Séjour 16 du 17 au 24/06/2023. Randonnées au Pays Basque

Secteur géographique : Pays Basque, Pyrénées Atlantique
Cartes utilisées :1245 OT et 1345 OT
Animatrice : Mady
Nombre de participants : 12 animatrice comprise (10F, 2H)
Classement Atlas du séjour : (F/M).
Kilométrage pour 3 voitures : 4275 km comprenant, l’aller Clermont Fd / Cambo les Bains, les déplacements sur place et le retour Cambo les Bains /Clermont-Fd.
Météo : temps chaud et orageux
Les données kilométriques et altimétriques des randonnées sont le résultat du calcul du logiciel de cartographie openrunner. Les informations données par d’autres applications utilisées par certains participants au cours des randonnées étaient souvent plus importantes.
Temps de préparation et rédaction : 50 h 00.

JOUR 1 samedi 17 juin
Trajet voitures : départ de Clermont Ferrand à 7 h 00. Arrivée à Cambo les Bains à 15 h 00.
Nous avons rendez vous à 15 h15 pour la visite guidée de la villa Arnaga, maison de Edmond Rostand.

Villa Arnaga et son parc

Venu à Cambo-les-Bains à l’automne 1900 en convalescence suite à une maladie pulmonaire, Edmond Rostand séduit par le lieu et lassé de la vie parisienne après les immenses succès de Cyrano de Bergerac et de l’Aiglon, veut s’y établir définitivement et fait construire la maison de ses rêves. Cette demeure qu’il a imaginée et conçue dans ses moindres détails est entourée de jardins sur plus de 15 hectares. A l’est un jardin à la française, avec parterres de fleurs annuelles, miroir d’eau, pelouse, pergola. A l’ouest, une vaste prairie arborée transformée après la vente du domaine en jardin à l’anglaise où fleurs et arbres se relaient pour fleurir tout au long de l’année. La maison de style traditionnel basque est à l’intérieur un véritable décor de théâtre avec au rez de chaussée, les pièces destinées aux réceptions qui se distinguent par leurs décorations raffinées et leur volume imposant. Dans la bibliothèque est exposé le César reçu par Gérard Depardieu pour son interprétation dans Cyrano de Bergerac.
L’office et la cuisine disposent de la modernité du début du 20ème siècle: eau chaude, électricité. L’office est décoré d’une frise de poules, qui évoque la pièce Chantecler d’Edmond Rostand. La cuisine elle, est ornée d’une frise, de chats jouant.
Vendu en 1927 après la mort de Jean Rostand, le domaine classé « monument historique » est aujourd’hui propriété de la ville de Cambo-les-Bains qui en a fait le musée Edmond Rostand.

Arrivée au village de vacances à 17h45 après la visite. Installation, pot d’arrivée à 18h. Un petit orage en début de soirée puis le ciel se dégage laissant découvrir les sommets environnants dont le Mont Ursuya et l’Artzamendi.
Une météo plutôt orageuse étant annoncée pour la semaine, les choix des randonnées seront faits chaque soir en fonction des conditions météorologiques annoncées pour le lendemain.
Les prévisions du dimanche étant assez optimistes, je décide de débuter la semaine par l’ascension de la Rhune car ce ne sera peut être plus possible en cours de semaine.

JOUR 2 dimanche 18 juin. La Rhune. Distance : 18 km. Dénivelé : 980 m. Durée : 7 h 00.
Itinéraire : Sare, GR10 jusqu’au col des 3 Fontaines, Urkilako Lepoa, la Rhune, descente au PC 574, contournement de l’Altsanga par l’ouest, passage entre Altsanga et le camp retranché de Mouiz, traversée de la voie du train touristique, descente est nord est sur Sare.
Avec ses 905 m d’altitude, la Rhune, un des sommets emblématiques du Pays Basque à la fois français et espagnol, à cheval entre le Labourd et la Basse Navarre, est un site très touristique mais qui conserve encore par endroits un côté sauvage. Plusieurs parcours sont possibles pour y monter. Mon choix s’est porté pour un départ du village de Sare pour avoir le plaisir de faire découvrir ce beau village qui est un des plus pittoresques du Labourd. Le temps couvert le matin se dégage progressivement et laisse espérer une belle journée de randonnée. Les voitures garées à côté du cimetière, on emprunte le GR8 qui passe tout à côté et qui nous amène jusqu’au centre du village par un beau chemin pavé. Sur la place certains repèrent immédiatement pour le retour les annonces de gâteaux basques. Nous traversons plein sud le village avant de bifurquer à l’ouest pour traverser la D 406 et rejoindre un peu plus haut le GR10.

Sur le GR10 en direction de la Rhune…

A partir de là, la montée commence, avec tantôt des pentes assez raides, tantôt des pentes plus douces, au début bien ombragée puis ensuite à découvert. Il fait chaud, et un pottok (petit cheval typique basque qui vit dans la montagne) reste bien à l’ombre d’un arbre isolé. Sur notre droite l’Altsanga (624 m). On devine sur son flanc, la voie du petit train touristique (train à crémaillère) qui amène sans fatigue de nombreux promeneurs au sommet.

Train à crémaillère sur le flanc de l’Altsanga

A gauche les autres points hauts commencent aussi à se montrer mais la Rhune est encore invisible. Il faut monter encore un peu et laisser les nuages s’évaporer pour enfin l’apercevoir, bien reconnaissable comme notre Puy de Dôme, à son antenne. Notre montée est ponctuée par les klaxons du petit train dont on se rapproche de plus en plus. Au col des Trois Fontaines on est au même niveau et on le voit passer avec de nombreux passagers à son bord.

Un petit moment de pause à l’ombre des arbres avant de partir à gauche sur une sente qui monte en transversal vers le col Urkilako.


En direction du col Urkilako

Personne d’autre que nous sur ce parcours, tous les autres randonneurs empruntant une voie plus directe que nous prendrons au retour. On passe sous des barres rocheuses et arrivons au col. Derrière, c’est l’Espagne avec une vallée profonde bien herbeuse. Mais ce n’est pas notre destination et il reste encore quelques mètres de dénivelé à effectuer entre les rochers. Sur quelques passages, les mains sont nécessaires pour se hisser et pour arriver finalement sur une croupe herbeuse où les bornes frontières délimitent les territoires. Nous apercevons nos premiers vautours fauves et pouvons prendre le temps d’admirer leur vol majestueux. Un dernier effort pour gagner de grands rochers plats où nous nous installons pour le pique nique. Le sommet de la Rhune est tout proche, bien dégagé, alors qu’une mer de nuages s’étend en dessous côté français et nous cache malheureusement les magnifiques panoramas sur la Côte Basque.

Le groupe au sommet de la Rhune

Après le pique nique quelques photos d’un troupeau de pottoks que rien ne semble perturber et du groupe près du monument dédié à l’impératrice Eugénie de Montijo épouse de Napoléon III. Cet obélisque de 5m de haut surmonté d’un aigle de bronze remplacé par un aigle en pierre en 1992 fut élevé par la commune d’Ascain en souvenir de l’ascension effectuée par l’impératrice en 1859. Nous finissons d’arriver au sommet, matérialisé par une plateforme de ciment et plusieurs tables d’orientation. Mais les nuages nous cachent une grande partie des paysages nommés, seul le col d’Ibardin est visible. Près de la gare du train, nous commençons la descente par une sente en lacets, pas très confortable. Rochers, pierres roulent sous les semelles, il faut être attentifs et avoir fait près de 300 m de dénivelé négatif pour retrouver un chemin plus facile. Au point côté 574 nous retrouvons le GR10 qui part à l’ouest. Nous au contraire, prenons vers l’Est en direction des Trois Fontaines. Changement complet de terrain, pas étonnant avec le nom du lieu, de chaque côté du sentier, beaucoup d’humidité et des tourbières où la Drosera est annoncée présente. Nous n’allons pas jusqu’au col où nous sommes passés le matin et prenons la direction nord pour contourner l’Altsanga par l’ouest. La carte indique la présence de cromlechs sur le sommet mais nous ne ferons pas l’effort de monter pour en vérifier la présence. Notre quota de dénivelé est atteint ! Étant descendus en altitude, nous traversons la couche nuageuse que nous apercevions du sommet. La brume nous entoure. Nous traversons la voie du train touristique pour prendre une sente herbeuse qui va nous permettre de redescendre à Sare. Peu après, plusieurs traces se présentent ! D’après la carte il faut suivre celle de droite ce que je fais. Mauvais choix ! Elle se perd mais un peu de hors piste au milieu des pâtures, des genets et des fougères et nous retrouvons le bon cheminement. Le ciel est à nouveau dégagé et nous pouvons apercevoir Sare au milieu d’un écrin de verdure. Épaulements après épaulements bien ensoleillés, nous descendons vers le village pour finir par un chemin bien ombragé. La devise du village étant « Saran astia » qui signifie « à Sare on a le temps » à l’arrivée sur la place, on prend le temps. Une terrasse accueillante, un bon rafraîchissement et la dégustation du premier gâteau basque sonne la fin de cette 1ère randonnée. Sur la route de retour nous nous arrêtons pour visiter Espelette célèbre dans le monde entier pour son piment.

Façade de maison à Espelette

JOUR 3 lundi 19 juin. Le Xoldoko Gaina. Distance : 17,63 km. Dénivelé : 652 m. Durée : 6 h 30.
Itinéraire : Parking Le Filtre, Mont du Calvaire, jonction GR 10 sous le Xoldoko Gaina, chemin contournant par l’ouest le Xoldoko Gaina, Pittare ou col des Poiriers, Mandaale, col d’Ibardin, directions sud, nord, ouest pour arriver au lac du Xoldoko, contournement du lac par l’ouest, parking.
Avec la météo annoncée, choix de faire le Xoldoko Gaina pour avoir des vues sur la côte.
L’arrivée en voitures jusqu’au parking de départ n’est pas facile, avec de très fortes pentes sur les dernières petites routes. Du point de stationnement on découvre en effet un bout de la côte de St jean de Luz même si le ciel est un peu nuageux. On espère que du sommet du Xoldoko la vue sera plus nette et plus étendue.
Devant nous, un paysage de sommets arrondis recouverts de bruyère dont le 1er objectif de la journée, le Mont du Calvaire. Nous commençons par une sente en courbe de niveau au milieu des bruyères qui, par endroits, forment de chaque côté de véritables murs. Un avantage, on est protégé du vent qui aujourd’hui souffle en rafales. La sente contourne tout le vallon et aboutit à un grand chemin. Nous sommes au pied du Mont du Calvaire. Une petite montée et nous voici au sommet sur lequel un calvaire, une chapelle et un ermitage étaient présents avant la révolution. Des fouilles effectuées à partir de 1969 ont mis au jour le sol de la chapelle ainsi que les parties inférieures des murs et de l’autel. Au vu de cette découverte, une chapelle au sud de l’emplacement originel de l’ermitage et un nouveau calvaire ont été réédifiés.

Mont du Calvaire

La vue attendue est bien là, Hendaye et la baie de Chingoudy, la côte espagnole et le Jaizquibel, la baie de St Jean de Luz. Entouré par les pottoks le lieu est plein de charme mais les fortes rafales de vent nous poussent à abréger ce moment de contemplation.
C’est par le chemin des contrebandiers parsemés des fleurs tombées des châtaigniers secoués par le vent que nous continuons pour effectuer une jonction avec le GR10 venant de Biriatou et qui monte au Xoldoko Gaina.
Mais lorsque nous l’atteignons, mauvaise surprise, le GR est fermé et une déviation est mise en place pour aller au col des Poiriers (ou Pittare) sans passer ni par le Rocher des Perdrix ni par le sommet. Ce large chemin contourne par l’ouest et monte régulièrement à l’ombre des arbres d’abord au col d’Osingo puis au Pittare. Nous rencontrons sur cette déviation plusieurs grands randonneurs, respectueux de l’interdiction. Au Pittare, le Xoldoko est derrière nous et domine le col. Nous apercevons à son pied le lac éponyme.


Sommet du Xoldoko avec son lac et la côte atlantique

A ce point nous retrouvons le tracé initial de la randonnée. Il est midi et je propose de pique niquer à cet endroit mais compte tenu du profil du GR que l’on voit devant nous, le choix est fait de poursuivre pour ne s’arrêter qu’une fois le dénivelé avalé. Nous sommes à découvert sur un épaulement au milieu d’estives avec pottoks et moutons et les fortes rafales de vent nous déstabilisent. La plus grande partie de la côte étant faite, nous nous arrêtons pour le pique nique, légèrement en contrebas et à l’abri de rochers avec une vue magnifique, le Xoldoko en face, le lac en dessous et la côte au loin.
Après cette pause, le chemin continue sur une courbe de niveau et nous offre jusqu’à Maddale la même vue. Avant de commencer la descente sur le col d’Ibardin, on prend le temps de s’approcher des grottes signalées. L’une d’entre elles est bien visible et accessible, l’autre découverte par Pierre est derrière un grillage, noyée dans la végétation.

Grotte dissimulée dans la végétation…

Au col, d’où nous apercevons la Rhune, 2 jeunes randonneurs qui nous ont dépassés dans la montée au Pittare, cherchent à poursuivre sur le GR10 pour aller à Olhette mais leur petit schéma n’est pas suffisamment précis semble-t-il ! Je les renseigne car nous nous abandonnons le GR 10 et surtout les ventas du col pour commencer le retour vers notre lieu de parking, par un petit chemin qui descend plein nord dans les bois, avec sur notre droite l’Ibardingo Erreka (ruisseau). Nous le suivons jusqu’à la jonction avec un autre petit ruisseau qui coule d’Ouest en Est puis reprenons la direction Sud, remontant jusqu’à retrouver un large chemin qui nous amène au lac du Xoldoko Gaina appelé aussi lac d’Ibardin, d’une superficie de 11 hectares. C’est en 1928 qu’une société parisienne se lia avec la commune d’Urrugne pour construire un barrage et des canalisations, permettant de distribuer l’eau à Urrugne, Hendaye et Saint Jean de Luz. La capacité du réservoir a été augmentée avec la construction d’un nouveau barrage en 1992.
Au pied de plusieurs monts, le Xoldoko, l’Oneaga et le Munhoa, le barrage retient les eaux de l’Arrolako Erreka. Ce lieu, facilement accessible depuis le col d’Ibardin, entouré de forêts aux arbres centenaires, est particulièrement prisé par les Basques pour des randonnées familiales, des chemins permettant d’en faire le tour. C’est un d’entre eux que nous prenons, côté Xoldoko, passant à côté du barrage. Le chemin en sous bois est très agréable, et nous rencontrons un peu plus loin un habitant du coin qui serpette à la main nous dit l’entretenir régulièrement. Nous arrivons un peu en dessous du parking. Un petit bout de route puis une coupante bien raide pour éviter quelques virages, à nouveau quelques mètres sur la route bien pentue et c’est l’arrivée aux voitures.

JOUR 4 mardi 20 juin. Le Mont Erebi. Distance : 15 km. Dénivelé : 750 m. Durée : 5 h 30.
Itinéraire : Ainhoa, Mont Erebi, col des 3 Croix, Gainekoborda, Zuharretako Lepoa, Mont Bizkailuze, Gorospil Lepo, Haizagerri, PC 100 après la passerelle.
Aujourd’hui nous allons faire le Mont Erebi et une randonnée plus ou moins longue selon la météo. Dans la nuit nous avons eu un orage, mais lorsque nous partons de Cambo le ciel commence à se dégager. Par contre, à Ainhoa notre point de départ un peu plus haut en altitude, le ciel est encore bien couvert. Situé entre la vallée de la Nive et la frontière navarraise, Ainhoa a été pensé à partir du XIIè siècle comme un  lieu d’accueil, d’hébergement et de ravitaillement pour les pèlerins du chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Il est devenu au fil du temps un lieu d’étape incontournable. Le village a alors été construit sous la forme d’une bastide avec une rue unique. Cette rue principale est une large route bordée de maisons à colombages de style labourdin du XVIIème siècle et de demeures du XVIIIème siècle. La place principale s’organise autour du fronton accolé à l’église. La conservation de ces belles bâtisses et le cadre de vie ont valu à Ainhoa d’être classé parmi les Plus Beaux Villages de France. Nous commençons par la visite de l’église. Pour y accéder il faut pénétrer d’abord dans le cimetière qui l’entoure, cimetière où monuments funéraires classiques se mêlent aux sépultures traditionnelles basques, stèles discoïdales et tabulaires ornées de symboles et de motifs géométriques riches en représentations.
Bâtie au XIIIe siècle, l’église est typique des églises labourdines ne comportant qu’une nef, sans bas-côtés. D’aspect massif avec des meurtrières, elle servait de refuge en cas de guerre. Sa tour-porche à base carrée du XVIIe siècle comprend quatre étages ; elle est surmontée d’un clocher octogonal datant de 1823 avec une flèche en ardoises.

Eglise d’Ainhoa et son cimetière sous le soleil…

L’intérieur est caractérisé par ses deux étages de galeries (datées de 1649 et réservées aux hommes avant les années 1970), son remarquable retable de bois doré et son décor peint en rouge, les niches étant peintes en bleu.

Un appui sur un bouton permet la diffusion de chants basques que nous prenons le temps d’écouter avant de partir en direction de la Chapelle de L’Aubépine. On raconte que la Vierge Marie serait apparue à un jeune berger à cet endroit dans un buisson d’aubépine en feu. Le jeune berger serait alors retourné au village en criant « Aranza zu » : en français « vous dans un buisson d’Aubépine »
Située au-dessus du village, sur le mont Atsulai à 389 m, on y accède par un chemin de croix, très pentu, que suit également le GR10. Lacets après lacets on s’élève au-dessus du village dans une brume qui nous cache une fois encore la vue sur les montagnes environnantes dont la Rhune. On peut quand même dans un virage, apercevoir le village d’où nous sommes partis. Au fur et à mesure de la montée, la brume s’épaissit mais nous arrivons à distinguer sur une barre rocheuse les silhouettes de plusieurs vautours qui attendent de meilleures conditions pour prendre leur envol. Au niveau de la chapelle, un paysage de légendes émerge du brouillard avec les nombreuses stèles discoïdales posées devant 3 grandes croix portant le Christ crucifié.

Le point haut suivant est le Mont Erebi (583m). On abandonne le GR 10 qui le contourne pour une sente qui monte entre les fougères. En arrière du groupe pour attendre Véronique, je distingue avec peine sur des rochers au-dessus les silhouettes des premiers. On a l’impression d’être arrivés au sommet mais pas tout à fait. Encore quelques mètres pour l’ atteindre. Tout en herbe, très arrondi, il est finalement moins marquant que le 1er point haut atteint précédemment. La brume commence à se dégager lorsque nous commençons la descente sur le col des 3 croix pour finalement disparaître totalement. Au col non pas 3 croix mais 1 seule, un troupeau de moutons, des pottoks et 2 randonneurs en pause.

A ce niveau, il faut décider de la longueur de la randonnée. On peut prendre un sentier à droite qui descend très rapidement dans la vallée ou continuer sur le GR 10 pour faire une boucle plus grande. Avec le soleil revenu tout le monde est d’accord pour la 2ème option. Le chemin en balcon domine une vallée très profonde où quelques fermes parsèment de blanc et de rouge le vert de la végétation. Nous arrivons tranquillement à Gainekoborda puis remontons sur Zuharretako lepoa. Une stèle attire l’attention de quelques-unes. Entourée de 3 beaux hêtres, elle a été érigée en mémoire de 3 migrants morts à cet endroit. Après le pique nique pris au col, nous quittons le GR10 pour aller sur la crête du Mont Bizkailuze, où là encore moutons et pottoks se partagent le territoire.

Crête du Mont Bizkailuze,

Beau panorama : derrière le col, le Pic d’Ouretzi et le pic du Mondarrain, sur notre gauche l’Artzamendi et ses antennes et en face l’Espagne. Le tout nous y compris survolés par les vautours. On ne s’en lasse pas. Descente au col du Gorospil, qui est à la frontière pour repartir ensuite plein nord. Passage sous le Gorospil, un peu de recherches pour trouver la sente cachée par la végétation et nous voici sur une autre petite crête l’Haizagerri orientée est, ouest. Arrivés au bout de celle-ci, on entend au loin côté espagnol le tonnerre. Bien que le ciel ne soit pas trop menaçant côté français, j’accélère un peu l’allure. Nous sommes à une altitude plus basse et moins exposée quand quelques gouttes de pluie tombent. On enfile capes ou vestes, mais ça ne dure pas. Passé un ruisseau, alors que nous marchons sur une petite route, le ciel devient tout à coup complètement sombre. D’abord à nouveau de la pluie, puis de la petite grêle qui se transforme en grêlons. Nous essayons de nous recroqueviller sous nos sacs à dos pour nous protéger des impacts mais ce n’est pas suffisant. Les aie, ouille retentissent ! Une voiture arrive, au ralenti, feux allumés et klaxonne. La portière s’ouvre pour nous permettre de monter. Pierre et Gérard, restés un peu en arrière du groupe pour mettre leurs vêtements de pluie, sont déjà dedans. A intervalles plus ou moins réguliers, nous nous entassons sur les sièges, dans le coffre pour attendre la fin de l’orage. Le calme revenu, la route et la voiture sont recouvertes de grêlons et de feuilles hachées. Le retour sur Ainhoa tout proche, s’effectue en voiture sauf pour Pierre et Corinne qui préfèrent finir de descendre à pied. Le village a lui aussi été touché par l’orage, peut être un peu moins violemment, mais suffisamment pour laisser des impacts sur les voitures. Le soir, chacun montre ou pas les conséquences sur son corps des impacts de grêlons.

A l’arrivée à Clermont, un saint Nectaire et une bouteille de vin d’Auvergne ont été envoyés au conducteur de la voiture pour le remercier de son aide.
Pour laisser le temps à tous de se remettre de ces émotions, je propose pour le lendemain, la visite des grottes de Sare et une randonnée côtière.

JOUR 5 mercredi 21 juin. La visite de la grotte de Sare devait être couplée avec une randonnée sur l’Atxuria montagne qui la surplombe. Mais compte tenu de l’orage de la veille et du temps encore menaçant, ce sera une randonnée côtière de Bidart à St Jean de Luz.

Le matin : les grottes de Sare
Outre la grotte, le site intègre aussi un parc mégalithique reproduisant différents monuments et rites funéraires. Étant en avance pour la visite, nous commençons par la découverte de cet espace qui offre une reconstitution des différents monuments érigés par l’homme durant la période appelée Protohistoire (2800 av JC jusqu’à l’âge des métaux). Deux grandes modalités funéraires vont se succéder. L’inhumation : le corps est déposé dans un monument mégalithique, dolmen ou coffre dolménique aux dimensions plus modestes, érigés en plaine ou sur des replats à flanc de montagne à des altitudes modestes (300 à 400 m).
La crémation : quelques restes calcinés du corps sont prélevés et déposés au centre de structures. Trois variantes sont connues, le tumulus entouré d’un cercle de pierre (Baratze-tumulaire ou tumulus-cromlech), le tumulus simple, le cercle de pierre dit Baratze ou cromlech. On les rencontre à des altitudes supérieures à celles des monuments précédents (1000m, 1500m) dans les pâturages d’estive (cols / lignes de crêtes).
La Grotte. L’ immense massif calcaire présent sur Sare et ses environs regorge de très nombreuses cavités. Une d’entre elles, la seule qui se visite, s’appelle Lezea ou grotte de Sare. A 220m d’altitude, elle s’étend sur trois étages superposés. Son porche d’entrée, haut de 18m, répertorié parmi les plus grands d’Aquitaine, précède un réseau de galeries et de vastes salles dont la formation atypique résulte d’une lente infiltration des eaux de pluie, une terre argileuse recouvrant le calcaire.

Cette grotte qui a servi d’habitat aux hommes préhistoriques, a également été utilisée il y a plus de 10 000 ans, comme lieu d’hibernation par les ours des cavernes. Aujourd’hui, ce sont les chauves-souris qui sont installées au sein de la cavité.
Même si des campagnes de fouilles ont permis de mettre à jour des vestiges antiques exposés au musée du site, burins, pointes de flèches, racloirs, haches de bronze et un trésor monétaire romain, l’utilisation de la grotte à des fins multiples par les agriculteurs (extraction des excréments de chauves-souris pour fertiliser les champs), ou l’utilisation du site comme dispensaire pendant les guerres carlistes, et son premier aménagement touristique avec la création d’un lac artificiel ont eu comme conséquence la disparition d’un certain nombre d’entre eux.
Mais la richesse préhistorique et mythologique des grottes de Sare a surtout été révélée grâce au travail de José Miguel de Barandiaran, célèbre anthropologue basque espagnol réfugié à Sare durant 15 ans pendant la guerre civile qui déchira l’Espagne.
Le circuit proposé scénarisé et rythmé par un éclairage dynamique permet de combiner préservation et conservation du site, tout en permettant au visiteur d’en découvrir les richesses. 

L’après midi : sentier côtier à partir de Bidart. Distance : 12 km. Dénivelé : 226 m. Durée : 4 h 00.
Départ du parking de la plage Erretegia pour aller à St-Jean-de-Luz.. Mais il est déjà 14 h 00 lorsque nous arrivons à Bidart et dès le départ j’émets le doute de pouvoir y arriver. Chaussures de rando enfilées nous partons en direction de la Chapelle Ste Madeleine où nous faisons la pause pique nique, installés sur des bancs avec vue sur l’océan.

A 16 h 00 passées, après passages sur des plages, des sentes ou par de petites rues, nous arrivons à Guéthary avec seulement un tiers du parcours effectué. Il nous sera difficile de le terminer dans les temps. Je propose au groupe de prendre le bus, qui nous ramènera au parking, à un arrêt qui se situe un peu plus haut. C’est d’un bon pas que nous remontons pour ne pas rater celui de 16 h 59. Nous voyant guetter son arrivée, une jeune fille qui l’attend également nous dit qu’il est depuis quelques semaines régulièrement en retard, quelquefois de près d’une heure. Après concertation, nous décidons de rejoindre à pied nos voitures où nous arrivons à 18 h 00.

JOUR 6 jeudi 22 juin. Le mont Ursuya. Distance : 14 km. Dénivelé : 700 m. Durée : 6 h 30.
Itinéraire : Urcuray, vallon Harrichouri, col Iramalda, contournement du Mokorreta, PC 435, PC 582, sommet, PC438, PC 342, PC 294, Gillamuren Borda, PC 150, Urcuray.
Une pluie fine tombant ce matin au réveil, je retarde le départ à 9 h 00.
Situé à l’est et à peu de kilomètres de Cambo, Ursuya la Montagne de l’eau est un petit sommet aux formes arrondies qui culmine à 681 m d’altitude.
Nous partons du parking situé derrière l’église d’Urcuray sous un ciel très couvert. Un petit bout de route sous les chênes et les châtaigniers le long d’un torrent qui coule fort suite aux orages des jours précédents, puis nous traversons une pâture un peu humide et nous engageons dans une partie boisée du vallon Harrichouri. On suit le ruisseau et le traversons à plusieurs reprises sur des passerelles. De petites cascades et des bassins agrémentent la montée. Le sentier sort progressivement du bois, débouche dans une fougeraie, et on finit la remontée de la vallée en passant plusieurs fois sous la ligne à haute tension jusqu’au col d’Iramalda. Plusieurs chemins partent direction nord. Nous, nous continuons à l’est en direction du Mokorreta avec une montée régulière. Une pluie fine recommence à tomber et nous enfilons capes ou vestes. A une intersection nouveau changement de direction (plein sud), pour contourner le Mokorreta, avec au début un beau chemin descendant qui aboutit à une route. Sur la carte une sente repart au nord derrière la maison présente. Un peu difficile à repérer derrière l’enclos de chevaux qui la jouxte ! On passe les barbelés et on poursuit dans un petit bois. Mais la trace s’arrête vers un captage d’eau. En remontant plus au nord on la retrouve. Encore des barbelés à franchir et nous voici à nouveau sur le large chemin quitté précédemment. Peu après on le laisse à nouveau pour des sentes herbeuses au milieu des fougères qui vont nous permettent de rejoindre à nouveau un grand chemin. Une dernière montée et c’est le sommet complètement dans les nuages.

Sommet de l’Ursuya

Il ne pleut plus mais le vent souffle très fort, et après une photo du groupe devant le cairn qui le matérialise, on ne s’attarde pas et descendons plein nord. Nous profitons d’un petit espace aménagé avec une table et des bancs en béton au milieu de fougères pour prendre le pique nique. Les nuages commencent à se dissiper et nous commençons la descente sur un chemin en zig zag sous les habituels vols de vautours. Sous le ciel dégagé, nous pouvons mieux distinguer et apprécier les grands mouvements des espaces bien verts que nous avons traversés ce matin. Passé Gillamuren Borda nous retrouvons le début du parcours sur la route pour le retour au village. Il est encore tôt et nous finissons l’après midi sous un chaud soleil en visitant Cambo les Bains, puis le musée du chocolat. Spécialité du Pays Basque, le chocolat a été amené à Bayonne par les Juifs chassés d’Espagne et du Portugal par l’Inquisition. Dès le XVIIIè siècle, la ville devient la cité du chocolat en France et sa fabrication essaime dans les petits villages alentour. Ainsi Jean Fagalde installé à Cambo en 1787, devient le premier industriel du chocolat local. Participant à l’exposition universelle de 1855, la maison Fagalde décroche le titre de « Fournisseur de Sa Majesté l’Empereur des Français » à savoir Napoléon III.
Pour demain, le beau temps annoncé, permet de faire le Pic d’Iparla (1049m).

JOUR 7 vendredi 23 juin. Le pic d’Iparla. Distance : 14 km. Dénivelé : 1000 m. Durée : 6 h 45.
Itinéraire : Bidarray, col de Lacho, Iparlako Lepoa, pic d’Iparla (1049 m), Iparlako Lepoa, descente sur Bidarray par le GR10.
Nous ne partons qu’à neuf faire cette dernière journée de randonnée. Trois participantes ont déclaré forfait, manque de condition physique pour l’une et petits problèmes physiques pour les 2 autres.
Bidarray, notre point de départ se situe sur un promontoire, qui domine la vallée de la Nive.

Nous commençons par emprunter le GR 10 en direction du col des Veaux, puis l’abandonnons très rapidement pour prendre la direction du col de Lacho. Le chemin très pentu au début devient un chemin en balcon bordé de fougères et de quelques arbres qui apportent un peu d’ombre et de fraîcheur.


Vue sur le chemin en balcon emprunté…

Il monte progressivement en contournant à droite un profond vallon très boisé. La Nive coule au fond. En face, beau point de vue sur l’ Artzamendi qui se voit facilement avec ses 904 m. A droite, la crête de l’Harribandi. Quelques bergeries. Il est 11 heures lorsque nous arrivons au col. A partir de là nous prenons une trace herbeuse qui monte à travers les estives. Au niveau de plusieurs bergeries abandonnées, on distingue bien à gauche la crête sur laquelle passent de nombreuses silhouettes de randonneurs qui suivent le GR10.

Crête où passe le GR10

Dans notre petit vallon, nous sommes, à part les moutons, seuls pour l’instant. Le groupe s’étire un peu sur les dernières pentes mais se reforme sur le GR. Le cheminement jusqu’au col, sans difficulté, est toutefois moins confortable que les sentes empruntées jusqu’alors. Plus de monde aussi, certains comme nous montent encore alors que d’autres sont déjà sur le retour. Le col est marqué par une croix et côté Est, une sente arrive dans la brèche. Un autre parcours pour faire Iparla. Puis c’est la montée finale dans un passage rocheux et enfin la crête herbeuse jusqu’au sommet. Mais encore une fois, pas de chance, le ciel s’est à nouveau couvert et nous n’avons pas la vue espérée !

Le pique nique pris un peu contrebas à l’abri du vent, nous repartons en direction du col. Les vautours s’amusent au dessus de nos têtes mais difficile de les photographier. Ils sont soit trop hauts, soit trop rapides lorsqu’ils nous survolent plus bas. On admire l’agilité des moutons qui semblent se jeter dans le vide dans les échancrures de la crête. Après le col, pour le retour à Bidarray, nous restons sur le GR10. En 4 kilomètres nous allons faire près de 900 m de dénivelé négatif ce qui représente un pourcentage de pente assez élevé. Après des pelouses bien confortables, le terrain devient plus rocheux et on arrive à un passage équipé de câbles qui permettent de franchir en toute sécurité cette partie avec un versant sur la vallée un peu plus abrupt.

Bien calée derrière Pierre qui la conseille, Elisabeth qui avait exprimé quelques craintes le matin, passe sans difficultés. Le mont Ursuya fait la veille, le Baigoura et l’Artzamendi s’affichent en toile de fond. Une pause à la jonction avec une PR qui arrive du col de Lacho pour se désaltérer et attendre les derniers, avant de terminer la descente. Juste avant une ferme, le tracé du GR semble avoir été modifié pour partir à gauche. Mais cette modification ne paraissant pas « officielle » et des marques rouges et blanches subsistant sur le tracé d’origine, nous restons sur celui-ci. Petite route et c’est l’arrivée sur la place près du fronton où les voitures sont garées.

Vue sur Iparla depuis Bidarray

Nous clôturons cette belle journée au bar bien ombragé prés de l’église en dégustant un gâteau basque aux vraies cerises acheté à la pâtisserie du village. Un régal !
A Cambo nous retrouvons nos 3 copines qui ne sont pas restées inactives : le matin visite du marché de Cambo et l’après midi retour à Espelette avec sa rue bordée de boutiques d’artisanat local.
Merci à Pierre, Monique et Gérard pour leurs photos qui ont complété les miennes.
Terrain : chemins, sentiers, sentes, herbeux, en terre, avec rochers.
Végétation : chênes, hêtres, châtaigniers, houx, fougères, estives.
Hébergement : très confortable en pension complète au village de vacances Miléade de Cambo les Bains.
Restauration : repas du soir de très bonne qualité. Petits déjeuners très complets. Les pique-niques avec salade ont été appréciés.
Groupe : très bonne ambiance.
Incidents : orage de grêlons le mardi en milieu d’après-midi sur la fin de la randonnée. Bleus, bosses, sur les mains, bras, têtes et capots des voitures avec quelques impacts.

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Séjour 15 du 03 au 13/06/23. Le GR 10 1er acte de Banyuls à Planès

Animateur : Thierry

Transport aller-retour :
en co-voiturage, 1 voiture / 3 personnes de Clermont-Ferrand à Villefranche de Conflent et 4 au retour
en autocar / 5 personnes de Clermont-Ferrand à Perpignan et 4 au retour – Santiago de Cahors à Perpignan à l’aller et de Toulouse à Cahors au retour
en train / 3 personnes de Villefranche à Perpignan et 9 personnes de Perpignan à Banyuls puis retour avec le Train Jaune pour 8 personnes de Planès à Perpignan et Santiago de Planès à La Tour de Carole puis vers Toulouse


Météo : généralement assez ensoleillée le matin, se couvrant dans l’après-midi, deux gros épisodes de pluie mais seulement deux heures de marche sous la pluie…. On n’a pas souffert de la chaleur !
Cartes : 2549 OT / 2449 OT /2349 ET / 2250 ET
Cumuls : KM= 172     D+ = 9930 m environ   D-= 9370 environ
Temps passé (préparation et compte-rendu) : 25 heures

Jour 1 : Banyuls au Col des Emigrants- 14,3 km –1350 m D+  – 265 m D-    9h25 de déplacement

Arrivée à Banyuls le samedi en transport multimodal (bus « vive le bus !! », trains, voiture), nous avons organisé une fin d’après-midi balnéaire. En effet, nous avons profité de la douceur de l’eau et de l’air pour nous détendre avant d’attaquer nos 9 jours de randonnée que j’ai pu qualifier à la fin du séjour de rude ! Premier bivouac au camping municipal de la Pinède, premiers automatismes : plantage de la tente, organisation et rangement du sac à dos, bruits divers et variés des uns et des autres 😊. Bref une entrée en douceur dans notre bulle rendue plus facile encore par le bon repas pris en bord de mer et servi par une aubergiste adorable.

Réveillés tôt le matin, nous quittons assez rapidement le camping, munis de nos 4 litres d’eau réglementaires, sous les encouragements d’une touriste. L’absence de ravitaillement en eau sur toute la zone des Albères est en effet ma préoccupation. Des sources jalonnent la première étape mais seront-elles en eau ? Vous le saurez à la fin de cette narration de « notre premier jour du reste du GR ».

Commencer une aventure qui se finira dans quatre ou cinq ans avec, je l’espère un gros noyau du groupe présent aujourd’hui dimanche est toujours émouvant. Cinq ans c’est long et quelles seront nos vies, notre santé, notre envie à cet horizon ? Je suis peut-être le seul à me poser ces questions au moment de fouler les premiers mètres du GR 10. Devant nous 922 km de marche et près de 55000 m de dénivelée positive. Finalement habitués aux efforts répétés, nos Atlassiens et moi-même allons marcher en ne pensant pas plus loin que la fin de la journée sans nous laisser effrayer par ces grands chiffres. Avancer au jour le jour, en s’alimentant et en dormant comme il faut, voila notre règle de vie à tous et je crois qu’on s’y est parfaitement tenu. Avec en prime, les rires et la bonne humeur.

Premiers pas donc dans les Albères au-dessus des vignes avec dans le dos la Grande Bleue que nous perdrons de vue le lendemain matin.

Les Albères

Sentiers de piémont ou pistes plus larges nous mènent de petit col en petit col – les Vynies, les Gascons, Vallauria – jusqu’à des points hauts bien connus des Catalans comme la tour de Madaloc. En fait, nous passons au pied de cette tour… Sur les sentiers ombragés empruntés jusque-là, nous trouvons deux sources bien alimentées qui nous donnent bon espoir pour la suite. Il pleut en effet régulièrement sur les PO depuis deux semaines et les risques d’extrême sécheresse semblent s’éloigner même si les Albères paraissent bien secs. Après 6 ou 7 km et près de 500 m avalés sans presque s’en rendre compte malgré le poids de nos sacs, nous parvenons au col de Formigo où nous faisons notre première pause déjeuner. L’ambiance est granitique et nous sommes entourés de genêts. Repas assez silencieux. Chacun se concentre sur l’après-midi qui vient avec ses difficultés. On les connait déjà suite aux quelques échanges avec les randonneurs qui en viennent… Ca commence dès la reprise, par des sentiers abrupts qui ne laissent guère l’occasion de reprendre son souffle. En fait la difficulté dure sur près de cinq km jusqu’au pic de Sailfort, petit mont à 981 m et à l’origine de ces premières difficultés. Le reste de l’après-midi est moins rude et nous marchons sur un petit plateau avec ses hauts et ces bas. Nous nous rapprochons du lieu du premier bivouac que j’ai imaginé au col des Emigrants. Nous laissons quelques autres petits cols en passant – col del Pal, col dels Terrers, col de la Maçana. Nous sommes prêts à vérifier la présence d’eau sur une source que j’ai repérée sur la carte à proximité de ce dernier col. Comme je le craignais, la Font de la Maçana pourtant bien indiquée par un panneau en bois est sèche de chez sèche. Aie. On ne se décourage pas car il y en a deux autres à proximité du bivouac… Le col des Emigrants à 1130 m est atteint sous un ciel menaçant… Très vite la brume tombe. Nous sommes entourés de vaches…

Il va falloir jongler avec les bouses pour poser nos tentes, première étape de l’installation. Seconde étape, la recherche d’eau. Deux sources sont visibles sur la carte, proches l’une de l’autre. Elles sont dans les bois en contrebas du col. J’ai pris l’azimut de la source proche du col des Trois Hêtres. Nous quadrillons l’endroit pendant plusieurs minutes à la recherche du précieux liquide mais sans succès… Nous remontons au bivouac en imaginant comment économiser l’eau qui nous reste. Pas de grande toilette réconfortante pour ce soir ! Heureusement on a ce qu’il faut pour préparer le dîner. Manger va nous réchauffer car la brume aidant, la température a bien baissé présageant une nuit fraiche. Après quelques lyophilisés (une découverte pour certaines) et autres douceurs, il est temps de s’endormir pour cette première nuit sur le GR.

On devine mille mètres plus bas les lumières de Banyuls si proche, si loin… Demain nous dormirons au Perthus.

Jour 2 : Col des Emigrants au Perthus – 20 km –425 m D+  – 1230 m D-    8h20 de déplacement

Petite journée en dénivelée aujourd’hui. Et dernier jour dans les Albères. Le soleil est revenu sur le col des Emigrants et nous voyons distinctement le paysage et ses belles ruminantes qui ne font pas attention à nous. Les cochons si ! Ils sont venus près des tentes et il a fallu que maître Patrice élève la voix pour les rappeler à l’ordre … du silence en bivouac. Nous sommes à la frontière espagnole. Le début du cheminement en forêt est bucolique. Le sentier est bien tracé et suit au plus près les courbes de niveau. A la sortie du bois, au col de l’Estaca, nous voyons notre première borne frontalière gravée sur le rocher directement.

Il y en a 602 depuis Hendaye jusqu’à Cerbère, numérotée de 1 en 1 et d’ouest en est. Elles ont été posées longtemps après le traité des Pyrénées en 1659 qui a décidé à peu près au tracé définitif de la frontière franco-espagnole… Ces croix ou marques ont été posées ou gravées entre 1853 et 1868 par la Commission de délimitation de la frontière franco-espagnole. Leur espacement est irrégulier et varie en fonction du terrain ou d’autres considérations : 17 bornes sur 140 km entre le Pont du Roi et la Porteille Blanche d’Andorre, beaucoup plus, 25 bornes sur 5 km autour de Bourg-Madame, lorsqu’il faut que le tracé soit très précis afin d’éviter les conflits entre les populations. La commission toujours en activité a d’ailleurs réglé récemment un conflit frontalier au Pic Neulos vers lequel nous nous dirigeons ce matin… Conflit suite à l’installation de l’émetteur, pour 4 ou 5 mètres seulement !! Avant de gagner le grand épaulement qui nous mènera au Pla de Tanyarède,

nous rencontrons un groupe d’employés municipaux de Sorède qui nous confirment qu’il y a bien de l’eau à la source de Tanyarède. Ouf de soulagement… Ils nous parlent également de la diversité des races de vaches présentes sur le secteur : gasconnes, blondes d’aquitaine, aubrac. Elles sont plus petites me semble-t-il. Elles seraient adaptées aux conditions rudes rencontrées par les animaux dans cette partie occidentale des Albères. Nous les laissons après les avoir félicités de la victoire de l’USAP dans son match pour le maintien en TOP 14. Ils en sont touchés. Le chemin se poursuit donc dans l’attente de la source 😊 Une fois sur l’épaulement qui nous mène au NW vers le pic de Neulos, nous cheminons sans effort vers la cabane de Tanyarède dans laquelle je ne bivouaquerai pour rien au monde. Trop « proche de la civilisation » (une large piste forestière passe en contrebas et qui mène à Sorède dans la plaine), elle est jonchée de détritus. Il faut avancer un peu plus pour tomber sur la Font de Tanyareda au pied du Neulos. Halte sympathique qui nous permet de nous laver et de faire le plein d’eau.

Un problème en moins jusqu’au soir. Le pic de Neulos, toit de cette seconde étape, se mérite… petit sentier qui nous élève de 260 m en peu de temps !

Pic de Neulos

Quelques affleurements granitiques couvrent le sommet en plus de l’émetteur. C’est la dernière fois je crois qu’on distingue encore la mer. La descente jusqu’au col de l’Ouillat ne pose aucun problème. C’est la raison pour laquelle cette rando entre le col et le pic de Neulos est courue par les randonneurs. Nous rencontrons un petit groupe assez féminin qui fait l’A/R et qui est impressionné par notre programme et nos gros sacs… Petits échanges de circonstances… Nous cheminons jusqu’au col dans une belle pinède. Presque arrivés, nous tombons sur un VTTiste électrique déjà bien fatigué alors qu’il n’a parcouru qu’environ 400 m depuis son départ du col. Si on lui parlait de la pente et du terrain qui l’attendent, il renoncerait je pense. Mais nous sommes charitables et nous le laissons rêver à son futur « exploit ». Au col nous trouvons une belle aire de pique-nique aménagé et de quoi faire sécher nos tentes au soleil. Le chien de l’auberge toute proche est un bon client 😊 Le petit café et autres gourmandises pris au gîte nous boostent pour l’après-midi caractérisé par une longue descente par sentes et larges pistes vers l’arrivée au Perthus. Dans le dernier tiers de la rando, au col du Pla de l’Arça, nous nous trouvons à nouveau sur une borne frontière, numéro 580.

Borne frontière

La piste ne présente guère d’intérêts si ce n’est des petits chênes au tronc noir jusqu’à mi-hauteur. Des stigmates d’incendie ? Non, ce sont des chênes-liège dont on reparlera demain. Nous commençons à voir, à partir du col du Pla d’Arça, à certains carrefours de pistes, d’énormes citernes qui nous rappellent que le risque d’incendie de forêt est très présent surtout en cette saison et cette sécheresse persistante dans les Albères. Bientôt nous voyons l’imposant viaduc de l’autoroute qui arrive au Perthus. Patrice nous apprend que sa construction coûta la vie à plusieurs ouvriers…. Le retour à la civilisation est bruyant. L’arrêt au Perthus ne me dit rien qui vaille mais sans eau on n’ira pas loin… Et nous avons tous besoins de quelques provisions pour passer les 3 jours qui viennent. Finalement, l’arrêt dans le gîte de Paco restera un bon souvenir. Un beau jardin en terrasse comme autant d’aires de bivouac et toutes les commodités nous permettront de passer une soirée et une nuit confortable… Tout au moins pour les collègues installés sur les terrasses du bas, les plus éloignées de l’autoroute 😊

Jour 3: Le Perthus à las Illas  14,6 km – 605 m D+ 365 m D-  –     6h15 de déplacement

Etape de randonnée facile et de transition, un peu comme celle de la veille. La dernière journée « reposante » avant 6 jours plus rudes. Nous entrons en Vallespir. Nous sommes heureux de quitter la ville pour retrouver une campagne plus tranquille. Le chemin s’élève rapidement à la sortie du Perthus. Nous prenons la direction du fort de Bellegarde qui surplombe la ville. Ce fort appartient au réseau des fortifications construites par Vauban dans les Pyrénées Orientales entre 1660 et 1680 à la suite du traité des Pyrénées signé en 1659 par Mazarin et le représentant du roi Philippe IV. La frontière a été fixée beaucoup plus au sud que du temps des guerres avec les royaumes de Majorque et d’Aragon : les châteaux cathares des Corbières étaient alors les sentinelles du royaume. Les principales provinces qui forment aujourd’hui les PO sont annexées : Vallespir, Conflent, Capcir et Cerdagne. Vauban agrandit ce fort qui existait déjà depuis plusieurs siècles. Il fut occupé par les Espagnols au début de la période révolutionnaire avant d’être repris par le général Dugommier en 1794. Il servit de camp d’internement des réfugiés espagnols au moment de la dernière Retirada en janvier – février 1939 après la chute de Barcelone. Nous contournons le fort pour parvenir dans le secteur des Panissars qui regorge de témoignages du passé. Le cimetière militaire des Panissars était le cimetière où étaient enterrés les soldats de la garnison du fort à partir du milieu du 18ème siècle. Il est toujours entretenu par l’association du Souvenir Français. En avançant sur le chemin, on découvre un autre élément du système défensif mis en place par Vauban, la Redoute de Panissars. Ce réseau de Redoutes étaient des observatoires qui surveillaient les grands axes de communication et qui dialoguaient entre eux par des signaux visuels : celui-ci communiquait avec l’autre Redoute située de l’autre coté de la vallée du Perthus. Monument situé juste à coté de notre gîte. Mais il existe des vestiges encore plus anciens sur ce site, les ruines du trophée de Pompée, grand général Romain contemporain et grand ennemi de Jules César.

Trophée de Pompée

Pompée construisit ce grand bâtiment à sa gloire à l’issue d’une grande campagne en Hispanie. Ce trophée est construit à la croisée des deux axes importants de communication de la Rome antique, au croisement de la voie Domitia, qui reliait les Alpes aux Pyrénées et de la via Augusta qui traverse toute la péninsule ibérique. Ce bâtiment monumental en forme de carré de 35 m de coté pour une hauteur estimée de 60 m. Le monument ne fut redécouvert et fouillé qu’à partir des années 1980…. Que de choses à voir en ce début de journée. Mais il faut cheminer car nous ne sommes pas encore à Las Illas 😊Le sentier à la pente parfois abrupte épouse les derniers reliefs des Albères. Il serpente dans une grande suberaie, zone où sont cultivés et exploités les chênes-lièges.

Nous rencontrons justement sur le sentier un groupe de randonneurs qui viennent de la Jonquera en Espagne qui nous donnent un certain nombre d’informations sur cette activité arboricole. La récolte du liège ne se fait que sur des arbres qui ont 50 ans. La récolte est manuelle et se fait à l’aide d’une hachette. Elle demande beaucoup de dextérité de la part du « leveur », le nom du récoltant. Il faut attendre 12 ou 13 ans après la récolte pour que le liège du chêne se régénère. La transformation en bouchon est longue et complexe. Mais le liège a d’autres utilisations dans la construction ou la décoration. C’est au Boulou que se situe la deuxième fabrique la plus grande au monde, l’entreprise Sabaté.  Début de rando très culturelle comme vous avez pu vous en rendre compte. Le plaisir de regarder, visiter et échanger avec les locaux est primordial. On aura le temps de marcher en regardant nos chaussures 😊 Le chemin passe juste sous le pic de Priorat, près de 300 m au-dessus du col des Panissars. Une petite suée qui vaut bien une petite pause plus bas au col du Priorat. Du col nous prenons au SW une large piste qui va nous faire monter sur près de 4 km, le long de la frontière au pic Calmeille. Ce sera assez tôt la dernière difficulté la journée. Sur cette longue piste nous croisons et recroisons un jeune randonneur parisien rencontré la veille au Perthus, Paul. Il est arrivé tard dans la soirée, très fatigué car il s’était fait Banyuls le Perthus dans la journée soit près de 35 km !! A le voir avec sa démarche un peu trainante, on ne l’imagine pas capable d’une telle efficacité … Et pourtant si ! On le retrouvera à l’étape. Nous entrons peu après dans un hameau, le Mas Nou, accueillis par un de ses résidents assis au volant de son pick-up. Ils trouvent les randonneurs venant de Banyuls plus ouverts à la discussion que ceux qui viennent en sens contraire et qui en finissent avec le GR… Il vit là d’élevage et de maraichage avec son fils. Ses potagers sont magnifiques et très divers. Tout pousse à cet endroit et nous entrons en Capcir et l’eau ne semble pas manquer. En regardant la carte, j’ai vu qu’un autre itinéraire, plus court, nous amenait à Las Illas. Il me le confirme et surtout il nous apprend qu’il a monté un point d’eau pour les randonneurs à partir d’une source qui domine le sentier traversant la forêt.  Nous avons été bien inspirés car cette grande forêt de hêtres est parsemée de blocs de granit erratiques lui donnant une allure mystérieuse. Nous trouvons bien le tuyau 1 ou 2 km plus loin. Nous nous posons dans ce bel endroit, juste au-dessus du ruisseau, pour notre pause méridienne.

Ajoutant encore au caractère magique du lieu, une camionnette descend la piste vers le hameau avec à son bord le fils du maraicher qui revient de son marché et qui nous vend plusieurs de ses productions caprines, faisselle et fromage frais. Les hasards du chemin… Un très beau souvenir en tout cas. Après le repas, nous nous allongeons les uns à côté des autres pour une petite sieste mais presqu’assoupis quelques gouttes s’invitent au bal. Vu les prévisions, je bats le rappel pour essayer de joindre Las Illas avant la grosse pluie. Le raccourci descendant aidant, tout le monde chemine une heure et demie durant avec entrain et bonne humeur. En fait ce raccourci n’est autre que l’ancien GR 10 qui a été détourné et allongé sur la grande route à cause d’un propriétaire ombrageux. A l’entrée de Las Illas, encore une fois, la gentillesse des gens du cru se manifeste en la personne d’un adjoint au maire qui nous indique d’emblée le lieu de bivouac que la Mairie a fait aménager pour les randonneurs. Bel endroit un peu abrité par les arbres avec un peu plus loin un point d’eau avec douches et WC.

Que demande le peuple ? Nous avons juste le temps de monter les tentes avant que la pluie refroidisse l’ambiance pendant près de deux heures. Peu importe, nous sommes à l’abri et secs. La petite auberge du hameau aura vite fait de nous réchauffer les cœurs et le reste. Le bivouac est international car nous rejoint un canadien, randonneur hyper équipé en appareils électroniques et trois jeunes suissesses qui font la HRP…. Le milieu de nuit sera juste perturbé par un troupeau de cochons qui « quand on arrive en ville » sèment la « terreur » autour du point de stockage des containers à ordure. Incroyable ! On apprendra qu’une autorisation d’élevage de sangliers avait été octroyée à un éleveur du coin qui n’a pas forcément respecté le contrat en faisant monter son cheptel à près de 400 ! Bonjour les dégâts.

Jour 4 : Las Illas à Moli de la Paleta  23 km – 1305 m D+  – 1170 m D-     10h15 de déplacement

Etape longue et difficile et un peu rock ‘n roll à la fin. Nous quittons notre beau bivouac avec regret mais avec l’impatience de découvrir le chemin et les paysages du jour. Le profil de la rando du jour est semblable à celles des jours qui vont suivre : une longue montée le matin et une longue descente l’après-midi ou vice-versa. J’ai cherché quelques variantes pour nous extraire du vallon mais finalement nous suivons le tracé du GR qui emprunte une jolie route qui nous amène après 2 km à une petite chapelle romane perchée sur une petite butte au milieu d’une clairière : Notre-Dame du Remède. Comme tous les édifices religieux qui ont traversé les siècles (au moins 10 pour cette vieille Dame) elle semble avoir été bien remaniée. C’est un véritable havre de paix qui dégage une grande sérénité : il ferait bon y bivouaquer mais hélas ce n’est pas sur mon plan de route. Nous quittons peu après la petite route vicinale qui nous emmènerait à Ceret. C’est le début d’une longue montée de plus de 10 km qui doit nous mener 1000 m plus haut au Roc del Pou de la Neu par le col des Cirerers.

Toute cette partie montagneuse des PO est toujours structurée de la même façon avec des reliefs orientés SW/NE ou SE/NW coupés par des cours d’eau orientés S/N. Venant de l’est nous les coupons par de longues montées / longues descentes. Ce relief et sa couverture forestière ne nous permet pas d’avoir beaucoup de points de vue. Ce sera une constante de cette première partie du GR 10.

Nous montons donc dans une belle forêt de hêtres par des sentes bien dessinées dans un environnement granitique prégnant qui nous oblige parfois à mettre les mains pour continuer la progression. Les sacs sont toujours aussi lourds surtout après le ravitaillement du Perthus ; l’effort est silencieux. Quelques pauses bienvenues rythment la progression. Parfois une source-fontaine au faible débit remplit nos bouteilles. Elles tombent bien car on s’est mal compris au départ et la plupart des Atlassiens n’ont pas pris les 4 litres nécessaires. Mea Culpa ! En fin de matinée, vers 1200 m nous sommes presqu’au col. Mais nous nous arrêtons pour découvrir un des fameux puits de glace que l’on trouve sur cette partie des Pyrénées. Nous avons manqué l’avant-veille le gros puits du Pic de Neulos… Ces puits sont de grands rectangles maconnés de près de 10 m de profondeur.

On y entassait en hiver la neige des sommets qui par gravité et tassement fabrique la glace. Une fois extraite, la glace était transportée bien protégée dans des peaux de bêtes à dos de mules jusque dans les cités de la région.  Plutôt destinée aux nobles demeures comme le palais des rois de Majorque à Perpignan à des fins de conservation des aliments, elle alimentait également les lieux de santé. Nous finissons la matinée en montant les derniers mètres qui nous mènent au col del Pou de la Neu (col du puits de neige). Une grande étendue herbeuse sera notre salle à manger du jour. Le sommet est couvert de rochers qui nous permettent comme souvent de faire sécher les tentes. Bon moment de repos. Silencieux.   La crête rocheuse va continuer jusqu’au roc de France plus à l’ouest.

On aurait pu parvenir au col par la crête venant du Pic des Salines. Il y avait beaucoup plus bas la bifurcation vers la montée au Pic à 1333 m. Mais je redoute un cheminement en crête avec nos gros sacs. J’ai donc opté pour la sécurité du GR. Le terrain rocheux autour du Pic de France me conforte dans mon choix. C’est pour cela que je refuse plus loin la proposition de Pierre qui me propose un beau raccourci vers notre point d’arrivée en empruntant la longue crête du Roc de Saint Salvador qui se serait révélée très, très périlleuse 😊. Une prochaine fois sans sacs, promis !

Parvenus à notre point haut du jour, l’après-midi sera presque une longue descente, technique par endroit. Un sentier en balcon nous emmène d’un col à l’autre : du col del Pou de la Neu au col de Sant Marti juste à l’ouest du Roc de France. Nous sommes encore une fois juste sur la frontière. Encore fatigués par la matinée ? personne ne me réclame d’aller jusqu’au roc de France par la crête 😊 On aurait pu ! Du présent col on a un regard qui porte loin sur la Catalogne et les quelques villages de la plaine les plus proches comme Macanet de Cabrenys. La marche reprend vite sur des chemins techniques où la descente n’est pas forcément synonyme de repos. Au col Cerda, on laisse la crête du Roc de saint Salvador sur la gauche. Puis nous enchainons près de 6 km toujours sur le même terrain. On parvient à une fontaine juste au-dessus du hameau de Montalba. Le débit est assez faible mais un ou deux Atlassiens parviennent à remplir en partie leurs bouteilles. L’eau est le problème en cette fin d’après-midi. L’eau et la fatigue, on marche depuis près de neuf heures et je sens le groupe un peu las. On fait une pause en essayant d’aller se ravitailler au hameau. On découvre un vieux monsieur entouré de ses deux chiens qui n’arrêteront pas d’aboyer durant toute notre visite. Une grille ferme sa cour et on découvre qu’il vend des sodas et autres rafraichissements. Nous lui demandons de remplir nos bouteilles avec la promesse de lui acheter des boissons… Ce qui aurait pu aller assez vite si on avait eu accès au robinet va prendre presque une demi-heure car l’homme prend les bouteilles de chaque Atlassien, couvre le 30 m qui le mène à son robinet, les remplit et les rapporte d’un pas trainant.

Et ce, 8 fois de suite, toujours dans le bruit des aboiements qui ne faiblissent pas. Idem au moment de nous vendre ses boissons. L’ambiance ! Des gens sont montés d’Amélie les Bains pour acheter des confitures au monsieur ; elles seraient réputées… Une fois toutes les bouteilles remplies, quelques pots de confiture achetés et nos boissons avalées, on peut se remettre en route pour les deux derniers kilomètres du jour. La pause et les boissons ont regonflé le moral de la troupe. Ça tombe bien car deux bons km de montée se présentent 😊.  Mais la perspective de planter les tentes dans moins d’une heure fait oublier la fatigue. Bientôt nous rejoignons la route entre Mas de la Fergassa et Moli de la Paleta. La route est 15 m au-dessus du ruisseau qu’on entend couler et de ses belles rives. Hélas, toutes les rives qui feraient un superbe bivouac sont privées : on devine bien dissimulées de grandes maisons dont dépendent les terrains qui nous échappent. On continue sur plus d’un kilomètre jusqu’à Moli de la Paleta (Moulin de la Palette) sans trouver l’ouverture… Peu importe, on va aller demander au gîte de Moli s’ils ont un terrain disponible pour nos tentes ; on est même prêt à payer (on l’a fait au Perthus chez Paco 😊). Dernière déconvenue du jour, le gîte n’existe plus et c’est devenu une résidence secondaire comme les autres ! La recherche doit continuer… Juste après l’ancien gîte on trouve une grande passerelle qui enjambe le ruisseau : nous n’avons pas eu de chance rive droite, on en aura peut-être rive gauche ? A priori pas de terrains privés mais une berge assez étroite très broussailleuse (saules, fougères, orties), dans son jus qui ne donne pas envie de monter sa tente. Mais il est tard et chacun va devoir trouver sa place. Fabien prend un peu de hauteur et trouve une petite terrasse labourée par les sangliers, Véro et Sandrine (les plus chanceuses) trouvent une place en terre près de la passerelle ; Pierre, Pascal, Patrice et Sophie continuent l’exploration en aval et trouvent un espace acceptable. Quant à moi, je me sers de mes bâtons en guise de coupe-coupe pour me dégager un espace rempli de fougères d’un mètre de haut. Tant bien que mal, chacun arrive à se caser. Pour ma part ce n’est pas top : ma tente est montée en partie sur des bois morts sous la végétation, ce qui ne favorise pas la stabilité.

Mais bon… Une idée commence à me trotter dans la tête. Une fois chacun installé et lavé au ruisseau, le repas pris en commun apporte un peu de réconfort. J’ai installé mes affaires sur la plateforme d’accès à la passerelle au sec et l’idée fait son chemin. Pourquoi ne pas dormir sur la passerelle avec le matelas ? La météo semble clémente, les nuages peu nombreux… C’est décidé ! Après avoir avalé mon repas, je mets l’idée en pratique et j’installe matelas et duvet au milieu de la passerelle.  Le couchage est très confortable et la passerelle gîte juste ce qu’il faut pour me bercer et m’endormir. Réveillé dans la nuit (comme chaque nuit), je profite d’un ciel dégagé pour admirer une partie de la voute céleste et de ses étoiles. Il n’a pas plu et j’ai finalement passé une nuit très tranquille et reposante, à la belle étoile. Mon seul regret ? Avoir dû monter la tente qui ne m’a pas servi et devoir la redémonter le lendemain. Peu de chose au regard du plaisir que j’ai pris. Ce bivouac particulier restera finalement un très bon souvenir.

Jour 5 : Moli de la Paleta à Batère 21 km – 1610 m D+  – 870 m D-      9h25 de déplacement

Grosse journée aujourd’hui avec une longue descente et une très longue montée de 13 km. Nous nous arrachons tôt de Moli pour faire notre ascension du matin qui nous conduit au col de Paracolls, 300 m plus haut.

Col de Paracolls

Montée facile dans la hêtraie. Le GR 10 est parfaitement entretenu : sentier propre et très bien balisé. Aucune chance de se perdre tant les balises sont nombreuses et toujours bien positionnées. Une seule fois au début du séjour, un « tourne à droite » à mauvais escient m’a fait manquer le chemin qui partait à gauche. Au col, nous apercevons le Canigou pour la première fois. Il semble proche : nous serons à ses pieds le lendemain après-midi ! On a également une bonne visibilité de notre point d’arrivée du jour, tout là-haut sur l’adret de la montagne de Batère. Les pentes forestières sont essentiellement composées de hêtres et de châtaigniers. Pour l’instant nous restons attentifs dans la descente de près de 4 km jusqu’à Arles sur Tech où nous faisons des courses. L’arrêt est un peu plus long que prévu. En effet, nous en profitons pour faire un petit tour du centre historique qui nous parait assez déshérité.

Rue d’Arles sur Tech

Peu de commerces, de belles maisons inoccupées et d’autres proches presque ruinées. Cela ne sent pas un grand dynamisme. Ça sent la déprise industrielle… En effet, l’histoire de la ville se confond avec l’exploitation des mines de fer de Batère vers lesquelles nous nous dirigeons. L’exploitation minière industrielle commence dans la seconde moitié du 19ème siècle et s’arrête complètement en 1987. Plus grosse mine de sidérite (minerai de fer) des PO, son minerai extrait était acheminé sur Arles pour être transformé en oxyde de fer par le procédé du grillage en cuve. Ainsi dans les années 1930 à 1960, près de 350 tonnes de minerai étaient traitées chaque jour. L’essentiel de la production était destiné aux Ateliers et usines métallurgiques de Decazeville où celle-ci était traitée dans les hauts-fourneaux puis transformée en billes d’acier. La société Vallourec en faisait des tubes d’acier sans soudure. 20% de la production était également traitée par Usinor à Fosse-sur-Mer. Il reste plein de vestiges sur toute la montée à Batère du transporteur aérien. Des bennes, des câbles d’acier ancrés et rampant au sol, coupant en de nombreux endroits notre GR. A l’entrée de la ville en rive gauche du Tech subsistent des squelettes d’entrepôts. Arles est une Belle au Bois Dormant. Il nous faut nous extraire de cette mélancolie qui vient toujours quand on imagine le passé d’un village ou d’une ville et qu’on le compare à la réalité du jour… Ça tombe bien, le GR s’élève assez vite au-dessus de la vallée pour filer NW vers la montagne en surplomb du Riuferrer qui se jette plus bas dans le Tech. Nous nous contentons d’avaler 200 m de dénivelée avant la pause méridienne que nous faisons sur un grand replat ensoleillé. A nouveau, c’est un endroit propice au séchage des tentes bien imbibées par l’humidité de notre bivouac de Moli…. La végétation sur ce versant est très méditerranéenne avec de nombreux chênes verts. La reprise est assez douce sur un chemin qui serpente dans une grande pinède mais qui finit par se cabrer après quelques centaines de mètres. Nous nous élevons progressivement pendant 5 km environ avant de plonger dans un vallon où coule un gros torrent – le Llimpès. Rochers et eau font le bonheur de quelques courageux qui font le choix de la halte baignade.

La grosse chaleur depuis midi y incite certainement. Il faut savoir faire refroidir la machine et l’animateur est dans son rôle en décrétant une pause de 15-20 minutes. Personne ne nous attend sinon 5 ou 6 km de chemin et 600 m de dénivelée 😊 Nous frôlons plus haut le refuge des Vigourats que le seul randonneur croisé nous avait dit bien achalandé. Mais nous ne faisons pas le léger détour, nous restons concentrés sur le sentier qui monte en coupant parfois des pistes. Au PC 1043, au col de Roure, nous tombons sur un camp peuplé de – comment les caractériser ? – marginaux ? néo-ruraux ? qui ont aménagé un habitat très dispersé et varié dans sa forme. Bien sûr, nous sommes accompagnés par les aboiements des chiens… Nous passons assez vite notre chemin pour ne pas déranger « leur quiétude ». Nous avions certainement croisé un de ces habitants à la sortie d’Arles qui nous avait tenu des propos assez hermétiques 😊 Encore un gros coup de cul d’1 km après le col pour parvenir à la fin de la montée du jour. Ouf ! Le chemin est orienté nettement à l’W en direction du col de la Descarga. Changement complet de paysage ! Nous progressons dans un vallon bordé de doux pâturages bien accueillants. Je propose à mes amis d’établir le bivouac dans un de ces prés. Il n’y a aucune vache à l’horizon. Le ruisseau coule en contrebas. Tout se conjugue pour en faire un des plus beaux bivouacs du séjour !

Après l’installation et la toilette nous allons faire un tour au refuge de Batère, 800 m plus loin. Je le connaissais déjà mais les amis découvrent un long bâtiment de trois étages, désaffecté et en piteux état. C’étaient les logements des mineurs qui furent plusieurs centaines sur le site à la grande période de l’extraction au tournant des années 40.

Le lieu est maintenant désolé et le refuge peine à mettre un peu d’ambiance. Aujourd’hui un groupe de militaires d’un régiment de transmission est présent pour un « team building » sportif dans le coin.  Ce jour-là, comme les jours d’avant et d’après nous croisons très peu de randonneurs, dans un sens ou l’autre…. Début de saison ? Après un petit pot réconfortant et un bon repas au bivouac, c’est avec un grand soulagement qu’on peut s’endormir dans le murmure du ruisseau.

Jour 6 :  Batère au refuge des Cortalets 17 km – 1080 m D+  – 295 m D-     9h00 de déplacement

Vues les stats de cette journée on pourrait presque dire que cette 6ème étape est une étape de repos 😊 Elle va nous mener au pied du seul sommet montagneux du séjour, le Canigou. Pour le moment nous profitons de passer devant le refuge de Batère pour boire un petit café et retirer quelques tiques 😊. Le tire-tique n’étant pas efficace je demande à l’hôtesse si elle n’aurait pas une pince à épiler. L’outil qu’elle nous confie fait l’affaire et Sandrine est libérée d’un poids inutile 😊. Le chemin qui s’élève dans la prairie au-dessus du refuge a une pente assez prononcée mais est-ce dû à la répétition des efforts ou à notre forme, nos jambes sont dès le début de la journée prêtes à bien fonctionner, sans courbature ni autres douleurs.

Nous parvenons vite au col de la Cirère à 1731 m.

Col de la Cirère

Le panorama sur tout le haut Vallespir coté rive droite du Tech est sublime. On voit au loin, au SE le Roc de France que nous avons tangenté deux jours plus tôt. Un beau sentier à la pente assez douce et descendante nous amène à travers une belle pinède jusqu’à la cabane forestière de l’Estanyol, très accueillante, propre et en bon état. Nous continuons pour une courte remontée jusqu’à un grand pierrier où je décide de faire sécher les tentes les temps d’une pause matinale. Le sentier emprunté est beau mais exigeant même en descente car très rocheux. Nous continuerons la route sur un sentier en balcon qui nous mène jusqu’à l’abri de Pinatell, très beau refuge lui aussi très propre. Je préfère continuer un peu sur ce balcon avant la pause méridienne pour m’arrêter à mi-étape pile. On devine au NW le chemin que nous allons emprunter dans l’après-midi sur l’autre versant du vallon. L’après-midi ne devrait pas être trop difficile avec de longs faux plats qui nous mèneront au Ras des Cortalets avant la montée finale au refuge du même nom. Avant cela le passage du gué de la Llentilla n’est pas aussi simple qu’il en a l’air.

Gué de Llentilla

Une légère désescalade est « fatale » à Pascal dont le pied glisse et l’entraine pour un petit tonneau sac au dos heureusement sans dommage. J’avertis le groupe que désormais toute désescalade se fera sans le sac. L’avenir justifiera pleinement le conseil. 😊. Une fois le ravin franchi, une longue et douce montée de 8 km nous attend, modeste certes mais monotone vers la fin.   Le chemin montant toujours en balcon jusqu’au col de Ras de Prats Cabrera est toujours aussi somptueux avec de belles vues sur le sentier suivi jusqu’à midi…

Vers le col de Ras de Prats Cabrera

Au col nous avons le choix pour parvenir au refuge de la piste qui monte aux Cortalets, c’est le GR ou d’un autre sentier certainement plus sympa qui passe au sud par les crêtes avant de rejoindre le refuge. L’orage que l’on commence à deviner m’incite à la sécurité et me fait prendre l’option piste. A posteriori, je suis content du choix car l’orage ne tarde pas à se manifester. Bâchage et comme la pluie et le tonnerre ont l’air de jouer les vedettes, je préfère arrêter tout le monde pour adopter les mesures de sécurité en cas d’orage : distance entre les marcheurs, bâtons jetés de côté et le plus isolé possible du sol, recroquevillé sur son sac. Heureusement, l’orage se croyait plus beau qu’il n’était et nous pouvons reprendre le cours de la rando : le débâchage est rapide étant données la chaleur et la pente du terrain. Nous parvenons peu après au Ras du Cortalet où chacun reprend ses esprits et sa respiration car la progression sur la piste s’est faite à bonne allure. Encore un petit effort (qui n’en finit pas comme toujours en fin de rando) et nous arrivons au refuge des Cortalets accueillis par le ronronnement d’un groupe électrogène qui alimente le bâtiment. On nous indique l’espace de bivouac qui est remarquable, vaste, sous une pinède semée de blocs erratiques de granit. Chacun s’installe à bonne distance des autres. La toilette dans un ruisseau serpentant sur une belle pelouse restera un bon souvenir. Après l’effort vient le réconfort d’une petite bière ou soda au gîte. Le monde est petit : Sophie y retrouve un de ses collègues du CAF de Clermont. Une petite promenade du groupe autour du petit étang des Cortalets nous ouvre l’appétit.

Etang des Cortalets

Je ne suis pas mécontent de bivouaquer étant donnée l’affluence des randonneurs du week-end qui vont constituer de grandes tablées bruyantes lors du dîner. Cette perspective ne décourage pas trois des nôtres qui préfèrent le saucisse-purée du restau au hachis parmentier lyophilisé des autres. Beau repas extérieur pris confortablement installé sur un gros bloc de granit 😊. Il est vrai qu’à la brume et la fraicheur qui s’abat d’un coup, certains préfèrent la douce chaleur d’un refuge bondé. La nuit tombe doucement comme nos paupières. Je me réveille quand même au milieu de la nuit pour apprendre que Toulouse était en finale du TOP 14 après avoir étrillé le Racing 😊 Le 22ème Brennus s’approche…. Ô,Ô Toulouse……..

Jour 7: Refuge des Cortalets à proximité du col de Jou 19 km – 680 m D+  – 1675 m D-     11h00 de déplacement

Journée du Canigou. J’y réfléchis depuis deux jours : escaladerons-nous le Canigou ou pas et si oui par quelle voie ? Je demande à Sophie de questionner les gens du refuge sur les différentes voies. Le matin sous un ciel bleu d’été, j’ai ma réponse.

Nous le monterons par la voie normale du pic Joffre, moins difficile et moins longue que la voie du Barbet. Avec un corollaire : la seule voie de descente possible est la Cheminée du Canigou. J’en ai vu des images avant le départ. Elles sont a posteriori plus impressionnantes que mon ressenti sur le terrain. Je ne dis pas que la descente fut facile mais nous l’avons bien maîtrisée individuellement et collectivement. J’y reviens plus bas. La montée par la voie normale est assez facile.

Montée du Canigou

La dénivelée de plus de 600 m est avalée en 1h40 environ. La montée se fait sans à-coups avec une progression du groupe très régulière. Du coup, on est arrivé au sommet sans essoufflement malgré nos sacs qui représentent quand même un handicap au départ. Nous restons un assez long moment au sommet pour observer et apprécier le paysage qui s’étend à nos pieds.

Sommet du Canigou

On voit clairement Prades et toute la vallée du Têt au nord et l’Espagne au-delà de Prat de Mollo au sud… La météo matinale est avec nous. Ce n’est qu’au bout de ce temps de pause qu’on va jauger la difficulté de la descente. Ce que j’en vois au premier regard ne m’impressionne pas trop. La pente est assez forte mais faite de grandes marches qui permettent de bien se projeter.

La stratégie est claire : la désescalade se fera évidemment sans sac et avec des relais courts pour acheminer les sacs de plateforme de stockage en plateforme de stockage : 4 en tout. Nous sommes 5 (Sophie, Pascal, Santiago, Patrice et moi) à se passer les sacs que nous pousse Pierre au début de chaque section de descente.

Désescalade des sacs

Sophie en bout de chaine toujours très volontaire 😊 se charge au prix de gros efforts de les stocker sur la plateforme intermédiaire. Chacun descend alors à l’étage inférieur dans le même ordre de relais. Sandrine encourage Véronique un peu impressionnée ; toutes deux descendent et se positionnent sur la plateforme de l’étage inférieur, à côté de Pierre. Je sais que cette descente va nous prendre du temps mais il n’y a pas matière à accélérer les opérations. Le même schéma de descente se reproduit 3 autres fois sans encombre. Avec cette organisation nous limitons au maximum le risque. Chaque collègue maillon de la chaine attend d’être confiant et sûr de ses appuis dans la pente avant de se charger d’une récupération ou d’un passage au relais du dessous. Les relais entre deux Atlassiens sont assez courts. Nous devons tenir compte dans ces opérations des quelques randonneurs qui montent au sommet… Certains nous confient leur admiration pour l’effort que nous sommes en train d’accomplir. Sur la dernière plateforme de stockage, on décide, car la pente se radoucit, de finir la désescalade avec le sac sur le dos pour ceux qui le peuvent. Au bout de quelques minutes, tout le monde a récupéré son sac au pied de la cheminée. Pendant toutes les opérations la tension a été forte mais le travail d’équipe a rendu possible cette descente dans un très bon niveau d’assurance. Je ne suis pas certain que nous aurions été plus efficaces avec des cordes. Le problème n’était pas la descente des Atlassiens (désescalade assez facile avec les grandes marches et toutes les bonnes prises) mais la descente des sacs ! La descente des 100 m de cheminée nous aura pris environ 50 minutes. Un sentier raide et caillouteux, tout en lacets, nous mène 400 plus bas au Plans de Cadi. J’ai prévu de faire la pause méridienne au refuge Arago 200 m plus bas encore. Nous l’atteignons après avoir pris quelques raccourcis dont un est « fatal » à Sophie qui se tord la cheville. Après le repas, la douleur se réveille et Véro notre infirmière lui strappe la cheville avec la bande que j’ai trouvée dans ma trousse. Elle restera enflée plusieurs jours mais notre WARRIOR souffrira en silence sans que cet incident ne nuise à son rendement. Peu après le refuge Arago, nous retrouvons le GR 10 au PC 2017. La traversée du torrent El Cadi qui a pris ses aises au niveau du gué n’est pas glorieuse pour l’animateur. Alors que tout le monde a pu traverser plus ou moins facilement le ruisseau assez large à cet endroit, je m’embrouille, ne trouve pas le passage, me déchausse pour finalement tomber les fesses les premières dans l’eau fraiche. Sans beaucoup de réactions de la part des spectateurs qui m’attendent sur la rive opposée 😊. Le ridicule ne m’a pas tué et nous reprenons notre descente dans un paysage remarquable à hauteur des gorges des Coloms . La pluie commence juste à tomber à proximité du refuge des Mariailles après que nous ayons pu refaire un petit plein d’eau. Je demande au propriétaire du refuge si nous pouvons nous abriter sous son séchoir / débarras. Nous attendons là presqu’une demi-heure que la pluie se calme un peu en riant bien aux blagues que nous sort Patrice de son site d’humour favori 😊. La pluie faiblit et nous nous remettons en route. L’écurie – le col de Jou – n’est plus qu’à 3 ou 4 km. La descente s’effectue sur un sentier qu’épouse au plus près le cours canalisé d’un ruisseau la Llipodera et plus bas d’un autre encore le Travès.

Le long du Llipodera

Etrange sensation de marcher sur l’eau : la largeur du sentier est souvent inférieure à celle du ruisseau canalisé. Nous parvenons enfin sur la piste qui nous emmène au col… Pourtant à un des derniers carrefours, je manque l’embranchement très discret sans doute avec le GR car je le manque et continue sur la piste parallèlement à notre sentier balisé favori. La pluie commence à retomber et les énergies déclinent. Nous trouvons un espace bivouaquable à un grand carrefour : 3 tentes s’y posent, un peu protégées par les arbres de la forêt qui domine la piste. Les autres continuent un peu le chemin et trouvent également le même type d’espace. Nous ne verrons jamais le col de Jou ni ce soir-là ni le lendemain ; il était pourtant à 100 m au nord de notre position. La pluie redouble et chacun finit d’installer sa tente au plus vite. A l’issue, pas d’autre solution que de se blottir dans sa tente pour y manger et se coucher sans avoir pu se laver (sauf Santiago) correctement. Sandrine et Véro n’ont pas osé allumer leur réchaud et ont mangé froid quelques céréales. Je n’entends pas la fin de la pluie pris par un sommeil bien réparateur. Cela fait 7 jours que nous marchons et répétons nos efforts. Une fatigue s’installe doucement.

Jour 8 : Proximité col de Jou au refuge de l’Alemany 19 km – 1500 m D+  – 1700 m D-     8h30 de déplacement

La pluie nous a accueilli au bivouac mais étrangement, l’air de la nuit a asséché ce que je m’attendais à retrouver « tremp » le lendemain ; la cape de pluie que j’avais étendue sur un panneau forestier est parfaitement sèche et la tente l’est presqu’autant. Incroyable ! Nous rejoignons l’autre partie du groupe plus haut sur la piste et nous prenons la direction de Py petit village sous le col de Jou. La piste se termine sur un sentier qui nous mène au col de la Mandra  d’où l’on aperçoit assez loin, en contrebas, le petit village de Py, étalé en hauteur au-dessus de la Rotjà ruisseau impétueux renforcé par les pluies d’orage.

Col de la Mandra

Je devine une trace au SW qui semble descendre dans la direction du village mais la trace qui part au SE est plus marquée; nous la suivons donc. Petite erreur de ma part ! J’aurais dû prendre le temps de sortir la carte ! La sente au  SW descendait peut-être plus franchement dans la pente mais réduisait la distance à parcourir pour arriver à Py. Au lieu de cela, nous avons suivi un très beau sentier qui nous a fait monter dans un premier temps avant de se stabiliser en balcon sur plusieurs centaines de mètres. Devant, je peste de cette bévue qui nous rajoute un peu de kilomètres et de dénivelée. Heureusement comme tous les matins nous sommes partis tôt. Finalement ce petit « extra » nous évitera plus tard dans l’après-midi de nous retrouver sans abri possible sous une pluie torrentielle. Je dirai comment et pourquoi… 😊Après un long cheminement dans une belle hêtraie nous « atterrissons » finalement sur le Rotjà à l’entrée de PY.

Le village est bien perché et il faut encore pousser sur les jambes et les bâtons pour arriver jusqu’au centre et jusqu’à l’auberge-épicerie ouverte ce dimanche matin. Je n’y croyais pas. Une fontaine sous l’épicerie nous ravitaille en eau et nous rafraîchit car une chaleur lourde s’est installée. La pause est longue puisque chacun, l’un après l’autre, fait quelques emplettes. L’épicier est seul et prend son temps. On en profite pour remplir les bennes-poubelles à proximité qui débordent. Une petite vieille sort de la boutique avec un peu de pain et un filet qui semble peser trop lourd pour elle. Elle remonte vers le haut du village. Peut-être son seul moment de vie sociale de la journée ? Une grosse voiture avec deux anglais à bord nous oblige à nous serrer contre le mur : il est vrai que nous nous sommes étalés. Même si la quiétude et la paix qui règnent ici nous incitent à faire durer le plaisir, le col de Mantet nous attend plus de 700 m au-dessus de nous 😊. Le GR suit en partie la route qui monte au col. Il la recoupe plusieurs fois. La progression est régulière comme depuis le début de l’aventure lorsque le chemin se cabre… A la sortie du village nous passons au-dessus d’un potager où les tomates ne sont pas dans leur meilleure forme : ce que nous confirme sa jardinière. Après deux heures d’effort, nous nous hissons finalement au col à 1760 m.

Avec son grand replat, c’est un lieu propice à notre pause méridienne et au séchage de quelques tentes. Le temps se couvre et n’annonce rien de bon pour l’après-midi. Heureusement, notre but de jour n’est pas si loin, à deux heures de marche environ. Quelques gouttes nous contraignent au bâchage et à nous remettre en route plus tôt que souhaité ! Nous apercevons le petit hameau de Mantet pas très loin en contrebas. Le chemin zigzague au milieu de pâturages ovins. A l’entrée du hameau, un petit café se propose au bon moment. Las, sa propriétaire, ancienne mairesse de Mantet nous apprend qu’il n’est plus en service : elle vient de prendre sa retraite. Elle me dit qu’elle a revendu sa licence et qu’un autre bar est ouvert plus bas dans le hameau. Je conduis donc le groupe qui n’a pas entendu et qui est frustré d’un bon petit noir jusqu’à la petite auberge. Je grimpe l’escalier en fer pour me retrouver sur une belle terrasse couverte. Des sourires que je ne vois pas doivent fleurir sur le visage de mes équipiers. L’arrêt se fait dans le bon timing, vers 13h30-14h 😊. A peine bue la tournée du patron très sympa, la pluie commence à tomber de plus en plus fort.

L’épisode durera près de 3 heures nous obligeant à rester à l’abri de cette belle terrasse et un peu plus tard, le froid venant, de la salle du bar-épicerie où règnera une belle chaleur agréable. Le patron très investi dans les organisations foncières du lieu est très causant et nous apprenons beaucoup de choses sur la vie dans ce coin reculé des PO. Plus haut, je disais que ma bévue du matin nous avait peut-être évité cette pluie torrentielle. Effectivement, arrivés plus tôt à Mantet, nous ne nous serions peut-être pas arrêtés dans ce beau café-lieu de vie et nous aurions continué vers le refuge de l’Alemany et là nous aurions pris une douche mémorable. Rando-fiction ? On ne le saura jamais. Ce qui est certain, c’est que la pause a duré beaucoup plus que prévu mais nous n’avons pas vocation à bivouaquer à Mantet 😊. Nous nous arrachons presqu’à regret de ce beau lieu de vie. Il reste peu à parcourir et la pluie qui avait juste faibli repart de plus belle lorsque le sentier s’élève au-dessus de la rivière de l’Alemany.

Passerelle sur l’Alemany

Elle ne nous quittera pas des deux heures qu’il nous faudra pour parvenir au refuge, 500 m plus haut. Pendant toute la montée, je fais des vœux (égoïstes) pour que le refuge non gardé de l’Alemany dont le propriétaire du café nous a dit beaucoup de bien soit vide d’occupants. Le sentier grimpe bien dans des sapinières tapissées de granit bien glissant. Prudence ! Nous parvenons enfin au refuge et mes vœux ont été exaucés : il est vide ! Et vaste pour au moins 12 personnes. Je nous vois tous allongés comme des sardines sur les bat-flancs 😊. Bizarrement, la perspective de dormir à l’abri n’enthousiasme pas 4 amis qui préfèrent l’abri rassurant de leur tente. La peur des punaises ? Les 5 qui restent préparent leur couchage en évacuant les matelas en mousse qui équipent le refuge. Un appentis à l’extérieur fait un très bon lieu de stockage. La toilette à la fontaine dans un air assez frais et venté est revigorante.  Le repas pris autour de la table est « gargantuesque ».

Repas au refuge Alemany

Nous commençons à vouloir vider les sacs puisque nous n’avons plus qu’un repas à prendre sur notre ravitaillement. Les réchauds tous posés devant nous crépitent. Un très bon souvenir ce diner. Nos camarades campeurs quittent notre nid douillet réchauffé par le feu du poêle à bois que Santiago et Patrice se chargent d’entretenir. Sandrine et Véronique sortent presqu’à regret : en fait elles auront très froid toute la nuit et dormiront peu. Pascal et moi prenons nos quartiers perchés à l’étage et nous avons près de 5 m de large disponibles pour nos couchages : quel luxe. Nous passerons une excellente nuit.

Jour 9 : Refuge de l’Alemany à Planès  23,21 km – 1400 m D+  – 1800  m D-      9h25 de déplacement

Encore une longue journée mais c’est la dernière pour ce séjour. Le soleil inonde les pentes autour du refuge que nous avons nettoyé et remis en ordre.

Refuge Alemany

Nous pouvons commencer dès la porte refermée la grosse montée qui nous mène 300 m plus haut au col de Pal (2294 m). Montée sèche avec un sentier étroit pavé de granit. Il est vite atteint.

Col de Pal

Au loin au NW, on devine un col. Je suppose qu’il s’agit du col de Mitja que nous franchirons un peu plus tard. La redescente vers la haute vallée de la Carança commence. D’assez haut, on entend le grondement du torrent éponyme qui est bien en eau. On atteint rapidement le refuge gardé qui n’est pas encore ouvert au public.

Le couple qui le gère est en train de finir la peinture de la cuisine. Je dois poser à l’un des deux une question sur le parcours car j’envisage un raccourci et je veux obtenir un avis… Avec la carte sous les yeux pour étudier ma proposition, l’homme finit par la valider. Raccourcir une fin de rando remplit tout le monde d’aise. Il n’est pas encore d’actualité et nous en en reparlerons de ce raccourci. Pour l’instant, nous avons encore un gros morceau avant le repas, le col de Mitja.

Vue sur le col de Mitja

Ma supposition du matin était bonne et je ne m’étais pas trompé de col. Est-ce parce qu’il s’agit de la dernière difficulté du séjour mais Santiago, Sophie, Sandrine et Pierre prennent les devants. Santiago sera le premier au col devant Sophie : a-t-il pris les raccourcis ? Le tracé du chemin est très rectiligne avec de grands virages et une pente soutenue mais très régulière. Tout le monde n’a pas le même « feu aux fesses » : Fabien et moi attendons les derniers assez loin derrière. Nous prenons tout notre temps car rien ne presse vraiment. Sauf à faire attendre les Speedy Gonzalez qui sont arrivés depuis un certain temps déjà. Finalement après une longue ligne droite c’est le col et tout le monde respire. Le repas est bien apprécié, c’est le dernier déjeuner du séjour. Snif 😊… La météo qui m’inquiétait avant le col est finalement stable mais un peu fraiche et venteuse. Nous ne nous éternisons pas… L’après-midi va être consacré à la longue descente vers la cabane d’Aixeques 500 m plus bas et 4 km plus loin. Des points hauts nous voyons enfin le plateau de Cerdagne avec une mosaïque de villages que je ne peux encore identifier. Nous entrons dans la dernière ligne droite 😊. Après une petite pause à la cabane et quelques informations d’orientation données à Santiago, nous reprenons la route, impatients de vérifier l’existence et le gain en distance de notre fameux raccourci. Comme vous vous en doutez, la mariée se voyait trop belle. Nous avons tout d’abord du mal à trouver la sente sur le terrain. Nous commençons à faire les sangliers dans une zone boisée ce qui n’est pas simple avec de gros sacs et en fin de séjour de surcroit. Il n’est pas possible que cette légère trace animale soit la sente dessinée sur la carte. Pierre qui joue les éclaireurs GPS en main finit par trouver la vraie sente. Ne reste qu’à la suivre pour rejoindre plus à l’W notre GR. Ce qu’on voyait sur la carte et qui se vérifie sur le terrain c’est que le GR passe 250 m au-dessus de notre position. Même si on avait suivi le GR, il aurait fallu avaler de la dénivelée mais là la pente est plus sèche et la sente moins bien tracée que le GR… Tous mobilisent leurs dernières forces pour passer ce dernier obstacle. Finalement, il s’agissait bien d’un raccourci en distance ! Mais nous a-t-il fait gagner du temps ? 😊 Le GR rejoint finalement (ouf !), hésite entre montées et descentes. Ce n’est qu’à l’approche du Pla de Cedelles que le sentier forestier amorce la descente finale vers Planès que l’on aperçoit désormais.

Vue sur Planès

Restent deux derniers kilomètres pour conclure ces neuf jours de belles randos. La piste finale est caillouteuse et pour la première fois du séjour, j’ai les pieds qui chauffent. Nous arrivons à Planès du bon côté, à proximité de notre gîte. Le fils de la famille très serviable nous montre tout ce qu’il faut savoir pour planter notre bivouac. Il y a deux douches à notre disposition mais la patronne de l’Ori de Planès nous apprend qu’un groupe d’une quinzaine de randonneurs va arriver : il ne faut donc pas perdre de temps. Je monterai ma tente une fois douché. Finalement, quelques minutes plus tard, tous propres et en phase de décompression nous nous dirigeons vers la salle à manger pour boire un premier apéro offert par Patrice et pour savourer à la suite le fameux pot d’Atlas.

Avant de déguster un superbe repas qui nous paie bien pour toutes les difficultés du jour voire des jours d’avant.

Le contrat est rempli, nous sommes à Planès au jour dit. Tous les lieux de bivouacs ont été respectés, les ravitaillements imaginés ont bien été présents et ont contribué à alléger les sacs en début de rando. Le GR est bien une succession de montées et de descentes dont la narration journée après journée vous a peut-être, Lecteurs, un peu lassé ?  Je pense avoir ramené le groupe en pleine forme malgré tous les efforts consentis et je regrette de n’avoir pas allongé le séjour de deux jours pour arriver à Mérens les Vals et par là avoir parcouru la totalité des Pyrénées catalanes. Il reste deux étapes faciles pour y parvenir : elles seront sur le dessus de la pile des étapes du séjour de l’année prochaine qui devrait nous mener en Ariège au pied du Seigneur du Couserans, le Mont Vallier.

Le jour d’après est consacré au retour. Avec le Petit Train Jaune d’abord qui nous fait parcourir la vallée de la Têt de Planès à Villefranche de Conflent.

Train Jaune

Et puis le groupe se sépare ; les uns retrouvant leur voiture à Villefranche pour filer ensuite vers Clermont ; les autres, retournant vers Perpignan et le littoral pour un après-midi farniente sur la plage d’Argelès avant le retour en bus à minuit vers Clermont. Clap de fin.

Merci à tous mes équipiers/équipières pour ce beau trek pyrénéen et toute cette belle tranche de vie partagée.  

Thierry

Merci à Sophie, Pierre, Pascal et Fabien pour leurs photos

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Séjour 14 Le Haut Velay et le Haut Vivarais en vélo rando

Date : du samedi 03 au vendredi 09 juin 2023
Secteur géographique : Région Haute Loire et Ardèche
Animateur : Michel D.
Nombre de participants : 8 animateur compris (3F, 5H)
Classement Atlas : Facile pour le technique et Moyen pour le physique
Kilométrage pour 2 voitures A/R : ~ 270 x 2 = 540 km
Météo : fraiche les deux premiers jours, vent d’ouest, orageux le troisième jour, retour au beau jusqu’au dernier jour.
Terrains : très sec sur pistes et petites routes ; conditions de roulage parfaites sur de bons revêtements mis à part le GR du col du Tracol.
Hébergement : 3 nuits en camping et 3 nuits sur aire naturelle

Les données kilométriques et altimétriques des journées sont le résultat de montres et GPS Garmin.

Total : 361 km 25h25 de roulage D+ 3795m et D-3810m

Le but recherché de ce voyage était de circuler sur le maximum d’anciennes voies ferrés aménagées en voies vertes, 4 au total, avec un parcours riche en observations des paysages montagneux et une remontée reposante sur les bords du Rhône, avant de s’attaquer aux montées plus physiques du Vivarais pour passer le col du Tracol.

JOUR 1 samedi 03 Juin :

Roulage : 3h10 distance : 36 km vitesse : 11km/h D+650m D-200m
Classement de l’étape : Moyenne
Départ du parking auto de la voie verte de Coubon – passage à Brive Charenssac – départementale sur 1 km 500 avant de prendre la voie verte du Trans Cévenol à Orzilliac – pause repas au 1er viaduc puis Monastier sur Gazelle – passage et pause pour regarder les sauteurs à l’élastique du viaduc de la Recoumène – Freycenet la tour et étang de Barthe. Arrivée et montage à 16h30 du bivouac zone nature.

JOUR 2 dimanche 04 Juin :

Roulage : 3h25 distance : 42km vitesse : 13,6km/h D+600m D-700m
Classement de l’étape : moyenne
Remarque : Réveil dans une volière par le gazouillis des nombreux oiseaux.
Départ à 8h direction village des chaumières de Moudeyres (visite) – lac de St Front – Fay sur lignon – les Vastres 12h et l’orage vient vers nous (abri hangar d’un agriculteur pour notre repas de midi) puis arrivée à St Agrèves. Mise en place du bivouac sur le quai engazonné de la gare du train à vapeur car un nouvel orage menace, mais rien au final. Avec notre arrivée de bonne heure cause orages nous avons pu observer les manœuvres très instructives de départ du train vapeur (mise en pression de la vapeur et embarquement des voyageurs pour Roucoule ; ensuite moment de douceurs gaufres pour certains.

JOUR 3 lundi 05 Juin :

Roulage : 3h30 distance : 63 km vitesse : 19 km/h D+145m D-1050m
Classement de l’étape : facile
Cette nuit grosse averse orageuse de 20h30 à 22h30, nuit calme ensuite
Matin ciel dégagé et fraicheur humide à 6 h
Départ de l ‘étape à 9 h sur la Dolcia Via après quelques courses de ravitaillement – 10h30 St Martial de Valamas et visite de la fabrique de bijoux  »les georgettes » redémarrage à 11h – pause midi au Cheylard au bord de l’Eyrieux – arrivée au camping de Fortunas à 16h.

JOUR 4 mardi 06 juin :

Roulage : 4h45 distance : 70 km vitesse : 15,4 km/h D+250m D-270m
Classement de l’étape : Facile
Nuit beaucoup plus chaude. Levée à 6 h et départ à 7 h non 7h 30 car remorque bob crevé !!!
Suite de la Dolcia Via jusqu’à St Laurent du Pape et visite de Beauchastel – puis via Rhona – repas midi à Mauve – passage à Tain l’Hermitage – Tournon sur Rhône – arrivée à St Vallier à 16h – camping et montage du bivouac, belle météo.

JOUR 5 mercredi 07 juin :

Roulage : 5h distance : 65 km vitesse : 13km/h D+1100m D-600m
Classement de l’étape : Moyenne
Départ 7 h30 par la très belle vallée de Cance 12 km de montée – Annonay visite de la cité des Mongolfiers – puis départ sur la via Fluvia ( dit aussi « la galoche » car les passagers étaient chaussés de galoches pour venir vendre à Annonay leurs marchandises). Elle nous mènera jusqu’à la Voute sur Loire- puis Boulieu les Annonay- Dovezer et là le gros de l’étape arrive avec la montée en lacets pour rejoindre l’ancienne voie ferrée – la gare de St Sauveur en Rue – puis à les Chavannes on prend le GR pour accéder au col du Tracol – puis repos par une longue descente sur voie verte sur Riotord et arrivée à la gare de Dunières à 16h – bivouac sur l’aire de la galoche.

JOUR 6 jeudi 08 juin :

Roulage : 4 h distance 56 km vitesse : 14 km/h D+650m D-850m
Classement de l’étape : moyenne
Départ 8 h- Montfaucon, achat repas de midi puis passage à Grazac et descente à la passerelle himalayenne (260m de lond) qui enjambe les gorges du Lignon en A/R – puis repas de midi au bord de Lignon – passage à Yssingeaux – puis arrêt et observation de la curiosité de Rosière, le Ravin de Corboeuf – arrivée à la Voute sur Loire au camping à 16h .

JOUR 7 vendredi 09 juin :

Roulage : 2h distance 30 km vitesse : 13km/h D+ 400m D-140m
Départ du camping 8 h puis route partagée jusqu’au Puy en Velay -pont médiéval de la Charteuse et traversée de la Loire sur celui-ci et pistes cyclables pour visite de la ville – Rocher Aiguille de st Michel- montée à la cathédrale – gare du Puy – et piste verte de Costaros pour remonter sur Coubon avec arrêt final au parking du 1er jour de Coubon vers 11h. Chargement des vélos et retour sur Clermont en fin de journée

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VOICI le RESSENTI de CHACUN :

Geneviève :
Un petit mot pour te remercier de ce super séjour, bonne humeur rigolade m’ont fait oublier ce fameux Tracol tant redouté. Merci pour votre assistance.
Super organisation.

Armand :
Un séjour très agréable, convivial, le top.
Parcourir les différentes voies vertes et prendre des départementales comme la vallée de la Cance et le col du Tracol.
Savoir prendre du temps pour visiter les villages, le ravin de Corboeuf, la passerelle de Grassac…
C’est le but du voyage à vélo.
Pour en finir le moins attrayant pour moi les bords du Rhône, ce n’est pas grave il fallait bien revenir vers le 43 pour rentrer.

Patrick :
Il y a bien longtemps, en voyant tous ces vélos chargés comme des mules le long des routes de France, que je rêvais de participer à de telles expéditions.
Eh bien ce fut chose faite en participant à la rando vélo traversant le Haut Velay et le Haut Vivarais. Certes ce ne fut pas de tout repos car certains dénivelés ne nous ont pas fait oublier les dures lois physiques de la nature mais les paysages splendides et la super ambiance du groupe étaient plus forts que tout. Les pique-niques pris le long des chemins, nos nuits en toile de tente dans des campings ou dans des endroits insolites nous reconnectant à la nature, furent des moments très forts partagés avec ce groupe.
Que de bons souvenirs pour moi accumulés pendant cette semaine que j’attendais avec impatience pour enfin vivre des moments me faisant sortir de mon quotidien et acquérir une expérience de cycliste que je ne connaissais pas trop.
Merci à tous et particulièrement à Michel pour cette escapade qui me poussera sûrement à parcourir d’autres routes et de via vélo.

Valérie :
Parcours agréable et varié, belle campagne verdoyante avec soit une vue dégagée sur les monts et sucs soit une vue plongeante sur les cours d’eau.
Alternance de bivouacs et campings tout à fait adaptée. Un bon groupe, on a pédalé dans la bonne humeur avec bienveillance et cerise sur le gâteau la météo été avec nous, merci.

Didier :
Je reviens du séjour de vélo chargé dans le Haut Velay et Haut Vivarais et je tenais à remercier Atlas Aventure et plus particulièrement Michel Debord pour son professionnalisme sans faille malgré son statut d’animateur amateur bénévole. En effet tout a été parfait et de plus les participants ont formé un groupe avec de nombreux échanges, une entraide réconfortante et tout cela dans le sourire et la bonne humeur. J’ai adoré en particulier la descente de la vallée de l’Eyrieux et la montée dans la vallée de la Cance. Michel n’a pas dérogé à notre habitude de sortir un instant du tracé officiel. Pour finir notre ascension du col de Tracol, nous avons emprunté, pour éviter une route à grande circulation, une piste forestière à fort dénivelé. Ce passage difficile restera comme d’habitude un moment inoubliable qui nous rend si fier d’être encore capable d’accomplir de tels exploits.
Un grand MERCI.

Christian :
Très bien RAS.

Edith :
Une semaine qui m’a parue trop courte mais très agréable avec une excellente entente des participants. Un parcours dont les étapes étaient toutes différentes. La difficulté du parcours le col du Tracol a été monté dans la bonne humeur de tous.
Un grand merci à tous les participants pour les partages et bons moments.

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Séjour 12 du 24 au 25/05/23. En canoë canadien sur l’Allier

Animateur : Michel J.

Nombre de participants : 8 (3 femmes et 5 hommes).

Le mot de l’animateur : une nouveauté cette saison avec cette programmation en milieu de semaine pour un court séjour en canoë. Le but recherché est de capter quelques adhérents pour décharger les autres activités. Cette descente a une nouvelle fois été riche en observation puisque nous avons pu voir à quatre reprises un oiseau discret, le bihoreau gris appelé également héron Bihoreau. Petit sur patte, trapu doté d’un cou court, il se montre très peu et se cache très vite dans la ripisylve. Un autre oiseau arrivé récemment d’Afrique pour nicher dans les berges sableuses s’est manifesté par son cris particulier, le Guépier d’Europe. Le guêpier est un oiseau très coloré : son dos est de couleur brune et jaune et son ventre ainsi que sa queue tirent sur le vert et le bleu. Sa gorge est jaune vif et se décolore en blanc jusqu’à ses joues et son front. Un masque noir entoure ses deux yeux rouges et prolonge son bec noir légèrement incurvé. Arrêtés sur la rive en face de leur lieu de nidification, nous avons pu l’observer pendant un long moment.
L’itinéraire proposé allait de Joze au pont barrage de Vichy. Le niveau d’eau nous a permis de naviguer à belle allure et de couvrir cette distance sur deux jours facilement nous laissant de belles pauses pour échanger et installer un bivouac confortable sur une île herbeuse à quelque kilomètres de St Yorre. J’ai sollicité les participants pour apporter leur vision de ce voyage.

Approche pour une pause

Georges : « Au détour d’une boucle de l’Allier apparaît une falaise de sable de quelques mètres. Nous apercevons de nombreux trous d’hirondelles de rivage. Intense activité en pleine période de reproduction. Un peu plus loin, c’est la même activité mais avec des guêpiers. Un arrêt s’impose pour admirer ces magnifiques oiseaux ».

Santiago, notre argentin auvergnat : « Faire du canoë c’est une activité magnifique et surtout enrichissante pour se rassembler et commenter des anecdotes, mais avant tout… Presque personne ne s’imagine le travail et les énergies mises derrière chaque sortie. Après plusieurs jours d’emails envoyés pour finir de concrétiser les dernières informations aux participants, les retenus dites “commis” et le capitaine des naufrages se sont rassemblés rue du temple à 8h30 pour attaquer et mettre en place les bateaux et matériels qui seront nécessaires pour affronter les obstacles hasardeux de la journée, comme le capitaine du navire répète toujours à ses commis “l’Allier c’est une rivière changeante, vous n’allez jamais trouver deux fois la même rivière”. Les embarcations prêtes à partir, les uns laissant ses compagnes, les autres sans personne à qui dire au revoir, c’est parti pour s’aventurer dans des eaux mystiques…qui sait quels animaux iront-ils rencontrer? Reviendront-ils tel qu’ils sont partis?
Départ avec quelque fraîcheur, l’incertitude de la pluie s’empare des naufragés, l’eau de pluie reste dans la mémoire de ceux qui ont survécu à l’aventure précédente, la voix du capitaine réconforte et rassure la population des bateaux, “le débit moyen sera de 60 m3 l’heure, beau temps pour ces deux jours”… 
Les croissants et café chaud déjà pris depuis des longues heures à la maison à côté des bien aimés, la faim commence à assiéger les estomacs des naufragés que maintenant doivent s’y soumettre à la solitude et la dépendance de ses actes, car une manœuvre mal faite, c’est toute l’embarcation qui paiera la note dans son ensemble…

Carbohydrates et protéines pour les uns, dont semoule, pasta ou sandwich, et légumes pour les autres, le tout se rassemble dans une petite île pour donner au corps de l’énergie en forme d’aliments, et c’est à lui de le transformer en énergie chimique pour qu’eux puissent continuer cette aventure, sans oublier un nouveau allié qui se approché du groupe, merci Mr Soleil de faire la journée plus paisible et clémente, les esprits des aventuriers reposent en paix… »

Martine : « J’ai découvert la parenthèse verte , vous connaissez ? C’est un cours d’eau encore sauvage que nous avons parcouru en canoë. Une plongée dans l’univers du vert : Vert sombre de l’eau jalonnée de plantes aquatiques et parsemée de pollens, exubérance de dégradés de verts des saules pleureurs, peupliers, frênes et aulnes bordant la rivière et, pour parfaire le tableau, les oiseaux : hérons, aigrettes, cigognes, sternes, hirondelles, oies bernaches, guêpiers. La Nature dans tout son éclat et sa splendeur ! Humilité devant tant de beauté et respect sur ce moment rare ! Merci »

Denis : «  Pfff ! Pas facile de faire quelques lignes sur ce court séjour canoë… 2 pages pour 2 jours, oui ! mais là …  il y aurait tant à dire… Je pourrais évoquer la proximité de cette rivière sauvage, son attrait, son débit, la météo très conciliante, la renouée du Japon envahissante, les immondices qui s’y noient, ces vaches qui broutent la végétation fluviale … je pourrais vous parler de ce canot qui se dandine, de ce pêcheur impassible ou encore de ce paisible martin-pêcheur, encore évoquer le guêpier d’Europe qui vient d’Afrique, le martinet infatigable, le bivouac insulaire,  je pourrais, je pourrais … vous annoncer que l’animateur… que nous étions… que nous faisions … mais de tout cela je ne le ferais pas … Je préfère aborder cette singulière pensée qui me revient en plein milieu de ces séjours Atlas et de pleine nature … « Bon sang, nous ne devons pas être très nombreux là tout de suite en France à vivre et pratiquer une telle activité … »
L’impression de vivre des moments singuliers donc rares, accessibles et pourtant exceptionnels… des instants de communion avec notre nature … Essayez et vous verrez ! Merci Atlas ! Bravo à l’animateur ».

Gwladys : « Moins de fatigue musculaire après 2 jours de pagayage, il semble que le geste soit devenu plus naturel avec toutes ces séances de pratique !
Très à l’aise dans le canoë, j’ai aussi mieux ressenti les effets du courant cette fois-ci. Excellent bivouac, j’ai pu profiter d’avoir un grand jardin pendant quelques heures…
Pour l’émerveillement, c’était cette rencontre avec les guêpiers. L’oiseau bleu est une légende mais un oiseau multicolore existe pour de vrai. C’est beau.
Pour l’étonnement, c’était l’entrée de Vichy par les eaux… rien à voir avec une arrivée en ville par la route.
Et pour finir, un mot sur les rencontres. J’ai fait la connaissance de G&G ce week-end (Georges et Gilles). Vraiment sympa de rencontrer les adhérents lors des séjours, ça donne le temps de les connaître (un peu) mieux. Merci pour la balade ».

Sophie : « Toujours très jolies, calmes, apaisantes, sauvages ces descentes de l’Allier en cette saison, pleines de couleurs, d’odeurs….
Le soleil est au rendez-vous, les oiseaux aussi, ainsi que toutes les explications de Michel.
L’eau étant haute, nous pouvons descendre assez vite sans trop de risque et sans trop forcer sur la pagaie! L’arrivée est excellente avec les filles  » les Maries » qui sont là pour nous récupérer avec un bon gâteau ! Un grand merci à tout le monde pour tous ces partages et bons moments ».

Gilles :  « A quoi pouvais-je m’attendre en m’inscrivant à ces 2 journées sur l’Allier ? un peu d’exercice physique ? se re-connecter à la nature ? retrouver les autres Atlassiens ? Tout cela je le
connaissais, cela fait quelques années que je pratique l’activité.
Bien sûr, comme toujours, il y avait un peu d’appréhension : une météo inconfortable, un
paquetage mal préparé, l’oubli du nécessaire, un imprévu qui nous précipite à l’eau…
Finalement, comme toujours, on en revient avec des sensations, des impressions, des images,
des souvenirs. Rassurés sur nos capacités, contents d’avoir constaté qu’il existe encore une vie
sauvage toute proche de nous, avec le sentiment d’avoir vécu une parenthèse extra-ordinaire.
Et surtout, le partage de tout cela, avec un un co-équipier, un groupe… Avoir appris, encore et
toujours, un peu plus, simplement à vivre avec les autres ».

Bivouac au calme sur une île.
Chargement des bateaux le deuxième jour

Météo : le vent a été orienté à l’Ouest et s’est maintenu pendant les deux jours. A l’abri de la végétation, le bivouac a bénéficié d’une température clémente qui a permis de nous rassembler pour le dîner et d’échanger sur plusieurs thèmes.
Niveau d’eau : pour mémoire, j’ai relevé les débits suivants :
mercredi 24 mai, à Limons à 10h00 : 74,1 m³/s
jeudi 25 mai à St Yorre à 14h00 : 93 m³/s

Observation des guêpiers d’Europe

Classement : facile mais cela reste de l’aventure.
Conditions de navigation : bonne avec une rivière qui a utilisé toute la largeur de son lit dès le départ masquant les difficultés.

Kilométrage parcouru : 48 approximativement. Les données ont été fournies par une montre GPS de marque Garmin. Vitesse moyenne de progression sur les 2 jours : 8,0 km/h (environ)

Matériel mis à disposition par l’association :

  • 3 canoës canadien de marque Venture modèle prospector 17
  • 1 canoë canadien Nova Craft prospector 17
  • équipement complémentaire pour les canoës (4 pompes, 4 écopes, éponges, 4 cordes de 15 mètres, des mousquetons, 2 chariots)
  • pour les bagages, chaque participant avait à sa disposition un container de 60 litres et par bateau un autre de 30 litres plus un sac étanche de marque Zulupack.
  • pour le couchage individuel souhaité 2 tentes Hardwear Montain, 2 tentes Jamet Goretex sans double toit (quatre participants avaient leur tente personnelle)
  • 2 tapis de sol complémentaires Space Blanket (orange)
  • équipement pour les participants (8 gilets d’aide à la flottabilité, 8 pagaies et 1 de secours)
  • pour le transport des bateaux et containers : une remorque routière équipée de l’adaptation « canoë »
Déchargement du matériel à Vichy

Eau : chaque bateau avait à sa disposition une bonbonne de 5 litres d’eau.
Nourriture : prévue au départ par chaque participant et disposée dans les containers mis à disposition
Accident : néant
Temps de préparation : 10 heures (découpage des journées de l’itinéraire, montage de la remorque, rassemblement et vérification du matériel, achat des bonbonnes d’eau, informations aux participants par mail et téléphone, compte rendu etc…)
Organisation générale : transport: à l’aide de deux véhicules en co-voiturage, Santiago (Peugeot 206) et Michel J (Renault kangoo) tractant la remorque nous sous sommes rendus à Joze, lieu de la mise à l’eau. Le déplacement routier s’est fait en 0h30 environ.
Anne-Marie et Marie sont venues, le 25 récupérer le véhicule Kangoo et la remorque pour les acheminer à l’arrivée. Un grand merci à elles pour leur disponibilité !
Kilométrage général effectué par les véhicules : 100 km (Anne-Marie) ; 50 km (Santiago) ; 145 km (Michel J) soit un total de 295 km.
Hébergement : le bivouac en milieu naturel a été calme et reposant bercé par les chants des grillons et des grenouilles.

Pendant le trajet, nous avons collecté un gros sac de déchets plastique et verre qui ont été triés et déposés dans les containers ad-hoc à Clermont.

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Séjour 11 – du 18 au 21 mai 2023 – Entre Bois Noirs et Monts de la Madeleine

Animateur : Sébastien
Nombre de participants : 3 animateur compris (2F, 1H)
Distance totale 79 km
Dénivelée totale : 2550 m +
Classement Atlas : Moyen
Préparation et rédaction : 8 heures

Jour 1 : Arconsat – Les Sagnes (La Tuilière) 22 km, 900 m +, 750 m -, 7h30 pauses comprises.
Météo : Nuageux, températures fraîches
Nous partons tambour battant à l’assaut du Rocher du Coq, une montée qui nous offre de belles échappées sur la vallée de l’Auzon. De coq, nous n’en verrons point, mais c’est un très beau chevreuil qui s’enfuit à notre arrivée à l’approche du sommet. Notre cheminement se poursuit dans un très agréable sous-bois. Les Bois Noirs ne sont pas toujours sombres, qu’on se le dise ! Le soleil nous fait ici de très beaux clins d’œil à travers les frondaisons des arbres.
Nous passons un peu plus loin devant la Pierre des trois Messieurs, un gros rocher indiqué comme curiosité touristique mais qui nous laisse assez dubitatifs… Nous ne saurons en outre jamais l’origine de son nom.
Continuant notre route en direction de Chambodut, nous faisons parcours commun pendant deux kilomètres avec une randonnée organisée que nous quitterons en entrant dans le Bois de Borjat. Une belle montée hors piste nous attend ici pour nous mener sur une petite crête entièrement recouverte par la forêt. C’est légèrement en contrebas que nous trouverons un endroit idéal pour établir notre premier bivouac.


Jour 2 : Les Sagnes – Pont Renaud (La Chabanne) 23 km, 400 m +, -800 m -, 8h30 pauses comprises.
Météo : Ensoleillé avec quelques passages nuageux, températures douces
La matinée s’annonce ensoleillée et c’est avec bonne humeur que nous reprenons notre chemin. Nous sommes cette fois dans le Bois Vague et malheureusement pour nous, cette dénomination s’avérera prémonitoire car notre cheminement ne se déroulera pas sans encombres. Plusieurs chemins indiqués comme libres d’accès s’avéreront en réalité privatisés par plusieurs propriétaires. Et quand par chance, nous en croisons un sympathique qui ne verrait pas d’inconvénient à nous laisser passer sur ses terres, il nous indique que son voisin pourrait ne pas être aussi accommodant si nous venions à passer la barrière de sa parcelle de terrain. Bref, après avoir jardiné un moment entre clôtures et barrières, nous nous résignons à rebrousser chemin jusqu’à la Pierre Rolland afin de contourner la zone pour nous rendre à notre objectif qu’était le Rocher de Rochefort, si proche et pourtant si loin… Nous serons finalement récompensés par un repas avec vue sur la vallée de Roanne.
Le reste de la journée sera plus calme et le parcours beaucoup plus roulant. Nous progressons à travers la forêt avec un entrain qui compense largement notre faux-rythme de la matinée, et déjà nous arrivons au Rez de Bonnière, petite proéminence dominant le vallon du Sapey. C’est au confluent de ce ruisseau et du Galant que nous poserons nos tentes pour cette deuxième nuit.


Jour 3 : Pont Renaud – Leydy (Lavoine) 20 km, 850 m +, 400 m -, 7h00 pauses comprises.
Météo : Ensoleillé, se couvrant en soirée, quelques gouttes de pluie après avoir monté le bivouac, températures douces
En ce troisième jour, nous montons sur la crête reliant le Grand Roc au Roc de Gabelous. Quel que soit l’endroit où nous portons le regard, la vue est magnifique tout au long de notre progression et même les éoliennes installées ici ne parviennent pas à gâcher le paysage. Notre progression est volontairement ralentie mais nos yeux nous en savent gré. Entre la vallée du Sichon à l’ouest et la vallée de la Besbre à l’est, nos pas finissent par nous porter au Rocher Saint-Vincent qui, bien que ne dominant pas totalement la région du haut de ses 926 mètres, nous offre néanmoins un beau coup d’œil sur le village de Lavoine et sa vallée. Nous profitons du site un long moment avant d’entamer notre descente.
Les pentes du Puy de Montoncel se profilent devant nous. Nous ne nous y frotterons que le lendemain, mais cela nous donne une idée des dernières difficultés du séjour avant une bonne nuit de sommeil dans le vallon de la Besbre.


Jour 4 : Leydy – Arconsat. 14 km, 400 m +, 600 m -, 5h00 pauses comprises.
Météo : Brumeux le matin, se découvrant peu à peu tout au long de la journée, températures fraîches le matin, douces à midi
La journée démarre directement par l’ascension du Puy de Montoncel. Nous choisissons toutefois l’option douce, en passant par le Plan du Fumouzert et le Col des Planchettes. Le sommet est aujourd’hui déboisé, ce qui permet d’apprécier un vaste panorama, malheureusement occulté par une brume matinale persistante lors de notre arrivée. Nous parvenons néanmoins à distinguer les reliefs les plus proches. Le temps de saluer deux courageux trailers, et nous voilà repartis pour une longue descente à travers bois et forêts le long de la Grande Goutte. Nous retrouvons le Rocher du Coq qui n’a pas bougé depuis le premier jour et nous parvenons en début d’après-midi à Arconsat, ravis de notre week-end prolongé.

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Séjour n°10 du 11 au 12/05/2023. Navigation sur un plan d’eau de proximité en kayak de mer

Animateur : Michel J

Nombre de participants : 5 animateur compris (3F, 2H)
Météo : belle journée jeudi avec de belles périodes ensoleillées, vent de nord sensible et frais. Vendredi couvert avec de la pluie fine à partir de 11h00 puis sous forme d’averses orageuses pour finir en apothéose par un orage de grêle sur la fin du parcours
Classement : facile

Matériel mis à disposition par l’association :
– 5 kayaks de mer ; 2 Bélouga 1 de marque Plasmor dont l’un mis à disposition par l’animateur, 2 de marque Dag, modèle Miwok et Ysak, 1 Fury de marque Kayman (bateau de l’encadrant).
– équipement complémentaire pour les kayaks (jupes d’étanchéité, éponges, 1 cordelette de 10 mètres)
– équipement pour les participants (gilets d’aide à la flottabilité, pagaies doubles et 1 de secours)
– pour le transport des bateaux et containers : une remorque routière équipée de l’adaptation « kayak»

Organisation générale :

Transport: à l’aide d’un véhicule en covoiturage Michel J. (Renault kangoo) tractant la remorque.
Kilométrage général effectué par le véhicule : 220 km
Niveau d’eau : proche de son maximum.
Conditions de navigation : très bonne.
Kilométrage parcouru : 30 km sur les 2 jours à la moyenne de 5,2 km/h environ.

Préparation du matériel, rangement, nettoyage et compte rendu : 3 heures

Le mot de l’animateur :
Prévu initialement sur le plan d’eau des Fades-Besserve, j’ai modifié la destination en prenant en compte la météorologie du moment très instable et nous nous sommes rendus sur le lac de barrage de la Triouzoune, appelé également lac de Neuvic.


Relation des faits :

Ces deux journées ont été consacrées à explorer cette étendue d’eau de 410 hectares en suivant les rives droite et gauche, faisant le tour de la grande et des petites îles dans un décor campagnard avec des plages de sable blanc désertées à cette saison. Ayant mis à l’eau à proximité du pont de Pellachal, nous avons remonté le cours d’eau de la Triouzoune sur environ 3 kilomètres, profitant d’une nature devenue silencieuse au fur et à mesure que l’on s’éloignait de l’axe routier. Bordé de quelques maisons, la plupart inoccupées, d’une belle forêt de hêtres sur les rives droite et gauche, de quelques parcelles herbeuses ou de zones humides, la remontée s’effectue dans le calme au rythme des coups de pagaies. Après quelques virages, on retrouve une rivière plus étroite avec une hauteur d’eau de plus en plus limitée et un lit maintenant occupé par de grosses pierres granitiques qui nous obligent bientôt à un demi tour.


Remontée de la rivière Triouzoune

Nous passons sous le pont de Pellachal et tirons tout droit sur la grande île et sa plage de sable blanc pour pique-niquer. Le soleil est bien présent et à l’abri du vent du Nord, la température reste fraîche mais supportable. L’après-midi sera consacré à explorer la partie nord du plan d’eau, rives droite et gauche. Le bivouac sera installé sur la grande île sous des chênes faméliques.

Bivouac sous le soleil…

Certains prendront le temps de visiter ce petit territoire où des couchettes fraîches et des traces de sabots font penser que certaines nuits un chevreuil vient élire domicile en ce lieu après un parcours de natation. La nuit a été calme et reposante bercée jusqu’à l’obscurité par le chant des oiseaux. Quelques gouttes au petit matin avant le lever du jour. Le petit déjeuner, le démontage et pliage des différents éléments du campement, le chargement des coffres étanches des kayaks se font sous un ciel « bâché » menaçant. Nous laissons la petite île sur notre gauche et gagnons la rive droite, bientôt le petit port de Neuvic et nous nous amusons à zigzaguer entre les obstacles afin de rendre ce parcours moins monotone.

Chaque recoin est visité

Chaque anse est inspectée et bientôt se montrent les interdictions d’approche du barrage, grosses bouées, panneaux significatifs ressemblant à des sens interdits. Nous faisons une pause sur une petite plage de sable et je propose de gagner la structure bétonnée afin de voir la vallée étroite de la Triouzoune en contrebas. Abandonnant les bateaux sur la grève, nous cheminons à travers la forêt, une fine pluie irrégulière nous accompagne depuis un petit moment.

Retour humide vers les bateaux


Quelques ouvriers sont à l’œuvre sur la base du déversoir, l’évacuation de l’eau se faisant par une grosse buse provisoire en plastique noir. L’originalité de cet ouvrage réside dans le fait que la centrale électrique qui produit 56 000 000 KW est située à la sortie d’une conduite forcée souterraine de plusieurs kilomètres installée sur le barrage de l’Aigle sur la Dordogne.
De nouveau sur l’eau, nous naviguons jusqu’à la plage du Maury où nous étions passés en juillet 2021 lors du séjour n°16 à Vélorando « Du Sancy à l’océan en suivant la Dordogne ». Nous profitons de la protection du toit du poste de secours pour pique-niquer. Le temps est gris et la température fraîche n’incite pas à la baignade. La pression atmosphérique est en baisse au vue du vol des hirondelles rustiques rasant l’eau à la recherche d’insectes. Le prochain objectif est la réserve piscicole interdite à la navigation située au Nord-Est du site. Il faudra abandonner les embarcations pour voir cette étendue où quelques oiseaux semblent profiter du garde manger. Pour finir cette seconde journée, nous remontons une nouvelle fois la Triouzoune qui prend sa source sur le Plateau des Millevaches, bien abrités du vent. Nous finissons ce joli parcours par un orage de grêle aussi violent que court. Nous abordons au point de départ sous un ciel redevenu clément. Petit nettoyage, déchargement des kayaks et c’est le retour sur Clermont.

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Séjour 9 du 10 au 15/05/23. Itinérance en Lozère

Animateur : Thierry
Participants : 2F, 3H
Transport aller-retour : en co-voiturage, 2 voitures de Chamalières à Bédouès
Météo : Assez maussade en général, ventée, fraiche, de la pluie et de la neige le J4
Animaux : pas d’animaux à 4 pattes, des vautours fauves, une salamandre…
Carte : 2739 OT
Cumuls : KM= 126,7     D+ =  4555 m environ  D-= 4500 m environ
Temps de préparation et de rédaction : 9 h

Jour 1 : Bédouès à Pont de Montvert- 24 km –1060 m D+  – 700 m D- 7h35 de déplacement

Nous voilà à notre point de départ, à Bedouès au bord du Tarn, en pleine zone cœur du parc National des Cévennes. Nous y resterons les 5 prochains jours. L’objectif de la journée est de rejoindre Pont de Montvert, étape importante du chemin de Stevenson en suivant en grande partie le très beau GR 670 dit chemin Urbain V. Nous allons traverser de bout en bout le Bougès – micro région du Parc, grand plateau aux versants nord et sud bien différents : l’ubac boisé avec ses hêtraies naturelles et ses conifères plantés dès la seconde moitié du 19ème siècle en partie pour lutter contre l’érosion causée par l’élevage ovin (idem boisement du Mont Aigoual) et l’adret avec ses paysages typiquement cévenols fait de châtaigneraies et de landes sur les sommets. Des voitures au cœur du village, un sentier bien abrupt pour un début de rando nous mène en quelque centaines de mètres et 200 m de D+ sous le Mont de Lampézeau, sur un chemin plus large support du GR 68 -tour de Lozère. Nous cheminons tranquillement pour reprendre notre souffle jusqu’à un grand carrefour de GRS : GR 70 Stevenson-GR 68 et GR 670. A ce carrefour, nous tombons sur un groupe de randonneuses qui font le Stevenson. Elles sont de Clermont et l’une d’elle travaille chez un grand manufacturier de pneumatiques – incroyable ! 😊 – Elles sont en mode rando légère car leurs sacs sont taxicotés d’étape en étape. Une entreprise juteuse ces taxis sur ce GR très fréquenté. Nous vantons pendant quelques centaines de mètres communes notre pratique de la rando à Atlas. Nous leur faisons un peu peur… Rapidement nos chemins se séparent dans une grande boucle de terrain et nous partons sur notre GR 670 en direction de Rampon plus bas au NE. Nous traversons plusieurs gués de ruisseaux complètement secs. Le relief est fait de multiples ravins et nous perdons vite la dénivelée initiale pour parvenir au bord du ruisseau de Ramponsel proche du hameau de Rampon et du Tarn dont il est l’affluent. Nous nous arrêtons au bord du ruisseau pour le pique-nique. Après cette pause rafraichissante il va falloir remonter ce que nous venons de descendre en direction de Grizac. Nous nous élevons progressivement et la vue sur le sud du Bougès et au-delà vers le Gard est remarquable. La forêt s’éclaircit de plus en plus jusqu’à parvenir sur le plateau de Grizac. Nul doute sur la nature de la roche, le granit ! Il affleure partout. Nous voyons au loin un beau hameau aux maisons très serrées bâties dans la pierre locale. Il s’agit de Grizac, lieu de naissance de Guillaume Grimoard, futur Urbain V, en 1310. Son château bien visible un peu en contrebas du hameau a été restauré il y a peu par son riche propriétaire (dixit les panneaux explicatifs).

Château de Grizac

Ce futur pape à fit construire à Bédouès une collégiale afin d’accueillir le tombeau de ses parents en 1363.

Collégial de Bédouès

Le genêt est partout sur le plateau. Cette terre protestante se manifeste dans le hameau sous la forme d’un gîte d’étape protestant qui accueille de nombreux jeunes de cette religion, ils viennent principalement d’Alès et Nîmes qui ne sont pas si loin. Sans en avoir l’air, nous avons sans effort apparent monté près de 400 m depuis Rampon.

Après une longue pause au hameau – j’ai discuté longuement avec les propriétaires du gîte – nous quittons définitivement le GR pour suivre des petits chemins qui nous mènent deux kilomètres plus loin à la Pierre Plantée, menhir de 3 m de haut : « Gargantua venant des Causses posa l’un de ses pieds, chaussés de sabots, sur le tertre qui domine Grizac et l’autre sur un sommet qui, à 5 km de là, s’élève près du village de Ventajols aux environs de Florac. Le géant qui portait la fameuse pierre plantée – le menhir de Grizac – s’en débarrassa en la rejetant avec force dans le sol où elle se ficha, et où elle devait servir de repère pour ses futurs exploits ».

Menhir de Grizac

Voilà comment un historien local explique la présence du monolithe (Saintyves, “Corpus du folklore préhistorique”). L’étape est presque terminée. Après une longue descente escarpée jusqu’à L’Hermet, hameau tout en granit bien sûr, une petite route nous amène tranquillement jusqu’au Pont de Montvert.

Pont de Montvert

Nous traversons le pont pour monter jusqu’à notre gîte municipal et nous installer dans un bâtiment sans charme et trop chauffé. Nous ne nous y attardons pas car il faut aller chercher notre dîner à l’auberge des Cévennes.

Comme la priorité au restaurant est donnée aux gens qui dorment sur place, je me suis arrangé pour qu’on nous prépare les plats (velouté de champignons, poulet et fondant au chocolat) à emporter. L’accueil est des plus chaleureux et le rhum arrangé offert en guise d’apéro et pour nous faire patienter est des plus apprécié. Après un excellent repas, dodo pour reprendre des forces pour l’étape de Villefort qui va nous réserver de belles surprises

Jour 2 : Pont de Montvert à Villefort – 31 km –1300 m D+  – 1555 m D- 10h50 de déplacement

Après un petit déjeuner préparé par nos soins (chacun en portait une partie dans son sac), nous redescendons à l’Auberge des Cévennes pour prendre notre pique-nique. Nous empruntons une ruelle qui arrive au Pont qui constituait l’artère commerciale principale jusqu’au milieu du 19 ème siècle avant d’être remplacé par la Route neuve qui longe le Tarn. Coïncidence, le soir de notre retour, France 2 diffusait « Antoinette dans les Cévennes » : il y a une scène où l’on voit Laure Calamy descendre au village sur un âne car elle en délicatesse avec sa cheville… Elle arrive par cette ruelle-là. Une fois le petit café offert à nouveau par Eva la charmante aubergiste, nous entamons notre journée. Du pont nous voyons au sud, la file des randonneurs qui suivent le GR 70 jusqu’à Florac. Dans notre sens NOBODY 😊

L’objectif principal du jour est de trouver les sources du Tarn en arrivant par l’ouest. Dès la sortie du village nous regagnons vite 200 m de dénivelée pour randonner plein est sur une micro-région qu’on appelle la plaine du Tarn qui est en fait une plaine d’altitude sur laquelle nous allons progresser par des chemins en balcon.

Ce secteur est parsemé de rochers et il est constitué de vastes pâtures, de landes à genêt sur les pentes délaissées et de vieilles hêtraies. Elle est ponctuée de remarquables hameaux et écarts, bâtis en gros moellon de granite gris comme Villeneuve et Salarial plus au nord. Parmi ces écarts (petites constructions), la fontaine de Villeneuve est remarquable.

Fontaine de Villeneuve

Le Tarn prend sa source dans un creux humide des sommets et nous le voyons et entendons de proche en proche, cours d’eau modeste mais déjà puissant. Nous parvenons à Salarial à plus de 1350 m d’altitude après un long hors-piste faute d’avoir trouvé à temps le petit sentier qui mène au hameau, plus haut perché. A la sortie de Salarial, nous trouvons le GR 7 que nous suivons 400 m environ avant de partir volontairement hors-piste à l’est en suivant la lisière d’un bois de conifères. Le GR7 suit à cet endroit l’ancienne draille / « le chemin ferré » qui mène au col de Finiels, à moins d’un kilomètre à vol d’oiseau. Nous marchons précisément sur les contreforts du Mont Lozère sur un grand chemin de transhumance… Pourquoi cet hors-piste allez-vous me dire ? J’ai pris en fait un azimut à partir de l’extrémité orientale du bois en question en visant le point nommé « sources du Tarn » sur la carte IGN. La progression pour y parvenir est malaisée et rester en lisière est simple sur le papier mais pas sur le terrain. Nous entrons / sortons du bois en suivant la direction visée mais nous tombons presqu’au bout du secteur sur de gros blocs de granit à travers lesquels nous slalomons.

Un dernier effort pour monter la pente qui nous conduit au point matérialisant le départ de la visée. Nous y déjeunons, protégés autant que possible du vent du nord qui souffle en rafales. A l’issue, je règle la boussole sur l’azimut 44° et nous commençons à le suivre sur deux kilomètres environ. Nous progressons sous un ciel menaçant dans le vent sur un terrain de pelouses et de landes rases accompagnées par un patrimoine géologique de granit, de tourbières et de sources. Le tout forme un immense paysage spectaculaire. Nous sommes dans la bonne direction car dans un premier creux nous trouvons pile la source indiquée sur la carte mais ce n’est pas le Tarn encore. Pour y parvenir nous devons sortir de la cuvette pour parvenir 80 m plus haut sur l’épaulement qui surplombe les sources recherchées. Nous y sommes presque et je comprends alors mieux le pluriel « sources du Tarn » de la carte : en fait il y a plusieurs points d’eau qui alimentent la rivière à sa naissance. Nous remontons le ruisseau jusqu’au plus haut au NW comme indiqué sur la carte. Nous tombons là sur une mare que nous surnommons « la Mère des Sources ».

Source mère du Tarn

Nous avons suivi le plus précisément possible l’azimut qui nous a bien mené au point recherché. Mais le temps file et il est déjà plus de 15h quand nous quittons la jeune rivière qu’on devine bien dans le sol filant SW puis plein Sud vers Mas Camargues.

La progression a été plus lente que prévue et je dois hâter l’allure : plus question de passer par le pic de Cassini comme prévu initialement. Du haut de l’épaulement au-dessus du Tarn, j’avais repéré un beau chemin d’exploitation – la route forestière du Mont Lozère – que nous retrouvons près de 45 mn plus tard en suivant une direction E/SE à travers les mêmes paysages de lande et de bruyère.

Le secteur est nommé le Grand Clapier. Nous devons retrouver une piste qui nous amènera 900 m plus bas à l’intersection avec le GR 68- tour de Lozère, sentier que nous devrons suivre jusqu’à Villefort. Nous n’y sommes pas encore… En suivant toujours à une bonne altitude de 1550 m ce chemin que nous foulons finalement, j’aperçois très loin, plein Est, un gros dôme façon Puy de Dôme. Je pense avoir reconnu le Ventoux ce que me confirme Pierre avec son application d’identification des pics. Après avoir quitté définitivement la route forestière vers 16 h, un panneau indicateur nous annonce Villefort à 16 km. Petite frayeur 😊 La piste est en descente permanente sur une douzaine de kilomètres mais quand même. Je calcule rapidement que cela nous fera arriver à 19h30 environ. Nous allongeons un peu les foulées pendant que j’essaie de joindre le gîte pour leur annoncer notre arrivée tardive. Sans succès. Je le joindrai finalement une heure plus tard mais après avoir vu sur Internet que l’accueil se terminait à 20 h…  Une heure donc de gamberge pour l’animateur.

A l’issue de cette longue descente qui nous offre de superbes points de vue très loin à l’Est et au Sud, nous retrouvons la « civilisation » dans les hameaux des Chabannes et Pailhères. Dans ce dernier hameau nous sommes au fond de la vallée qui conduit à Villefort. Le propriétaire du camping que nous rencontrons nous conseille de suivre la route plutôt que de retrouver le GR 68 180 m plus haut. Vu l’heure – 18h- et les efforts consentis depuis la pause méridienne, je me range à son avis. Nous suivrons donc tranquillement cette petite route qui serpente dans la vallée le long du ruisseau de Pailhères. Un dernier gros coup de cul à l’entrée de Villefort nous mène directement au village de vacances des Sédariès, terminus de l’étape à 19h15. Nous aurons donc mis 3h15 pour faire ces fameux 16 km ! Nous avons le grand gîte/hôtel rien que pour nous. Un bon repas et une bonne nuit nous font récupérer de cette belle et longue journée de randonnée.  Pas encore de pluie et seulement deux randonneurs avec âne croisés pendant la journée.

Jour 3: Villefort à Le Bleymard  26 km – 1130 m D+ 690 m D-  – 8h de déplacement

Une étape plus calme que la veille pour cette troisième journée ! Nous marcherons plein W toute la journée, le long de la vallée de l’Altier, avec deux cols à franchir, au Nord du Mont Lozère.

Nous quittons le gîte par le même chemin que la veille. Nous ne descendons pas dans le cœur du bourg et nous ne voyons donc pas le grand lac qui est un vaste plan d’eau de 127ha, dû à une retenue artificielle du barrage de Villefort. Sa construction a commencé en 1956 et la mise en eau a eu lieu en 1964 immergeant la vallée de Bayard et obligeant une vingtaine de familles à quitter leurs maisons…

Nous laissons Villefort derrière nous par le GR qui n’est qu’un petit sentier à la dénivelée certaine… Après 2 km environ, le GR retrouve le tracé de la Route Vieille, seule route pour rejoindre Mende jusqu’à la création d’une route nationale en 1850. Au 17ème et 18ème siècle, cette route servait aux muletiers pour acheminer des marchandises diverses de la vallée du Rhône et du Midi dans ces territoires encore très habités. Une malle-poste s’aventurait aussi sur ce chemin royal : certainement pour le plus grand malheur du dos et fessier des voyageurs 😊. Nous marchons dans des paysages humanisés en enjambant des petites croupes assez adoucies en rive gauche de l’Altier grande rivière de l’Est de la Lozère qui alimente et traverse le lac de Villefort.

On comprend pourquoi la route a été construite à cet endroit plus facile qu’ailleurs où la géographie est plus escarpée. Les forêts que nous traversons sont mixtes : châtaigniers, hêtres et résineux. Près des hameaux : l’Habitarelle, Villepasses, Bergognon… l’élevage prévaut. Un peu avant l’Habitarelle, nous avons quelques points de vue sur l’extrémité Ouest du lac…  A Villepasses, hameau aux belles maisons cévenoles restaurées nous croisons un éleveur et son père avec lesquels nous échangeons quelques mots sur la dureté du métier. Très sympathiques !

La route se poursuit paisiblement jusqu’à la pause méridienne. Nous ne les voyons pas mais nous laissons à notre gauche plus haut dans les pentes d’anciennes mines d’argent. Nous sommes entrés dans Villefort la veille en traversant un quartier nommé La Fonderie… Vestige d’une ancienne activité métallurgique comme ailleurs dans le Massif Central. Des mines de plomb et de zinc ont également été exploitées le long de notre route principalement entre Cubières et le Bleymard où la dernière société exploitatrice a été liquidée en 1972…

Après la pause, les affaires sérieuses repartent : nous avons deux gros coups de cul à passer, les cols Bourbon avant Cubières et Santel au-dessus du Bleymard. Très beau point de vue loin vers l’Est au col Bourbon.  A Cubières, seul gros village avant le Bleymard, nous trouvons un charmant café ouvert ! A l’unanimité, nous nous y arrêtons.

Nous entamons une conversation intéressante avec le seul client du bar : un éleveur ovin authentique qui n’aime pas les loups et les écologistes de salon…. Authentique dans sa pratique : il cultive de vieilles céréales comme le sarrazin peu gourmandes en eau et des légumineuses comme les lentilles. Il aura la gentillesse de nous en livrer le soir dans notre gîte du Bleymard 😊. Après ces échanges rafraichissants et ces petits cafés réconfortants, nous sommes prêts à affronter la dernière ligne droite jusqu’à l’arrivée au Bleymard. Dernier obstacle à franchir quand même, le col de Santel au croisé des chemins : nous y repasserons le lendemain sur la route du sommet des Finiels. Pour l’heure, c’est par une belle descente que nous rejoignons dans une petite bise fraîche le grand bourg du Bleymard. Le village est situé dans une grande cuvette avec le Mont Lozère au sud et la Montagne du Goulet au Nord qui abrite la source du Lot. C’est un village montagnard aux maisons serrées le long de deux rues principales.  Nous trouvons rapidement notre petit gîte (9 places maxi) « Le Poulitou » où nous sommes gentiment accueillis par notre hôtesse. La fin d’après-midi sera active puisque nous devons confectionner notre repas du soir.

Des courses au petit Carrefour City et dans la boulangerie, nous ramènerons tout ce qu’il faut pour notre salade composée, nos saucisses-lentilles (mention à Pierre qui nous les a préparées de façon surprenante pour moi qui les baigne d’eau…. Elles sont cuites sans beaucoup de liquide et de fait sont presque « craquantes »), fromage et belle salade de fruits finale agrémentée de sacristains succulents. Repas partagé avec un jeune couple de Lille qui fait le Stevenson avec lequel nous aurons des échanges sympathiques…    Toujours pas de pluie depuis notre départ et seulement deux randonneurs croisés😊

Jour 4 : Le Bleymard à La Fage  26,7 km – 725 m D+  – 600 m D-  7h de déplacement

Notre « chance » météo s’interrompt net au matin de l’étape 4. Il a plus toute la nuit au Bleymard. Sorti tôt pour aller acheter le pain du petit déjeuner et du pique-nique, je subis les bourrasques du vent froid qui vient du nord et la pluie qui tombe drue et froide elle aussi. Le mauvais temps ne nous lâchera pas avant le milieu de l’après-midi. Ça tombe mal, on doit monter au sommet du Finiels point culminant de notre périple et de la Lozère. Comme nous n’avons pas été malheureux depuis le début, nous partons du Bleymard le cœur léger. Nous regagnons rapidement le col Santel. La brume commence à nous envelopper.

Nous continuons d’avancer sur un large chemin vers la station du Bleymard où un grand bar est ouvert. Il pleut tellement que je n’ai pas envie de m’arrêter…. Pas de contradiction : se mettre 5 minutes au sec en étant certain de se faire tremper à la sortie ne me tente pas. Ce sentiment semble partagé car le groupe continue sa route sans se plaindre d’un arrêt manqué 😊.  

Est-ce à cause du manque de visibilité que j’engage sans m’en apercevoir le groupe sur le GR 7 au lieu de continuer la route et le GR 70 ? En faisant un petit point d’azimut, je me rends compte qu’on n’est pas sur le bon chemin, c’est le chemin du col de Finiels. Heureusement une sente qui part à l’ouest nous remet rapidement sur le bon chemin. Nous sortons de la forêt et nous progressons désormais sur un chemin balisé de pierre de chaque côté. Nous prenons de l’altitude et naturellement la pluie froide se transforme en neige. Les pelouses sont imbibées d’eau Le froid nous incite à maintenir une bonne allure malgré la pente… Un peu plus bas, j’ai enfilé ma cape de pluie par-dessus ma veste et j’en retire de suite un grand confort, une bonne chaleur qui commençait à me fuir ! Nous parvenons rapidement au sommet du Mont Lozère à 1699 m. Nous ne nous attardons pas et les deux trois photos prises, nous abandonnons ce beau sommet.

Sommet du Mont Lozère

Brume et neige. On ne peut confirmer les écrits de Stevenson : « D’ici, j’aperçois à l’horizon les voiles des bateaux de Cette… » : on ne voit pas à plus de 20 m. La suite de la rando devait nous mener en restant « en crête » jusqu’au signal des Laubies mais je préfère quitter au plus vite les hauteurs trop exposées au vent qui souffle en rafale et renforce le ressenti de grand froid. Les températures annoncées ne disaient pas mieux que -5° au sommet 😊. Nous devons rejoindre au plus vite la piste au nord : 500 m après le sommet, une sente file droit au nord. En moins de 500 m, nous perdons 150 m et gagnons quelques degrés. Nous allons marcher près de 2h30, toujours sur la même courbe de niveau, sur une piste forestière appelée la Route des Chômeurs.

Drôle de nom. Cette « route » a été construite en 1937. Sans plus d’information, j’en déduis qu’elle a été construite par les chômeurs de la grande crise économique des années 30 en France ? Si quelqu’un peut me le confirmer, j’en serai ravi. Le chemin jusqu’à la Croix de Maitre Vidal où nous rejoindrons le GR 68 est long mais il n’y aura pas de pause méridienne aujourd’hui. Juste 5 minutes pour boire et avaler quelques graines. L’objectif est d’arriver au plus vite au gîte et au sec 😊 Après avoir traversé la forêt des Laubies nous arrivons à l’une des marques du parcours à la Croix de Maitre Vidal. Peu après nous trouvons le GR 68 qui nous mène à travers la forêt à la Croix des Faux. La Fage, terminus du jour est blotti plus bas au NW, à deux kilomètres.   La pluie s’est arrêtée mais nous sommes très mouillés. Les deux seules randonneuses rencontrées de la journée dans la forêt des Laubies viennent du gîte de La Fage et nous en disent beaucoup de bien ; elles évoquent un poêle à bois dispensant une douce chaleur et propice à tous les séchages… Finalement, une fois sur place, je suis un peu déçu par les proportions de la salle commune qui n’incite pas au farniente. Peu importe, il y a ce qu’il faut pour sécher la totalité des vêtements et des chaussures.

Les chambres à l’étage sont plus accueillantes et c’est là que nous passerons les 3 heures nous séparant du dîner.

Nos hôtes sont éleveurs et disposent d’un gros cheptel.  L’hôtesse, la quarantaine dynamique nous explique pendant le repas qu’ils ont organisé un circuit court de distribution de viande : une fois par mois environ, ils livrent sur commandes des consommateurs à Montpellier et à…. Clermont-Ferrand devant Michelin à Ladoux (son frère est BIB !). Le repas est excellent : j’ai rarement mangé un gratin dauphinois aussi savoureux. La soirée s’achève doucement autour des deux fioles de rhum de notre ami Patrice. De quoi augmenter la chaleur qui nous a tant manqué depuis le matin du départ 😊

Jour 5 : La Fage à Bédouès 19 km – 340 m D+  – 990 m D-  5h35 de déplacement

Courte étape pour ce dernier jour de séjour. Personne ne s’en plaint. Notre hôte à La Fage nous a parlé des paysages que nous allons rencontrer sur une partie du chemin : des menhirs à l’échine d’Azes, « longue petite montagne »/ échine d’un âne  orientée NE/SW qu’on aura en point de mire une grande partie de la journée.

L’échine d’Azes

Mais avant de nous lancer, nous visitons le hameau de la Fage qui abrite des petites merveilles de patrimoine vernaculaire : son clocher des Tourmentes, sa fontaine-abreuvoir, son four à pain, ses croix avec bénitier et son travail à ferrer les bœufs, le tout en granit of course.

Sans parler d’une grande étable en pierre avec une double voute lui donnant des proportions imposantes…

Etable à double voute

Après 4 kilomètres à marcher sur une ancienne draille et comme annoncé par notre hôte la veille, après avoir traversés la D35, nous visualisons rapidement la « rupture » géologique qui s’offre à notre regard. Sans zone de transition nous quittons le granit du Mont Lozère qui nous accompagne depuis 4 jours pour tomber sur le calcaire qui annonce les grandes Causses à l’W et au SW. De ce point, nous avons une belle vue au loin sur Ispagnac. Le chemin traverse alors un grand espace semi boisée, la cham des Bondons (cham=causse en occitan). Ce vaste plateau est planté de près de 154 menhirs en granit, taillés côté Mont Lozère et transportés plusieurs kilomètres au sud dans cette zone désormais calcaire.

Cela en fait la seconde concentration de menhirs en France après Carnac.  Nous en longeons quelques-uns qui ont été relevés.  Contrairement à leurs cousins bretons, ici, nul alignement ! Ils semblent plantés au hasard. Comme en Bretagne, on ne connait pas précisément les motivations de leurs « créateurs » il y a 4000 ans environ.   

Nous parvenons peu après au seul hameau du jour, les Combettes, avec un grand four-banal à l’entrée et une belle maison vraisemblablement du XVIIe s. qui a dû être un relais ou une auberge. Des inscriptions en latin encadrent la porte.

Un habitant du village, ancien éleveur et père d’éleveur rencontré là nous les traduit : « quidquid agas, prudenti agas, respice finem ». Ce qui veut dire : « Quoi que tu fasses, fais-le prudemment, regarde la fin » et la seconde « Non tam profond fit vir quin hunc palan sit «   qu’il traduit par « l’homme ne fait rien de si secret qui ne soit un jour révélé ». Il semble y avoir eu beaucoup de sagesse dans ce hameau. Elle semble toujours présente en la personne de notre éleveur qui vante le bien vivre dans ce petit bout du monde éloigné de tout. Une dernière grande montée nous conduit jusqu’au bas de l’échine d’Aze que nous longeons. Il n’y a hélas aucun moyen d’accès simple  pour pouvoir commencer à la gravir. J’abandonne la proposition que j’aurais pu faire au groupe 😊. Peu après, nous continuons à descendre la Pente des Bondons, sur la grande draille de Margeride qui ne résonne plus aujourd’hui des cloches de nos chers moutons. Nous parvenons dans une zone de terre tristounette recouverte d’une sorte de poussière grise qui apparait d’un coup. Plus haut, derrière l’échine d’Aze nous avions repéré deux mamelons bien visibles dans le paysage du plateau :  le Puech d’Allègre et le Puech de Mariette. Ce sont deux mamelons de marnes noires ayant résisté à l’érosion. La zone où nous déjeunons a la même origine géologique. Ce n’est pas l’endroit le plus sexy du séjour mais nous cherchons un abri du vent pour déjeuner. Finalement, la suite du chemin me dit qu’on aurait pu trouver mieux pour notre dernier repas en commun 😊. Après quelques kilomètres nous abandonnons la draille pour traverser une forêt de résineux juste au-dessus de Florac. Nous quittons le GR 68 par un brusque virage à droite que mes compères n’ont pas vu. Nous nous retrouvons sur un beau chemin en balcon, à peine au-dessus du Tarn, en rive droite. La fin n’est plus qu’une question de minutes. Une petite route tranquille longe une zone résidentielle avant d’enjamber le Tarn par un beau pont. Nous prenons le temps d’observer un pêcheur à la mouche jouer avec la truite qu’il a ferrée ; il prend vraiment son temps pour la remonter… Va-t-il la relâcher ? Que nenni, il retire l’hameçon assez violemment et la range dans son panier-vivier… Une dernière ligne droite et ce sont nos voitures. Fin du séjour qui me laisse pleins d’images et d’impressions en tête. Ecrire ce compte-rendu m’a donné l’occasion de les retrouver très nettement. Ce petit tour de 5 jours nous a fait toucher du doigt la diversité des pays et des paysages de ce beau parc des Cévennes et de cette Lozère si attachante. Avec les témoignages humains qui vont avec et qui sont si précieux.

Merci à Sophie pour ces photos toujours pleines de vie.

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Séjour 5 du 22 au 25/04/2023. En canoë canadien sur l’Allier au plus près de la faune.

Animateur : Michel J
Nombre de participants : 9 ( 5 femmes et 4 hommes ).

Le mot de l’animateur : cette rivière reste surprenante. L’ayant parcourue à maintes reprises, la descente est chaque fois différente. Le débit d’eau modifie complètement l’aspect du lit. Une année, on passe à droite, l’année suivante, la difficulté se passe à gauche, les bancs de sable ont disparu ou changent de place. A chaque fois, c’est comme une nouvelle rivière ! Même la faune se plaît à nous dérouter, on l’attend là, et cette année, elle est plus dense en aval ou en amont de tel point repéré les saisons précédentes. Et que dire des visiteurs ailés, toujours plus nombreux pour le bonheur des « pagayeurs ». A souligner, les deux oiseaux un peu plus rare rencontrés, le balbuzard à deux reprises et la dizaine d’ œdicnème. Devant l’intérêt des participants, j’ai constitué à partir de données trouvées sur internet ou dans ma bibliographie une liste des oiseaux les plus vus avec quelques détails permettant de les identifier facilement. Cette rivière est d’une beauté et d’une richesse extraordinaire, dommage que les hommes n’en prennent pas assez soin ! Je tiens une nouvelle fois à remercier, Daniel, Luc, adhérents, et Anne-Marie qui nous ont apporté leur soutien pour la dépose et la récupération des participants. Sans eux pas de séjour linéaire possible !

Météo : les prévisions incertaines au moment du départ se sont révélées changeantes au fil des jours. Ce qui a été constant c’est la fraîcheur. Les quelques rayons de soleil, les deux derniers jours ont été fortement appréciés. Le vent a été orienté au Sud au départ virant au Nord-Ouest puis à l’Ouest au cours des quatre jours. Quelques rafales sur la fin ont ralenti notre progression par moment. La pluie nous a accompagné le samedi après-midi, s’interrompant le temps de la mise en place du bivouac. Les autres jours, quelques gouttes le dimanche dans un ciel très nuageux.

Niveau d’eau : contrairement à l’an passé, nous avons bénéficié d’un volume d’eau plus important. Pour mémoire, j’ai relevé les débits suivants :
samedi 22 avril, Vichy St Yorre à 12h00 : 64 m³/s
dimanche 23 avril, Châtel-de-Neuve à 11h55 : 79,2 m³/s
lundi 24 avril, Moulins à 10h00 : 83,8 m³/s
mardi 25 avril, valeur de la station la plus proche de notre point d’arrivée Cuffy (Pont du Guétin) à 14h00 : 83,2 m3/s

Classement : facile mais cela reste de l’aventure avec des paramètres imprévus qui nécessitent une forte adaptabilité, une écoute, un équipement sérieux et de la bonne humeur.
Conditions de navigation : bonne avec une rivière qui a utilisé toute la largeur de son lit à partir de Moulins.
Kilométrage parcouru : 120,6 approximativement Les données ont été fournies par une montre GPS de marque Garmin.
Heures de navigation sur le séjour : 14 h 50
Vitesse moyenne de progression sur les 4 jours :
8,40 km/h (environ)

Matériel mis à disposition par l’association :
– 3 canoës canadien de marque Venture modèle prospector 17
– 1 canoë canadien Nova Craft prospector 17
– 1 canoë canadien Old Town camper
– équipement complémentaire pour les canoës (4 pompes, 4 écopes, éponges, 5 cordes de 15 mètres, des mousquetons, 3 chariots)
– pour les bagages, chaque participant avait à sa disposition un container de 60 litres et par bateau, un autre de 30 litres et un sac étanche de marque Zulupack pour 4 bateaux
– pour le couchage individuel ou en couple 2 tentes Hardwear Montain, 1 tente Coleman Cobra, 1 tente Décathlon 900T (trois participants avaient leurs tentes personnelles)
– 7 tapis de sol complémentaires Space Blanket (orange)
– équipement pour les participants (9 gilets d’aide à la flottabilité, 9 pagaies et 2 de secours)
– pour le transport des bateaux et containers : une remorque routière équipée de l’adaptation « canoë ».

Eau : chaque participant avait à sa disposition une bonbonne de 5 litres d’eau.
Nourriture : prévue au départ par chaque participant et disposée dans les containers mis à disposition
Accident : néant

Temps de préparation : 20 heures (découpage des journées de l’itinéraire, montage de la remorque, rassemblement et vérification du matériel, achat des bonbonnes d’eau, informations aux participants par mail et téléphone, compte rendu etc…)

Organisation générale :
Transport : à l’aide de deux véhicules en co-voiturage, Anne-Marie (Citroën Berlingo) et Michel J (Renault kangoo) tractant la remorque nous sous sommes rendus au barrage de Vichy, lieu de la mise à l’eau. Le déplacement s’est fait en 1heure environ.
Anne-Marie, Luc et Daniel sont venus le 25 récupérer le véhicule Kangoo et la remorque pour les acheminer à l’arrivée. Au retour, Daniel accompagnant Luc pour reprendre son véhicule resté en dépôt. Un grand merci à ces deux adhérents bénévoles et Anne-Marie qui ont permis par leur disponibilité que ce séjour se fasse.
Kilométrage effectué par les véhicules : 482 km (Anne-Marie) ; 349 km (Daniel) ; 24 km (Luc) ; 326 km (Michel) soit un total de 1181 km.
Hébergement : Les bivouacs en milieu naturel ont toujours été confortables dans un environnement exceptionnel.

Itinéraire : les faits marquants
J1. La mise à l’eau s’est faite après le Pont Barrage de Vichy après un court « charriotage » le long de la rivière artificielle. A remarquer, l’amélioration à son extrémité du chemin conduisant à la rivière. Les bateaux chargés, les conseils et consignes rappelés, c’est le départ.. La passe rive gauche étant barrée par un arbre, il faut techniquement commencer par remonter à contre courant avant de gagner la partie centrale du cours d’eau et reprendre le fil de l’eau. Cette première étape franchie, la rivière va nous transporter petit à petit loin de l’agitation de la ville. La Boire des Carrès, espaces naturels sensibles, est laissée sur notre gauche puis c’est le double pont ferroviaire et routier qui est franchi. Une longue ligne droite nous amène à la grosse difficulté du jour, le barrage palplanche de Billy que l’on situe avant de le voir grâce à la forteresse féodale perchée sur le point haut, rive droite. Un repérage s’impose et la décision de le franchir par une petite ouverture rive gauche à la corde semble raisonnable compte tenu du débit. Le pont routier franchi, reste à trouver le meilleur endroit pour passer l’enrochement face à la cimenterie. La pluie redouble en ce début d’après-midi et après quelques kilomètres, je prends la décision d‘écourter la journée et d’installer le bivouac à l’occasion d’une éclaircie. La distance parcourue a été courte, à peine une vingtaine de kilomètres, nous nous rattraperons demain !

 

Chargement des canoës

 

Passage du barrage de palplanche

 

Coucher de soleil du samedi soir

J2. La veille, certains ont préféré dîner dans leurs tentes, d’autres sont sortis sous une bruine pour manger rapidement avant de retrouver le duvet douillet. Une superbe éclaircie a permis à certains de ressortir de leur tanière pour photographier un magnifique couché de soleil. Le ronflement permanent venant de la cimenterie située à plusieurs kilomètres pourtant a bercé le sommeil. Le ciel au réveil est encore très chargé mais la pression n’est pas mauvaise 1010 hPa. Tout le monde est prêt pour un départ annoncé à 10h00. La vitesse de nos embarcations est bonne et sans forcer nous dépassons les 8 km/h. De jolis méandres, une faune omniprésente, quelques visiteurs surpris par notre passage, un chevreuil, un pic noir, cherchant à nettoyer un arbre moribond égaient la journée. Le Pont de Chazeuil passé, c’est bientôt le pont ferroviaire St Loup qui marque l’entrée de la réserve naturelle du Val d’Allier. A la sortie du virage suivant, sur la gauche, c’est la confluence avec la Sioule. Le plus important des affluents de l’Allier, long de 150 kilomètres, il prend sa source à proximité du lac de Servières, au nord du Puy d’Augère, entre le village de Vernines et le lac. Sans vouloir systématiquement, relater toute la faune rencontrée (liste transmise aux participants) je signale pour être rare, la rencontre à faible altitude d’un Balbuzard remontant le cours d’eau à la recherche de son mets préféré, un poisson. Les plus attentifs pourront de nouveau revoir ce bel oiseau, jour 3.
Bien située pour les navigateurs, la chapelle Saint-Laurent de style roman du XIème siècle, rive gauche construite sur une butte signale que l’on approche de Châtel-de-Neuvre. Le pont routier franchi, nous nous installons sur l’espace pique nique à proximité.
De longs méandres succèdent à des courbes plus serrées, l’érosion par la force de l’eau est bien présente et des effondrements récents visibles. Un pylône de ligne à haute tension au socle renforcé se rapproche dangereusement année après année du bord de la rivière. De nombreux amoncellements de branches et d’arbres occupent une partie du lit. Nous passons sous le nouveau pont qui enjambe l’Allier et où passent la nouvelle voie autoroutière A79 et deux lignes à haute tension plus loin, nous sortons de la réserve et installons le bivouac rive gauche sur une petite île à l’abri du vent. La navigation a duré 5h00 ponctuée de nombreuses pauses pour une distance couverte d ‘un peu plus de 43 kilomètres.

 

Photo du bivouac prise le dimanche matin à 06h40

J3. Après un bon petit déjeuner pris sous un ciel chargé et dans une fraîcheur constante, les consignes sont données pour passer la difficulté de la journée, le pont de Régemortes construit à partir de l’année 1750 et qui porte le nom de son constructeur. Infranchissable, nous le passerons rive gauche, côté passe à poissons. Avant je demande de faire attention à l’ancien pont de chemin de fer, transformé maintenant en passerelle pour les piétons et les cyclistes où subsiste en aval des pieux en fer. Nous prenons pied sur les nouvelles installations touristiques de la ville de Moulins avec emplacement pour l’été d’une zone de baignade. Par contre, pas d’amélioration pour le passage des canoës, il faut les faire dériver sous la première arche à la corde et toute l’équipe se relaie pour passer les containers et autres bagages et pour hisser les bateaux au-dessus d’un enrochement. Une fois les canoës sur le chariot, rechargés, il faut faire quelques centaines de mètres pour regagner la rivière sous les cris des sternes Pierregarin et Naine qui nichent sur l’îlot juste en face. Le nouveau pont franchi, nous quittons par le bras rive gauche, la ville de Moulins et petit à petit les bruits urbains s’estompent. Bientôt de nombreuses cigognes (déjà rencontrées J2) se montrent dans le ciel ou posées sur les berges à la recherche de petits vertébrés de toutes sortes, poissons, amphibiens, reptiles et mammifères. Une succession de zones, avant et après l’espace naturel sensible des Coqueteaux, avec des nids imposants pouvant pesés entre 70 et 100 kg font le bonheur des voyageurs. On peut compter jusqu’à 8, 9 nids sur un chêne immense. Ce sont de sacrés bâtisseurs ! Une multitude d’oiseaux sont visibles et accompagnent ces grands échassiers. Peu après le pont de Villeneuve-sur-Allier, nous entrons sur le département de la Nièvre et chaque nouveau virage fait apparaître de nouveaux résidents, une colonie d’hirondelles de rivage virevoltant, sortant et entrant de leurs cavités, trous horizontaux creusés dans les berges sableuses. Une pause rive gauche nous permet de remarquer des traces au sol où les griffes des pattes antérieures sont bien marquées. Elles conduisent de la rivière à une boire encombrée de branchages et à proximité un jeune arbre de 20 cm de diamètre environ, coupée. Avons nous découvert la cachette d’un castor ?
A hauteur de Port Barreau sur une île abritée du vent, rive droite, par de jeunes peupliers, nous installons le bivouac. Nous avons parcouru un peu plus de 30 kilomètres en 3h30 aidés par une belle masse d’eau à 8,7 km/h. La nuit s’annonce belle.

 

Empreinte de castor ?

 

Beau travail !

J4. Hier soir, nous avons pu enfin dîner tranquillement dans un atmosphère moins humide permettant d’échanger sur de nombreux sujets et notamment, le bonheur de savourer et de partager cet instant dans cette nature où la rivière trace sa route sans contrainte.
Avec ce beau niveau d’eau, il faut rester vigilant et j’encourage les participants pour affiner leur technique à se rapprocher des rives, à frôler la végétation, à passer sous les branches basses des arbres afin d’affiner et de maîtriser au mieux leur embarcation. Après avoir passé à la confluence, rive droite, du ruisseau de Beaumont et rive gauche du ruisseau de Beauregard, le pont du Veurdre se présente. Gros village avec sa maison de la batellerie où le groupe d’Atlas à vélo rando avait fait halte pour un pique nique la saison dernière lors du voyage Clermont-Ferrand, le Mont-Saint-Michel.
Nous restons rive gauche tant que cela est possible afin d’éviter le vent d’Ouest sensible par moment. Les rencontres avec la faune continue et après le pont routier de Mornay-sur-Allier à hauteur de Mars-sur-Allier, de nouveaux nids de cigognes nous invitent à une pause et à écouter le craquètement, moyen de communiquer entre les adultes au moment de se remplacer sur le nid ou d’apporter de la nourriture. A cette période la ponte est réalisée, de 3 à 5 œufs qui donneront après 35 à 40 jours d’incubation, des cigogneaux. Les deux parents se relaient pour couver. Une dernière pause sur un îlot, quelques confidences échangées et c’est l’arrivée avec une vue magnifique sur Apremont et son château. Fin du voyage. Déchargement des bateaux, un peu de nettoyage et de rangement, chargement sur la remorque des 5 bateaux et tous ensemble avec l’équipe de récupération, nous prenons le pot de fin de séjour. A bientôt pour une nouvelle aventure !

 

Apremont vue de la rivière

Pot de fin de séjour


Pendant le trajet, nous avons collecté un gros sac de déchets plastique et verre qui seront triés et déposés dans les containers ad-hoc à Clermont.

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Séjour 6 du 22 au 23/04/2023. Châteaux, basalte et forêts : Week-end dans le nord de la Haute Loire

                          
Animatrice :   Christelle
Nombre de participants : 12 animatrice comprise   (9F, 3H)
Météo : J1 ciel gris avec des éclaircies, quelques petites averses
             J 2 temps dégagé le matin, couvert ensuite, quelques gouttes

Terrain : J1 Souple, quelques passages boueux            
Parcours  J1 22.6 km, 805 D+ 630 D- 7 h 40 déplacement pauses incluses
                J2  23.5 km , 610 D+ 775 D-  7 h 20 pauses incluses
Classement Atlas : Facile
Kilométrage auto : 310 km x 3 véhicules
Préparation et rédaction : 20 h 00

ITINERAIRES :
J1 Départ Solignac sous Roche, GR 3 jusqu’à la côte d’Agnès, ruines d’Artias, Tarrier, Roche en Régnier, le Pichet, Chambeyron, St Pierre du champ.
J2  Lou Gourmand, Villeneuve, Vacheresse, Uffarges, les Chaffoix, aller retour coulée de Bourianne, PC 925, La Faye, les Vignaux, Chalencon, Montager, Boubas, Solignac.

RECIT : Une fois de plus voilà les atlassiens regroupés au musée Quillot, heureux de se retrouver pour une nouvelle échappée ! Départ à 7 heures  des 3 voitures, l’autoroute jusqu’à Issoire, puis de belles départementales qui nous permettent d’emblée de profiter de panoramas étendus sur les Puys, le Sancy et les vallons du Livradois. Arrivée 2 heures après environ à Solignac sous Roche accueillis par un ciel noir et une averse qui nous font craindre le pire pour  le reste de la journée ! Nous entamons donc le parcours en tenue de pluie.

L’horizon n’est pas bouché pour autant et nous permet d’apprécier la belle vue sur les sucs du Meygal, le Mont Mezenc, les Monts d’Ardèche et bien d’autres. Malgré le ciel gris, les quelques rayons de lumière et le vert intense des prés nous offrent un joli tableau qui donne une belle sensation d’immensité  que nous savourerons tout le week-end !

Le paysage forestier est bien agréable aussi, alternance de hêtraies sapinières et de groupes de grands pins sylvestres qui rappellent la grande dominance du terrain granitique. Sur cette première journée mention spéciale pour le sentier qui longe le ruisseau Lavaux (en contrebas du village de Lingoustre)

ainsi que le bois de Boursier où nous ferons un peu de hors-piste imprévu du fait de la disparition de certains sentiers pourtant annoncés sur la carte.
Plaisir des yeux et révision de botanique également car la flore printanière est bien présente : anémone Sylvie, ficaire, populage des marais (famille des renoncules), coucou (ou primevère officinale), hellébore fétide, le célèbre pissenlit appelée aussi « salade de taupe » !….les jonquilles sont rares nous n’en verrons que dans quelques prés au cours du trajet.
Coté patrimoine bâti, les ruines d’Artias, vestiges d’un château construit vers l’an 1000 (un des plus anciens du Velay).


Il ne reste vraiment pas grand-chose de l’édifice mais l’éperon rocheux sur lequel il a été construit offre une superbe vue sur la vallée et la jeune Loire qui vient de passer à Retournac.


Le site est très bien entretenu par l’association des Amis d’Artias qui  propose aussi une petite exposition d’outils anciens, bravo à eux !  Quelques gradins et bancs sont les bienvenus pour le pique-nique.
Nous repartons vers le Suc de Chaumont et le Mont Miaune,  sommets emblématiques du secteur que nous n’avons pas le temps d’explorer. Sur notre chemin une  carrière où l’on exploite la phonolite, cette roche sonnante que nous avions déjà trouvé sur d’autres sucs altiligériens.
Puis nous trouvons un autre beau site, le village de Roche en Régnier et son donjon, seul vestige d’un château du 13ème siècle. Depuis la butte castrale encore un très beau panorama sur la vallée et les sucs. Roche était une commune prospère abritant une des plus importantes baronnies du Velay, on y trouve de belles demeures en pierre superbement rénovées et entretenues !


Ce qui est d’ailleurs le cas de la plupart des habitations croisées tout au long de notre parcours. Une fois de plus chapeau bas à toute cette région pour la préservation de son patrimoine !
Pour cette fin de première journée, nous reprenons un peu de hauteur  pour approcher des 1000 mètres d’altitude et rejoindre Saint Pierre du Champ et l’auberge du Campos d’où l’on profite encore d’un immense panorama verdoyant !

En chemin vers le gîte…
Panorama depuis l’auberge.

Soirée, repas et nuit extrêmement agréables dans un lieu que tout le monde va garder en mémoire ! Grande gentillesse de nos hôtes, délicieuse nourriture, propreté et jolie décoration, tout y était ! On recommande vivement !

Ancien chemin réouvert pour accéder à la coulée

Après une nuit au calme et un copieux petit déjeuner nous voici reparti sous un ciel plutôt dégagé.
Premier objectif du jour : la coulée de Bourianne (912 m alt).

Il y a 6 millions d’année, une coulée a parcouru plus de 5 kilomètres. Lors du refroidissement du magma, le tout s’est craquelé et par un phénomène physique complexe a abouti à la création de nombreux prismes. Pour finir, des soulèvements ont projeté ces colonnes formant cette longue coulée de blocs rocheux longue de 800 mètres de long sur 100 mètres de large. Je n’ai pas prévu sa traversée car l’ensemble est vraiment très chaotique et demanderait trop de temps !  Surprenant paysage avec en prime une belle vue étendue sur la campagne environnante ! Ce site mérite le détour ainsi que le joli village de Saint Julien d’Ance situé en contrebas (que je n’avais pas prévu faute de temps). Dans la partie haute, à hauteur des Chaffoix, un beau chemin bordé de jolis blocs a été réouvert, nous l’avons trouvé bien charmant !
Puis c’est reparti pour rejoindre le château de Chalencon 250 mètres plus bas. Une jolie descente avec de beaux points de vue sur le château et la vallée de l’Ance. Cette petite rivière prend sa source dans les monts du Forez. Classée Natura 2000, elle est bien appréciée des pêcheurs. Après cette belle descente dans la forêt, nous abordons le village médiéval de Chalencon (un autochtone nous a précisé que l’on prononçait « Chalenquon »). Petit hameau constitué de superbes maisons de pierre regroupées autour d’une vieille forteresse médiévale (visites possibles en juillet août) et d’une chapelle romane .Un site superbe autogéré par ses habitants depuis les années 80 dans une démarche de développement durable.
Lieu de résidence d’un auteur régional Gilles Calamand et d’un sculpteur Paul Guillet. Nous passons devant la maison de ce dernier en allant au château, derrière les vitres de la pièce de vie nous apercevons une quantité impressionnante de sculptures …surprenant ! le site est également régulièrement le cadre de divers tournages.(très récemment celui de Louise Violet film d’époque dans lequel on retrouvera Alexandra Lamy).
Autre point de visite incontournable, le superbe Pont du Diable que nous rejoignons dare-dare avant de pique-niquer car le temps se gâte ! On y accède par une petite coursière dallée (très casse-figure lorsque le sol est mouillé !!).En superbe état, il surplombe l’Ance qui passe 15 mètres en dessous et présente 2 beaux arches en plein cintre. La légende raconte que sa construction n’aboutissant pas, le diable aurait proposé ses services au seigneur de l’époque en lui réclamant en échange l’âme de la première personne qui traverserait. Bien pris qui croyait prendre, alors que le Seigneur, se sacrifiant, s’apprêtait à traverser il fût doublé par un chien qui se trouva donc être la fameuse première âme !

Nous nous serions bien attardés mais une petite averse nous a rattrapé dès la fin du pique-nique et du coup nous avons repris le chemin du retour rapidement ! nous empruntons de belles sentes dans une jolie hêtraie accompagnés de notre mascotte du jour, un petit chien qui ne nous lâchera pas jusqu’aux voitures (Nous avons d’ailleurs fini par appeler sa propriétaire) !

Sente le long du ravin du jugement

Nous passons un dernier hameau où nous admirons encore les belles bâtisses rénovées et échangeons une fois de plus avec un habitant ! Bravo la Haute-Loire  pour l’accueil !! Tout au long du parcours plusieurs personnes ont gentiment échangé avec nous !
Arrivée à Solignac à 16 h, ravis de toutes ces belles découvertes, bien détendus par ces 48 heures de sport et convivialité et contents d’avoir échappé à la mauvaise météo annoncée ! Nous terminons de façon joviale avec une halte dans un bar de Craponne sur Arzon où l’on se souviendra du patron et son chapeau à la Frida Oum Papa !
Encore merci à tous !

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Le 02/04/2023. Activité n°4 du programme Orientation Chaîne des Puys – Paugnat

Animateur : Fabien  
Nombre de participants : 34 (24 F, 10 H) + 5 animateurs
Météo : Couvert, petites averses
Terrain :  Humide, boueux, grosses ornières par endroit suite au passage d’engins de travaux forestiers
Kilométrage auto : 44 km pour 3 voitures de Clermont et 50 km pour une voiture du Crest soit 182 km + plusieurs voitures sur place
Préparation (tracé, confection et mise en place des balises, confection des feuilles de route,…) : 12h + 10h pour Thierry (mise en place et retrait des balises) et 4h pour Yves (retrait des balises).

En ce dimanche était proposé une activité d’orientation. Après avoir suivi une formation théorique, 15 jours plus tôt pour certains d’entre eux, les participants se retrouvaient pour la partie pratique dans un secteur englobant Puys de Paugnat, de Baneyre, de la Gouly, de l’Espinasse et de Tressous.

Ce sont 11 équipes de 2 ou 3 adhérents qui partaient à la recherche de balises disséminées sur ce secteur. Balises placées la veille par Thierry et moi-même et récupérées par Thierry et Yves le surlendemain. Merci à eux.


Pause de balise la veille

Chaque équipe, muni d’un fond de carte du secteur, d’une feuille de route et d’une boussole, devait retrouver 5 balises.
Sur le fond de carte, 5 points étaient repérés et sur la feuille de route étaient indiqués azimut et distance à partir de ces points, permettant de trouver le positionnement des balises. Libre à chaque groupe de fonctionner comme il l’entendait (trouver le positionnement des balises dès le départ et tracer leur parcours ou se rendre à chacun de points et utiliser la boussole depuis ce point).

Les explications données, les différents groupes partaient à la recherche des balises. Les animateurs présents (Mady, Liliane, Thierry, Yves et moi-même) partaient déambuler sur le terrain pour éventuellement aider les participants. Michel restant à l’arrivée pour contrôler que les groupes revenant avaient bien trouvé les bonnes balises.

Autour de 16h, heure limite de retour donnée, les groupes revenaient les uns après les autres, visiblement contents de leur journée. Les résultats de chacun étaient vérifiés, marquant la fin de cette journée.

Remarque : Une erreur dans le calcul d’un azimut a fait que la balise 5 du parcours 1 était introuvable. L’animateur s’en excuse encore.



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