Animateur : Thierry
Nombre de participants : 10 (6 F 4 H)
Transport aller-retour et déplacements sur place : en co-voiturage 3 voitures – 912 km environ pour chacun
Météo : Très ensoleillée avec des températures élevées de J2 à J6
Carte : 3139OT, 3140 ET
Cumuls : KM= 121      D+ = 5830 m (montre de Régine)
Temps préparation et CR : 25 h

Jour 1 : Autour de Buis- 22,24 km –1091 m D+  – 8h de déplacement

Après un voyage et une installation sans souci dans le gîte d’étape du Soustet le samedi après-midi, nous sommes prêts ce dimanche matin pour notre première rando au départ de Buis. L’objectif du jour est une grande boucle autour du rocher de Saint Julien, de la montagne de la Nible avec un passage au col de Font-Combran et du rocher des Allègres. Nous démarrons de notre lieu de résidence ce qui nous évite de prendre les voitures… C’est l’occasion de traverser le beau centre de la bourgade avec une grande place longée de vieilles arcades voutées. Nous franchissons le pont sur l’Ouvèze bien en eau pour monter rapidement le chemin qui mène au rocher de St Julien, montagne emblématique de Buis au profil E/W en lame de couteau comme nous le verrons au retour. Pour l’heure je choisis un chemin pour nous chauffer tranquillement les mollets avant les rudes montées du milieu de matinée. Il longe le verdoyant vallon du Menon. Pendant quelques kilomètres nous marchons en surplomb avec une vue sur la montagne du Chevalet et accroché sur son flanc sud le beau village de la Roche sur le Buis. Nous longeons principalement sur notre gauche des vergers de cerisiers et autres abricotiers qui semblent plus nombreux encore lorsqu’on se rapproche du fond de vallon. Les chaleurs de l’été n’ont pas encore grillé les prés et la flore est en ébullition. Nous sommes en climat méditerranéen avec des différences suivant les versants, adret et ubac et les altitudes. Sur les adrets ensoleillés, la flore méditerranéenne prévaut y compris sur les chemins. Aphyllante de Montpellier, Catananche, Iris des garrigues, lin de Narbonne nous accompagnent ce dimanche et les jour suivants. Sur le sommet des montagnettes, à 1000m environ, le pin Sylvestre domine mais pas que… Les chênes verts prédominent tout au long des sentiers ainsi que les buis omni présents. Nous les rencontrerons lors de chaque randonnée. Pour l’heure, après quelques kilomètres tranquilles, clignotant à droite pour commencer à grimper vers le sommet de la Nible, 700 m plus haut. Puisqu’il y a une ou deux fermes à venir, nous suivons une petite route à la forte pente qui nous fait rapidement prendre de l’altitude. Le temps de grapiller quelques cerises en chemin et nous quittons le bitume pour rentrer dans un pré où nous attendent deux beaux chevaux. La piste initiale se rétrécit et notre regard peut maintenant passer au-dessus de la montagne du Chevalet au nord nous donnant de précieuses informations sur la géomorphologie des Baronnies. Je donne quelques explications. Ces montagnes de calcaire que l’on devine jusqu’au fond de l’horizon, toutes alignées suivant un axe W/E sont nées il y a 150 M d’années au fond d’une vaste mer qui recouvrait le continent européen, la Téthys et plus localement au fond bassin profond de 1000 m environ, le bassin Vocontien du nom du peuple germanique qui occupait les lieux au début de notre ère. Formées par les dépôts organiques qui s’empilent pendant des millions d’années, ces montagnes de calcaire encore sous l’eau vont subir des plissements il y a 50 M d’année suite à la surrection des Pyrénées suivant l’axe W/E évoqué plus haut. Lors de leur émergence ces montagnes feront apparaitre deux de leur structure principale toujours visible aujourd’hui, les calcaires très durs sur les sommets et falaises et les marnes calcaires en soubassement ou sur le bas des pentes, ces marnes étant le fruit de la transformation des calcaires en argile sous l’effet de l’érosion.  L’apparition des Alpes 20 M d’années plus tard viendra briser par endroit cette belle ordonnance en créant gorges et vallons orientés plus SW/NE voire la montagne d’Angèle au nord qui a elle un axe NW/SE très prononcé. Comme partout la géologie explique la géographie et parfois l’histoire. Après ces quelques explications données sur le belvédère atteint nous continuons la montée vers le sommet de la Nible. Nous prenons bientôt pied sur un sol moins incliné qui nous laisse penser que l’ascension se termine. C’est le cas. Nous évoluons alors sur un étroit sentier sommital qui progresse au milieu des buis et des cailloux blancs du calcaire. Nous pénétrons enfin dans la pinède où nous rejoignons à 1100 m le GR9 qui monte de Buis et file au SE vers le col de Font-Combran où nous déjeunons après 2 km de cheminement sur le plateau. En montant, je tombe par hasard sur un beau fossile de végétal au bel ordonnancement des feuilles/pétales ? Laurent trouvera lui avant le col un autre fossile au milieu du chemin

fossile animal celui-ci, fossile d’ammonite ? Superbe et émouvant (pour moi) qui n’en avais jamais vu d’aussi remarquables. Après le déjeuner nous reprenons le GR qui redescend vite vers le pied du Ventoux sur lequel nous avons eu les regards fixés pendant tout le repas. La descente pierreuse et piégeuse nous rappelle à la concentration. Nous parvenons au bout de quelques minutes au bas de la pente mais c’est pour mieux remonter vers la face occidentale de la Nible et ses rochers sommitaux que nous voyons tout là-haut. Le début du chemin à peine tracé nous élève progressivement mais nécessite plus d’effort du fait de la chaleur de l’après-midi. Quelques segments plus plats nous aident à reprendre notre souffler. Nous longeons des genêts très odorants mais aussi les cousins genêts-scorpions beaucoup plus piquants 😊

Bien entamés par cette montée de près de 400 m, nous retrouvons le GR9 pour la descente finale jusqu’à Buis. Le chemin va nous donner l’occasion d’admirer le rocher de Saint-Julien sous plusieurs angles, du SE à l’E. Vu de l’est, c’est la forme en lame de couteau qui impressionne.

Cette longue crête qui domine Buis est équipée de près de 120 voies d’escalade et de via ferrata vertigineuses. Je profite de nos derniers instants en altitude pour montrer au nord les gorges d’Ubrieux, autre fameux site d’escalade, gorge coiffée tout en haut d’un pic rocheux par les ruines du château d’Ubrieux auquel nous rendrons visite à la fin du séjour. Nous arrivons au bout de la randonnée à hauteur de la piscine municipale bien attirante pour des corps baignés de sueur et bien fatigués. Deux d’entre-nous y succomberont. Après un passage qui deviendra rituel au glacier proche du gîte, les préparatifs du second dîner vont pouvoir commencer….

Jour 2 : Rochebrune – les 7 cols – 23,47 km – 861 m D+  – 7h 43 de déplacement

Petit déplacement jusqu’à Rochebrune qui nous fait prendre la belle route du col d’Ey bordée après le col, de vergers de pêchers et d’abricotiers. L’objectif du jour est de franchir à l’aller et au retour un certain nombre de petits cols prouvant le caractère accidenté des Baronnies. Nous partons de Rochebrune petit hameau perché – « village-éperon » -tout en longueur, au-dessus du pays des marnes noires. On en fera le tour au retour. Les voitures garées sur la place de la mairie, toute coquette et proches d’une fontaine-calvaire-monument aux morts, nous pouvons démarrer sous un soleil déjà chaud. Le GRP a été détourné suite à des problèmes de propriété. Nous suivons le nouveau tracé qui nous descend dans le vallon du ruisseau de la Combelle pour remonter vers la Serrre de Chante-Perdrix. L’idée est de suivre le GRP une bonne partie de la matinée et de passer par un premier col, le col de la Croix, à 723 mètres. Mais à un embranchement, je ne vois pas qu’il part à droite dans une partie assez herbeuse qui le dissimule. Nous continuons donc sur un chemin qui suit la direction du GRP mais plus bas dans la pente. Pas facile de le rejoindre, la pente est raide et recouverte de fourrés de ronces. Après avoir étudié la carte, je prends la décision de faire la randonnée dans le sens inverse de celui prévu : le chemin sur lequel nous marchons est en fait le chemin du retour. Cette erreur involontaire est en fait un bien pour un mal comme nous le verrons plus loin.

Pour l’heure, nous suivons un sentier ombragé qui traverse de belles plantations de chênes-truffiers défendues par moultes panneaux d’interdictions menaçantes. Après quelques montées plus ou moins sèches, nous faisons une pause à notre premier col, le col de Saint-Vincent à 918 m, au pied de la Montagne de Linceuil. Un peu plus loin, au lieu-dit Linceuil, nous devinerons son bel épaulement orienté …. W/E bien évidemment. Parvenu sur un carrefour de pistes utilisées par les pompiers, nous sommes déjà au col du Linceuil, le second de la journée, à 893 m. Quelques centaines de mètres plus loin, c’est le col de la Posterle au bord de barres rocheuses qui tombent à pic sur la riche vallée de Beauvoisin 300 m plus bas. A notre gauche la barrière rocheuse continue, c’est la montagne de Beaume Noire avec sur ses flancs une grotte ayant servi d’abri aux Résistants appelée grotte du Maquis. Il est temps pour nous de prendre la descente très rocheuse et pierreuse

qui nous amènera plus bas dans la vallée au village de Beauvoisin et à ses belles et vastes oliveraies ainsi qu’à ses vergers d’abricotiers. C’est là qu’on en revient à l’erreur initiale. Au lieu de cette longue descente difficile du col et le cheminement dans la vallée à 11 h du matin, il nous aurait fallu y passer vers 15-16 h en plein cagnard et surtout se farcir cette dure montée au col sans ombre et dans une belle chaleur. Nous passons à côté d’une exploitation toute neuve et rutilante. Un monsieur nous apprend que c’est une grande huilerie produisant près de 10000 litres par récolte. Celle-ci intervient en janvier-février lorsque les olives sont mûres (noires). A l’entrée de Beauvoisin, une petite église romane aux joints refaits est bien en phase avec la tranquillité des lieux.

Bientôt, il nous faut recommencer à monter par une petite piste qui nous conduit 250 m plus haut au col de la Croix. Comme tous les cols rencontrés jusque-là, il s’agit toujours d’un carrefour de plusieurs sentiers ou pistes… Il est déjà l’heure du déjeuner que nous avalons à l’ombre des pins sylvestres, moelleusement assis sur le talus herbeux du chemin… Le terrain facilite la remise en route car nous suivons un long moment la même courbe de niveau qui nous fait contourner la montagne de la Taillade. A l’ouest de notre position, au-dessus d’une nouvelle vallée, nous apercevons au sommet d’un piton rocheux la belle chapelle de Saint-Jean d’Ollon. Elle nous servira de boussole une partie de l’après-midi. Après quelques centaines de mètres encore sur la piste, nous prenons sur la droite une sente qui plonge rapidement vers un ruisseau, l’Eyguemarse, qu’on n’entend pas encore couler. C’est une descente rude dans la forêt avec des mains courantes sur certaines parties. Elle est longue mais à l’abri, sous les arbres. C’est une piste de trail. Là encore, si je ne m’étais pas trompé de bon matin, il aurait fallu la monter 😊. Après un bon rafraichissement dans l’eau des Neuf Fontaines, nous prenons la piste qui s’élève jusqu’au col de la Vôte, le cinquième de la journée. Là encore, croisée des chemins avec des tables de pique-nique où nous nous posons 5 minutes sous des pins noirs d’Autriche. La suite de la rando nous verra suivre encore une piste et un bout de route pour passer les cols des Lantons à 737 m et plus loin encore notre septième et dernier col, le col de la Croix à 723 m. Le compte est bon et nous pouvons redescendre vers Rochebrune par un beau sentier de colline avec le sentiment du devoir accompli et nos 7 cols franchis. Avant de redescendre au Buis, nous flânons quelques minutes dans le hameau à la rue principale toute recaladée. Une tour, vestige du château fort du XIIIème siècle est bien visible mais propriété privée désormais. L’église Saint-Michel admirablement restauré suivant un guide touristique est malheureusement en travaux et restera inaccessible. Il est temps de rentrer et de préparer notre troisième dîner J

Jour 3 : Montagne d’Angèle-Villeperdrix – 17,39 km – 912 m D+  – 7h 35 de déplacement

Pour cette troisième randonnée, direction la vallée de l’Eygues et le petit village perché de Villeperdrix au-dessus des gorges de May, bien au nord de Buis. Ici dans le village, nulle trace de ces petits oiseaux mais plutôt une toponymie à rechercher du côté des Gallo-Romains avec un certain Perdicus qui fonda ici une Villa. Malgré son isolement – la route s’arrête au bourg – le village semble bien vivant en ce début de journée. L’objectif du jour est ambitieux car il s’agit de parvenir à l’un des trois plus hauts sommets des Baronnies, le Merlu, perché à 1606 m à l’extrémité W  de la montagne d’Angèle. C’est une montagne d’estive avec des propriétaires sourcilleux qui ne laissent pas facilement passer les randonneurs. On peut prendre pied sur le plateau sommital à 1,5 km du but en suivant le GRP que nous connaissons bien désormais. Cela ne coûte rien d’essayer : on vérifiera sur place si les moutons ont pris ou pas possession de leur Montagne. Le premier objectif est de remonter en NW le vallon du ruisseau du Pibou en direction du col de Chaudebonne. Le sentier monte progressivement en balcon légèrement ombragé par des pins de plus en plus nombreux à proximité du col. En levant les yeux vers le nord on imagine l’effort à fournir pour gagner la crête. En approchant du col, nous entendons des tentatives de vocalise puis en guise d’accompagnement le son d’une trompette aussi désespérant que la voix de la dame. Il s’agit en fait d’un couple qui a dû passer la nuit ici et qui se sentant seuls se lancent dans des exercices musicaux matinaux. Ce n’est pas complètement juste mais notre présence ne les décourage pas. Nous accélérons le pas pour préserver nos oreilles. Une petite route continue au-dessus du col et je la suis, ne devinant pas la très discrète balise du GRP qui grimpe directement sur un léger épaulement. Je m’aperçois rapidement de l’erreur en consultant la carte. L’ascension peut commencer. Sans être pentu, pentu, le sentier ne cesse de grimper. Peu d’ombre sur ce versant planté de genêts odorants et de chênes-verts. Chacun prend son rythme et la colonne des Atlassiens s’allonge. Au bout d’une heure et demie d’effort nous parvenons les uns après les autres au Pas de l’Essartier à 1238 m. A notre NW nous distinguons une grande barre rocheuse qui n’est pas, et de loin, le Merlu que nous voudrions bien atteindre. Le sommet est à environ 4 km en suivant la ligne de crête au NW ! Etant données l’heure et la chaleur, je préfère oublier le Merlu, déjeuner et redescendre par l’est de la Montagne en direction de la vallée du Léoux. J’éprouve un léger regret de ne pas avoir atteint ce point puisqu’il ne semble pas y avoir encore de bêtes en estive. Ce sera pour une prochaine fois. Pour le moment, c’est l’heure de manger et nous montons les quelques mètres vers la barre rocheuse entrevue tout à l’heure.

Nous sommes cent fois récompensés de nos efforts matinaux : de ce belvédère, la vue porte loin au sud vers le Ventoux que nous voyons nettement aujourd’hui. La succession des crêtes toutes orientées W/E forme comme des vagues de roches… Après ce petit repos bien mérité nous repartons en direction de l’Est de la Montagne. Les photographes sont à l’œuvre car les sujets de belles prises sont nombreux : des rochers des a pics de la face nord d’Angèle, à la flore avec des parterres de chardons en fleur, aux paysages du Diois, pas très loin au nord. Juste avant de remonter les flancs de la dernière proéminence de la Montagne à l’est qui forme comme un grand tremplin à ski qui descendrait vers nous, nous trouvons un petit passage rocheux dans la falaise qui amorce le chemin qui va nous mener au pied d’Angèle au lieu-dit La Remuque, 550 m plus bas. Un panneau directionnel nous indique Villeperdrix à 5,5 km mais par une petite route. J’ai prévu de prendre des sentiers vers le sud, en rives gauche et droite du ruisseau du Léoux qui suit la route plus bas dans le vallon. Le GRP continue à l’est vers la montagne de Buège qui se termine au sud, au-dessus de Rémuzat, par le rocher du Caire et ses quelques trois cents couples de vautours. Nous randonnerons par là le jeudi…   Pour le moment, nous suivons un petit sentier balisé quelques centaines de mètres avant qu’il ne file plus à l’est pour rejoindre le GRP. Notre sentier à nous, non balisé fait une boucle pour remonter au nord et nous amener au gué qui nous permet de traverser le Léoux et de repasser en rive droite du ruisseau. Un panneau nous avertit que le sentier est périlleux et réservé à des randonneurs expérimentés.  C’est donc le début d’un parcours plus aventureux ; la sente disparaît vite sous la végétation, ne laissant apparaître qu’une vague trace qui ne donne pas tellement confiance en son avenir. Entre le rocher de la montagne à notre droite et le bord de la pente qui tombe dans le Léoux, il n’y a en effet qu’un très léger passage pour une personne à la fois, sans certitude que cette sente débouche vraiment un peu plus loin.  Pierre est devant et je l’encourage à continuer : la sente est bien présente sur la carte même si le passage semble très étroit… Bientôt, en guise de chemin, nous n’avons pour unique choix que le choix de marcher sur une conduite forcée qui constitue alors le seul sol « foulable » sur une centaine de mètres. Certain(e)s peuvent alors trouver le temps un peu long mais tout le monde est bien concentré et applique mes consignes de lenteur et de prudence. Heureusement, un peu plus loin le sentier s’élargit un chouïa en prenant un peu de distance à la fois avec la paroi rocheuse et le bord du précipice au-dessus du Léoux qui s’échappe rapidement dans son vallon en contrebas. Encore deux cents mètres et nous retrouvons un sentier acceptable qui laisse bien de côté la conduite forcée qui nous accompagnera un moment encore. Le dernier passage étroit à négocier est le passage de Rochesourde, dernière petite gorge sur le Léoux en ce qui nous concerne. En effet, la sente tout en suivant encore le cours d’eau, part au SW en direction de la D570 sur laquelle nous prenons pied quelques instants plus tard. Mon parcours initial partait au sud vers la rive droite de l’Eygues, juste au-dessous des gorges de St May. Mais la chaleur et le stress accumulé pour une partie du groupe pendant ce cheminement un peu inhabituel me fait renoncer au parcours prévu. Nous suivons donc pendant 3 km une petite route chauffée à blanc par le soleil généreux, terrain pas top mais ô combien rassurant J. A l’entrée dans le bourg de Villeperdrix une fontaine idéalement placée nous délivre son eau fraiche et nous délivre de l’accablement dans lequel la météo radieuse nous avait laissé… Empruntant un dédale de ruelles, nous regagnons vite le pied de la muraille et nos voitures. Fin d’une belle rando aux cheminements parfois insolites. La plupart des participants ont déjà la tête au Ventoux qui nous attend le lendemain. II n’y aura pas de trop d’un bon dîner et d’une bonne nuit de sommeil pour reconstituer les forces nécessaires à la rando du 4ème jour J

Jour 4 : Le sommet du Mont Ventoux par la face sud au départ du hameau des Baux près de Bédoin – 24,5 km – 1498 m de D+ 9h45 de déplacement

C’est le grand jour tant attendu par le groupe, avec impatience et une certaine appréhension pour certain(e)s, je crois. Puisque la journée est annoncée très chaude, je préfère commencer la rando le plus tôt possible. Pour cela un réveil matinal à 5h30 s’impose… Finalement nous serons à pied d’œuvre avant 8h15 !

Nous gagnons tranquillement le GR puis laissons deux sentiers qui partent au Nord pour prendre le troisième qui s’élève doucement parmi les chênes-verts. Chemin anodin encadré par quelques rochers, présence minérale qui augmente progressivement jusqu’à parvenir dans les boyaux de plus en plus étroits d’un canyon que nous remontons désormais. Nous nous enfonçons dans une barre de calcaire monumentale dans un cheminement qui emballe tout le monde. Les photos sont nombreuses dans cette combe de Curnier. C’est avec regret que nous quittons le secteur qui laissera des étoiles dans les yeux à beaucoup. Après une courte pause boisson et crème solaire, nous avançons quelques mètres sur une piste qui veut m’emporter avec elle et qui me fait manque un tourne à gauche que me rappelle Corinne avec beaucoup d’à-propos J C’est le début d’une longue montée presque rectiligne à la pente constante qui nous amène 400 m plus haut à la Jas des Landérots où nous savourons une pause bien méritée. Les jas qui parsèment encore aujourd’hui les flancs du Ventoux sont les cabanes des bergers d’autrefois lorsque les estives remplaçaient les forêts de pins actuels et où broutaient les troupeaux de moutons. C’était le problème ! Car l’appétit de nos amis était satisfait aux dépens de la stabilité du terrain lors des grandes périodes de pluie en automne. Devant le danger des glissements de terrain pour les hameaux en contrebas, l’Etat acheta à partir du milieu du XIXème siècle de grandes superficies de ces terrains montagneux pour y planter des forêts de résineux mieux à même de fixer les sols. Cela allait bien sûr à l’encontre de l’économie pastorale en place et heurta de plein fouet les populations locales. On retrouvera le lendemain au-dessus de Rémuzat, un hameau entier déserté après le rachat des terres par l’Etat… Ces décisions politico-écologico-économiques de fixer les sols par ces grandes plantations mené par de grands ingénieurs agronomes de l’époque on la retrouve aussi sur les pentes de l’Aigoual plus au sud en Ardèche : les batailles entre l’armée et les villageois vivant tous peu ou prou du pastoralisme sont restées célèbres dans le pays de Valleraugue comme les grands glissements de terrain qui engloutirent des hameaux entiers. Un siècle et demi plus tard, les forêts sont toujours là et nous préservent aujourd’hui de l’ardeur de l’astre solaire. Après la pause, le sentier continue de grimper avec des secteurs à fort pourcentage. Après une petite heure d’effort, on parvient sur une piste qui nous amènera plus haut à l’est à la Jas des Pélerins. Deux motards ayant décidé de prendre les pistes plutôt que la route encombrée de cyclistes nous dépasse sans beaucoup d’attention pour nous autres simples bipèdes suants. C’est là, à côté de la Jas, pile-poil au sud du sommet du Ventoux, 400 m plus haut, que nous prendrons notre pause méridienne. Le programme du début d’après-midi est tout simple : avaler les 400 m restant en sortant « enfin » de la forêt et en empruntant des chemins semés de caillasse blanche emblématique du Ventoux. Bientôt le sommet apparaît si proche, si loin…

Nous avançons sur ce beau sentier dans un environnement qui n’est pas complètement un désert minéral mais où l’herbe et la végétation sont tellement rases qu’elles donnent à cette montagne cet aspect de grand mont désertique et blanc, le Géant de Provence. Le chemin dessine de grands « S » à travers le Clapier de l’Ermite ; ils donnent l’impression à l’ascension de prendre son temps pour arriver au sommet ou plus précisément au pied de la chapelle Sainte-Croix à la porte close mais où reposent de nombreuses urnes…. Après moultes photos autour du « presque sommet », il est temps de finir la montée finale en nous mêlant aux cyclistes qui finissent leur infernale ascension, seuls ou accompagnés d’un compagnon de douleur. Le groupe ne déroge pas à la photo sous la pancarte sommitale.

Les craintes de début de journée qui habitaient certains d’entre-nous sont envolées et c’est un groupe en bonne forme qui profitent du sommet pour se retourner au nord vers les Baronnies ou au sud vers la mer au lointain. La rando n’est pourtant pas finie et il nous faut redescendre dans un premier temps à la Jas des Pèlerins par le même chemin qu’à la montée et dans un second temps par de beaux sentiers forestiers serpentant dans les combes Fiole et d’Ansis. Une chute sans gravité mais qui aurait pu être plus marquante nous rappelle à la prudence et à la concentration. De fait, le groupe est moins bavard qu’à l’habitude, la fatigue n’étant sans doute pas étrangère à ce silence relatif J. Nous retrouvons au bout de cette longue et monotone descente le GR qui nous ramène en 1,5 km à nos voitures. Belle et longue randonnée qui laissera de beaux souvenirs à la plupart des Atlassiens qui venaient de vivre leur premier Ventoux !  

Jour 5 : Au-dessus de Rémuzat – par le col de Staton et la Tête du Mouret – 20,38 km –  1047 m de D+ – 7h37 de déplacement

Pas forcément une journée de repos après les efforts de la veille que cette belle rando au-dessus de l’Eygues et de Rémuzat en face du Rocher du Caire.

La route repasse près de Villeperdrix mais continue un peu plus au SE vers Saint Mey en suivant les gorges du même nom. L’Eygues est d’un bleu étincelant sous un soleil qui l’est tout autant. A l’arrivée, un local de l’étape, trailer dans ces jeunes années, nous vante la plus belle rando du secteur qui aboutit au rocher du Caire aux parois truffées de nids de vautours. Ce n’est pas la rando que j’ai prévue car je préfère l’ombre du vallon qui remonte vers le col de Stanton à l’exposition au soleil pendant toute la montée au rocher du Caire et au-delà sur un plateau sans couverture et orientée plein sud. Nous quittons Rémuzat par une ruelle qui se transforme rapidement en petite piste et finalement en sentier qui passe au-dessus des derniers jardins du bourg. Le sentier monte modérément et nous savourons la fraicheur d’un vallon qui commence à naître en contrebas. Au bout d’un kilomètre le sentier se rétrécit encore et longe dangereusement le bord de la pente abrupte qui tombe dans le ruisseau, le Rif. Comme l’avant-veille je donne des consignes de prudence et de concentration. La progression continue prudemment sous des barres rocheuses qu’on peut toucher à main gauche. J’aime bien personnellement ce genre de cheminement qui n’a pas l’air de perturber le groupe plus que cela. Nous arrivons bientôt à une jonction avec un sentier plus large qui remonte en rive gauche du Rif. Nous le traversons juste à ce point et nous retrouvons alors le GRP qui montait de Rémuzat. Nous nous arrêtons 2 minutes et nous tombons sur un panneau qui nous apprend que le chemin que nous venons d’emprunter était difficile et réservé à des randonneurs expérimentés. Comme monsieur Jourdain, nous avons fait de la prose sans le savoir… Le GRP continue à grimper à l’abri des pins. En s’élevant, il nous ménage de magnifiques vues sur le Pas du Loup, impressionnante barre rocheuse qui surplombe la rive droite du Rif. Il se dégage des lieux une grande sérénité qui rend notre marche tranquille et apaisante. Après 1,5 km environ nous approchons d’un lieu un peu énigmatique où nous discernons sous la végétation des ruines de maisons. Nous sommes à Clermont, village abandonnée autour de 1910 suite au rachat par l’État des terrains occupés. Ce rachat visait comme sur les pentes du Ventoux et ailleurs dans les montagnes du sud de la France à préserver les sols de glissement de terrain en les fixant par la plantation de forêts et principalement de pins noirs d’Autriche. L’occupation humaine était très ancienne dans ce hameau placé sur des chemins reliant Rémuzat à Verclause au SE. Il faut imaginer un lieu sans beaucoup d’arbres avec des cultures en terrasse au-dessus du Rif qui permettait à une petite communauté villageoise de vivre là, un peu loin de tout. La vie ne devait malgré tout pas être facile car les villageois furent heureux de toucher ce petit pécule de l’État pour s’installer sur des terres moins ingrates. Signe de la relative vitalité malgré tout de ces lieux reculés avant la saignée de la Grande Guerre, l’école comptait encore 20 enfants lors de l’abandon définitif du hameau en 1910. Nous restons là quelques minutes méditant sur le temps qui passe et qui transforme les lieux et les choses au bord d’un petit ruisseau entourés d’une multitude de petits papillons blancs… Nous nous arrachons avec un peu de difficulté à ce lieux chargé d’histoire pour continuer sur le GRP en direction du col de Staton. Nous nous arrêtons juste avant, presque au col car une table de pique-nique nous tend les bras. Les deux, trois arbres présents abritent les quelques-uns qui n’ont pas trouvé place autour de la table. Repas tranquille suivi pour certains d’une petite sieste réparatrice.

L’objectif de l’après-midi est de redescendre en direction de la Tête du Mouret, vers Rémuzat donc, pour aller observer les vautours sur la paroi du rocher du Caire qui fait face aux belles falaises de la Tête. Nous redescendons sur près de 6km un chemin qui nous mène au pied de la dernière ascension du jour pour rejoindre notre beau belvédère. 250 m de dénivelée pour nous hisser tranquillement sur le haut de la Tête. Le soleil tape dure sur le bout du plateau et des centaines de vautours annoncées nous n’en apercevons très haut dans le ciel qu’une petite dizaine. L’explication de cette absence de vautours fauves, vautours moines et percnoptères me sera donnée par l’animatrice de la Maisons des Vautours à notre retour à Rémuzat. Même si ce sont des oiseaux diurnes, les vautours n’aiment pas la chaleur de l’après-midi et sont plus visibles le matin. Problème de timing, damned 😊 Dommage car Rémuzat abrite la plus grande colonie des vautours fauves de tout l’arc alpin !  Réintroduits en 1991, ils prolifèrent sur les falaises qui surplombent Rémuzat. On peut voir dans la Maison un grand panoramique qui montre la plupart des nids dans la roche. Sur le toit du musée sont installées des longues vues qui permettent de les observer dans de bonnes conditions. Quand ils ont décidé de prendre leur envol bien sûr ! 

Un peu déçus, nous redescendons de notre observatoire par un beau sentier, plus agréable que celui de la montée qui serpente dans la pinède jusqu’à rejoindre le GRP que nous suivons en rive gauche du Rif jusqu’à Rémuzat. Fin d’une belle rando qui aura continué à user les organismes à cause d’un relief pas facile et surtout d’une chaleur qui grandit un peu plus chaque jour.

Jour 6 : Au-dessus de Buis – les gorges et les ruines du château d’Ubrieux– 12,12 km – 520 m de D+ (420 m avec le raccourci ) – 5h50 de déplacement

Déjà le 6ème jour de séjour et le soleil va chauffer encore plus aujourd’hui. Il m’oblige à revoir un peu mon programme. Je décide en effet d’écourter la rando prévue pour ne marcher qu’une partie de la journée et s’arrêter avant les chaleurs de l’après-midi. Le groupe approuve d’emblée la décision d’autant plus que comme le dimanche précédent nous laissons les voitures au parking. L’objectif de cette courte rando est de remonter les gorges d’Ubrieux et de monter sur le piton rocheux qui les surplombent et sur lequel a été construit au milieu du XIIIème siècle. Nous quittons le centre de Buis par des petites ruelles qui nous offrent de beaux points de vue au sud sur le bourg et le St Julien. Nous rejoignons bientôt l’Ouvèze et son Pont-Neuf bâti à la fin du XVIIème siècle pour faciliter la traversée de l’Ouvèze alors que de nombreux passages de troupe sur cette route qui reliait le Languedoc au Dauphiné. D’une portée de 40 m environ, il permettait de traverser la rivière même en période de crues en direction de la vallée du Ménon qui remonte à l’est et passe sous le beau village de la Roche sur le Buis. Nous continuons à longer l’Ouvèze sans trop la voir mais en l’entendant bien. Après 2,5 km d’une marche tranquille dans la relative fraicheur du début de journée, nous parvenons au gué sur l’Ouvèze, à l’entrée du défilé (des gorges) d’Ubrieux. Certains traversent la rivière avec les chaussures, d’autres les retirent, d’autres encore ne gardent que leur caleçon et piquent une bonne tête dans la rivière dont l’eau n’est pas si froide que cela même en ce début de chaude journée.

Le temps de pause est bien entendu assez long et proportionnel au plaisir que nous prenons à nous ébattre dans cette belle rivière qui peut devenir d’une violence inouïe lors des fortes pluies d’automne et produire des crues mémorables comme à Vaison la Romaine en septembre 1992 où elle monta à 17 m au-dessus de son lit. Après ce petit plaisir aquatique nous gagnons rapidement le sentier de découverte qui longe les gorges. Il est très court et la route passe juste au bord. Pas d’autres choix que de redescendre la route sur une centaine de mètres pour parvenir au début du chemin qui nous permettra d’atteindre les ruines tout là-haut…. Nous passons au pied des falaises, haut-lieux drômois de l’escalade avec plus de 120 voies équipées. Bientôt notre chemin, un PR de découverte, s’amorce à gauche. C’est une petite boucle que nous prenons dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Comme le balisage est bien fait et l’objectif clair, je lâche les chevaux-légers et je reste derrière avec une Atlassienne qui chemine tranquillement. A une petite intersection, je vois une sente qui part au NE. Comme les autres sont loin devant et que je peux prendre un beau raccourci, je ne m’en prive pas. Cette sente rejoint le parcours retour du PR et elle nous laisse au début de la montée vers le piton et son château. Le dernier kilomètre n’est pas facile mais nous avons tout notre temps car on n’entend pas les autres qui ont dû parcourir 1,5 km de plus 😊. On arrive finalement au pied des ruines du mur Est du château dont peu de pierres sont encore maçonnées et tiennent debout. Encore quelques mètres et nous sommes au sommet avec une vue panoramique sur le pays de Buis. Les membres du groupe arrivent plusieurs minutes plus tard au compte-goutte.  En plein soleil, nous ne restons pas trop longtemps là-haut, juste le temps de prendre une photo du groupe, la dernière.

Nous nous réfugions plus bas dans la pinède, à l’ombre pour déjeuner. Le retour par une belle sente nous amène à l’à-pic d’un ravin d’où on observe les marnes argilo-calcaires qui forment le soubassement de tout le relief des Baronnies. En levant la tête on devine bien le piton castral, but de la matinée. Nous retrouvons vite les ruelles surchauffées de Buis quand elles sont au soleil et des ruelles dans lesquelles il fait bon s’arrêter quand elles sont à l’ombre.

C’est la fin du séjour et ce compte-rendu ne rend pas complètement compte de la richesse de cette petite entité géographique. Richesse florale, agricole, géologique et historique. Au cours de ces six journées j’ai essayé d’en montrer une partie à mes équipiers et nul doute qu’ils ont apprécié. Autre certitude : un certain nombre reviendront !

Merci à Régine, Corinne, Monique, Claudine Benoit et Laurent pour leurs photos.

Merci à Régine pour la fourniture des données chiffrées de chaque rando

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