Séjour n° 17 Canyon sec et sommets dans le Haut Atlas Central Marocain
Du samedi 07 au samedi 21 septembre 2019
Animateur : Michel J.
Nombre de participants : 14 dont 8 femmes et 6 hommes.
Mot de l’animateur
Ce nouveau tracé, un peu compliqué à organiser au niveau de la logistique et de l’intendance, a tenu toutes ses promesses. Originalité par ses passages inédits, bivouacs naturels dans des environnements de toute beauté, sommets peu connus, ambiance entre les participants ont été quelques uns des éléments qui ont contribué à la réussite de cette nouvelle grande aventure !
Météo : nous sommes arrivés à la fin d’une terrible période orageuse où des montées subites des eaux et des glissements de terrain ont provoqué la mort de nombreux marocains. Les deux premières soirées ont été légèrement perturbées et notamment, la seconde à la sortie du canyon où l’orage s’est invité au bivouac avec tonnerre et quelques gouttes de pluie. Le reste du séjour a bénéficié d’une météo agréable avec de la douceur.
Hébergement : hôtel à Marrakech en chambre double et deux triples. Sur le terrain bivouac sous tentes Ferrino spacieuses bi-place, deux tentes Vaude et deux adhérents en tente solo dont deux North Face modèle Westwind (de l’association) emmenées de France. Une tente mess nous abritait pour prendre nos repas. Petite remarque, certaines tentes étaient en mauvais état notamment au niveau des fermetures.
Nourriture : excellente et variée durant le trek. Repas composés de salades le midi avec un plat chaud de féculents et le plus souvent d’une soupe et d’une tajine le soir avec un dessert. Petit déjeuner copieux et classique. Beignets à deux reprises et le thé à la menthe plusieurs fois par jour.
Transport
– aérien : EasyJet au départ de l’aéroport de St Exupéry avec une arrivée à Marrakech
– terrestre : au départ de Clermont-Ferrand, jusqu’à l’aéroport de St Exupéry à l’aide de trois véhicules, Yves, Dominique et Michel J. Sur place au Maroc, un bus confortable pour les passagers et un véhicule de tourisme Mitsusbishi pour le matériel.

Itinéraire : avec ce tracé inédit, nous complétons les deux précédents trek de 2015 et de 2016 et achevons l’exploration des trois canyons situés sur la partie Est du Mgoun. Deux sommets gravis pour la première fois par les membres d’Atlas, l’Azourki, altitude 3677m et le Waougoulzat, altitude 3605m et enfin après 20 ans une nouvelle fois, le sommet du djebel du Rat, altitude 3601m.

Petit lexique sans prétention : aqqa : torrent encaissé ; assif, oued : rivière ; aït, tribu, fils de… ; azib : bergerie (buron) ; djebel, jbel : montagne ; erg : désert de dunes de sable ; reg : plateau recouvert de cailloux ; ighern : grenier fortifié ; ighil : colline ; taghia : gorge ; talat : ravin,vallon ; tizi : col ; asserdou : mulet ; arioul : âne.

Classement : moyen. Déplacement à pied : 11 jours soit 80 heures. Journée libre à Marrakech : 1.5
Kilométrage parcouru à pied : 193.02. Dénivelées positives : 9570m. Dénivelées négatives : 10310m

Découpage du séjour
Les données, l’altimétrie, la durée du déplacement et les dénivelées positives et négatives sont données par une montre Suntoo. Les distances, la durée de la randonnée, les altitudes maximum de journée à l’aide d’un Gps de marque Garmin. Les noms de villages ou de lieux-dits peuvent être sujet à plusieurs écritures.

Abréviations utilisées : DD : durée du déplacement ; DR : durée de la randonnée ; DP : dénivelée positive ; DN : dénivelée négative DL : distance linéaire ALMAXJ : altitude maximum de la journée.

Jour 1. Trajet en voiture entre Clermont-Ferrand et Lyon, plus précisément à Lusignan au parking MSD. Deux minibus nous ont transportés au terminal d’embarquement à Lyon St Exupéry. Vol avec la compagnie Easyjet et en 2h40, nous étions à Marrakech où nous attendait Slimane, patron du réceptif Marocain et Saïd, le conducteur du bus. Installation à l’hôtel Andalous, 4 étoiles (standard marocain). Après le repas du soir, je propose aux moins fatigués d’aller prendre un bain de foule sur la place
Djemââ El Fna et de découvrir le site de la plus importante mosquée de Marrakech, la Koutoubia.

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Jour 2. Le bus nous conduit au pied d’une première ligne de montagne composée des djebels, Tizal, Azourki et Aroudane, grossièrement parallèle à la chaîne principale du Mgoun. Nous prenons le repas du midi dans le vétuste café d’un village perché à mi-pente. Quelques membres de l’équipe sont déjà là. Nous apprendrons au cours de la journée que les muletiers arriveront plus tard venant du sud de la barrière du Mgoun après deux jours de déplacement. Une certaine désorganisation semble régner à ce
point relais mais il n’en est rien même si les modalités du commencement du trek ont fait l’objet de modifications de dernière minute. Travaillant avec Slimane, depuis plus de trente ans, je laisse se faire la mise en place sans inquiétude particulière. Il est vrai que ces derniers jours la météo n’a pas été favorable à une préparation à l’européenne. Hier encore, il était aux dires des locaux impossible de circuler, sans risque, sur cette route de montagne. Encore quelques kilomètres en bus après le repas pour atteindre le Tizi-n-Tlissi à 2603m d’altitude, point de départ de la randonnée du jour. Elle nous fera une mise en jambe agréable le long du Jbel Aroudane et de la rivière (assif) Aqqa-n-Ilissi et nous pourrons découvrir plusieurs facettes de la montagne marocaine : une végétation diverse composée de chêne vert, buis, genévrier thurifère, centenaire, genévrier oxycèdre ou cade, des bergeries, certaines habitées en permanence d’autres de simples abris occupés à la belle saison, implantées à l’abri de la fureur de l’assif, quelques parcelles minuscules entourées de murets complètent le décor au fur et à mesure que l’on descend. Les derniers jours ont quelque peu chamboulé le paysage et les traces d’un ruissellement violent de l’eau sur ces terres arides sont encore bien visibles. Tous les ruisseaux souvent à sec à cette période, les rivières se retrouvent dans la vallée du village Zawyat Ahancal terme de cet échauffement où coule l’assif du nom du village, gros bourg vivant de l’agriculture entre élevage d’ovins et caprins et cultures vivrières. Ce soir, nous dormons au gîte de Farid avec une vue sur les extrémités rocheuses et découpées de l’Aroudane. Un véhicule 4×4 a déposé nos bagages et le nécessaire pour le repas du soir. Il fera le chemin inverse demain matin et remettra à l’équipe des muletiers nos sacs qui nous rejoindront par un sentier muletier entre Azourki et Aroudane au premier bivouac.
DD 4h13 DP 30m DN 975m DL 10km ALMAXJ 2603m

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Jour 3. Réveil à 06h00 pour un petit déjeuner pris en commun à 07h00. Répartis dans plusieurs petits dortoirs, la nuit a été réparatrice pour le groupe. Sommaire mais propre, ce gîte nous a proposé un confort avec des douches et des toilettes que nous n’aurons plus dans les jours à venir. Nous quittons à pied Zawyat par une piste en terre en direction de Taghia. La sente parcourue 3 ans plus tôt se transforme petit à petit au prix d’efforts considérables en un chemin qui gagnera le fond de la vallée. C’est sans doute une nécessité pour maintenir dans ces vallées une population qui ne bénéficie pas ou peu de la transformation rapide de la société marocaine. Deux énormes pelleteuses travaillent à briser la roche. A 1756m d’altitude, nous bifurquons sur notre gauche, traversons l’assif et pénétrons dans le canyon aqqa-n-Tazaght. Étroit au début, il est constitué de blocs et de chaos que nous franchissons ou contournons. L’élévation est régulière puis le canyon s’élargit et comme dans un havre de paix, d’immenses chênes verts à la hauteur inhabituelle et aux diamètres imposants se développent sur un terrain pentu à l’allure inhospitalière. Nous bifurquons de nouveau et prenons une branche du canyon sur la gauche. Partis sous un ciel bleu, nous nous retrouvons progressivement sous un ciel encombré de gros nuages. Ahmed qui nous accompagne à nouveau sur ce trek montre peu son inquiétude mais les précipitations des derniers jours doivent être présentes dans son esprit. Je sens qu’il a hâte de sortir de ces étroitures aux hautes falaises, synonymes possibles d’un piège. La montée est raide, la sortie semble imminente mais nous redescendons pour attraper une branche plus petite. Un gros rocher nous sert de table de pique-nique qui est le bienvenu. Ce canyon est un véritable labyrinthe, une branche se présente à gauche mais nous en prenons une à droite. La hauteur des falaises se réduisent, le fond encaissé est loin au-dessous de nous et c’est enfin le plateau. Il nous faudra encore de longs kilomètres pour atteindre le lieu du bivouac protégé dans un vallon, installé à proximité d’une source et d’un mini cours d’eau. Première rencontre avec les nomades, quelques campements sont installés, les dromadaires broutent avec délectation des petits buissons épineux qui ressemblent aux genets scorpions de la Sierra de Guara en Espagne que l’on désigne sous le nom de «coussin de belle-mère». Des colonies de craves se font entendre. Un orage se prépare au sud de notre point. Installation dans les tentes biplaces, thé à la menthe et toilette avec les cuvettes pliables de l’association occuperont la fin de l’après-midi. Notre équipe muletiers et cuisinier est au complet.
DD 8h50 DP 1520m DN 305m DL 23.2km ALMAXJ 3013m Altitude du bivouac 2837m

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Jour 4. L’orage d’hier soir nous enveloppe ce matin d’une humidité bien présente. Les tentes sont très mouillées mais la nuit a été calme, troublée seulement par le mouvement des mules entravées à peu de distance du camp. Après un petit déjeuner copieux, nous partons sous un ciel couvert et pesant. Toute la matinée, nous cheminerons sur ce vaste plateau entre 2800 et 3000 mètres contournant les mamelons situés à une altitude avoisinant ou dépassant les 3200 mètres d’altitude. Bientôt, nous franchissons la ligne imaginaire du partage des eaux et nous nous rapprochons de l’Azourki, tout en longueur. Sur notre droite encore des ramifications du grand canyon d’hier orientées nord et nord-est d’où s’envole une compagnie de perdrix ; à gauche un canyon plus modeste aux multiples branches sud et sud-ouest. Le squelette d’une tête de dromadaire correctement nettoyée trône dans ce décor minéral où seules quelques touffes de genets amènent une touche de verdure. La vie n’est pas absente pour celles et ceux qui savent observer, une petite chouette, installée sur un rebord rocheux, sans doute à l’affût d’insectes ou de rongeurs s’envole tardivement à notre approche. Nous longeons l’Azourki et Ahmed enchaîne les pauses car l’équipe des muletiers aurait dû nous rattraper depuis longtemps mais rien à l’horizon. Nous descendons en pente douce un large vallon, l’heure du pique-nique est largement dépassée mais le mélange, petit gâteaux sucrés, dattes, figues séchées nous permet facilement de tenir. Petite attention qui fera partie comme à l’occasion de chaque trek d’une pause le matin. Le repas de mi-journée sera pris pour finir au lieu du bivouac. A chaque jour sa petite aventure, aujourd’hui l’équipe des muletiers a contourné un sommet intermédiaire au lieu d’aller en trace directe. Petite mésentente, sans conséquence, entre muletiers venant d’une vallée éloignée et guide qui travaillent ensemble pour la première fois. Seul Hossin le cuisinier est le régional de l’étape venant de la riche vallée des Ait
Bouguemez située à peu de distance à vol d’oiseau.
DD 5h32 DP 385m DN 645m DL 17.08km ALMAXJ 3107m Altitude du bivouac 2855m

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Jour 5. Au fil de la journée d’hier, la météo s’est améliorée et un soleil généreux nous a accompagné sur la fin d’après-midi. Ce matin, le réveil se fait dans une nuit noire sous un ciel étoilé. Il est 06h35 lorsque nous quittons le camp à la lampe frontale pour l’ascension de l’Azourki. Une première pour Atlas Aventure. Nous sommes passés à plusieurs reprises à proximité lors de treks précédents mais nous ne l’avons jamais gravi. Ahmed l’a déjà fait mais ce n’est pas un classique comme peut l’être le Toubkal
sur le Haut Atlas occidental ou plus près de nous le Mgoun. La montée est progressive dans de la pierraille relativement stable. Pas de trace de passage. Magnifique lever de soleil qui éclaire les difficultés à venir. Première pause sous une barre rocheuse où nichent de nombreux faucons. A 3200 mètres, nous progressons en posant les mains pour passer une barre rocheuse et atteindre une première vire. De vires en vires de plus en plus étroites, replats naturels dans cette montagne érodée nous progressons et gagnons de l’altitude. Ceux qui ne craignent pas le vide encouragent celles et ceux qui appréhendent un peu…Un dernier effort en posant les mains et le premier sommet intermédiaire est atteint vers 10h00 à 3565m. Une cassure dans un rocher que nous franchissons avec précaution et c’est par une longue crête en légère montée que nous atteignons le sommet. La vue est circulaire sur 360 degrés avec au premier plan vers le sud-ouest le Waougoulzat, en second plan, la chaîne du Mgoun qui porte encore les traces des dernières intempéries sous forme de neige. Au nord, les dernières crêtes du Haut Atlas central vers Beni Mellal, au nord-est, les hauts sommets du Haut Atlas oriental. Vers l’ouest, toute en longueur, la vallée des Ait Bouguemez avec en son extrémité la pyramide rocheuse presque parfaite où domine le grenier fortifié Sidi Moussa, visité en 2016. Moment de quiétude avec un vent modéré qui nous laisse le temps de savourer l’instant ! Une longue descente nous attend où nous pourrons admirer les fantaisies aériennes d’un couple de grand corbeau et un beau vol de crave.
DD 10h10 DP 1190m DN 1665m DL 14.10km. ALMAXJ 3702m Altitude du bivouac 2250m

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Jour 6. Hier en fin d’après-midi, nous avons eu la visite du sous-préfet de Tabant qui souhaitait connaître nos identités. Depuis le meurtre des ressortissantes scandinaves, Louisa, danoise et Maren, norvégienne sur le Haut Atlas Occidental, des mesures de surveillance des étrangers ont été mises en place avec l’interdiction de bivouaquer dans la périphérie des zones habitées ce qu’ignorait notre guide. Ce matin, rien ne presse, nous quittons le camp situé à Zawyat Oulzia à 9h00 pour une étape qui doit nous amener sous le djebel Waougoulzat, prochain objectif. Nous suivons rive gauche un temps, de loin la partie supérieure de la vallée des Ait Bouguemez. Ahmed en cheminant nous montre un cimetière peu visible pour des occidentaux, pas de tombe, de simples pierre posées sur le sol verticalement. Parallèles, le défunt est un homme ; perpendiculaires, une femme, le visage toujours tourné vers La Mecque. Nous atteignons à hauteur d’Ifrane, une piste qui nous permet d’atteindre un col à 2225 mètres
d’altitude puis c’est la descente par un sentier muletier à travers les genévriers thurifères pour atteindre Rbat. Nouvelle déconvenue ! Nous devons dormir en gîte puisque le bivouac dans la zone administrative de la vallée semble dorénavant interdit, mais celui de Rbat est complet, occupé par des instituteurs en formation et nous devons poursuivre notre descente jusqu’au village de Ibakaliwane à 1890m d’altitude. Nous logerons chez Ait Ayoub.
DD 4h50 DP 360m DN 600m DL 15.63km ALMAXJ 2265m Altitude du gîte 1890m

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Jour 7. Il est 7h35 lorsque nous quittons le gîte avec 1⁄2 heure de retard sur l’horaire annoncé par Ahmed. Le groupe était prêt mais nous avons du attendre le petit déjeuner…Enfin, c’est le départ, le pique-nique est réparti dans nos sacs à dos, boites de sardines, énorme boite de thon, chacun ayant récupéré un œuf dur et une orange. Ahmed, le guide et Mohamed, le muletier se partagent, les pains, deux saucissons de bœuf, la boule de fromage et important, le sel au cumin. Mohamed, très grand est taillé
pour la course à pied, filiforme, il a une grande agilité sur les rochers. Nous faisons le chemin inverse en montée qui nous ramène à Rbat. D’énormes travaux sont engagés à l’aide de pelleteuses qui vont transformer cette piste de terre en route large asphaltée. Le gîte que nous quittons était vaste et confortable et tout le monde semble en forme pour cette longue journée qui nous attend. Le village est maintenant dépassé, nous nous engageons dans une vallée moins verdoyante au fur et à mesure que nous montons en altitude et occupée en grande partie par l’oued qui transporte à chaque crue des quantités importantes de cailloux. Une pelleteuse s’active, là également, transformant la sente en une piste qui permettra aux dernières maisons d’avoir plus facilement accès à la future route et à des transports en commun. Cela s’appelle le désenclavement, engagement politique du Roi Mohamed VI d’après Ahmed. Il est vrai que les aménagements sont nombreux, poteaux électriques visibles dans le paysage, pistes franchissant de hauts cols, inexistantes auparavant. Le but recherché est de maintenir la population rurale sur les terres et de ne pas grossir les bidonvilles des villes. Nous cheminons maintenant entre des genévriers thurifères géants, vieux sans doute de plusieurs centaines d’années. Les troncs portent des stries torturées comme ci on avait voulu ralentir la croissance de ces arbres. Nous prenons lentement de l’altitude, contournant et contournant encore des mamelons. Bientôt des «azib». Au loin on entend les appels presque humain de quelques chevreaux. Le djebel Waougoulzat se dresse devant nous comme un mur infranchissable. L’altimètre ne semble pas bouger et le guide semble attendre le dernier moment pour se décider à aller vers lui. Les bergeries d’altitude s’estompent, plus de sente, nous zigzaguons entre les «coussins de belle-mère». Le tapis végétal se fait plus rare, les dernières plantes sont derrière nous, bientôt le sommet ? Non, Ahmed décide de descendre dans un nouveau vallon encaissé occupé par quelques arbres géants. Sur notre gauche, une ligne de mamelons espacés qui culminent entre 2800 et 3300 m d’altitude. La pente se fait plus raide, le col est en vue, il est 13h45, nous sommes à 3325m sur la montre altimétrique, 3540 sur la carte. Le vent souffle en rafales mais il ne fait pas froid. Nous dégustons le pique-nique abrités par des rochers et profitons de ce moment exceptionnel gagné à la force du mollet. Le panorama est grandiose, peu d’européens gravissent cette montagne beaucoup moins connue que son voisin, le Mgoun. Coincé au nord par l’Ighil-n-Ait-Ourit et ses sommets allant de 2600 à 2900m prolongé à l’ouest par le djebel Tizal à plus de 3000m, on aperçoit le cordon vert de la vallée des Ait Bouguemez. Au sud, c’est la longue chaîne du Mgoun avec son sommet principal à 4068m. Je propose de continuer vers l’est pour atteindre les différents sommets de la chaîne. Le groupe se partage en deux, Mohamed nous accompagnera, Ahmed descendant directement à travers des barres rocheuses pour rejoindre le lieu du bivouac bien identifiable depuis notre belvédère. Le terrain est instable et provoque quelques glissades sans conséquence. L’autre groupe progresse sur l’épaulement et gagne en altitude, 3500m puis c’est le sommet à 3605m (montre gps). Notre descente sera plus confortable que celle du groupe d’Ahmed. La lecture du terrain est plus facile avec un énorme pierrier et un pourcentage approchant sans doute les 40%. J’initie Mohamed à la descente en trace directe dans la pente. Il est 18h30 lorsque nous nous posons enfin pour déguster le thé à la menthe. Le premier groupe est déjà là, arrivé depuis quelques dizaines minutes. Pour achever la journée, 4 d’entre nous remontent le vallon où coule l’oued pour remplir les gourdes et bouteilles d’eau de l’ensemble des participants.
DD 10h59 DP 1955m DN 1670m DL 23.92km ALMAXJ 3605m Altitude du bivouac 2207m

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Jour 8. Nous laissons le campement derrière nous après avoir absorbé un solide petit déjeuner avec café ou thé voire chocolat et moult pains avec margarine, diverses confitures de marque notamment «Aicha» et pâte à tartiner. Il est 09h00 environ et la journée s’annonce normalement plus facile. Nous sommes sur la rive droite de l’assif Mgoun et traversons plusieurs villages accrochés au relief à l’activité exclusivement agricole. Entre les maisons et l’oued plusieurs cultures, pomme de terre, certains plants
encore fleuris, d’autres fanés prêts à être ramassés ; des parcelles de maïs ; des arbres fruitiers, pommiers notamment au pied desquels une haute et généreuse luzerne pousse. Nous coupons une piste avec une bande centrale de goudron qui vient de la vallée des Ait Bouguemez en passant par le « tizi-n-Aït-Imi » et qui se poursuit jusqu’à rejoindre kelaa Mgouna. Une pause à la confluence de l’assif Amougr Saln avec l’assif-n-Oulilimt qui donne la rivière Mgoun. Le grenier fortifié «Tighremt-n-Aït-Ahmed» sur la rive droite construit en pisé il y a quelques décennies continue à se désagréger sous l’action des pluies. L’oued est encore très chargé et pour éviter de se mouiller les pieds on doit escalader quelques rochers en posant les mains puis pour éviter une cascade on repasse rive gauche pour franchir un premier col puis un second. Enfin le camp apparaît en contrebas à la sortie d’une courbe de la rivière. Après le thé traditionnel puis le repas du midi pris tardivement, on profite du ciel bleu et du soleil pour faire toilette et lessive dans une eau fraîche et tonifiante.
DD 06h15 DP 715m DN 295m DL 18.73km ALMAXJ 2689m Altitude du bivouac 2661m

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Jour 9. La nuit a été troublée par le bruit des toiles de tentes secouées par de violentes rafales de vent. A 8h00, nous quittons ce camp planté en pleine montagne avec une eau abondante à proximité, un bonheur simple…Quelques craves aux becs courbés vers le bas piochent la zone humide à la végétation rase pendant que trois pigeons ressemblant à nos pigeons de ville se nourrissent des déchets des mules. Sans doute des pigeons «bizet». Une heure après, nous laissons sur notre gauche, le lit de l’assif pour gravir un mamelon qui nous amène à de jolis «azib» construits en pierre aux formes arrondies. Un chevreau se fait entendre. Pas de troupeau présent, le dernier vu est à environ 1⁄2 heure de marche. La petite bête au déplacement malhabile nous suit avec détermination. Nous atteignons le tizi-n-Oumsoud à 2969m puis c’est une nouvelle descente. Entre-temps, les muletiers nous ont rejoints et l’un des jeunes a réussi à attraper le chevreau qu’il confiera bientôt à des muletiers que l’on croisera et qui le ramèneront vers le troupeau. A 2460m, nous faisons une pause «grignotage». Il nous faudra 1h15 pour atteindre de nouveau les 2900m de l’immense plateau de Tarkeddid puis ce sera le franchissement du passage de la ligne de partage des eaux dans l’alignement du refuge du Mgoun. Dorénavant, les cours d’eau et notamment la Tessaoute qui prend sa source, ici, s’écoulent vers l’ouest. Nous suivons ce filet d’eau qui sera dans quelques kilomètres une rivière importante qui irriguera un nombre important de champs cultivés. A l’amorce d’un canyon, il est 14h00, nous sommes arrivés à l’emplacement du bivouac. L’emplacement initial était prévu un peu plus loin mais présentait
des inconvénients. Ce changement, ne remettant pas en cause le découpage des journées à venir et l’endroit étant magnifique, nous profitons du reste de la journée pour flâner, nous attacher aux taches quotidiennes, toilette et lessive et profiter de ce cadre de carte postale.
DD 06h02 DP 800m DN 595m DL 17.96km ALMAXJ 3000m Altitude du bivouac 2895m

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Jour 10. Nous laissons la Tessaoute se faufiler dans le canyon et montons à droite au-dessus d’un vallon pour atteindre en passant plusieurs petits cols un plateau où Ahmed nous montre deux gouffres dont nous ne pouvons voir le fond. Sans doute, l’alimentation de la seconde source de la Tessaoute. Cette immensité minérale à plus de 3000m d’altitude doit être gavée de neige l’hiver et doit représenter une réserve d’eau importante pour la vallée. Le bord est atteint et faisons une pause au col Sdremt à 3200m
d’où nous avons une vue plongeante sur la vallée verdoyante de la Tessaoute avec ses cultures habituelles et quelques bouquets de peupliers qui serviront, une fois coupés aux charpentes des maisons. La luminosité est parfaite et le contraste entre le vert et l’arrière plan des pentes aux roches rouges donne une valeur supplémentaire au cliché. Des espagnols arrivent au col, c’est l’occasion d’échanges entre les guides et les membres des deux groupes. Un oiseau de grande envergure sombre, observe sans doute la scène et cherchant les courants ascendants disparaît rapidement. La journée continue par une longue descente faîte de petits pierriers et de rochers façonnés par l’homme afin de permettre aux mules de pouvoir transporter leurs chargements de la vallée au plateau. Bientôt Tasgaïwalt à environ 2500m d’altitude puis c’est l’arrêt sous des noyers à la sortie du village d’Amezri pour la pause déjeuner. Finie la descente, nous reprenons vers 16h00, notre voyage et vers 3000m c’est le tizi-n-Wani. Passé le djebel Tig Nousti, se dessine au pied du djebel du Rat une étendue d’eau éphémère qui miroite au soleil couchant. Des nuages s’amoncellent face à nous et après le ciel rouge
d’avant-hier et les cirrus des derniers jours, le temps semble amorcer un changement. Le campement est atteint vers 18h00. Le sol est plat et de nombreux puits ont été creusés en profondeur pour atteindre le niveau des nappes phréatiques afin d’abreuver les importants troupeaux d’ovins et de caprins. Deux sacs manquent lors du déchargement des mules. La nuit est tombée générant une certaine inquiétude. Ahmed explique qu’un muletier et son animal sont restés en arrière au village afin de faire les derniers achats pour la fin du trek et que les sacs n’ont pas été transférés comme prévu sur une autre mule. Il fait nuit noire quand le chargement tant attendu arrive enfin ! Une nouvelle aventure dans l’aventure !
DD 10h09 DP 930m DN 1135m DL 23.74km ALMAXJ 3294m Altitude du bivouac 2670m

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Jour 11. C’est le grand jour. Nous nous levons à 06h00 pour le dernier sommet, le djebel du Rat indiqué à 3601m sur la carte. Le camp est rapidement derrière nous, le ciel est chargé et donne une ambiance particulière. Nous prenons de la hauteur par une sente pentue, à peine marquée dans un vallon coincé entre deux mamelons. Le minéral est partout, nos chaussures continuent de pousser, de déplacer en permanence des cailloux de toutes tailles. Malgré la fatigue accumulée depuis le début du trek, la progression est régulière et à un mouvement de terrain succède un autre mouvement. Enfin l’épaulement se distingue sur le fond gris du ciel. A l’ouest, le ciel présente de larges éclaircies, l’inquiétude du matin s’estompe, la journée semble sauvée. Un dernier effort pour atteindre une ligne de pente qui nous amène au sommet et nous offre à droite et à gauche une vue lointaine des différents massifs montagneux entrecoupés de vallées verdoyantes. Quel paysage ! Après la prise de photos pour figer l’instant, on amorce la descente…A mi-pente, on organise le pique-nique réparti et sorti des sacs à dos. Un pierrier puis on suit une courbe de niveau pour gagner une zone à l’herbe rase. Petite pause, Ahmed et Mohamed se dispersent à la recherche des muletiers, une nouvelle fois une mauvaise compréhension, une méconnaissance des lieux par l’intendance. Ils ne sont pas là et n’ont pas été aperçus par les bergers en transhumance. On se remet en mode descente en suivant les petits cours d’eau et après une perte d’altitude de 350m environ, on trouve l’équipe dans un repli de terrain à proximité de deux ruisseaux dans la vallée d’Imazayn.
DD 7h00 DP 1165m DN 1075m DL 12.23km ALMAXJ 3831m Altitude du bivouac 2768m

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Jour 12. Pour éviter une fin de trek sur le goudron, Ahmed nous convie à un dernier parcours montagneux qui se révélera exceptionnel et bien sûr inédit. Les beaux treks se méritent et l’intérêt sait d’essayer de nouvelles traces, de nouveaux passages. C’est ce que j’aime chez Ahmed, une fois qu’il a jaugé la capacité du groupe, il ose et ce n’est pas pour me déplaire !
La première partie nous fait remonter pour atteindre un col à 3100m puis une longue descente où nous retrouvons progressivement de magnifiques genévriers, nous amène au bord d’une falaise. Trouver le passage pour gagner la vallée est l’objectif du moment, nous partons vers la gauche, le sud, mais pas de faiblesse du relief, la marche est vertigineuse. Ahmed cherche dans cette verticalité… Comme toujours, le berger du coin sera d’un précieux secours. Petit retour en arrière, nous prenons la direction
du nord en longeant au plus près le précipice, Ahmed cherchant la faille. Nous y sommes, les villageois ont su exploiter l’endroit friable de la falaise en traçant une sente muletière à gros renfort de support artificiel fait de bois et de cailloux pour monter sur ce plateau leurs troupeaux. Le village se montre en contrebas mais il faudra de nombreux zigzag pour enfin l’atteindre. Les premiers habitants rencontrés sont un peu surpris de nous voir arriver par ce passage. Puis par une longue piste en terre,
nous gagnons vers 15h00, le gîte à Ait Ali-n-Ito terme de notre périple à 1850m d’altitude.
DD 6h00 DP 520m DN 1350m DL 16.43km ALMAXJ 3080m

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Jour 13. Hier soir, petite fête au gîte pour marquer la fin du trek, arrosée au jus de pomme et coca avec les muletiers, le cuisinier et Ahmed, le guide. Comme d’habitude que ce soit au Maroc ou dans d’autres pays visités par Atlas, nous aimons réunir tout le monde autour d’un pot en remettant à chacun un petit supplément de salaire sous la forme d’un pourboire. Puis c’est le grand retour, pour nous vers Marrakech, pour les muletiers vers le Douar Amsker, leur village et Hossin, le cuisinier, vers la vallée
des Aït Bouguemez.
En revenant vers la ville, nous pouvons constater les dégâts des derniers orages avec de nombreux glissements de terrain déblayés à la hâte pour rendre la circulation possible sur ces petites routes de montagne. Mais bientôt c’est le brouhaha de Marrakech et la circulation dense sur les larges avenues qui nous ramènent au quotidien après une dizaine de jours un peu loin du monde. Installation à l’hôtel, délassement dans la piscine et reprise des petites habitudes.

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Jour 14. Journée consacrée à la visite de quelques endroits de Marrakech. Sur mes propositions, le groupe a choisi, le Palais de la Bahia, la fraîcheur des jardins andalous et le raffinement de ses décors intérieurs. Puis après avoir cheminé à travers les souks, nous avons poussé jusqu’au Jardin de Majorelle et découvrir l’extraordinaire composition de plantes exotiques.

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Jour 15. Un petit tour à pied au jardin de la Ménara, derniers achats dans les boutiques des souks et repas pris ensemble au restaurant de l’hôtel Ali proche de la place Fna. Avant le départ pour l’aéroport, nous sommes invités chez Slimane pour un dernier moment de convivialité avec thé à la menthe, gâteaux marocains, poulet aux coings. Un bon moment ! Retour dans la nuit sur Clermont-Ferrand.
Accident et blessure : quelques chutes et glissades sans gravité et l’une plus importante sur un chemin qui a entraîné un léger traumatisme du nez et par la suite quelques couleurs originales au niveau du visage.                                             

Temps de préparation : 35 heures en comptant le temps de rédaction des différents mails et de ce compte rendu.
Kilométrage routier effectué : pour le transport des participants en covoiturage de Clermont-Ferrand à St Exupéry (aller et retour) 1292 km

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