjour 18. Du 01 au 09 juillet 2023. Haute traversée du Massif de Belledonne

Nombre de participants : 12 (6 F, 6 H) animateur compris
Météo : Pluie au départ, couvert et brumeux les matins, beau et ensoleillé sur la fin
Distance : 91 km
Dénivelés : + 7500 m   -7110 m
Durée : 54 h 50 pauses comprises
Classement Atlas : Difficile
Kilométrage autos : Total pour 3 voitures 2091 km

Le séjour consistait à faire la haute traversée du massif de Belledonne, dans sa partie refuges gardés, par le GR738 et des variantes. Ce GR beau et difficile, encore peu fréquenté se situe parmi les grandes traversées sportives sur une ligne de crête entre 2000 et 2500 mètres d’altitude.

Jour 1 : 7.5 km   +665 m    -380 m    4 H 30

Nous partons donc du Collet d’Allevard à 1450 m d’altitude. Station créée en 1955 , dont la taille actuelle date de 1975, est considérée comme le plus grand domaine de ski nocturne d’Europe.

Voitures garées, une solide table s’offre à nous pour notre premier pique-nique ce qui allègera un peu nos sacs.

Une photo et c’est parti !

Sur la route nous avions eu de la pluie en plusieurs fois, et dès les premiers pas, les premières gouttes arrivent de nouveau. On s’équipe et commençons la montée au col de l’Occiput. Les 400 mètres de dénivelé sur les pistes sont peu agréables mais obligés.

Montée à l’Occiput

Au col un sentier nous conduit aux Plagnes où une table d’orientation aurait pu nous aider à repérer la partie en aval de notre parcours mais la brume est bien présente et nous gâche la vue. Dommage !

Nous continuons sur le sentier 2000, sentier d’interprétation qui reste sur une ligne de crête à 2000 mètres d’altitude, quinze plaques d’information placées au fil du sentier nous permettent de découvrir l’histoire du Pays d’Allevard.

Légère descente sur le col de Claran, véritable nid à myrtilles dans un cadre exceptionnel, pour rejoindre le fameux GR738 que nous suivrons une bonne partie de la semaine. Les rhododendrons commencent à fleurir et couvrent toute la pente au fond de laquelle on devine notre premier refuge.

Petite structure de 14 places à l’accueil chaleureux par deux jeunes en place depuis une semaine. Le poêle allumé réchauffe l’atmosphère. La petite avancée de toiture à l’extérieur permet de suspendre nos vestes de pluie bien trempées car la pluie nous a accompagné une grande partie de l’après-midi.

Refuge de la Pierre du Carre

Une fois le diner pris nous pourrons les suspendre à l’intérieur pour un meilleur confort de départ demain matin.

Jour 2 : 17.6 km   +1264 m   -1185 m    9 H

Nos vêtements ont séché et c’est tant mieux, car ce matin nous repartons équipés pour la pluie, la bruine et le brouillard sont avec nous. Première descente dans la combe du Veyton entre sections boisées et clairières. Le terrain est glissant, surtout les racines à fleur de sol, risque de glissades prudence donc !

Nous franchissons plusieurs petits cours d’eau. Passé le torrent, remontée au Praillet avant de rejoindre le refuge non gardé de l’Aup Bernard. Cabane bien protégée par son mur paravalanche pyramidale entièrement fait main en pierres sèches, une curiosité.

L’Aup Bernard

La pluie a cessé, nous profitons de ce lieu accueillant pour le déjeuner.

Deuxième descente vers le Gleysin. Au Collard la traversée d’un pré nous permet de reposer notre attention avant la dure remontée au refuge de l’Oule : huit cent mètres positifs nous attendent.

Il est 16 heures le soleil arrive enfin. Le sentier d’abord herbeux se poursuit en forêt, notre allure est bercée par le grondement mélodieux du torrent du Gleyzin jaillissant d’une majestueuse cascade, que l’on découvre au fur et à mesure de la montée.

Passé la cascade, nous traversons le ruisseau sur une petite passerelle et nous apercevons enfin le refuge sur son promontoire rocheux deux cents mètres de dénivelé plus haut, petit tronçon casse pattes qu’il nous faudra redescendre demain.

Le groupe déjà passablement étiré s’allonge encore davantage dans cette partie dantesque. Les premiers sont à la douche au torrent glacial lorsque les derniers posent les sacs.

Enfin arrivé

Nous sommes au refuge de l’Oule et comme le précédent, ancien chalet d’alpage, petit, rustique mais chaleureux. Surplombé par le Puy Gris et le col du Morétan, la vue sur la vallée Chambérienne est imprenable.

Refuge de l’Oule

Comme hier le poêle est allumé, cela permettra de finir de sécher nos vêtements toujours un peu humides.

Jour 3 : 7.5 km    +775 m    -1450 m     8 H 30

Etape sauvage pour rejoindre la vallée du Bréda. Nous partons avec la brume matinale. La descente du fameux tronçon difficile d’hier est mieux acceptée ce matin. Nous continuons par un sentier rocailleux où il faut mettre les mains, en suivant les lacets en côte raide, pour arriver sur la crête de la Pierre du Pin.

En contre bas le lac du Léa s’étale devant nous avec sa petite cabane refuge.

Lac et chalet du Léa

Dégringolade entre genévrier et rhododendrons avec la vue sur la Chartreuse et les Bauges.

Passé le lac il nous faut gagner le Crêt du tambour et plus haut la Montagne de Tigneux. Depuis 11 heures le soleil nous suit, la faim se fait sentir, on me réclame la pause méridienne. On attendra le Chalet de la Grande Valloire où sur la terrasse aux pierres réchauffées, nous prenons le temps de bien nous alimenter avant de plonger sur la grande désescalade du jour. Pendant la pause, Anny aux yeux de lynx, repère au loin un chamois qui fait des cabrioles sur un névé, tous les regards se tournent dans sa direction et sont amusés de sa démonstration.

Après le torrent de Valloire, nous quittons l’alpage et pénétrons en forêt. La traversée du ruisseau Perdu exige quelques précautions, nous trouvons nos premiers câbles.

Le sentier zigzague en forêt avant de rejoindre une piste qui nous conduit au Pont de Valloire. Nous sommes dans la vallée du Haut Bréda. Il nous reste 2 kilomètres et 100 mètres de dénivelé pour arriver à l’hébergement de ce soir, un gîte avec tout confort. La douche sera appréciée au bout de 3 jours sans.  Au dernier regroupement avant l’arrivée, il manque deux personnes, Liliane et Aurélie, question où sont-elles ?  Je tombe le sac et retourne à leur rencontre. Je les retrouve et elles m’expliquent qu’elles se sont fait baratiner par un autochtone au comportement suspect. Nous arrivons tous ensemble au gîte de la Martinette à la terrasse accueillante n’est ce pas mesdames.

Le dortoir de douze semble très confortable, mais au troisième étage, tant pis c’est bon pour les courbatures…

Jour 4 : 8 km    +1130 m    -110 m    7 H

Peu de descente aujourd’hui journée spéciale montée, direction les Sept Laux. Nous quittons La Martinette, après avoir traversé la passerelle du ruisseau de La Combe Madame, nous n’hésitons pas une seconde sur cet aller-retour pour contempler la cascade du Pissou sur le ruisseau du Bréda. Très verdoyante, elle fait plusieurs ressauts sur les rochers granitiques avant de glisser vers la vallée.

Cascade du Pissou

Petit faux plat descendant avant d’entamer cette longue montée, d’abord en forêt jusqu’au Chalet du Gleysin de la Ferrière puis à découvert ensuite. Le torrent franchi, le sentier devient très caillouteux, nous remontons le pierrier par de nombreux lacets.

Nous sommes au col de La Vieille, souvenir humoristique pour certains. Au replat herbeux, une petite passerelle en pierre nous permet de découvrir le premier lac du plateau, le lac Noir où sera prise la pause du jour.

Le lac Noir

Barrage et conduite forcée font partie du paysage. Il est 13 heures, le ciel devient nuageux et chasse le soleil qui nous avait accompagné depuis ce matin. Pour digérer, petite balade vers le lac de la Motte puis passage sur la digue entre le lac Carré et le lac Cottepens pour accéder au refuge des Sept Laux. Refuge tout en pierres, mais un peu limite, un seul point d’eau dans le local à chaussures, un seul WC pour un dortoir de 36 places sur 3 niveaux.

Refuge des 7 Laux

Escapade pierrier avec Pierre pour voir le lac Blanc et le lac de la Ratoune invisibles depuis le refuge.

Lac de Cottepens devant le refuge

Le reste de la troupe passera un après-midi tranquille et reposant en prévision de la grosse journée de demain.

Jour 5 : 18 km    +900 m   -1300 m   9 H 30

Cela devait être l’étape reine avec le Col de la Vache 2600 m et de l’Aigleton 2300 m. Malheureusement un grand névé versant nord de la Vache est toujours là, on nous conseille les crampons, mais nous n’en avons pas. Etape que je leur avais promis difficile mais exceptionnelle. C’est la mort dans l’âme que je me rabas sur le plan B, par le Rivier D’Allemont en fond de vallée.
Après avoir longé les lacs Cottepens et du Cos,

petit arrêt à la bergerie du Cos pour montrer malgré tout le passage menant au Col de la Vache. Nous continuons en contournant les lacs Jeplan , de la Corne, de la Sagne aux eaux limpides, jusqu’à l’amorce de l’importante descente, de part et d’autre du torrent des 7 Laux, qui nous occupera toute la matinée.

Mélange de sous-bois, petites prairies, pierriers le tout sous le soleil. Nous traversons le ruisseau des Sept Laux à plusieurs reprises avec plus ou moins de facilité.

La fin se veut un peu aérienne, glissante avec de grandes marches bétonnées de façon très irrégulières, heureusement un câble nous rassure. Ouf ! nous voilà enfin en bas. Les ventres crient famine. Nous mangeons avant de prendre la départementale sur 1.5 kilomètre, pas d’autre possibilité, pour arriver à Rivier d’Allemont. Au village, changement de temps, il devient lourd et nuageux et changement de cap, direction la montée au Pas de la Coche qui marque la bascule entre les 7 Laux et le cœur de Belledonne. Longue montée mais régulière, d’abord en forêt où se dégage une agréable odeur de pins, pour déboucher dans de grandes prairies bien fleuries et parsemées d’airelles. Une ligne électrique qui devrait être supprimée prochainement vient perturber notre vue sur le massif de la Chartreuse où se détache la dent de Crolles et Chamechaude.

Lac de la Coche

Bruine et vent nous accueillent au Pas de la Coche, les derniers à peine arrivés, les premiers s’en vont déjà, pas cool ! Je reste avec ceux qui ont besoin de souffler et qui ont trouvé un endroit à l’abri du vent. Quelques mètres plus bas de l’autre côté, le groupe se reforme et j’en profite pour remettre les pendules à l’heure.

Le refuge est en vue 250 mètres en contrebas, 250 mètres qu’il nous faudra remonter demain à froid. Sur l’étape initialement prévue, nous serions arrivés sur l’autre versant ce qui nous aurait évité cet aller-retour au Pas de la Coche depuis le refuge. Tant pis pas d’autre choix. Descente en lacets sur un sentier pierreux à forte pente, traversée d’un petit ruisseau et c’est le refuge Habert d’Aiguebelle. Refuge agréable tenu par un gardien et un collègue dont les parents habitent Orcet, ce qui facilite la conversation.  

Refuge Habert d’Aiguebelle

Une douche chaude nous est proposée : super ! nous pourrons éliminer la transpiration accumulée tout au long de cette interminable journée. Dès mon arrivée, je questionne le gardien pour la suite, car demain il y a encore deux passages élevés à franchir : La Brèche de la Roche fendue 2480 m et le Col de la Mine de fer 2400 m. A sa réponse, c’est bon ça passe, encore un petit névé à la brèche mais rien de méchant. Ouf ! je suis soulagé et peux profiter d’une soirée sereinement.

Un troupeau de bouquetins, face à nous, occupe notre attente post repas, les photographes s’en donnent à cœur joie.

Jour 6 : 9.8 km    +970 m    -785 m   5 H 20

La journée s’annonce belle et ensoleillée. Remontée au Pas de la Coche pour reprendre le tracé du GR.

Vue sur le lac de Coche à peine visible hier. Plusieurs pierriers, rochers où l’on se faufile, replat herbeux, nous mèneront vers l’austère Brèche de la Roche Fendue, amoncellement de roches chaotiques. Sur notre droite en contre bas nous apercevons un joli petit lac, le lac des Trois Laux, après les 7 nous avons les 3, curieux ? Plus en avant sur la gauche nous commençons à découvrir le Pic de Belledonne, seigneur de ces lieux. A deux pas également sur notre gauche la stèle Mallory commémore le crash d’un bombardier de la 2e guerre mondiale qui fit 10 victimes dont Sir Mallory, le plus haut gradé de la Royal Air Force.

Quelques névés traversés ou contournés : nous sommes à la Brèche.

La brèche coté nord

Alors que la brume monte de la vallée, de là, je montre le col suivant, mais ce n’est pas évident à s’imaginer le cheminement, dans ces éboulis anarchiques, surtout qu’il faut d’abord descendre et remonter par un gros pierrier jusqu’à la Mine de Fer. A ce col une excavation destinée à l’extraction du minerai de fer nous rappelle le temps où les mineurs arpentaient ce vallon par obligation et non pour le plaisir comme nous aujourd’hui.

Passé le col nous distinguons, encore un peu loin au-dessous, le refuge Jean Collet comme en suspension au bord de la falaise. 

Refuge Jean Collet

D’abord en forte pente le sentier pierreux se continue en lacets terreux au niveau de l’alpage jusqu’au refuge.

Une fois encore les bouquetins et chamois animeront la soirée. Dans sa sortie nocturne Régine tombera nez à nez avec un bouquetin pas effrayé de sa présence.

Jour 7 : 10 km    +1000 m    -800 m    5 H 35

Aujourd’hui nous délaissons le GR738, pour une variante haute montagne, afin de caresser le pied du Pic de Belledonne tant encensé sur cette traversée. Hier le personnel du refuge nous a confirmé que le passage était possible, depuis trois jours plusieurs randonneurs et randonneuses avaient fait la trace au col de Freydannes à 2650 mètres.

Allez, on y va !

Départ en courbe de niveau sur un sentier en balcon avec quelques passages aériens.

La pente s’accentue à proximité du lac Blanc que nous contournons.

Le lac Blanc

La montée continue par : la traversée du torrent impétueux de Freydanne, résultat plusieurs chaussures et pieds mouillés, et de nombreux éboulis et pierriers qui demandent une grande concentration.

Pic de Belledonne en arrière plan


Nous sommes au pied du glacier de Freydanne, névés dégelés sur lesquels quelques traces existent et pierriers très glissants alternent sur un sentier uniquement cairné.

La montée au col est sportive, la pluie arrive vraiment au mauvais moment, nous ne sommes pas trop à l’aise pour nous équiper mais ça le fait, tout le monde est concentré. On utilise bien les traces déjà marquées sur la neige et on est très vigilant sur les pierres parce que par endroit perdant le sentier, le sol est extrêmement glissant avec une pente sévère.

Col de Freydanne

Tous avec plus ou moins de facilité se retrouvent en haut et le soleil revient, ce n’était qu’un nuage. On souffle !

Face nord le névé est impressionnant et impressionne les participants. La nature de la neige mollasse nous inspire confiance. Certaines traces de glissade sont visibles. Une seule solution, la technique de la luge, 200 mètres de dénivelé négatif à passer. Allez les fesses dans la neige, les bâtons repliés sous les bras et c’est parti. Michel s’élance le premier et montre la technique, j’attends que la dernière passe et j’emboite le pas.

Une première pour beaucoup, tous sont passés sans bobo et contents d’avoir réussi malgré les appréhensions légitimes. Il est l’heure du pique-nique que nous prenons au bord du lac du Grand Doménon au pied de la grande Lance de Domène et face à la Grande Lauzière. Les nerfs se relâchent, les blagues fusent.

Col de Freydanne face nord

Nous avons abandonné l’idée de monter à la Croix de Belledonne, car le névé en devers à passer n’était pas à la portée de tous, peut-être une autre fois…

Le refuge est tout proche, il est tôt, le lac du Petit Doménon voisin du Grand mais plus accessible tente certains pour une baignade intégrale.

Simple formalité pour rejoindre le refuge de la Pra. Petit hôtel de montagne créé en 1889, le plus grand de Belledonne 75 couchages. Refuge confortable en fin de parcours, lavabos, douche, WC tout à l’intérieur, un dortoir rien que pour nous, le luxe en somme. Pâtisseries à gogo a déguster sur une magnifique terrasse ensoleillée, n’est-ce pas Didier ? Que du bonheur…

Refuge de la Pra

Jour 8 : 12.6 km    +800 m   -1100 m    7 H

C’est la dernière journée, on quitte le refuge par une dégringolade à travers : des pâturages ponctués de cours d’eau, des pierriers encore et toujours dans la combe de Jasse Bralard, de micro forêts aux pins cembro et une succession de lacs (Claret, Longuet, Bernard, Léama) à l’eau cristalline, jusqu’à l’écrin final des lacs Roberts au pied de Chamrousse. Au passage trois, quatre marmottes ont montré le bout de leur nez, Sandrine est ravie.

Lac Léama

Arrivée aux lacs Robert, nous décidons d’aller découvrir la passerelle himalayenne récemment installée entre la Croix de Chamrousse et Casse Rousse.

Les lacs Robert

Grimpée peu agréable par une piste de ski mais c’est le plus court. Un aller-retour sur cette passerelle de 130 m de long permet à certains de prendre sur eux, de faire une première traversée un peu timide, mais sans risque car bien assistés, et de prendre de l’assurance pour le retour. Celles qui appréhendaient sont satisfaites pour une première.

Retour par la même piste, dans le sens de la descente cette fois, en courant pour quelques-uns et casse-croute rapide au bord du lac. Notre temps est compté, le taxi nous attend à 15 h 15 au Recoin. Certains s’offrent une dernière baignade avant de repartir.

Descente de la brèche Robert

Passage de la Brèche Robert avant de deviner le dernier lac, des Pourettes, bien caché par la ciboulette sauvage qui lui confère un cadre intimiste. Le sentier, d’abord en terre et rapidement rocailleux, se faufile entre les bruyères pour finir sur une partie plate herbeuse. Passage sous un téléski et arrivée au Recoin, secteur le plus haut de la station de Chamrousse. Nous sommes à l’heure, les taxis arrivent, il nous faudra 1H45 pour regagner nos voitures au Collet d’Allevard.

Avec nos véhicules nous retournons, pour notre dernière soirée, au gîte de la Martinette à Fond de France, seul gîte de groupe dans le secteur, où nous avons dormi lundi.


Traversée réussie.
Les nombreux lacs (25 au bas mot), les éboulis et les pierriers, les névés, les refuges, les montées et les descentes sans fin, les paysages époustouflants mis en valeur par une végétation florale variée, l’ambiance haute montagne parfois avec la rudesse de certains passages. Ce massif de Belledonne laissera à tous d’excellents souvenirs, certainement différents entre les uns et les autres mais inoubliables pour tous. Merci à tous les photographes qui ont immortalisé ces moments.

Jour 9 : 4.4 km    +350 m    -350 m    2 H 30

Notre passage au col de la mine de fer a poussé notre curiosité à en savoir un peu plus sur cette activité. Du 12° au 19° S, hommes et femmes ont arraché le minerai de fer à la montagne. Les vestiges de cette aventure sont présentés à travers un parcours commenté en forêt. Nous profitons de cette dernière matinée pour découvrir l’histoire et l’activité minière et métallurgique du Haut -Breda.

Nous nous dirigeons donc vers ce sentier, très ombragé, très bien aménagé et structuré que tous prennent plaisir à parcourir en s’informant.

La balade, car ce matin on peut dire balade, nous mettra quand même en appétit. Avant de prendre la route du retour, nous savourerons notre dernier pique-nique sur les bords du lac de la Mirande à la sortie d’Allevard pour ne pas partir sans avoir approché un dernier lac. Après un petit café à la buvette du lac, pour tenir les chauffeurs éveillés, le retour à Clermont se fera sans encombre.

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Séjour 17. Du 28/06 au 02/07/2023. Le fjord jurassien en kayak de mer



Animateur : Michel J.
Nombre de participants : 5 animateur compris (3F, 2H)
Météo : mercredi et jeudi, beau temps, chaud. Vendredi averses en matinée. Samedi et dimanche couvert.
Classement : facile

Matériel mis à disposition par l’association :

  • 5 kayaks de mer ; 2 Bélouga 1 de marque Plasmor dont l’un mis à disposition par l’animateur, 2 de marque Dag, modèle Miwok et Ysak, 1 Fury de marque Kayman (bateau de l’encadrant).
  • équipement complémentaire pour les kayaks (jupes d’étanchéité, éponges, 1 cordelette de 10 mètres)
  • équipement pour les participants (gilets d’aide à la flottabilité, pagaies doubles et 1 de secours)
  • pour le transport des bateaux et containers : une remorque routière équipée de l’adaptation « kayak »

Organisation générale :
Transport: à l’aide du véhicule de l’animateur en covoiturage tractant la remorque transportant les kayaks et les bagages des participants dans des containers.
Kilométrage général effectué par le véhicule : 577 km
Niveau d’eau : à environ deux mètres de son maximum.
Conditions de navigation : très bonne. Samedi un coup de vent de Sud lève un clapotis qui agite le plan d’eau
Kilométrage parcouru : 85 km sur les 5 jours à la moyenne de 5,2 km/h environ.
Préparation du matériel, rangement, nettoyage et compte rendu : 10 heures

Le mot de l’animateur :
Pour la première fois, Atlas part à la découverte de la 3ème plus grande retenue artificielle de France, le lac de Vouglans, grossièrement située entre Oyonnax au Sud et Clairvaux-les-Lacs au Nord. Une météo un peu incertaine les trois derniers jours n’a pas découragé les navigateurs et nous avons pu explorer les différents recoins du plan d’eau, original par sa forme tout en longueur. L’ambiance, élément déterminant en autonomie a été excellente.

Relation des faits :
La météo étant favorable les deux premiers jours, j’ai proposé au groupe de partir en direction du Sud et de faire la partie la plus sauvage du plan d’eau. Il est bordé de hautes falaises calcaires par endroit et plus particulièrement rive gauche, où s’accrochent une végétation composée de chênes, de tilleuls et de magnifiques charmes devenus dans beaucoup d’endroit rares ou malades. L’eau d’un vert émeraude nous transporte dans un paysage que l’on ne pensait pas trouver dans le Jura.

Peu de mouvements sur l’eau en ce mercredi sauf quelques Hérons Cendrés, des Grands Cormorans et un petit nouveau la Harle Bièvre, pas connue sur les autres plans d’eau intérieurs situés plus à l’ouest. Cette dernière semble plus redoutable encore que le cormoran, piscivore, elle engloutit tout, du petit au grand poisson, l’écrevisse, et ne dédaigne pas de se farcir une couleuvre ..Peu de végétaux aquatiques le long des berges à l’exception de quelques roseaux dans les parties un peu en retrait. Partis en début d’après-midi après avoir fait 3h30 de route puis avoir chargé pour 5 jours dans les caissons étanches des bateaux eau et affaires personnelles et absorbé le pique-nique confortablement installés sur une table en bois de la base nautique de la Mercantine, les coups de pagaie s’enchaînent avec un vent de Nord faible mais qui souffle dans le bon sens agitant légèrement la surface du miroir.



L’extrémité Sud du plan d’eau est atteint et des panneaux d’interdiction et des bouées dus à la présence du barrage nous interdisent d’aller plus en aval. Il fait très chaud et après avoir accosté, nous profitons d’un bon bain.


Le barrage de Vouglans vu de la station spatiale internationale. Il mesure 35 km de long pour une largeur maximum de 900 m. Il a une capacité de 605 millions de m³ et une surface de 1600 hectares.


Il est temps de repartir pour aller à la découverte d’une autre merveille, la cascade située sur le ruisseau de Pèle sur la rive droite au fond d’un bras étroit.


Un filet d’eau peu apparent pour les appareils photo nous laisse sur notre faim mais le décor est somptueux. Nous laissons ce bel endroit aux jeunes du coin qui se rassemblent en donnant de la voix. L’objectif de cette fin de journée est de trouver un lieu de bivouac, la rive droite semble plus favorable. Le lieu est presque parfait, deux tentes pourront être montées, 3 participants préférant profiter d’une nuit à la belle étoile.
La pleine lune a éclairé une grande partie de la nuit nous privant du ciel étoilé. Après un petit déjeuner copieux, nous laissons nos kayaks chargés pour aller visiter le site d’aujourd’hui, la Chartreuse de Vaucluse. Seuls subsistent le portail et les pavillons d’entrée du monument qui ont soigneusement été démontés puis remontés au-dessus du niveau maximum des eaux du lac.

Le site immergé se trouve à une profondeur comprise entre 45 et 70 mètres de profondeur.

Après cette diversion pédestre, nous naviguons maintenant vers le Nord. Un bref arrêt au port de la Mercantine, pour ravitailler en eau, et nous continuons notre progression sur un plan d’eau calme simplement troublé par des bateaux de pêcheurs. Après le Pont de la Pyle qui permet de relier Lons-le-Saunier à St-Claude, nous quittons le tumulte routier pour remonter le bras alimenté par la Cimante qui petit à petit se rétrécit et nous empêche de continuer avec nos longs bateaux conçus pour les grands espaces. En amont, cette rivière alimente une pisciculture dans une vallée très encaissée.
Le temps passe, nous cherchons un endroit pour bivouaquer, le ciel est encore bien dégagé et la soirée ne sera pas gâchée par l’orage pourtant annoncé. Un camp de pêcheurs inoccupé au lieu-dit « Sous les Baumes » fera l’affaire.


On peut installer confortablement les 4 tentes et les tarps en attendant le mauvais temps. Certains se dégourdissent les jambes et poussent jusqu’au village d’Auge par le GRP du tour du lac de Vouglans, les autres se baladent ou lisent en attendant la fin de la journée. Le mauvais temps arrive dans la nuit et la matinée suivante quelques averses nous obligent à patienter. Regardant attentivement, la berge opposée au petit matin, une silhouette s’approche de l’eau pour s’abreuver, belle surprise on dirait bien un chamois !
Je propose de laisser les tentes montées et de partir bateaux non chargés pour compléter la découverte de la partie Nord. Sous un ciel plombé, nous continuons à naviguer, quelques gouttes par moment mais rien de gênant. Bientôt le port de Saisse, point extrême du jour à hauteur en latitude de Clairvaux-les-Lacs avec le Saut de la Saisse.


De gros blocs de calcaires entravant le lit de l’Ain, creusés par l’érosion des eaux, infranchissables par des embarcations. On débarque et on en profite pour refaire de l’eau pour la fin du séjour. Quelques panneaux annotés nous expliquent qu’une ancienne centrale électrique était sur le site avant la création du barrage. On découvre également les différentes variétés de poissons qui occupent le plan d’eau, certaines connues, le brochet, le sandre, la brème, la carpe, l’ablette, le gardon, la perche, le silure ; d’autres moins, le black bass, le lavaret. Retour au camp de pécheurs pour y passer la nuit sous un ciel menaçant et avec une température qui a fraîchi. Le tarp nous permet de dîner au sec. Au lever, le temps est maussade mais les nuages semblent moins menaçants. Nous suivons la rive droite et passons au Port du Meix, base de loisirs de Surchauffant où le bateau promenade « Le Lousiane » est à quai.

Après le Pont de Pyle, petite pause sur une île, le temps d’admirer un quatre de pointe (aviron) manié par de jeunes femmes. Un peu plus loin au lieu-dit « Les Riveys », un arrêt pour le pique-nique nous permet d’aller à pied voir une sculpture en métal représentant la queue d’une baleine posée sur un bloc rond.

Le temps est clément et nous gagnons notre dernier bivouac, un magnifique espace herbeux face à la Mercantine. Installés confortablement avec beaucoup d’espace, la fin de journée permet de déambuler et de se dégourdir les jambes. Dimanche, je propose de retourner à la grande cascade. Plusieurs bateaux de plongeurs sont sur le site de la Chartreuse. On échange quelques mots sur la température de l’eau, 8° en profondeur, 22° en surface. Ceux qui remontent de leur plongée sont heureux de pouvoir absorber une boisson chaude. L’eau n’est pas plus abondante au niveau de la grande cascade située sur la rive gauche mais avec le temps gris personne pour la visite. Il est temps de virer de bord et gagnons la rive droite où quelques petites cascades se distinguent par un chuintement attirant l’œil.


Fin de l’ aventure. Après avoir chargé les bateaux, nous prenons un pot au bar du port. Merci à Sophie pour son beau reportage photos.

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Séjour 16 du 17 au 24/06/2023. Randonnées au Pays Basque

Secteur géographique : Pays Basque, Pyrénées Atlantique
Cartes utilisées :1245 OT et 1345 OT
Animatrice : Mady
Nombre de participants : 12 animatrice comprise (10F, 2H)
Classement Atlas du séjour : (F/M).
Kilométrage pour 3 voitures : 4275 km comprenant, l’aller Clermont Fd / Cambo les Bains, les déplacements sur place et le retour Cambo les Bains /Clermont-Fd.
Météo : temps chaud et orageux
Les données kilométriques et altimétriques des randonnées sont le résultat du calcul du logiciel de cartographie openrunner. Les informations données par d’autres applications utilisées par certains participants au cours des randonnées étaient souvent plus importantes.
Temps de préparation et rédaction : 50 h 00.

JOUR 1 samedi 17 juin
Trajet voitures : départ de Clermont Ferrand à 7 h 00. Arrivée à Cambo les Bains à 15 h 00.
Nous avons rendez vous à 15 h15 pour la visite guidée de la villa Arnaga, maison de Edmond Rostand.

Villa Arnaga et son parc

Venu à Cambo-les-Bains à l’automne 1900 en convalescence suite à une maladie pulmonaire, Edmond Rostand séduit par le lieu et lassé de la vie parisienne après les immenses succès de Cyrano de Bergerac et de l’Aiglon, veut s’y établir définitivement et fait construire la maison de ses rêves. Cette demeure qu’il a imaginée et conçue dans ses moindres détails est entourée de jardins sur plus de 15 hectares. A l’est un jardin à la française, avec parterres de fleurs annuelles, miroir d’eau, pelouse, pergola. A l’ouest, une vaste prairie arborée transformée après la vente du domaine en jardin à l’anglaise où fleurs et arbres se relaient pour fleurir tout au long de l’année. La maison de style traditionnel basque est à l’intérieur un véritable décor de théâtre avec au rez de chaussée, les pièces destinées aux réceptions qui se distinguent par leurs décorations raffinées et leur volume imposant. Dans la bibliothèque est exposé le César reçu par Gérard Depardieu pour son interprétation dans Cyrano de Bergerac.
L’office et la cuisine disposent de la modernité du début du 20ème siècle: eau chaude, électricité. L’office est décoré d’une frise de poules, qui évoque la pièce Chantecler d’Edmond Rostand. La cuisine elle, est ornée d’une frise, de chats jouant.
Vendu en 1927 après la mort de Jean Rostand, le domaine classé « monument historique » est aujourd’hui propriété de la ville de Cambo-les-Bains qui en a fait le musée Edmond Rostand.

Arrivée au village de vacances à 17h45 après la visite. Installation, pot d’arrivée à 18h. Un petit orage en début de soirée puis le ciel se dégage laissant découvrir les sommets environnants dont le Mont Ursuya et l’Artzamendi.
Une météo plutôt orageuse étant annoncée pour la semaine, les choix des randonnées seront faits chaque soir en fonction des conditions météorologiques annoncées pour le lendemain.
Les prévisions du dimanche étant assez optimistes, je décide de débuter la semaine par l’ascension de la Rhune car ce ne sera peut être plus possible en cours de semaine.

JOUR 2 dimanche 18 juin. La Rhune. Distance : 18 km. Dénivelé : 980 m. Durée : 7 h 00.
Itinéraire : Sare, GR10 jusqu’au col des 3 Fontaines, Urkilako Lepoa, la Rhune, descente au PC 574, contournement de l’Altsanga par l’ouest, passage entre Altsanga et le camp retranché de Mouiz, traversée de la voie du train touristique, descente est nord est sur Sare.
Avec ses 905 m d’altitude, la Rhune, un des sommets emblématiques du Pays Basque à la fois français et espagnol, à cheval entre le Labourd et la Basse Navarre, est un site très touristique mais qui conserve encore par endroits un côté sauvage. Plusieurs parcours sont possibles pour y monter. Mon choix s’est porté pour un départ du village de Sare pour avoir le plaisir de faire découvrir ce beau village qui est un des plus pittoresques du Labourd. Le temps couvert le matin se dégage progressivement et laisse espérer une belle journée de randonnée. Les voitures garées à côté du cimetière, on emprunte le GR8 qui passe tout à côté et qui nous amène jusqu’au centre du village par un beau chemin pavé. Sur la place certains repèrent immédiatement pour le retour les annonces de gâteaux basques. Nous traversons plein sud le village avant de bifurquer à l’ouest pour traverser la D 406 et rejoindre un peu plus haut le GR10.

Sur le GR10 en direction de la Rhune…

A partir de là, la montée commence, avec tantôt des pentes assez raides, tantôt des pentes plus douces, au début bien ombragée puis ensuite à découvert. Il fait chaud, et un pottok (petit cheval typique basque qui vit dans la montagne) reste bien à l’ombre d’un arbre isolé. Sur notre droite l’Altsanga (624 m). On devine sur son flanc, la voie du petit train touristique (train à crémaillère) qui amène sans fatigue de nombreux promeneurs au sommet.

Train à crémaillère sur le flanc de l’Altsanga

A gauche les autres points hauts commencent aussi à se montrer mais la Rhune est encore invisible. Il faut monter encore un peu et laisser les nuages s’évaporer pour enfin l’apercevoir, bien reconnaissable comme notre Puy de Dôme, à son antenne. Notre montée est ponctuée par les klaxons du petit train dont on se rapproche de plus en plus. Au col des Trois Fontaines on est au même niveau et on le voit passer avec de nombreux passagers à son bord.

Un petit moment de pause à l’ombre des arbres avant de partir à gauche sur une sente qui monte en transversal vers le col Urkilako.


En direction du col Urkilako

Personne d’autre que nous sur ce parcours, tous les autres randonneurs empruntant une voie plus directe que nous prendrons au retour. On passe sous des barres rocheuses et arrivons au col. Derrière, c’est l’Espagne avec une vallée profonde bien herbeuse. Mais ce n’est pas notre destination et il reste encore quelques mètres de dénivelé à effectuer entre les rochers. Sur quelques passages, les mains sont nécessaires pour se hisser et pour arriver finalement sur une croupe herbeuse où les bornes frontières délimitent les territoires. Nous apercevons nos premiers vautours fauves et pouvons prendre le temps d’admirer leur vol majestueux. Un dernier effort pour gagner de grands rochers plats où nous nous installons pour le pique nique. Le sommet de la Rhune est tout proche, bien dégagé, alors qu’une mer de nuages s’étend en dessous côté français et nous cache malheureusement les magnifiques panoramas sur la Côte Basque.

Le groupe au sommet de la Rhune

Après le pique nique quelques photos d’un troupeau de pottoks que rien ne semble perturber et du groupe près du monument dédié à l’impératrice Eugénie de Montijo épouse de Napoléon III. Cet obélisque de 5m de haut surmonté d’un aigle de bronze remplacé par un aigle en pierre en 1992 fut élevé par la commune d’Ascain en souvenir de l’ascension effectuée par l’impératrice en 1859. Nous finissons d’arriver au sommet, matérialisé par une plateforme de ciment et plusieurs tables d’orientation. Mais les nuages nous cachent une grande partie des paysages nommés, seul le col d’Ibardin est visible. Près de la gare du train, nous commençons la descente par une sente en lacets, pas très confortable. Rochers, pierres roulent sous les semelles, il faut être attentifs et avoir fait près de 300 m de dénivelé négatif pour retrouver un chemin plus facile. Au point côté 574 nous retrouvons le GR10 qui part à l’ouest. Nous au contraire, prenons vers l’Est en direction des Trois Fontaines. Changement complet de terrain, pas étonnant avec le nom du lieu, de chaque côté du sentier, beaucoup d’humidité et des tourbières où la Drosera est annoncée présente. Nous n’allons pas jusqu’au col où nous sommes passés le matin et prenons la direction nord pour contourner l’Altsanga par l’ouest. La carte indique la présence de cromlechs sur le sommet mais nous ne ferons pas l’effort de monter pour en vérifier la présence. Notre quota de dénivelé est atteint ! Étant descendus en altitude, nous traversons la couche nuageuse que nous apercevions du sommet. La brume nous entoure. Nous traversons la voie du train touristique pour prendre une sente herbeuse qui va nous permettre de redescendre à Sare. Peu après, plusieurs traces se présentent ! D’après la carte il faut suivre celle de droite ce que je fais. Mauvais choix ! Elle se perd mais un peu de hors piste au milieu des pâtures, des genets et des fougères et nous retrouvons le bon cheminement. Le ciel est à nouveau dégagé et nous pouvons apercevoir Sare au milieu d’un écrin de verdure. Épaulements après épaulements bien ensoleillés, nous descendons vers le village pour finir par un chemin bien ombragé. La devise du village étant « Saran astia » qui signifie « à Sare on a le temps » à l’arrivée sur la place, on prend le temps. Une terrasse accueillante, un bon rafraîchissement et la dégustation du premier gâteau basque sonne la fin de cette 1ère randonnée. Sur la route de retour nous nous arrêtons pour visiter Espelette célèbre dans le monde entier pour son piment.

Façade de maison à Espelette

JOUR 3 lundi 19 juin. Le Xoldoko Gaina. Distance : 17,63 km. Dénivelé : 652 m. Durée : 6 h 30.
Itinéraire : Parking Le Filtre, Mont du Calvaire, jonction GR 10 sous le Xoldoko Gaina, chemin contournant par l’ouest le Xoldoko Gaina, Pittare ou col des Poiriers, Mandaale, col d’Ibardin, directions sud, nord, ouest pour arriver au lac du Xoldoko, contournement du lac par l’ouest, parking.
Avec la météo annoncée, choix de faire le Xoldoko Gaina pour avoir des vues sur la côte.
L’arrivée en voitures jusqu’au parking de départ n’est pas facile, avec de très fortes pentes sur les dernières petites routes. Du point de stationnement on découvre en effet un bout de la côte de St jean de Luz même si le ciel est un peu nuageux. On espère que du sommet du Xoldoko la vue sera plus nette et plus étendue.
Devant nous, un paysage de sommets arrondis recouverts de bruyère dont le 1er objectif de la journée, le Mont du Calvaire. Nous commençons par une sente en courbe de niveau au milieu des bruyères qui, par endroits, forment de chaque côté de véritables murs. Un avantage, on est protégé du vent qui aujourd’hui souffle en rafales. La sente contourne tout le vallon et aboutit à un grand chemin. Nous sommes au pied du Mont du Calvaire. Une petite montée et nous voici au sommet sur lequel un calvaire, une chapelle et un ermitage étaient présents avant la révolution. Des fouilles effectuées à partir de 1969 ont mis au jour le sol de la chapelle ainsi que les parties inférieures des murs et de l’autel. Au vu de cette découverte, une chapelle au sud de l’emplacement originel de l’ermitage et un nouveau calvaire ont été réédifiés.

Mont du Calvaire

La vue attendue est bien là, Hendaye et la baie de Chingoudy, la côte espagnole et le Jaizquibel, la baie de St Jean de Luz. Entouré par les pottoks le lieu est plein de charme mais les fortes rafales de vent nous poussent à abréger ce moment de contemplation.
C’est par le chemin des contrebandiers parsemés des fleurs tombées des châtaigniers secoués par le vent que nous continuons pour effectuer une jonction avec le GR10 venant de Biriatou et qui monte au Xoldoko Gaina.
Mais lorsque nous l’atteignons, mauvaise surprise, le GR est fermé et une déviation est mise en place pour aller au col des Poiriers (ou Pittare) sans passer ni par le Rocher des Perdrix ni par le sommet. Ce large chemin contourne par l’ouest et monte régulièrement à l’ombre des arbres d’abord au col d’Osingo puis au Pittare. Nous rencontrons sur cette déviation plusieurs grands randonneurs, respectueux de l’interdiction. Au Pittare, le Xoldoko est derrière nous et domine le col. Nous apercevons à son pied le lac éponyme.


Sommet du Xoldoko avec son lac et la côte atlantique

A ce point nous retrouvons le tracé initial de la randonnée. Il est midi et je propose de pique niquer à cet endroit mais compte tenu du profil du GR que l’on voit devant nous, le choix est fait de poursuivre pour ne s’arrêter qu’une fois le dénivelé avalé. Nous sommes à découvert sur un épaulement au milieu d’estives avec pottoks et moutons et les fortes rafales de vent nous déstabilisent. La plus grande partie de la côte étant faite, nous nous arrêtons pour le pique nique, légèrement en contrebas et à l’abri de rochers avec une vue magnifique, le Xoldoko en face, le lac en dessous et la côte au loin.
Après cette pause, le chemin continue sur une courbe de niveau et nous offre jusqu’à Maddale la même vue. Avant de commencer la descente sur le col d’Ibardin, on prend le temps de s’approcher des grottes signalées. L’une d’entre elles est bien visible et accessible, l’autre découverte par Pierre est derrière un grillage, noyée dans la végétation.

Grotte dissimulée dans la végétation…

Au col, d’où nous apercevons la Rhune, 2 jeunes randonneurs qui nous ont dépassés dans la montée au Pittare, cherchent à poursuivre sur le GR10 pour aller à Olhette mais leur petit schéma n’est pas suffisamment précis semble-t-il ! Je les renseigne car nous nous abandonnons le GR 10 et surtout les ventas du col pour commencer le retour vers notre lieu de parking, par un petit chemin qui descend plein nord dans les bois, avec sur notre droite l’Ibardingo Erreka (ruisseau). Nous le suivons jusqu’à la jonction avec un autre petit ruisseau qui coule d’Ouest en Est puis reprenons la direction Sud, remontant jusqu’à retrouver un large chemin qui nous amène au lac du Xoldoko Gaina appelé aussi lac d’Ibardin, d’une superficie de 11 hectares. C’est en 1928 qu’une société parisienne se lia avec la commune d’Urrugne pour construire un barrage et des canalisations, permettant de distribuer l’eau à Urrugne, Hendaye et Saint Jean de Luz. La capacité du réservoir a été augmentée avec la construction d’un nouveau barrage en 1992.
Au pied de plusieurs monts, le Xoldoko, l’Oneaga et le Munhoa, le barrage retient les eaux de l’Arrolako Erreka. Ce lieu, facilement accessible depuis le col d’Ibardin, entouré de forêts aux arbres centenaires, est particulièrement prisé par les Basques pour des randonnées familiales, des chemins permettant d’en faire le tour. C’est un d’entre eux que nous prenons, côté Xoldoko, passant à côté du barrage. Le chemin en sous bois est très agréable, et nous rencontrons un peu plus loin un habitant du coin qui serpette à la main nous dit l’entretenir régulièrement. Nous arrivons un peu en dessous du parking. Un petit bout de route puis une coupante bien raide pour éviter quelques virages, à nouveau quelques mètres sur la route bien pentue et c’est l’arrivée aux voitures.

JOUR 4 mardi 20 juin. Le Mont Erebi. Distance : 15 km. Dénivelé : 750 m. Durée : 5 h 30.
Itinéraire : Ainhoa, Mont Erebi, col des 3 Croix, Gainekoborda, Zuharretako Lepoa, Mont Bizkailuze, Gorospil Lepo, Haizagerri, PC 100 après la passerelle.
Aujourd’hui nous allons faire le Mont Erebi et une randonnée plus ou moins longue selon la météo. Dans la nuit nous avons eu un orage, mais lorsque nous partons de Cambo le ciel commence à se dégager. Par contre, à Ainhoa notre point de départ un peu plus haut en altitude, le ciel est encore bien couvert. Situé entre la vallée de la Nive et la frontière navarraise, Ainhoa a été pensé à partir du XIIè siècle comme un  lieu d’accueil, d’hébergement et de ravitaillement pour les pèlerins du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Il est devenu au fil du temps un lieu d’étape incontournable. Le village a alors été construit sous la forme d’une bastide avec une rue unique. Cette rue principale est une large route bordée de maisons à colombages de style labourdin du XVIIème siècle et de demeures du XVIIIème siècle. La place principale s’organise autour du fronton accolé à l’église. La conservation de ces belles bâtisses et le cadre de vie ont valu à Ainhoa d’être classé parmi les Plus Beaux Villages de France. Nous commençons par la visite de l’église. Pour y accéder il faut pénétrer d’abord dans le cimetière qui l’entoure, cimetière où monuments funéraires classiques se mêlent aux sépultures traditionnelles basques, stèles discoïdales et tabulaires ornées de symboles et de motifs géométriques riches en représentations.
Bâtie au XIIIe siècle, l’église est typique des églises labourdines ne comportant qu’une nef, sans bas-côtés. D’aspect massif avec des meurtrières, elle servait de refuge en cas de guerre. Sa tour-porche à base carrée du XVIIe siècle comprend quatre étages ; elle est surmontée d’un clocher octogonal datant de 1823 avec une flèche en ardoises.

Eglise d’Ainhoa et son cimetière sous le soleil…

L’intérieur est caractérisé par ses deux étages de galeries (datées de 1649 et réservées aux hommes avant les années 1970), son remarquable retable de bois doré et son décor peint en rouge, les niches étant peintes en bleu.

Un appui sur un bouton permet la diffusion de chants basques que nous prenons le temps d’écouter avant de partir en direction de la Chapelle de L’Aubépine. On raconte que la Vierge Marie serait apparue à un jeune berger à cet endroit dans un buisson d’aubépine en feu. Le jeune berger serait alors retourné au village en criant « Aranza zu » : en français « vous dans un buisson d’Aubépine »
Située au-dessus du village, sur le mont Atsulai à 389 m, on y accède par un chemin de croix, très pentu, que suit également le GR10. Lacets après lacets on s’élève au-dessus du village dans une brume qui nous cache une fois encore la vue sur les montagnes environnantes dont la Rhune. On peut quand même dans un virage, apercevoir le village d’où nous sommes partis. Au fur et à mesure de la montée, la brume s’épaissit mais nous arrivons à distinguer sur une barre rocheuse les silhouettes de plusieurs vautours qui attendent de meilleures conditions pour prendre leur envol. Au niveau de la chapelle, un paysage de légendes émerge du brouillard avec les nombreuses stèles discoïdales posées devant 3 grandes croix portant le Christ crucifié.

Le point haut suivant est le Mont Erebi (583m). On abandonne le GR 10 qui le contourne pour une sente qui monte entre les fougères. En arrière du groupe pour attendre Véronique, je distingue avec peine sur des rochers au-dessus les silhouettes des premiers. On a l’impression d’être arrivés au sommet mais pas tout à fait. Encore quelques mètres pour l’ atteindre. Tout en herbe, très arrondi, il est finalement moins marquant que le 1er point haut atteint précédemment. La brume commence à se dégager lorsque nous commençons la descente sur le col des 3 croix pour finalement disparaître totalement. Au col non pas 3 croix mais 1 seule, un troupeau de moutons, des pottoks et 2 randonneurs en pause.

A ce niveau, il faut décider de la longueur de la randonnée. On peut prendre un sentier à droite qui descend très rapidement dans la vallée ou continuer sur le GR 10 pour faire une boucle plus grande. Avec le soleil revenu tout le monde est d’accord pour la 2ème option. Le chemin en balcon domine une vallée très profonde où quelques fermes parsèment de blanc et de rouge le vert de la végétation. Nous arrivons tranquillement à Gainekoborda puis remontons sur Zuharretako lepoa. Une stèle attire l’attention de quelques-unes. Entourée de 3 beaux hêtres, elle a été érigée en mémoire de 3 migrants morts à cet endroit. Après le pique nique pris au col, nous quittons le GR10 pour aller sur la crête du Mont Bizkailuze, où là encore moutons et pottoks se partagent le territoire.

Crête du Mont Bizkailuze,

Beau panorama : derrière le col, le Pic d’Ouretzi et le pic du Mondarrain, sur notre gauche l’Artzamendi et ses antennes et en face l’Espagne. Le tout nous y compris survolés par les vautours. On ne s’en lasse pas. Descente au col du Gorospil, qui est à la frontière pour repartir ensuite plein nord. Passage sous le Gorospil, un peu de recherches pour trouver la sente cachée par la végétation et nous voici sur une autre petite crête l’Haizagerri orientée est, ouest. Arrivés au bout de celle-ci, on entend au loin côté espagnol le tonnerre. Bien que le ciel ne soit pas trop menaçant côté français, j’accélère un peu l’allure. Nous sommes à une altitude plus basse et moins exposée quand quelques gouttes de pluie tombent. On enfile capes ou vestes, mais ça ne dure pas. Passé un ruisseau, alors que nous marchons sur une petite route, le ciel devient tout à coup complètement sombre. D’abord à nouveau de la pluie, puis de la petite grêle qui se transforme en grêlons. Nous essayons de nous recroqueviller sous nos sacs à dos pour nous protéger des impacts mais ce n’est pas suffisant. Les aie, ouille retentissent ! Une voiture arrive, au ralenti, feux allumés et klaxonne. La portière s’ouvre pour nous permettre de monter. Pierre et Gérard, restés un peu en arrière du groupe pour mettre leurs vêtements de pluie, sont déjà dedans. A intervalles plus ou moins réguliers, nous nous entassons sur les sièges, dans le coffre pour attendre la fin de l’orage. Le calme revenu, la route et la voiture sont recouvertes de grêlons et de feuilles hachées. Le retour sur Ainhoa tout proche, s’effectue en voiture sauf pour Pierre et Corinne qui préfèrent finir de descendre à pied. Le village a lui aussi été touché par l’orage, peut être un peu moins violemment, mais suffisamment pour laisser des impacts sur les voitures. Le soir, chacun montre ou pas les conséquences sur son corps des impacts de grêlons.

A l’arrivée à Clermont, un saint Nectaire et une bouteille de vin d’Auvergne ont été envoyés au conducteur de la voiture pour le remercier de son aide.
Pour laisser le temps à tous de se remettre de ces émotions, je propose pour le lendemain, la visite des grottes de Sare et une randonnée côtière.

JOUR 5 mercredi 21 juin. La visite de la grotte de Sare devait être couplée avec une randonnée sur l’Atxuria montagne qui la surplombe. Mais compte tenu de l’orage de la veille et du temps encore menaçant, ce sera une randonnée côtière de Bidart à St Jean de Luz.

Le matin : les grottes de Sare
Outre la grotte, le site intègre aussi un parc mégalithique reproduisant différents monuments et rites funéraires. Étant en avance pour la visite, nous commençons par la découverte de cet espace qui offre une reconstitution des différents monuments érigés par l’homme durant la période appelée Protohistoire (2800 av JC jusqu’à l’âge des métaux). Deux grandes modalités funéraires vont se succéder. L’inhumation : le corps est déposé dans un monument mégalithique, dolmen ou coffre dolménique aux dimensions plus modestes, érigés en plaine ou sur des replats à flanc de montagne à des altitudes modestes (300 à 400 m).
La crémation : quelques restes calcinés du corps sont prélevés et déposés au centre de structures. Trois variantes sont connues, le tumulus entouré d’un cercle de pierre (Baratze-tumulaire ou tumulus-cromlech), le tumulus simple, le cercle de pierre dit Baratze ou cromlech. On les rencontre à des altitudes supérieures à celles des monuments précédents (1000m, 1500m) dans les pâturages d’estive (cols / lignes de crêtes).
La Grotte. L’ immense massif calcaire présent sur Sare et ses environs regorge de très nombreuses cavités. Une d’entre elles, la seule qui se visite, s’appelle Lezea ou grotte de Sare. A 220m d’altitude, elle s’étend sur trois étages superposés. Son porche d’entrée, haut de 18m, répertorié parmi les plus grands d’Aquitaine, précède un réseau de galeries et de vastes salles dont la formation atypique résulte d’une lente infiltration des eaux de pluie, une terre argileuse recouvrant le calcaire.

Cette grotte qui a servi d’habitat aux hommes préhistoriques, a également été utilisée il y a plus de 10 000 ans, comme lieu d’hibernation par les ours des cavernes. Aujourd’hui, ce sont les chauves-souris qui sont installées au sein de la cavité.
Même si des campagnes de fouilles ont permis de mettre à jour des vestiges antiques exposés au musée du site, burins, pointes de flèches, racloirs, haches de bronze et un trésor monétaire romain, l’utilisation de la grotte à des fins multiples par les agriculteurs (extraction des excréments de chauves-souris pour fertiliser les champs), ou l’utilisation du site comme dispensaire pendant les guerres carlistes, et son premier aménagement touristique avec la création d’un lac artificiel ont eu comme conséquence la disparition d’un certain nombre d’entre eux.
Mais la richesse préhistorique et mythologique des grottes de Sare a surtout été révélée grâce au travail de José Miguel de Barandiaran, célèbre anthropologue basque espagnol réfugié à Sare durant 15 ans pendant la guerre civile qui déchira l’Espagne.
Le circuit proposé scénarisé et rythmé par un éclairage dynamique permet de combiner préservation et conservation du site, tout en permettant au visiteur d’en découvrir les richesses. 

L’après midi : sentier côtier à partir de Bidart. Distance : 12 km. Dénivelé : 226 m. Durée : 4 h 00.
Départ du parking de la plage Erretegia pour aller à St-Jean-de-Luz.. Mais il est déjà 14 h 00 lorsque nous arrivons à Bidart et dès le départ j’émets le doute de pouvoir y arriver. Chaussures de rando enfilées nous partons en direction de la Chapelle Ste Madeleine où nous faisons la pause pique nique, installés sur des bancs avec vue sur l’océan.

A 16 h 00 passées, après passages sur des plages, des sentes ou par de petites rues, nous arrivons à Guéthary avec seulement un tiers du parcours effectué. Il nous sera difficile de le terminer dans les temps. Je propose au groupe de prendre le bus, qui nous ramènera au parking, à un arrêt qui se situe un peu plus haut. C’est d’un bon pas que nous remontons pour ne pas rater celui de 16 h 59. Nous voyant guetter son arrivée, une jeune fille qui l’attend également nous dit qu’il est depuis quelques semaines régulièrement en retard, quelquefois de près d’une heure. Après concertation, nous décidons de rejoindre à pied nos voitures où nous arrivons à 18 h 00.

JOUR 6 jeudi 22 juin. Le mont Ursuya. Distance : 14 km. Dénivelé : 700 m. Durée : 6 h 30.
Itinéraire : Urcuray, vallon Harrichouri, col Iramalda, contournement du Mokorreta, PC 435, PC 582, sommet, PC438, PC 342, PC 294, Gillamuren Borda, PC 150, Urcuray.
Une pluie fine tombant ce matin au réveil, je retarde le départ à 9 h 00.
Situé à l’est et à peu de kilomètres de Cambo, Ursuya la Montagne de l’eau est un petit sommet aux formes arrondies qui culmine à 681 m d’altitude.
Nous partons du parking situé derrière l’église d’Urcuray sous un ciel très couvert. Un petit bout de route sous les chênes et les châtaigniers le long d’un torrent qui coule fort suite aux orages des jours précédents, puis nous traversons une pâture un peu humide et nous engageons dans une partie boisée du vallon Harrichouri. On suit le ruisseau et le traversons à plusieurs reprises sur des passerelles. De petites cascades et des bassins agrémentent la montée. Le sentier sort progressivement du bois, débouche dans une fougeraie, et on finit la remontée de la vallée en passant plusieurs fois sous la ligne à haute tension jusqu’au col d’Iramalda. Plusieurs chemins partent direction nord. Nous, nous continuons à l’est en direction du Mokorreta avec une montée régulière. Une pluie fine recommence à tomber et nous enfilons capes ou vestes. A une intersection nouveau changement de direction (plein sud), pour contourner le Mokorreta, avec au début un beau chemin descendant qui aboutit à une route. Sur la carte une sente repart au nord derrière la maison présente. Un peu difficile à repérer derrière l’enclos de chevaux qui la jouxte ! On passe les barbelés et on poursuit dans un petit bois. Mais la trace s’arrête vers un captage d’eau. En remontant plus au nord on la retrouve. Encore des barbelés à franchir et nous voici à nouveau sur le large chemin quitté précédemment. Peu après on le laisse à nouveau pour des sentes herbeuses au milieu des fougères qui vont nous permettent de rejoindre à nouveau un grand chemin. Une dernière montée et c’est le sommet complètement dans les nuages.

Sommet de l’Ursuya

Il ne pleut plus mais le vent souffle très fort, et après une photo du groupe devant le cairn qui le matérialise, on ne s’attarde pas et descendons plein nord. Nous profitons d’un petit espace aménagé avec une table et des bancs en béton au milieu de fougères pour prendre le pique nique. Les nuages commencent à se dissiper et nous commençons la descente sur un chemin en zig zag sous les habituels vols de vautours. Sous le ciel dégagé, nous pouvons mieux distinguer et apprécier les grands mouvements des espaces bien verts que nous avons traversés ce matin. Passé Gillamuren Borda nous retrouvons le début du parcours sur la route pour le retour au village. Il est encore tôt et nous finissons l’après midi sous un chaud soleil en visitant Cambo les Bains, puis le musée du chocolat. Spécialité du Pays Basque, le chocolat a été amené à Bayonne par les Juifs chassés d’Espagne et du Portugal par l’Inquisition. Dès le XVIIIè siècle, la ville devient la cité du chocolat en France et sa fabrication essaime dans les petits villages alentour. Ainsi Jean Fagalde installé à Cambo en 1787, devient le premier industriel du chocolat local. Participant à l’exposition universelle de 1855, la maison Fagalde décroche le titre de « Fournisseur de Sa Majesté l’Empereur des Français » à savoir Napoléon III.
Pour demain, le beau temps annoncé, permet de faire le Pic d’Iparla (1049m).

JOUR 7 vendredi 23 juin. Le pic d’Iparla. Distance : 14 km. Dénivelé : 1000 m. Durée : 6 h 45.
Itinéraire : Bidarray, col de Lacho, Iparlako Lepoa, pic d’Iparla (1049 m), Iparlako Lepoa, descente sur Bidarray par le GR10.
Nous ne partons qu’à neuf faire cette dernière journée de randonnée. Trois participantes ont déclaré forfait, manque de condition physique pour l’une et petits problèmes physiques pour les 2 autres.
Bidarray, notre point de départ se situe sur un promontoire, qui domine la vallée de la Nive.

Nous commençons par emprunter le GR 10 en direction du col des Veaux, puis l’abandonnons très rapidement pour prendre la direction du col de Lacho. Le chemin très pentu au début devient un chemin en balcon bordé de fougères et de quelques arbres qui apportent un peu d’ombre et de fraîcheur.


Vue sur le chemin en balcon emprunté…

Il monte progressivement en contournant à droite un profond vallon très boisé. La Nive coule au fond. En face, beau point de vue sur l’ Artzamendi qui se voit facilement avec ses 904 m. A droite, la crête de l’Harribandi. Quelques bergeries. Il est 11 heures lorsque nous arrivons au col. A partir de là nous prenons une trace herbeuse qui monte à travers les estives. Au niveau de plusieurs bergeries abandonnées, on distingue bien à gauche la crête sur laquelle passent de nombreuses silhouettes de randonneurs qui suivent le GR10.

Crête où passe le GR10

Dans notre petit vallon, nous sommes, à part les moutons, seuls pour l’instant. Le groupe s’étire un peu sur les dernières pentes mais se reforme sur le GR. Le cheminement jusqu’au col, sans difficulté, est toutefois moins confortable que les sentes empruntées jusqu’alors. Plus de monde aussi, certains comme nous montent encore alors que d’autres sont déjà sur le retour. Le col est marqué par une croix et côté Est, une sente arrive dans la brèche. Un autre parcours pour faire Iparla. Puis c’est la montée finale dans un passage rocheux et enfin la crête herbeuse jusqu’au sommet. Mais encore une fois, pas de chance, le ciel s’est à nouveau couvert et nous n’avons pas la vue espérée !

Le pique nique pris un peu contrebas à l’abri du vent, nous repartons en direction du col. Les vautours s’amusent au dessus de nos têtes mais difficile de les photographier. Ils sont soit trop hauts, soit trop rapides lorsqu’ils nous survolent plus bas. On admire l’agilité des moutons qui semblent se jeter dans le vide dans les échancrures de la crête. Après le col, pour le retour à Bidarray, nous restons sur le GR10. En 4 kilomètres nous allons faire près de 900 m de dénivelé négatif ce qui représente un pourcentage de pente assez élevé. Après des pelouses bien confortables, le terrain devient plus rocheux et on arrive à un passage équipé de câbles qui permettent de franchir en toute sécurité cette partie avec un versant sur la vallée un peu plus abrupt.

Bien calée derrière Pierre qui la conseille, Elisabeth qui avait exprimé quelques craintes le matin, passe sans difficultés. Le mont Ursuya fait la veille, le Baigoura et l’Artzamendi s’affichent en toile de fond. Une pause à la jonction avec une PR qui arrive du col de Lacho pour se désaltérer et attendre les derniers, avant de terminer la descente. Juste avant une ferme, le tracé du GR semble avoir été modifié pour partir à gauche. Mais cette modification ne paraissant pas « officielle » et des marques rouges et blanches subsistant sur le tracé d’origine, nous restons sur celui-ci. Petite route et c’est l’arrivée sur la place près du fronton où les voitures sont garées.

Vue sur Iparla depuis Bidarray

Nous clôturons cette belle journée au bar bien ombragé prés de l’église en dégustant un gâteau basque aux vraies cerises acheté à la pâtisserie du village. Un régal !
A Cambo nous retrouvons nos 3 copines qui ne sont pas restées inactives : le matin visite du marché de Cambo et l’après midi retour à Espelette avec sa rue bordée de boutiques d’artisanat local.
Merci à Pierre, Monique et Gérard pour leurs photos qui ont complété les miennes.
Terrain : chemins, sentiers, sentes, herbeux, en terre, avec rochers.
Végétation : chênes, hêtres, châtaigniers, houx, fougères, estives.
Hébergement : très confortable en pension complète au village de vacances Miléade de Cambo les Bains.
Restauration : repas du soir de très bonne qualité. Petits déjeuners très complets. Les pique-niques avec salade ont été appréciés.
Groupe : très bonne ambiance.
Incidents : orage de grêlons le mardi en milieu d’après-midi sur la fin de la randonnée. Bleus, bosses, sur les mains, bras, têtes et capots des voitures avec quelques impacts.

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Séjour 15 du 03 au 13/06/23. Le GR 10 1er acte de Banyuls à Planès

Animateur : Thierry

Transport aller-retour :
en co-voiturage, 1 voiture / 3 personnes de Clermont-Ferrand à Villefranche de Conflent et 4 au retour
en autocar / 5 personnes de Clermont-Ferrand à Perpignan et 4 au retour – Santiago de Cahors à Perpignan à l’aller et de Toulouse à Cahors au retour
en train / 3 personnes de Villefranche à Perpignan et 9 personnes de Perpignan à Banyuls puis retour avec le Train Jaune pour 8 personnes de Planès à Perpignan et Santiago de Planès à La Tour de Carole puis vers Toulouse


Météo : généralement assez ensoleillée le matin, se couvrant dans l’après-midi, deux gros épisodes de pluie mais seulement deux heures de marche sous la pluie…. On n’a pas souffert de la chaleur !
Cartes : 2549 OT / 2449 OT /2349 ET / 2250 ET
Cumuls : KM= 172     D+ = 9930 m environ   D-= 9370 environ
Temps passé (préparation et compte-rendu) : 25 heures

Jour 1 : Banyuls au Col des Emigrants- 14,3 km –1350 m D+  – 265 m D-    9h25 de déplacement

Arrivée à Banyuls le samedi en transport multimodal (bus « vive le bus !! », trains, voiture), nous avons organisé une fin d’après-midi balnéaire. En effet, nous avons profité de la douceur de l’eau et de l’air pour nous détendre avant d’attaquer nos 9 jours de randonnée que j’ai pu qualifier à la fin du séjour de rude ! Premier bivouac au camping municipal de la Pinède, premiers automatismes : plantage de la tente, organisation et rangement du sac à dos, bruits divers et variés des uns et des autres 😊. Bref une entrée en douceur dans notre bulle rendue plus facile encore par le bon repas pris en bord de mer et servi par une aubergiste adorable.

Réveillés tôt le matin, nous quittons assez rapidement le camping, munis de nos 4 litres d’eau réglementaires, sous les encouragements d’une touriste. L’absence de ravitaillement en eau sur toute la zone des Albères est en effet ma préoccupation. Des sources jalonnent la première étape mais seront-elles en eau ? Vous le saurez à la fin de cette narration de « notre premier jour du reste du GR ».

Commencer une aventure qui se finira dans quatre ou cinq ans avec, je l’espère un gros noyau du groupe présent aujourd’hui dimanche est toujours émouvant. Cinq ans c’est long et quelles seront nos vies, notre santé, notre envie à cet horizon ? Je suis peut-être le seul à me poser ces questions au moment de fouler les premiers mètres du GR 10. Devant nous 922 km de marche et près de 55000 m de dénivelée positive. Finalement habitués aux efforts répétés, nos Atlassiens et moi-même allons marcher en ne pensant pas plus loin que la fin de la journée sans nous laisser effrayer par ces grands chiffres. Avancer au jour le jour, en s’alimentant et en dormant comme il faut, voila notre règle de vie à tous et je crois qu’on s’y est parfaitement tenu. Avec en prime, les rires et la bonne humeur.

Premiers pas donc dans les Albères au-dessus des vignes avec dans le dos la Grande Bleue que nous perdrons de vue le lendemain matin.

Les Albères

Sentiers de piémont ou pistes plus larges nous mènent de petit col en petit col – les Vynies, les Gascons, Vallauria – jusqu’à des points hauts bien connus des Catalans comme la tour de Madaloc. En fait, nous passons au pied de cette tour… Sur les sentiers ombragés empruntés jusque-là, nous trouvons deux sources bien alimentées qui nous donnent bon espoir pour la suite. Il pleut en effet régulièrement sur les PO depuis deux semaines et les risques d’extrême sécheresse semblent s’éloigner même si les Albères paraissent bien secs. Après 6 ou 7 km et près de 500 m avalés sans presque s’en rendre compte malgré le poids de nos sacs, nous parvenons au col de Formigo où nous faisons notre première pause déjeuner. L’ambiance est granitique et nous sommes entourés de genêts. Repas assez silencieux. Chacun se concentre sur l’après-midi qui vient avec ses difficultés. On les connait déjà suite aux quelques échanges avec les randonneurs qui en viennent… Ca commence dès la reprise, par des sentiers abrupts qui ne laissent guère l’occasion de reprendre son souffle. En fait la difficulté dure sur près de cinq km jusqu’au pic de Sailfort, petit mont à 981 m et à l’origine de ces premières difficultés. Le reste de l’après-midi est moins rude et nous marchons sur un petit plateau avec ses hauts et ces bas. Nous nous rapprochons du lieu du premier bivouac que j’ai imaginé au col des Emigrants. Nous laissons quelques autres petits cols en passant – col del Pal, col dels Terrers, col de la Maçana. Nous sommes prêts à vérifier la présence d’eau sur une source que j’ai repérée sur la carte à proximité de ce dernier col. Comme je le craignais, la Font de la Maçana pourtant bien indiquée par un panneau en bois est sèche de chez sèche. Aie. On ne se décourage pas car il y en a deux autres à proximité du bivouac… Le col des Emigrants à 1130 m est atteint sous un ciel menaçant… Très vite la brume tombe. Nous sommes entourés de vaches…

Il va falloir jongler avec les bouses pour poser nos tentes, première étape de l’installation. Seconde étape, la recherche d’eau. Deux sources sont visibles sur la carte, proches l’une de l’autre. Elles sont dans les bois en contrebas du col. J’ai pris l’azimut de la source proche du col des Trois Hêtres. Nous quadrillons l’endroit pendant plusieurs minutes à la recherche du précieux liquide mais sans succès… Nous remontons au bivouac en imaginant comment économiser l’eau qui nous reste. Pas de grande toilette réconfortante pour ce soir ! Heureusement on a ce qu’il faut pour préparer le dîner. Manger va nous réchauffer car la brume aidant, la température a bien baissé présageant une nuit fraiche. Après quelques lyophilisés (une découverte pour certaines) et autres douceurs, il est temps de s’endormir pour cette première nuit sur le GR.

On devine mille mètres plus bas les lumières de Banyuls si proche, si loin… Demain nous dormirons au Perthus.

Jour 2 : Col des Emigrants au Perthus – 20 km –425 m D+  – 1230 m D-    8h20 de déplacement

Petite journée en dénivelée aujourd’hui. Et dernier jour dans les Albères. Le soleil est revenu sur le col des Emigrants et nous voyons distinctement le paysage et ses belles ruminantes qui ne font pas attention à nous. Les cochons si ! Ils sont venus près des tentes et il a fallu que maître Patrice élève la voix pour les rappeler à l’ordre … du silence en bivouac. Nous sommes à la frontière espagnole. Le début du cheminement en forêt est bucolique. Le sentier est bien tracé et suit au plus près les courbes de niveau. A la sortie du bois, au col de l’Estaca, nous voyons notre première borne frontalière gravée sur le rocher directement.

Il y en a 602 depuis Hendaye jusqu’à Cerbère, numérotée de 1 en 1 et d’ouest en est. Elles ont été posées longtemps après le traité des Pyrénées en 1659 qui a décidé à peu près au tracé définitif de la frontière franco-espagnole… Ces croix ou marques ont été posées ou gravées entre 1853 et 1868 par la Commission de délimitation de la frontière franco-espagnole. Leur espacement est irrégulier et varie en fonction du terrain ou d’autres considérations : 17 bornes sur 140 km entre le Pont du Roi et la Porteille Blanche d’Andorre, beaucoup plus, 25 bornes sur 5 km autour de Bourg-Madame, lorsqu’il faut que le tracé soit très précis afin d’éviter les conflits entre les populations. La commission toujours en activité a d’ailleurs réglé récemment un conflit frontalier au Pic Neulos vers lequel nous nous dirigeons ce matin… Conflit suite à l’installation de l’émetteur, pour 4 ou 5 mètres seulement !! Avant de gagner le grand épaulement qui nous mènera au Pla de Tanyarède,

nous rencontrons un groupe d’employés municipaux de Sorède qui nous confirment qu’il y a bien de l’eau à la source de Tanyarède. Ouf de soulagement… Ils nous parlent également de la diversité des races de vaches présentes sur le secteur : gasconnes, blondes d’aquitaine, aubrac. Elles sont plus petites me semble-t-il. Elles seraient adaptées aux conditions rudes rencontrées par les animaux dans cette partie occidentale des Albères. Nous les laissons après les avoir félicités de la victoire de l’USAP dans son match pour le maintien en TOP 14. Ils en sont touchés. Le chemin se poursuit donc dans l’attente de la source 😊 Une fois sur l’épaulement qui nous mène au NW vers le pic de Neulos, nous cheminons sans effort vers la cabane de Tanyarède dans laquelle je ne bivouaquerai pour rien au monde. Trop « proche de la civilisation » (une large piste forestière passe en contrebas et qui mène à Sorède dans la plaine), elle est jonchée de détritus. Il faut avancer un peu plus pour tomber sur la Font de Tanyareda au pied du Neulos. Halte sympathique qui nous permet de nous laver et de faire le plein d’eau.

Un problème en moins jusqu’au soir. Le pic de Neulos, toit de cette seconde étape, se mérite… petit sentier qui nous élève de 260 m en peu de temps !

Pic de Neulos

Quelques affleurements granitiques couvrent le sommet en plus de l’émetteur. C’est la dernière fois je crois qu’on distingue encore la mer. La descente jusqu’au col de l’Ouillat ne pose aucun problème. C’est la raison pour laquelle cette rando entre le col et le pic de Neulos est courue par les randonneurs. Nous rencontrons un petit groupe assez féminin qui fait l’A/R et qui est impressionné par notre programme et nos gros sacs… Petits échanges de circonstances… Nous cheminons jusqu’au col dans une belle pinède. Presque arrivés, nous tombons sur un VTTiste électrique déjà bien fatigué alors qu’il n’a parcouru qu’environ 400 m depuis son départ du col. Si on lui parlait de la pente et du terrain qui l’attendent, il renoncerait je pense. Mais nous sommes charitables et nous le laissons rêver à son futur « exploit ». Au col nous trouvons une belle aire de pique-nique aménagé et de quoi faire sécher nos tentes au soleil. Le chien de l’auberge toute proche est un bon client 😊 Le petit café et autres gourmandises pris au gîte nous boostent pour l’après-midi caractérisé par une longue descente par sentes et larges pistes vers l’arrivée au Perthus. Dans le dernier tiers de la rando, au col du Pla de l’Arça, nous nous trouvons à nouveau sur une borne frontière, numéro 580.

Borne frontière

La piste ne présente guère d’intérêts si ce n’est des petits chênes au tronc noir jusqu’à mi-hauteur. Des stigmates d’incendie ? Non, ce sont des chênes-liège dont on reparlera demain. Nous commençons à voir, à partir du col du Pla d’Arça, à certains carrefours de pistes, d’énormes citernes qui nous rappellent que le risque d’incendie de forêt est très présent surtout en cette saison et cette sécheresse persistante dans les Albères. Bientôt nous voyons l’imposant viaduc de l’autoroute qui arrive au Perthus. Patrice nous apprend que sa construction coûta la vie à plusieurs ouvriers…. Le retour à la civilisation est bruyant. L’arrêt au Perthus ne me dit rien qui vaille mais sans eau on n’ira pas loin… Et nous avons tous besoins de quelques provisions pour passer les 3 jours qui viennent. Finalement, l’arrêt dans le gîte de Paco restera un bon souvenir. Un beau jardin en terrasse comme autant d’aires de bivouac et toutes les commodités nous permettront de passer une soirée et une nuit confortable… Tout au moins pour les collègues installés sur les terrasses du bas, les plus éloignées de l’autoroute 😊

Jour 3: Le Perthus à las Illas  14,6 km – 605 m D+ 365 m D-  –     6h15 de déplacement

Etape de randonnée facile et de transition, un peu comme celle de la veille. La dernière journée « reposante » avant 6 jours plus rudes. Nous entrons en Vallespir. Nous sommes heureux de quitter la ville pour retrouver une campagne plus tranquille. Le chemin s’élève rapidement à la sortie du Perthus. Nous prenons la direction du fort de Bellegarde qui surplombe la ville. Ce fort appartient au réseau des fortifications construites par Vauban dans les Pyrénées Orientales entre 1660 et 1680 à la suite du traité des Pyrénées signé en 1659 par Mazarin et le représentant du roi Philippe IV. La frontière a été fixée beaucoup plus au sud que du temps des guerres avec les royaumes de Majorque et d’Aragon : les châteaux cathares des Corbières étaient alors les sentinelles du royaume. Les principales provinces qui forment aujourd’hui les PO sont annexées : Vallespir, Conflent, Capcir et Cerdagne. Vauban agrandit ce fort qui existait déjà depuis plusieurs siècles. Il fut occupé par les Espagnols au début de la période révolutionnaire avant d’être repris par le général Dugommier en 1794. Il servit de camp d’internement des réfugiés espagnols au moment de la dernière Retirada en janvier – février 1939 après la chute de Barcelone. Nous contournons le fort pour parvenir dans le secteur des Panissars qui regorge de témoignages du passé. Le cimetière militaire des Panissars était le cimetière où étaient enterrés les soldats de la garnison du fort à partir du milieu du 18ème siècle. Il est toujours entretenu par l’association du Souvenir Français. En avançant sur le chemin, on découvre un autre élément du système défensif mis en place par Vauban, la Redoute de Panissars. Ce réseau de Redoutes étaient des observatoires qui surveillaient les grands axes de communication et qui dialoguaient entre eux par des signaux visuels : celui-ci communiquait avec l’autre Redoute située de l’autre coté de la vallée du Perthus. Monument situé juste à coté de notre gîte. Mais il existe des vestiges encore plus anciens sur ce site, les ruines du trophée de Pompée, grand général Romain contemporain et grand ennemi de Jules César.

Trophée de Pompée

Pompée construisit ce grand bâtiment à sa gloire à l’issue d’une grande campagne en Hispanie. Ce trophée est construit à la croisée des deux axes importants de communication de la Rome antique, au croisement de la voie Domitia, qui reliait les Alpes aux Pyrénées et de la via Augusta qui traverse toute la péninsule ibérique. Ce bâtiment monumental en forme de carré de 35 m de coté pour une hauteur estimée de 60 m. Le monument ne fut redécouvert et fouillé qu’à partir des années 1980…. Que de choses à voir en ce début de journée. Mais il faut cheminer car nous ne sommes pas encore à Las Illas 😊Le sentier à la pente parfois abrupte épouse les derniers reliefs des Albères. Il serpente dans une grande suberaie, zone où sont cultivés et exploités les chênes-lièges.

Nous rencontrons justement sur le sentier un groupe de randonneurs qui viennent de la Jonquera en Espagne qui nous donnent un certain nombre d’informations sur cette activité arboricole. La récolte du liège ne se fait que sur des arbres qui ont 50 ans. La récolte est manuelle et se fait à l’aide d’une hachette. Elle demande beaucoup de dextérité de la part du « leveur », le nom du récoltant. Il faut attendre 12 ou 13 ans après la récolte pour que le liège du chêne se régénère. La transformation en bouchon est longue et complexe. Mais le liège a d’autres utilisations dans la construction ou la décoration. C’est au Boulou que se situe la deuxième fabrique la plus grande au monde, l’entreprise Sabaté.  Début de rando très culturelle comme vous avez pu vous en rendre compte. Le plaisir de regarder, visiter et échanger avec les locaux est primordial. On aura le temps de marcher en regardant nos chaussures 😊 Le chemin passe juste sous le pic de Priorat, près de 300 m au-dessus du col des Panissars. Une petite suée qui vaut bien une petite pause plus bas au col du Priorat. Du col nous prenons au SW une large piste qui va nous faire monter sur près de 4 km, le long de la frontière au pic Calmeille. Ce sera assez tôt la dernière difficulté la journée. Sur cette longue piste nous croisons et recroisons un jeune randonneur parisien rencontré la veille au Perthus, Paul. Il est arrivé tard dans la soirée, très fatigué car il s’était fait Banyuls le Perthus dans la journée soit près de 35 km !! A le voir avec sa démarche un peu trainante, on ne l’imagine pas capable d’une telle efficacité … Et pourtant si ! On le retrouvera à l’étape. Nous entrons peu après dans un hameau, le Mas Nou, accueillis par un de ses résidents assis au volant de son pick-up. Ils trouvent les randonneurs venant de Banyuls plus ouverts à la discussion que ceux qui viennent en sens contraire et qui en finissent avec le GR… Il vit là d’élevage et de maraichage avec son fils. Ses potagers sont magnifiques et très divers. Tout pousse à cet endroit et nous entrons en Capcir et l’eau ne semble pas manquer. En regardant la carte, j’ai vu qu’un autre itinéraire, plus court, nous amenait à Las Illas. Il me le confirme et surtout il nous apprend qu’il a monté un point d’eau pour les randonneurs à partir d’une source qui domine le sentier traversant la forêt.  Nous avons été bien inspirés car cette grande forêt de hêtres est parsemée de blocs de granit erratiques lui donnant une allure mystérieuse. Nous trouvons bien le tuyau 1 ou 2 km plus loin. Nous nous posons dans ce bel endroit, juste au-dessus du ruisseau, pour notre pause méridienne.

Ajoutant encore au caractère magique du lieu, une camionnette descend la piste vers le hameau avec à son bord le fils du maraicher qui revient de son marché et qui nous vend plusieurs de ses productions caprines, faisselle et fromage frais. Les hasards du chemin… Un très beau souvenir en tout cas. Après le repas, nous nous allongeons les uns à côté des autres pour une petite sieste mais presqu’assoupis quelques gouttes s’invitent au bal. Vu les prévisions, je bats le rappel pour essayer de joindre Las Illas avant la grosse pluie. Le raccourci descendant aidant, tout le monde chemine une heure et demie durant avec entrain et bonne humeur. En fait ce raccourci n’est autre que l’ancien GR 10 qui a été détourné et allongé sur la grande route à cause d’un propriétaire ombrageux. A l’entrée de Las Illas, encore une fois, la gentillesse des gens du cru se manifeste en la personne d’un adjoint au maire qui nous indique d’emblée le lieu de bivouac que la Mairie a fait aménager pour les randonneurs. Bel endroit un peu abrité par les arbres avec un peu plus loin un point d’eau avec douches et WC.

Que demande le peuple ? Nous avons juste le temps de monter les tentes avant que la pluie refroidisse l’ambiance pendant près de deux heures. Peu importe, nous sommes à l’abri et secs. La petite auberge du hameau aura vite fait de nous réchauffer les cœurs et le reste. Le bivouac est international car nous rejoint un canadien, randonneur hyper équipé en appareils électroniques et trois jeunes suissesses qui font la HRP…. Le milieu de nuit sera juste perturbé par un troupeau de cochons qui « quand on arrive en ville » sèment la « terreur » autour du point de stockage des containers à ordure. Incroyable ! On apprendra qu’une autorisation d’élevage de sangliers avait été octroyée à un éleveur du coin qui n’a pas forcément respecté le contrat en faisant monter son cheptel à près de 400 ! Bonjour les dégâts.

Jour 4 : Las Illas à Moli de la Paleta  23 km – 1305 m D+  – 1170 m D-     10h15 de déplacement

Etape longue et difficile et un peu rock ‘n roll à la fin. Nous quittons notre beau bivouac avec regret mais avec l’impatience de découvrir le chemin et les paysages du jour. Le profil de la rando du jour est semblable à celles des jours qui vont suivre : une longue montée le matin et une longue descente l’après-midi ou vice-versa. J’ai cherché quelques variantes pour nous extraire du vallon mais finalement nous suivons le tracé du GR qui emprunte une jolie route qui nous amène après 2 km à une petite chapelle romane perchée sur une petite butte au milieu d’une clairière : Notre-Dame du Remède. Comme tous les édifices religieux qui ont traversé les siècles (au moins 10 pour cette vieille Dame) elle semble avoir été bien remaniée. C’est un véritable havre de paix qui dégage une grande sérénité : il ferait bon y bivouaquer mais hélas ce n’est pas sur mon plan de route. Nous quittons peu après la petite route vicinale qui nous emmènerait à Ceret. C’est le début d’une longue montée de plus de 10 km qui doit nous mener 1000 m plus haut au Roc del Pou de la Neu par le col des Cirerers.

Toute cette partie montagneuse des PO est toujours structurée de la même façon avec des reliefs orientés SW/NE ou SE/NW coupés par des cours d’eau orientés S/N. Venant de l’est nous les coupons par de longues montées / longues descentes. Ce relief et sa couverture forestière ne nous permet pas d’avoir beaucoup de points de vue. Ce sera une constante de cette première partie du GR 10.

Nous montons donc dans une belle forêt de hêtres par des sentes bien dessinées dans un environnement granitique prégnant qui nous oblige parfois à mettre les mains pour continuer la progression. Les sacs sont toujours aussi lourds surtout après le ravitaillement du Perthus ; l’effort est silencieux. Quelques pauses bienvenues rythment la progression. Parfois une source-fontaine au faible débit remplit nos bouteilles. Elles tombent bien car on s’est mal compris au départ et la plupart des Atlassiens n’ont pas pris les 4 litres nécessaires. Mea Culpa ! En fin de matinée, vers 1200 m nous sommes presqu’au col. Mais nous nous arrêtons pour découvrir un des fameux puits de glace que l’on trouve sur cette partie des Pyrénées. Nous avons manqué l’avant-veille le gros puits du Pic de Neulos… Ces puits sont de grands rectangles maconnés de près de 10 m de profondeur.

On y entassait en hiver la neige des sommets qui par gravité et tassement fabrique la glace. Une fois extraite, la glace était transportée bien protégée dans des peaux de bêtes à dos de mules jusque dans les cités de la région.  Plutôt destinée aux nobles demeures comme le palais des rois de Majorque à Perpignan à des fins de conservation des aliments, elle alimentait également les lieux de santé. Nous finissons la matinée en montant les derniers mètres qui nous mènent au col del Pou de la Neu (col du puits de neige). Une grande étendue herbeuse sera notre salle à manger du jour. Le sommet est couvert de rochers qui nous permettent comme souvent de faire sécher les tentes. Bon moment de repos. Silencieux.   La crête rocheuse va continuer jusqu’au roc de France plus à l’ouest.

On aurait pu parvenir au col par la crête venant du Pic des Salines. Il y avait beaucoup plus bas la bifurcation vers la montée au Pic à 1333 m. Mais je redoute un cheminement en crête avec nos gros sacs. J’ai donc opté pour la sécurité du GR. Le terrain rocheux autour du Pic de France me conforte dans mon choix. C’est pour cela que je refuse plus loin la proposition de Pierre qui me propose un beau raccourci vers notre point d’arrivée en empruntant la longue crête du Roc de Saint Salvador qui se serait révélée très, très périlleuse 😊. Une prochaine fois sans sacs, promis !

Parvenus à notre point haut du jour, l’après-midi sera presque une longue descente, technique par endroit. Un sentier en balcon nous emmène d’un col à l’autre : du col del Pou de la Neu au col de Sant Marti juste à l’ouest du Roc de France. Nous sommes encore une fois juste sur la frontière. Encore fatigués par la matinée ? personne ne me réclame d’aller jusqu’au roc de France par la crête 😊 On aurait pu ! Du présent col on a un regard qui porte loin sur la Catalogne et les quelques villages de la plaine les plus proches comme Macanet de Cabrenys. La marche reprend vite sur des chemins techniques où la descente n’est pas forcément synonyme de repos. Au col Cerda, on laisse la crête du Roc de saint Salvador sur la gauche. Puis nous enchainons près de 6 km toujours sur le même terrain. On parvient à une fontaine juste au-dessus du hameau de Montalba. Le débit est assez faible mais un ou deux Atlassiens parviennent à remplir en partie leurs bouteilles. L’eau est le problème en cette fin d’après-midi. L’eau et la fatigue, on marche depuis près de neuf heures et je sens le groupe un peu las. On fait une pause en essayant d’aller se ravitailler au hameau. On découvre un vieux monsieur entouré de ses deux chiens qui n’arrêteront pas d’aboyer durant toute notre visite. Une grille ferme sa cour et on découvre qu’il vend des sodas et autres rafraichissements. Nous lui demandons de remplir nos bouteilles avec la promesse de lui acheter des boissons… Ce qui aurait pu aller assez vite si on avait eu accès au robinet va prendre presque une demi-heure car l’homme prend les bouteilles de chaque Atlassien, couvre le 30 m qui le mène à son robinet, les remplit et les rapporte d’un pas trainant.

Et ce, 8 fois de suite, toujours dans le bruit des aboiements qui ne faiblissent pas. Idem au moment de nous vendre ses boissons. L’ambiance ! Des gens sont montés d’Amélie les Bains pour acheter des confitures au monsieur ; elles seraient réputées… Une fois toutes les bouteilles remplies, quelques pots de confiture achetés et nos boissons avalées, on peut se remettre en route pour les deux derniers kilomètres du jour. La pause et les boissons ont regonflé le moral de la troupe. Ça tombe bien car deux bons km de montée se présentent 😊.  Mais la perspective de planter les tentes dans moins d’une heure fait oublier la fatigue. Bientôt nous rejoignons la route entre Mas de la Fergassa et Moli de la Paleta. La route est 15 m au-dessus du ruisseau qu’on entend couler et de ses belles rives. Hélas, toutes les rives qui feraient un superbe bivouac sont privées : on devine bien dissimulées de grandes maisons dont dépendent les terrains qui nous échappent. On continue sur plus d’un kilomètre jusqu’à Moli de la Paleta (Moulin de la Palette) sans trouver l’ouverture… Peu importe, on va aller demander au gîte de Moli s’ils ont un terrain disponible pour nos tentes ; on est même prêt à payer (on l’a fait au Perthus chez Paco 😊). Dernière déconvenue du jour, le gîte n’existe plus et c’est devenu une résidence secondaire comme les autres ! La recherche doit continuer… Juste après l’ancien gîte on trouve une grande passerelle qui enjambe le ruisseau : nous n’avons pas eu de chance rive droite, on en aura peut-être rive gauche ? A priori pas de terrains privés mais une berge assez étroite très broussailleuse (saules, fougères, orties), dans son jus qui ne donne pas envie de monter sa tente. Mais il est tard et chacun va devoir trouver sa place. Fabien prend un peu de hauteur et trouve une petite terrasse labourée par les sangliers, Véro et Sandrine (les plus chanceuses) trouvent une place en terre près de la passerelle ; Pierre, Pascal, Patrice et Sophie continuent l’exploration en aval et trouvent un espace acceptable. Quant à moi, je me sers de mes bâtons en guise de coupe-coupe pour me dégager un espace rempli de fougères d’un mètre de haut. Tant bien que mal, chacun arrive à se caser. Pour ma part ce n’est pas top : ma tente est montée en partie sur des bois morts sous la végétation, ce qui ne favorise pas la stabilité.

Mais bon… Une idée commence à me trotter dans la tête. Une fois chacun installé et lavé au ruisseau, le repas pris en commun apporte un peu de réconfort. J’ai installé mes affaires sur la plateforme d’accès à la passerelle au sec et l’idée fait son chemin. Pourquoi ne pas dormir sur la passerelle avec le matelas ? La météo semble clémente, les nuages peu nombreux… C’est décidé ! Après avoir avalé mon repas, je mets l’idée en pratique et j’installe matelas et duvet au milieu de la passerelle.  Le couchage est très confortable et la passerelle gîte juste ce qu’il faut pour me bercer et m’endormir. Réveillé dans la nuit (comme chaque nuit), je profite d’un ciel dégagé pour admirer une partie de la voute céleste et de ses étoiles. Il n’a pas plu et j’ai finalement passé une nuit très tranquille et reposante, à la belle étoile. Mon seul regret ? Avoir dû monter la tente qui ne m’a pas servi et devoir la redémonter le lendemain. Peu de chose au regard du plaisir que j’ai pris. Ce bivouac particulier restera finalement un très bon souvenir.

Jour 5 : Moli de la Paleta à Batère 21 km – 1610 m D+  – 870 m D-      9h25 de déplacement

Grosse journée aujourd’hui avec une longue descente et une très longue montée de 13 km. Nous nous arrachons tôt de Moli pour faire notre ascension du matin qui nous conduit au col de Paracolls, 300 m plus haut.

Col de Paracolls

Montée facile dans la hêtraie. Le GR 10 est parfaitement entretenu : sentier propre et très bien balisé. Aucune chance de se perdre tant les balises sont nombreuses et toujours bien positionnées. Une seule fois au début du séjour, un « tourne à droite » à mauvais escient m’a fait manquer le chemin qui partait à gauche. Au col, nous apercevons le Canigou pour la première fois. Il semble proche : nous serons à ses pieds le lendemain après-midi ! On a également une bonne visibilité de notre point d’arrivée du jour, tout là-haut sur l’adret de la montagne de Batère. Les pentes forestières sont essentiellement composées de hêtres et de châtaigniers. Pour l’instant nous restons attentifs dans la descente de près de 4 km jusqu’à Arles sur Tech où nous faisons des courses. L’arrêt est un peu plus long que prévu. En effet, nous en profitons pour faire un petit tour du centre historique qui nous parait assez déshérité.

Rue d’Arles sur Tech

Peu de commerces, de belles maisons inoccupées et d’autres proches presque ruinées. Cela ne sent pas un grand dynamisme. Ça sent la déprise industrielle… En effet, l’histoire de la ville se confond avec l’exploitation des mines de fer de Batère vers lesquelles nous nous dirigeons. L’exploitation minière industrielle commence dans la seconde moitié du 19ème siècle et s’arrête complètement en 1987. Plus grosse mine de sidérite (minerai de fer) des PO, son minerai extrait était acheminé sur Arles pour être transformé en oxyde de fer par le procédé du grillage en cuve. Ainsi dans les années 1930 à 1960, près de 350 tonnes de minerai étaient traitées chaque jour. L’essentiel de la production était destiné aux Ateliers et usines métallurgiques de Decazeville où celle-ci était traitée dans les hauts-fourneaux puis transformée en billes d’acier. La société Vallourec en faisait des tubes d’acier sans soudure. 20% de la production était également traitée par Usinor à Fosse-sur-Mer. Il reste plein de vestiges sur toute la montée à Batère du transporteur aérien. Des bennes, des câbles d’acier ancrés et rampant au sol, coupant en de nombreux endroits notre GR. A l’entrée de la ville en rive gauche du Tech subsistent des squelettes d’entrepôts. Arles est une Belle au Bois Dormant. Il nous faut nous extraire de cette mélancolie qui vient toujours quand on imagine le passé d’un village ou d’une ville et qu’on le compare à la réalité du jour… Ça tombe bien, le GR s’élève assez vite au-dessus de la vallée pour filer NW vers la montagne en surplomb du Riuferrer qui se jette plus bas dans le Tech. Nous nous contentons d’avaler 200 m de dénivelée avant la pause méridienne que nous faisons sur un grand replat ensoleillé. A nouveau, c’est un endroit propice au séchage des tentes bien imbibées par l’humidité de notre bivouac de Moli…. La végétation sur ce versant est très méditerranéenne avec de nombreux chênes verts. La reprise est assez douce sur un chemin qui serpente dans une grande pinède mais qui finit par se cabrer après quelques centaines de mètres. Nous nous élevons progressivement pendant 5 km environ avant de plonger dans un vallon où coule un gros torrent – le Llimpès. Rochers et eau font le bonheur de quelques courageux qui font le choix de la halte baignade.

La grosse chaleur depuis midi y incite certainement. Il faut savoir faire refroidir la machine et l’animateur est dans son rôle en décrétant une pause de 15-20 minutes. Personne ne nous attend sinon 5 ou 6 km de chemin et 600 m de dénivelée 😊 Nous frôlons plus haut le refuge des Vigourats que le seul randonneur croisé nous avait dit bien achalandé. Mais nous ne faisons pas le léger détour, nous restons concentrés sur le sentier qui monte en coupant parfois des pistes. Au PC 1043, au col de Roure, nous tombons sur un camp peuplé de – comment les caractériser ? – marginaux ? néo-ruraux ? qui ont aménagé un habitat très dispersé et varié dans sa forme. Bien sûr, nous sommes accompagnés par les aboiements des chiens… Nous passons assez vite notre chemin pour ne pas déranger « leur quiétude ». Nous avions certainement croisé un de ces habitants à la sortie d’Arles qui nous avait tenu des propos assez hermétiques 😊 Encore un gros coup de cul d’1 km après le col pour parvenir à la fin de la montée du jour. Ouf ! Le chemin est orienté nettement à l’W en direction du col de la Descarga. Changement complet de paysage ! Nous progressons dans un vallon bordé de doux pâturages bien accueillants. Je propose à mes amis d’établir le bivouac dans un de ces prés. Il n’y a aucune vache à l’horizon. Le ruisseau coule en contrebas. Tout se conjugue pour en faire un des plus beaux bivouacs du séjour !

Après l’installation et la toilette nous allons faire un tour au refuge de Batère, 800 m plus loin. Je le connaissais déjà mais les amis découvrent un long bâtiment de trois étages, désaffecté et en piteux état. C’étaient les logements des mineurs qui furent plusieurs centaines sur le site à la grande période de l’extraction au tournant des années 40.

Le lieu est maintenant désolé et le refuge peine à mettre un peu d’ambiance. Aujourd’hui un groupe de militaires d’un régiment de transmission est présent pour un « team building » sportif dans le coin.  Ce jour-là, comme les jours d’avant et d’après nous croisons très peu de randonneurs, dans un sens ou l’autre…. Début de saison ? Après un petit pot réconfortant et un bon repas au bivouac, c’est avec un grand soulagement qu’on peut s’endormir dans le murmure du ruisseau.

Jour 6 :  Batère au refuge des Cortalets 17 km – 1080 m D+  – 295 m D-     9h00 de déplacement

Vues les stats de cette journée on pourrait presque dire que cette 6ème étape est une étape de repos 😊 Elle va nous mener au pied du seul sommet montagneux du séjour, le Canigou. Pour le moment nous profitons de passer devant le refuge de Batère pour boire un petit café et retirer quelques tiques 😊. Le tire-tique n’étant pas efficace je demande à l’hôtesse si elle n’aurait pas une pince à épiler. L’outil qu’elle nous confie fait l’affaire et Sandrine est libérée d’un poids inutile 😊. Le chemin qui s’élève dans la prairie au-dessus du refuge a une pente assez prononcée mais est-ce dû à la répétition des efforts ou à notre forme, nos jambes sont dès le début de la journée prêtes à bien fonctionner, sans courbature ni autres douleurs.

Nous parvenons vite au col de la Cirère à 1731 m.

Col de la Cirère

Le panorama sur tout le haut Vallespir coté rive droite du Tech est sublime. On voit au loin, au SE le Roc de France que nous avons tangenté deux jours plus tôt. Un beau sentier à la pente assez douce et descendante nous amène à travers une belle pinède jusqu’à la cabane forestière de l’Estanyol, très accueillante, propre et en bon état. Nous continuons pour une courte remontée jusqu’à un grand pierrier où je décide de faire sécher les tentes les temps d’une pause matinale. Le sentier emprunté est beau mais exigeant même en descente car très rocheux. Nous continuerons la route sur un sentier en balcon qui nous mène jusqu’à l’abri de Pinatell, très beau refuge lui aussi très propre. Je préfère continuer un peu sur ce balcon avant la pause méridienne pour m’arrêter à mi-étape pile. On devine au NW le chemin que nous allons emprunter dans l’après-midi sur l’autre versant du vallon. L’après-midi ne devrait pas être trop difficile avec de longs faux plats qui nous mèneront au Ras des Cortalets avant la montée finale au refuge du même nom. Avant cela le passage du gué de la Llentilla n’est pas aussi simple qu’il en a l’air.

Gué de Llentilla

Une légère désescalade est « fatale » à Pascal dont le pied glisse et l’entraine pour un petit tonneau sac au dos heureusement sans dommage. J’avertis le groupe que désormais toute désescalade se fera sans le sac. L’avenir justifiera pleinement le conseil. 😊. Une fois le ravin franchi, une longue et douce montée de 8 km nous attend, modeste certes mais monotone vers la fin.   Le chemin montant toujours en balcon jusqu’au col de Ras de Prats Cabrera est toujours aussi somptueux avec de belles vues sur le sentier suivi jusqu’à midi…

Vers le col de Ras de Prats Cabrera

Au col nous avons le choix pour parvenir au refuge de la piste qui monte aux Cortalets, c’est le GR ou d’un autre sentier certainement plus sympa qui passe au sud par les crêtes avant de rejoindre le refuge. L’orage que l’on commence à deviner m’incite à la sécurité et me fait prendre l’option piste. A posteriori, je suis content du choix car l’orage ne tarde pas à se manifester. Bâchage et comme la pluie et le tonnerre ont l’air de jouer les vedettes, je préfère arrêter tout le monde pour adopter les mesures de sécurité en cas d’orage : distance entre les marcheurs, bâtons jetés de côté et le plus isolé possible du sol, recroquevillé sur son sac. Heureusement, l’orage se croyait plus beau qu’il n’était et nous pouvons reprendre le cours de la rando : le débâchage est rapide étant données la chaleur et la pente du terrain. Nous parvenons peu après au Ras du Cortalet où chacun reprend ses esprits et sa respiration car la progression sur la piste s’est faite à bonne allure. Encore un petit effort (qui n’en finit pas comme toujours en fin de rando) et nous arrivons au refuge des Cortalets accueillis par le ronronnement d’un groupe électrogène qui alimente le bâtiment. On nous indique l’espace de bivouac qui est remarquable, vaste, sous une pinède semée de blocs erratiques de granit. Chacun s’installe à bonne distance des autres. La toilette dans un ruisseau serpentant sur une belle pelouse restera un bon souvenir. Après l’effort vient le réconfort d’une petite bière ou soda au gîte. Le monde est petit : Sophie y retrouve un de ses collègues du CAF de Clermont. Une petite promenade du groupe autour du petit étang des Cortalets nous ouvre l’appétit.

Etang des Cortalets

Je ne suis pas mécontent de bivouaquer étant donnée l’affluence des randonneurs du week-end qui vont constituer de grandes tablées bruyantes lors du dîner. Cette perspective ne décourage pas trois des nôtres qui préfèrent le saucisse-purée du restau au hachis parmentier lyophilisé des autres. Beau repas extérieur pris confortablement installé sur un gros bloc de granit 😊. Il est vrai qu’à la brume et la fraicheur qui s’abat d’un coup, certains préfèrent la douce chaleur d’un refuge bondé. La nuit tombe doucement comme nos paupières. Je me réveille quand même au milieu de la nuit pour apprendre que Toulouse était en finale du TOP 14 après avoir étrillé le Racing 😊 Le 22ème Brennus s’approche…. Ô,Ô Toulouse……..

Jour 7: Refuge des Cortalets à proximité du col de Jou 19 km – 680 m D+  – 1675 m D-     11h00 de déplacement

Journée du Canigou. J’y réfléchis depuis deux jours : escaladerons-nous le Canigou ou pas et si oui par quelle voie ? Je demande à Sophie de questionner les gens du refuge sur les différentes voies. Le matin sous un ciel bleu d’été, j’ai ma réponse.

Nous le monterons par la voie normale du pic Joffre, moins difficile et moins longue que la voie du Barbet. Avec un corollaire : la seule voie de descente possible est la Cheminée du Canigou. J’en ai vu des images avant le départ. Elles sont a posteriori plus impressionnantes que mon ressenti sur le terrain. Je ne dis pas que la descente fut facile mais nous l’avons bien maîtrisée individuellement et collectivement. J’y reviens plus bas. La montée par la voie normale est assez facile.

Montée du Canigou

La dénivelée de plus de 600 m est avalée en 1h40 environ. La montée se fait sans à-coups avec une progression du groupe très régulière. Du coup, on est arrivé au sommet sans essoufflement malgré nos sacs qui représentent quand même un handicap au départ. Nous restons un assez long moment au sommet pour observer et apprécier le paysage qui s’étend à nos pieds.

Sommet du Canigou

On voit clairement Prades et toute la vallée du Têt au nord et l’Espagne au-delà de Prat de Mollo au sud… La météo matinale est avec nous. Ce n’est qu’au bout de ce temps de pause qu’on va jauger la difficulté de la descente. Ce que j’en vois au premier regard ne m’impressionne pas trop. La pente est assez forte mais faite de grandes marches qui permettent de bien se projeter.

La stratégie est claire : la désescalade se fera évidemment sans sac et avec des relais courts pour acheminer les sacs de plateforme de stockage en plateforme de stockage : 4 en tout. Nous sommes 5 (Sophie, Pascal, Santiago, Patrice et moi) à se passer les sacs que nous pousse Pierre au début de chaque section de descente.

Désescalade des sacs

Sophie en bout de chaine toujours très volontaire 😊 se charge au prix de gros efforts de les stocker sur la plateforme intermédiaire. Chacun descend alors à l’étage inférieur dans le même ordre de relais. Sandrine encourage Véronique un peu impressionnée ; toutes deux descendent et se positionnent sur la plateforme de l’étage inférieur, à côté de Pierre. Je sais que cette descente va nous prendre du temps mais il n’y a pas matière à accélérer les opérations. Le même schéma de descente se reproduit 3 autres fois sans encombre. Avec cette organisation nous limitons au maximum le risque. Chaque collègue maillon de la chaine attend d’être confiant et sûr de ses appuis dans la pente avant de se charger d’une récupération ou d’un passage au relais du dessous. Les relais entre deux Atlassiens sont assez courts. Nous devons tenir compte dans ces opérations des quelques randonneurs qui montent au sommet… Certains nous confient leur admiration pour l’effort que nous sommes en train d’accomplir. Sur la dernière plateforme de stockage, on décide, car la pente se radoucit, de finir la désescalade avec le sac sur le dos pour ceux qui le peuvent. Au bout de quelques minutes, tout le monde a récupéré son sac au pied de la cheminée. Pendant toutes les opérations la tension a été forte mais le travail d’équipe a rendu possible cette descente dans un très bon niveau d’assurance. Je ne suis pas certain que nous aurions été plus efficaces avec des cordes. Le problème n’était pas la descente des Atlassiens (désescalade assez facile avec les grandes marches et toutes les bonnes prises) mais la descente des sacs ! La descente des 100 m de cheminée nous aura pris environ 50 minutes. Un sentier raide et caillouteux, tout en lacets, nous mène 400 plus bas au Plans de Cadi. J’ai prévu de faire la pause méridienne au refuge Arago 200 m plus bas encore. Nous l’atteignons après avoir pris quelques raccourcis dont un est « fatal » à Sophie qui se tord la cheville. Après le repas, la douleur se réveille et Véro notre infirmière lui strappe la cheville avec la bande que j’ai trouvée dans ma trousse. Elle restera enflée plusieurs jours mais notre WARRIOR souffrira en silence sans que cet incident ne nuise à son rendement. Peu après le refuge Arago, nous retrouvons le GR 10 au PC 2017. La traversée du torrent El Cadi qui a pris ses aises au niveau du gué n’est pas glorieuse pour l’animateur. Alors que tout le monde a pu traverser plus ou moins facilement le ruisseau assez large à cet endroit, je m’embrouille, ne trouve pas le passage, me déchausse pour finalement tomber les fesses les premières dans l’eau fraiche. Sans beaucoup de réactions de la part des spectateurs qui m’attendent sur la rive opposée 😊. Le ridicule ne m’a pas tué et nous reprenons notre descente dans un paysage remarquable à hauteur des gorges des Coloms . La pluie commence juste à tomber à proximité du refuge des Mariailles après que nous ayons pu refaire un petit plein d’eau. Je demande au propriétaire du refuge si nous pouvons nous abriter sous son séchoir / débarras. Nous attendons là presqu’une demi-heure que la pluie se calme un peu en riant bien aux blagues que nous sort Patrice de son site d’humour favori 😊. La pluie faiblit et nous nous remettons en route. L’écurie – le col de Jou – n’est plus qu’à 3 ou 4 km. La descente s’effectue sur un sentier qu’épouse au plus près le cours canalisé d’un ruisseau la Llipodera et plus bas d’un autre encore le Travès.

Le long du Llipodera

Etrange sensation de marcher sur l’eau : la largeur du sentier est souvent inférieure à celle du ruisseau canalisé. Nous parvenons enfin sur la piste qui nous emmène au col… Pourtant à un des derniers carrefours, je manque l’embranchement très discret sans doute avec le GR car je le manque et continue sur la piste parallèlement à notre sentier balisé favori. La pluie commence à retomber et les énergies déclinent. Nous trouvons un espace bivouaquable à un grand carrefour : 3 tentes s’y posent, un peu protégées par les arbres de la forêt qui domine la piste. Les autres continuent un peu le chemin et trouvent également le même type d’espace. Nous ne verrons jamais le col de Jou ni ce soir-là ni le lendemain ; il était pourtant à 100 m au nord de notre position. La pluie redouble et chacun finit d’installer sa tente au plus vite. A l’issue, pas d’autre solution que de se blottir dans sa tente pour y manger et se coucher sans avoir pu se laver (sauf Santiago) correctement. Sandrine et Véro n’ont pas osé allumer leur réchaud et ont mangé froid quelques céréales. Je n’entends pas la fin de la pluie pris par un sommeil bien réparateur. Cela fait 7 jours que nous marchons et répétons nos efforts. Une fatigue s’installe doucement.

Jour 8 : Proximité col de Jou au refuge de l’Alemany 19 km – 1500 m D+  – 1700 m D-     8h30 de déplacement

La pluie nous a accueilli au bivouac mais étrangement, l’air de la nuit a asséché ce que je m’attendais à retrouver « tremp » le lendemain ; la cape de pluie que j’avais étendue sur un panneau forestier est parfaitement sèche et la tente l’est presqu’autant. Incroyable ! Nous rejoignons l’autre partie du groupe plus haut sur la piste et nous prenons la direction de Py petit village sous le col de Jou. La piste se termine sur un sentier qui nous mène au col de la Mandra  d’où l’on aperçoit assez loin, en contrebas, le petit village de Py, étalé en hauteur au-dessus de la Rotjà ruisseau impétueux renforcé par les pluies d’orage.

Col de la Mandra

Je devine une trace au SW qui semble descendre dans la direction du village mais la trace qui part au SE est plus marquée; nous la suivons donc. Petite erreur de ma part ! J’aurais dû prendre le temps de sortir la carte ! La sente au  SW descendait peut-être plus franchement dans la pente mais réduisait la distance à parcourir pour arriver à Py. Au lieu de cela, nous avons suivi un très beau sentier qui nous a fait monter dans un premier temps avant de se stabiliser en balcon sur plusieurs centaines de mètres. Devant, je peste de cette bévue qui nous rajoute un peu de kilomètres et de dénivelée. Heureusement comme tous les matins nous sommes partis tôt. Finalement ce petit « extra » nous évitera plus tard dans l’après-midi de nous retrouver sans abri possible sous une pluie torrentielle. Je dirai comment et pourquoi… 😊Après un long cheminement dans une belle hêtraie nous « atterrissons » finalement sur le Rotjà à l’entrée de PY.

Le village est bien perché et il faut encore pousser sur les jambes et les bâtons pour arriver jusqu’au centre et jusqu’à l’auberge-épicerie ouverte ce dimanche matin. Je n’y croyais pas. Une fontaine sous l’épicerie nous ravitaille en eau et nous rafraîchit car une chaleur lourde s’est installée. La pause est longue puisque chacun, l’un après l’autre, fait quelques emplettes. L’épicier est seul et prend son temps. On en profite pour remplir les bennes-poubelles à proximité qui débordent. Une petite vieille sort de la boutique avec un peu de pain et un filet qui semble peser trop lourd pour elle. Elle remonte vers le haut du village. Peut-être son seul moment de vie sociale de la journée ? Une grosse voiture avec deux anglais à bord nous oblige à nous serrer contre le mur : il est vrai que nous nous sommes étalés. Même si la quiétude et la paix qui règnent ici nous incitent à faire durer le plaisir, le col de Mantet nous attend plus de 700 m au-dessus de nous 😊. Le GR suit en partie la route qui monte au col. Il la recoupe plusieurs fois. La progression est régulière comme depuis le début de l’aventure lorsque le chemin se cabre… A la sortie du village nous passons au-dessus d’un potager où les tomates ne sont pas dans leur meilleure forme : ce que nous confirme sa jardinière. Après deux heures d’effort, nous nous hissons finalement au col à 1760 m.

Avec son grand replat, c’est un lieu propice à notre pause méridienne et au séchage de quelques tentes. Le temps se couvre et n’annonce rien de bon pour l’après-midi. Heureusement, notre but de jour n’est pas si loin, à deux heures de marche environ. Quelques gouttes nous contraignent au bâchage et à nous remettre en route plus tôt que souhaité ! Nous apercevons le petit hameau de Mantet pas très loin en contrebas. Le chemin zigzague au milieu de pâturages ovins. A l’entrée du hameau, un petit café se propose au bon moment. Las, sa propriétaire, ancienne mairesse de Mantet nous apprend qu’il n’est plus en service : elle vient de prendre sa retraite. Elle me dit qu’elle a revendu sa licence et qu’un autre bar est ouvert plus bas dans le hameau. Je conduis donc le groupe qui n’a pas entendu et qui est frustré d’un bon petit noir jusqu’à la petite auberge. Je grimpe l’escalier en fer pour me retrouver sur une belle terrasse couverte. Des sourires que je ne vois pas doivent fleurir sur le visage de mes équipiers. L’arrêt se fait dans le bon timing, vers 13h30-14h 😊. A peine bue la tournée du patron très sympa, la pluie commence à tomber de plus en plus fort.

L’épisode durera près de 3 heures nous obligeant à rester à l’abri de cette belle terrasse et un peu plus tard, le froid venant, de la salle du bar-épicerie où règnera une belle chaleur agréable. Le patron très investi dans les organisations foncières du lieu est très causant et nous apprenons beaucoup de choses sur la vie dans ce coin reculé des PO. Plus haut, je disais que ma bévue du matin nous avait peut-être évité cette pluie torrentielle. Effectivement, arrivés plus tôt à Mantet, nous ne nous serions peut-être pas arrêtés dans ce beau café-lieu de vie et nous aurions continué vers le refuge de l’Alemany et là nous aurions pris une douche mémorable. Rando-fiction ? On ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est que la pause a duré beaucoup plus que prévu mais nous n’avons pas vocation à bivouaquer à Mantet 😊. Nous nous arrachons presqu’à regret de ce beau lieu de vie. Il reste peu à parcourir et la pluie qui avait juste faibli repart de plus belle lorsque le sentier s’élève au-dessus de la rivière de l’Alemany.

Passerelle sur l’Alemany

Elle ne nous quittera pas des deux heures qu’il nous faudra pour parvenir au refuge, 500 m plus haut. Pendant toute la montée, je fais des vœux (égoïstes) pour que le refuge non gardé de l’Alemany dont le propriétaire du café nous a dit beaucoup de bien soit vide d’occupants. Le sentier grimpe bien dans des sapinières tapissées de granit bien glissant. Prudence ! Nous parvenons enfin au refuge et mes vœux ont été exaucés : il est vide ! Et vaste pour au moins 12 personnes. Je nous vois tous allongés comme des sardines sur les bat-flancs 😊. Bizarrement, la perspective de dormir à l’abri n’enthousiasme pas 4 amis qui préfèrent l’abri rassurant de leur tente. La peur des punaises ? Les 5 qui restent préparent leur couchage en évacuant les matelas en mousse qui équipent le refuge. Un appentis à l’extérieur fait un très bon lieu de stockage. La toilette à la fontaine dans un air assez frais et venté est revigorante.  Le repas pris autour de la table est « gargantuesque ».

Repas au refuge Alemany

Nous commençons à vouloir vider les sacs puisque nous n’avons plus qu’un repas à prendre sur notre ravitaillement. Les réchauds tous posés devant nous crépitent. Un très bon souvenir ce diner. Nos camarades campeurs quittent notre nid douillet réchauffé par le feu du poêle à bois que Santiago et Patrice se chargent d’entretenir. Sandrine et Véronique sortent presqu’à regret : en fait elles auront très froid toute la nuit et dormiront peu. Pascal et moi prenons nos quartiers perchés à l’étage et nous avons près de 5 m de large disponibles pour nos couchages : quel luxe. Nous passerons une excellente nuit.

Jour 9 : Refuge de l’Alemany à Planès  23,21 km – 1400 m D+  – 1800  m D-      9h25 de déplacement

Encore une longue journée mais c’est la dernière pour ce séjour. Le soleil inonde les pentes autour du refuge que nous avons nettoyé et remis en ordre.

Refuge Alemany

Nous pouvons commencer dès la porte refermée la grosse montée qui nous mène 300 m plus haut au col de Pal (2294 m). Montée sèche avec un sentier étroit pavé de granit. Il est vite atteint.

Col de Pal

Au loin au NW, on devine un col. Je suppose qu’il s’agit du col de Mitja que nous franchirons un peu plus tard. La redescente vers la haute vallée de la Carança commence. D’assez haut, on entend le grondement du torrent éponyme qui est bien en eau. On atteint rapidement le refuge gardé qui n’est pas encore ouvert au public.

Le couple qui le gère est en train de finir la peinture de la cuisine. Je dois poser à l’un des deux une question sur le parcours car j’envisage un raccourci et je veux obtenir un avis… Avec la carte sous les yeux pour étudier ma proposition, l’homme finit par la valider. Raccourcir une fin de rando remplit tout le monde d’aise. Il n’est pas encore d’actualité et nous en en reparlerons de ce raccourci. Pour l’instant, nous avons encore un gros morceau avant le repas, le col de Mitja.

Vue sur le col de Mitja

Ma supposition du matin était bonne et je ne m’étais pas trompé de col. Est-ce parce qu’il s’agit de la dernière difficulté du séjour mais Santiago, Sophie, Sandrine et Pierre prennent les devants. Santiago sera le premier au col devant Sophie : a-t-il pris les raccourcis ? Le tracé du chemin est très rectiligne avec de grands virages et une pente soutenue mais très régulière. Tout le monde n’a pas le même « feu aux fesses » : Fabien et moi attendons les derniers assez loin derrière. Nous prenons tout notre temps car rien ne presse vraiment. Sauf à faire attendre les Speedy Gonzalez qui sont arrivés depuis un certain temps déjà. Finalement après une longue ligne droite c’est le col et tout le monde respire. Le repas est bien apprécié, c’est le dernier déjeuner du séjour. Snif 😊… La météo qui m’inquiétait avant le col est finalement stable mais un peu fraiche et venteuse. Nous ne nous éternisons pas… L’après-midi va être consacré à la longue descente vers la cabane d’Aixeques 500 m plus bas et 4 km plus loin. Des points hauts nous voyons enfin le plateau de Cerdagne avec une mosaïque de villages que je ne peux encore identifier. Nous entrons dans la dernière ligne droite 😊. Après une petite pause à la cabane et quelques informations d’orientation données à Santiago, nous reprenons la route, impatients de vérifier l’existence et le gain en distance de notre fameux raccourci. Comme vous vous en doutez, la mariée se voyait trop belle. Nous avons tout d’abord du mal à trouver la sente sur le terrain. Nous commençons à faire les sangliers dans une zone boisée ce qui n’est pas simple avec de gros sacs et en fin de séjour de surcroit. Il n’est pas possible que cette légère trace animale soit la sente dessinée sur la carte. Pierre qui joue les éclaireurs GPS en main finit par trouver la vraie sente. Ne reste qu’à la suivre pour rejoindre plus à l’W notre GR. Ce qu’on voyait sur la carte et qui se vérifie sur le terrain c’est que le GR passe 250 m au-dessus de notre position. Même si on avait suivi le GR, il aurait fallu avaler de la dénivelée mais là la pente est plus sèche et la sente moins bien tracée que le GR… Tous mobilisent leurs dernières forces pour passer ce dernier obstacle. Finalement, il s’agissait bien d’un raccourci en distance ! Mais nous a-t-il fait gagner du temps ? 😊 Le GR rejoint finalement (ouf !), hésite entre montées et descentes. Ce n’est qu’à l’approche du Pla de Cedelles que le sentier forestier amorce la descente finale vers Planès que l’on aperçoit désormais.

Vue sur Planès

Restent deux derniers kilomètres pour conclure ces neuf jours de belles randos. La piste finale est caillouteuse et pour la première fois du séjour, j’ai les pieds qui chauffent. Nous arrivons à Planès du bon côté, à proximité de notre gîte. Le fils de la famille très serviable nous montre tout ce qu’il faut savoir pour planter notre bivouac. Il y a deux douches à notre disposition mais la patronne de l’Ori de Planès nous apprend qu’un groupe d’une quinzaine de randonneurs va arriver : il ne faut donc pas perdre de temps. Je monterai ma tente une fois douché. Finalement, quelques minutes plus tard, tous propres et en phase de décompression nous nous dirigeons vers la salle à manger pour boire un premier apéro offert par Patrice et pour savourer à la suite le fameux pot d’Atlas.

Avant de déguster un superbe repas qui nous paie bien pour toutes les difficultés du jour voire des jours d’avant.

Le contrat est rempli, nous sommes à Planès au jour dit. Tous les lieux de bivouacs ont été respectés, les ravitaillements imaginés ont bien été présents et ont contribué à alléger les sacs en début de rando. Le GR est bien une succession de montées et de descentes dont la narration journée après journée vous a peut-être, Lecteurs, un peu lassé ?  Je pense avoir ramené le groupe en pleine forme malgré tous les efforts consentis et je regrette de n’avoir pas allongé le séjour de deux jours pour arriver à Mérens les Vals et par là avoir parcouru la totalité des Pyrénées catalanes. Il reste deux étapes faciles pour y parvenir : elles seront sur le dessus de la pile des étapes du séjour de l’année prochaine qui devrait nous mener en Ariège au pied du Seigneur du Couserans, le Mont Vallier.

Le jour d’après est consacré au retour. Avec le Petit Train Jaune d’abord qui nous fait parcourir la vallée de la Têt de Planès à Villefranche de Conflent.

Train Jaune

Et puis le groupe se sépare ; les uns retrouvant leur voiture à Villefranche pour filer ensuite vers Clermont ; les autres, retournant vers Perpignan et le littoral pour un après-midi farniente sur la plage d’Argelès avant le retour en bus à minuit vers Clermont. Clap de fin.

Merci à tous mes équipiers/équipières pour ce beau trek pyrénéen et toute cette belle tranche de vie partagée.  

Thierry

Merci à Sophie, Pierre, Pascal et Fabien pour leurs photos

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Séjour 14 Le Haut Velay et le Haut Vivarais en vélo rando

Date : du samedi 03 au vendredi 09 juin 2023
Secteur géographique : Région Haute Loire et Ardèche
Animateur : Michel D.
Nombre de participants : 8 animateur compris (3F, 5H)
Classement Atlas : Facile pour le technique et Moyen pour le physique
Kilométrage pour 2 voitures A/R : ~ 270 x 2 = 540 km
Météo : fraiche les deux premiers jours, vent d’ouest, orageux le troisième jour, retour au beau jusqu’au dernier jour.
Terrains : très sec sur pistes et petites routes ; conditions de roulage parfaites sur de bons revêtements mis à part le GR du col du Tracol.
Hébergement : 3 nuits en camping et 3 nuits sur aire naturelle

Les données kilométriques et altimétriques des journées sont le résultat de montres et GPS Garmin.

Total : 361 km 25h25 de roulage D+ 3795m et D-3810m

Le but recherché de ce voyage était de circuler sur le maximum d’anciennes voies ferrés aménagées en voies vertes, 4 au total, avec un parcours riche en observations des paysages montagneux et une remontée reposante sur les bords du Rhône, avant de s’attaquer aux montées plus physiques du Vivarais pour passer le col du Tracol.

JOUR 1 samedi 03 Juin :

Roulage : 3h10 distance : 36 km vitesse : 11km/h D+650m D-200m
Classement de l’étape : Moyenne
Départ du parking auto de la voie verte de Coubon – passage à Brive Charenssac – départementale sur 1 km 500 avant de prendre la voie verte du Trans Cévenol à Orzilliac – pause repas au 1er viaduc puis Monastier sur Gazelle – passage et pause pour regarder les sauteurs à l’élastique du viaduc de la Recoumène – Freycenet la tour et étang de Barthe. Arrivée et montage à 16h30 du bivouac zone nature.

JOUR 2 dimanche 04 Juin :

Roulage : 3h25 distance : 42km vitesse : 13,6km/h D+600m D-700m
Classement de l’étape : moyenne
Remarque : Réveil dans une volière par le gazouillis des nombreux oiseaux.
Départ à 8h direction village des chaumières de Moudeyres (visite) – lac de St Front – Fay sur lignon – les Vastres 12h et l’orage vient vers nous (abri hangar d’un agriculteur pour notre repas de midi) puis arrivée à St Agrèves. Mise en place du bivouac sur le quai engazonné de la gare du train à vapeur car un nouvel orage menace, mais rien au final. Avec notre arrivée de bonne heure cause orages nous avons pu observer les manœuvres très instructives de départ du train vapeur (mise en pression de la vapeur et embarquement des voyageurs pour Roucoule ; ensuite moment de douceurs gaufres pour certains.

JOUR 3 lundi 05 Juin :

Roulage : 3h30 distance : 63 km vitesse : 19 km/h D+145m D-1050m
Classement de l’étape : facile
Cette nuit grosse averse orageuse de 20h30 à 22h30, nuit calme ensuite
Matin ciel dégagé et fraicheur humide à 6 h
Départ de l ‘étape à 9 h sur la Dolcia Via après quelques courses de ravitaillement – 10h30 St Martial de Valamas et visite de la fabrique de bijoux  »les georgettes » redémarrage à 11h – pause midi au Cheylard au bord de l’Eyrieux – arrivée au camping de Fortunas à 16h.

JOUR 4 mardi 06 juin :

Roulage : 4h45 distance : 70 km vitesse : 15,4 km/h D+250m D-270m
Classement de l’étape : Facile
Nuit beaucoup plus chaude. Levée à 6 h et départ à 7 h non 7h 30 car remorque bob crevé !!!
Suite de la Dolcia Via jusqu’à St Laurent du Pape et visite de Beauchastel – puis via Rhona – repas midi à Mauve – passage à Tain l’Hermitage – Tournon sur Rhône – arrivée à St Vallier à 16h – camping et montage du bivouac, belle météo.

JOUR 5 mercredi 07 juin :

Roulage : 5h distance : 65 km vitesse : 13km/h D+1100m D-600m
Classement de l’étape : Moyenne
Départ 7 h30 par la très belle vallée de Cance 12 km de montée – Annonay visite de la cité des Mongolfiers – puis départ sur la via Fluvia ( dit aussi « la galoche » car les passagers étaient chaussés de galoches pour venir vendre à Annonay leurs marchandises). Elle nous mènera jusqu’à la Voute sur Loire- puis Boulieu les Annonay- Dovezer et là le gros de l’étape arrive avec la montée en lacets pour rejoindre l’ancienne voie ferrée – la gare de St Sauveur en Rue – puis à les Chavannes on prend le GR pour accéder au col du Tracol – puis repos par une longue descente sur voie verte sur Riotord et arrivée à la gare de Dunières à 16h – bivouac sur l’aire de la galoche.

JOUR 6 jeudi 08 juin :

Roulage : 4 h distance 56 km vitesse : 14 km/h D+650m D-850m
Classement de l’étape : moyenne
Départ 8 h- Montfaucon, achat repas de midi puis passage à Grazac et descente à la passerelle himalayenne (260m de lond) qui enjambe les gorges du Lignon en A/R – puis repas de midi au bord de Lignon – passage à Yssingeaux – puis arrêt et observation de la curiosité de Rosière, le Ravin de Corboeuf – arrivée à la Voute sur Loire au camping à 16h .

JOUR 7 vendredi 09 juin :

Roulage : 2h distance 30 km vitesse : 13km/h D+ 400m D-140m
Départ du camping 8 h puis route partagée jusqu’au Puy en Velay -pont médiéval de la Charteuse et traversée de la Loire sur celui-ci et pistes cyclables pour visite de la ville – Rocher Aiguille de st Michel- montée à la cathédrale – gare du Puy – et piste verte de Costaros pour remonter sur Coubon avec arrêt final au parking du 1er jour de Coubon vers 11h. Chargement des vélos et retour sur Clermont en fin de journée

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VOICI le RESSENTI de CHACUN :

Geneviève :
Un petit mot pour te remercier de ce super séjour, bonne humeur rigolade m’ont fait oublier ce fameux Tracol tant redouté. Merci pour votre assistance.
Super organisation.

Armand :
Un séjour très agréable, convivial, le top.
Parcourir les différentes voies vertes et prendre des départementales comme la vallée de la Cance et le col du Tracol.
Savoir prendre du temps pour visiter les villages, le ravin de Corboeuf, la passerelle de Grassac…
C’est le but du voyage à vélo.
Pour en finir le moins attrayant pour moi les bords du Rhône, ce n’est pas grave il fallait bien revenir vers le 43 pour rentrer.

Patrick :
Il y a bien longtemps, en voyant tous ces vélos chargés comme des mules le long des routes de France, que je rêvais de participer à de telles expéditions.
Eh bien ce fut chose faite en participant à la rando vélo traversant le Haut Velay et le Haut Vivarais. Certes ce ne fut pas de tout repos car certains dénivelés ne nous ont pas fait oublier les dures lois physiques de la nature mais les paysages splendides et la super ambiance du groupe étaient plus forts que tout. Les pique-niques pris le long des chemins, nos nuits en toile de tente dans des campings ou dans des endroits insolites nous reconnectant à la nature, furent des moments très forts partagés avec ce groupe.
Que de bons souvenirs pour moi accumulés pendant cette semaine que j’attendais avec impatience pour enfin vivre des moments me faisant sortir de mon quotidien et acquérir une expérience de cycliste que je ne connaissais pas trop.
Merci à tous et particulièrement à Michel pour cette escapade qui me poussera sûrement à parcourir d’autres routes et de via vélo.

Valérie :
Parcours agréable et varié, belle campagne verdoyante avec soit une vue dégagée sur les monts et sucs soit une vue plongeante sur les cours d’eau.
Alternance de bivouacs et campings tout à fait adaptée. Un bon groupe, on a pédalé dans la bonne humeur avec bienveillance et cerise sur le gâteau la météo été avec nous, merci.

Didier :
Je reviens du séjour de vélo chargé dans le Haut Velay et Haut Vivarais et je tenais à remercier Atlas Aventure et plus particulièrement Michel Debord pour son professionnalisme sans faille malgré son statut d’animateur amateur bénévole. En effet tout a été parfait et de plus les participants ont formé un groupe avec de nombreux échanges, une entraide réconfortante et tout cela dans le sourire et la bonne humeur. J’ai adoré en particulier la descente de la vallée de l’Eyrieux et la montée dans la vallée de la Cance. Michel n’a pas dérogé à notre habitude de sortir un instant du tracé officiel. Pour finir notre ascension du col de Tracol, nous avons emprunté, pour éviter une route à grande circulation, une piste forestière à fort dénivelé. Ce passage difficile restera comme d’habitude un moment inoubliable qui nous rend si fier d’être encore capable d’accomplir de tels exploits.
Un grand MERCI.

Christian :
Très bien RAS.

Edith :
Une semaine qui m’a parue trop courte mais très agréable avec une excellente entente des participants. Un parcours dont les étapes étaient toutes différentes. La difficulté du parcours le col du Tracol a été monté dans la bonne humeur de tous.
Un grand merci à tous les participants pour les partages et bons moments.

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Séjour 12 du 24 au 25/05/23. En canoë canadien sur l’Allier

Animateur : Michel J.

Nombre de participants : 8 (3 femmes et 5 hommes).

Le mot de l’animateur : une nouveauté cette saison avec cette programmation en milieu de semaine pour un court séjour en canoë. Le but recherché est de capter quelques adhérents pour décharger les autres activités. Cette descente a une nouvelle fois été riche en observation puisque nous avons pu voir à quatre reprises un oiseau discret, le bihoreau gris appelé également héron Bihoreau. Petit sur patte, trapu doté d’un cou court, il se montre très peu et se cache très vite dans la ripisylve. Un autre oiseau arrivé récemment d’Afrique pour nicher dans les berges sableuses s’est manifesté par son cris particulier, le Guépier d’Europe. Le guêpier est un oiseau très coloré : son dos est de couleur brune et jaune et son ventre ainsi que sa queue tirent sur le vert et le bleu. Sa gorge est jaune vif et se décolore en blanc jusqu’à ses joues et son front. Un masque noir entoure ses deux yeux rouges et prolonge son bec noir légèrement incurvé. Arrêtés sur la rive en face de leur lieu de nidification, nous avons pu l’observer pendant un long moment.
L’itinéraire proposé allait de Joze au pont barrage de Vichy. Le niveau d’eau nous a permis de naviguer à belle allure et de couvrir cette distance sur deux jours facilement nous laissant de belles pauses pour échanger et installer un bivouac confortable sur une île herbeuse à quelque kilomètres de St Yorre. J’ai sollicité les participants pour apporter leur vision de ce voyage.

Approche pour une pause

Georges : « Au détour d’une boucle de l’Allier apparaît une falaise de sable de quelques mètres. Nous apercevons de nombreux trous d’hirondelles de rivage. Intense activité en pleine période de reproduction. Un peu plus loin, c’est la même activité mais avec des guêpiers. Un arrêt s’impose pour admirer ces magnifiques oiseaux ».

Santiago, notre argentin auvergnat : « Faire du canoë c’est une activité magnifique et surtout enrichissante pour se rassembler et commenter des anecdotes, mais avant tout… Presque personne ne s’imagine le travail et les énergies mises derrière chaque sortie. Après plusieurs jours d’emails envoyés pour finir de concrétiser les dernières informations aux participants, les retenus dites “commis” et le capitaine des naufrages se sont rassemblés rue du temple à 8h30 pour attaquer et mettre en place les bateaux et matériels qui seront nécessaires pour affronter les obstacles hasardeux de la journée, comme le capitaine du navire répète toujours à ses commis “l’Allier c’est une rivière changeante, vous n’allez jamais trouver deux fois la même rivière”. Les embarcations prêtes à partir, les uns laissant ses compagnes, les autres sans personne à qui dire au revoir, c’est parti pour s’aventurer dans des eaux mystiques…qui sait quels animaux iront-ils rencontrer? Reviendront-ils tel qu’ils sont partis?
Départ avec quelque fraîcheur, l’incertitude de la pluie s’empare des naufragés, l’eau de pluie reste dans la mémoire de ceux qui ont survécu à l’aventure précédente, la voix du capitaine réconforte et rassure la population des bateaux, “le débit moyen sera de 60 m3 l’heure, beau temps pour ces deux jours”… 
Les croissants et café chaud déjà pris depuis des longues heures à la maison à côté des bien aimés, la faim commence à assiéger les estomacs des naufragés que maintenant doivent s’y soumettre à la solitude et la dépendance de ses actes, car une manœuvre mal faite, c’est toute l’embarcation qui paiera la note dans son ensemble…

Carbohydrates et protéines pour les uns, dont semoule, pasta ou sandwich, et légumes pour les autres, le tout se rassemble dans une petite île pour donner au corps de l’énergie en forme d’aliments, et c’est à lui de le transformer en énergie chimique pour qu’eux puissent continuer cette aventure, sans oublier un nouveau allié qui se approché du groupe, merci Mr Soleil de faire la journée plus paisible et clémente, les esprits des aventuriers reposent en paix… »

Martine : « J’ai découvert la parenthèse verte , vous connaissez ? C’est un cours d’eau encore sauvage que nous avons parcouru en canoë. Une plongée dans l’univers du vert : Vert sombre de l’eau jalonnée de plantes aquatiques et parsemée de pollens, exubérance de dégradés de verts des saules pleureurs, peupliers, frênes et aulnes bordant la rivière et, pour parfaire le tableau, les oiseaux : hérons, aigrettes, cigognes, sternes, hirondelles, oies bernaches, guêpiers. La Nature dans tout son éclat et sa splendeur ! Humilité devant tant de beauté et respect sur ce moment rare ! Merci »

Denis : «  Pfff ! Pas facile de faire quelques lignes sur ce court séjour canoë… 2 pages pour 2 jours, oui ! mais là …  il y aurait tant à dire… Je pourrais évoquer la proximité de cette rivière sauvage, son attrait, son débit, la météo très conciliante, la renouée du Japon envahissante, les immondices qui s’y noient, ces vaches qui broutent la végétation fluviale … je pourrais vous parler de ce canot qui se dandine, de ce pêcheur impassible ou encore de ce paisible martin-pêcheur, encore évoquer le guêpier d’Europe qui vient d’Afrique, le martinet infatigable, le bivouac insulaire,  je pourrais, je pourrais … vous annoncer que l’animateur… que nous étions… que nous faisions … mais de tout cela je ne le ferais pas … Je préfère aborder cette singulière pensée qui me revient en plein milieu de ces séjours Atlas et de pleine nature … « Bon sang, nous ne devons pas être très nombreux là tout de suite en France à vivre et pratiquer une telle activité … »
L’impression de vivre des moments singuliers donc rares, accessibles et pourtant exceptionnels… des instants de communion avec notre nature … Essayez et vous verrez ! Merci Atlas ! Bravo à l’animateur ».

Gwladys : « Moins de fatigue musculaire après 2 jours de pagayage, il semble que le geste soit devenu plus naturel avec toutes ces séances de pratique !
Très à l’aise dans le canoë, j’ai aussi mieux ressenti les effets du courant cette fois-ci. Excellent bivouac, j’ai pu profiter d’avoir un grand jardin pendant quelques heures…
Pour l’émerveillement, c’était cette rencontre avec les guêpiers. L’oiseau bleu est une légende mais un oiseau multicolore existe pour de vrai. C’est beau.
Pour l’étonnement, c’était l’entrée de Vichy par les eaux… rien à voir avec une arrivée en ville par la route.
Et pour finir, un mot sur les rencontres. J’ai fait la connaissance de G&G ce week-end (Georges et Gilles). Vraiment sympa de rencontrer les adhérents lors des séjours, ça donne le temps de les connaître (un peu) mieux. Merci pour la balade ».

Sophie : « Toujours très jolies, calmes, apaisantes, sauvages ces descentes de l’Allier en cette saison, pleines de couleurs, d’odeurs….
Le soleil est au rendez-vous, les oiseaux aussi, ainsi que toutes les explications de Michel.
L’eau étant haute, nous pouvons descendre assez vite sans trop de risque et sans trop forcer sur la pagaie! L’arrivée est excellente avec les filles  » les Maries » qui sont là pour nous récupérer avec un bon gâteau ! Un grand merci à tout le monde pour tous ces partages et bons moments ».

Gilles :  « A quoi pouvais-je m’attendre en m’inscrivant à ces 2 journées sur l’Allier ? un peu d’exercice physique ? se re-connecter à la nature ? retrouver les autres Atlassiens ? Tout cela je le
connaissais, cela fait quelques années que je pratique l’activité.
Bien sûr, comme toujours, il y avait un peu d’appréhension : une météo inconfortable, un
paquetage mal préparé, l’oubli du nécessaire, un imprévu qui nous précipite à l’eau…
Finalement, comme toujours, on en revient avec des sensations, des impressions, des images,
des souvenirs. Rassurés sur nos capacités, contents d’avoir constaté qu’il existe encore une vie
sauvage toute proche de nous, avec le sentiment d’avoir vécu une parenthèse extra-ordinaire.
Et surtout, le partage de tout cela, avec un un co-équipier, un groupe… Avoir appris, encore et
toujours, un peu plus, simplement à vivre avec les autres ».

Bivouac au calme sur une île.
Chargement des bateaux le deuxième jour

Météo : le vent a été orienté à l’Ouest et s’est maintenu pendant les deux jours. A l’abri de la végétation, le bivouac a bénéficié d’une température clémente qui a permis de nous rassembler pour le dîner et d’échanger sur plusieurs thèmes.
Niveau d’eau : pour mémoire, j’ai relevé les débits suivants :
mercredi 24 mai, à Limons à 10h00 : 74,1 m³/s
jeudi 25 mai à St Yorre à 14h00 : 93 m³/s

Observation des guêpiers d’Europe

Classement : facile mais cela reste de l’aventure.
Conditions de navigation : bonne avec une rivière qui a utilisé toute la largeur de son lit dès le départ masquant les difficultés.

Kilométrage parcouru : 48 approximativement. Les données ont été fournies par une montre GPS de marque Garmin. Vitesse moyenne de progression sur les 2 jours : 8,0 km/h (environ)

Matériel mis à disposition par l’association :

  • 3 canoës canadien de marque Venture modèle prospector 17
  • 1 canoë canadien Nova Craft prospector 17
  • équipement complémentaire pour les canoës (4 pompes, 4 écopes, éponges, 4 cordes de 15 mètres, des mousquetons, 2 chariots)
  • pour les bagages, chaque participant avait à sa disposition un container de 60 litres et par bateau un autre de 30 litres plus un sac étanche de marque Zulupack.
  • pour le couchage individuel souhaité 2 tentes Hardwear Montain, 2 tentes Jamet Goretex sans double toit (quatre participants avaient leur tente personnelle)
  • 2 tapis de sol complémentaires Space Blanket (orange)
  • équipement pour les participants (8 gilets d’aide à la flottabilité, 8 pagaies et 1 de secours)
  • pour le transport des bateaux et containers : une remorque routière équipée de l’adaptation « canoë »
Déchargement du matériel à Vichy

Eau : chaque bateau avait à sa disposition une bonbonne de 5 litres d’eau.
Nourriture : prévue au départ par chaque participant et disposée dans les containers mis à disposition
Accident : néant
Temps de préparation : 10 heures (découpage des journées de l’itinéraire, montage de la remorque, rassemblement et vérification du matériel, achat des bonbonnes d’eau, informations aux participants par mail et téléphone, compte rendu etc…)
Organisation générale : transport: à l’aide de deux véhicules en co-voiturage, Santiago (Peugeot 206) et Michel J (Renault kangoo) tractant la remorque nous sous sommes rendus à Joze, lieu de la mise à l’eau. Le déplacement routier s’est fait en 0h30 environ.
Anne-Marie et Marie sont venues, le 25 récupérer le véhicule Kangoo et la remorque pour les acheminer à l’arrivée. Un grand merci à elles pour leur disponibilité !
Kilométrage général effectué par les véhicules : 100 km (Anne-Marie) ; 50 km (Santiago) ; 145 km (Michel J) soit un total de 295 km.
Hébergement : le bivouac en milieu naturel a été calme et reposant bercé par les chants des grillons et des grenouilles.

Pendant le trajet, nous avons collecté un gros sac de déchets plastique et verre qui ont été triés et déposés dans les containers ad-hoc à Clermont.

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